Sauvetage du troisième âge [feat Katsuko]

Le prince impérial allait répondre par l'affirmative mais les événements le prirent de court. Un craquement de branche se fit entendre et, sans vraiment s'en rendre compte, le jeune homme tourna la tête à une vitesse beaucoup trop élevé pour être courtoise. C'était, en vérité, bien plus proche du chien qui venait d'entendre un bruit que de l'être humain civilisé. Les abeilles, de leur coté, étaient passées en alerte rouge.

Dans le buisson, juste derrière eux, se trouvait désormais une grande asperge.

Enfin, une "grande asperge"...

Ce que Jiyūhito entendait par là c'est que le nouveau venu était plutôt grand, assez fin, et qu'il incarnait une certaine forme de néant caractéristique des salary-mens. Sa main droite tenait fermement un calepin noir sur lequel il gribouillait à une vitesse de plus en plus intimidante. Il ne fallut pas bien longtemps au jeune homme pour comprendre ce qu'il se passait. Même si le poulpe regardait tout il fallait bien quelqu'un pour donner les consignes sur le terrain.

"Je vous assure, jeune fille, que vous avez été beaucoup plus compétente dans ce domaine que votre odieux camarade avec sa salive explosive. Pourriez vous relâcher mon collègue ? Il est bien plus compétent lorsque des bras supplémentaires ne lui harcèlent pas l'abdomen."

"Monsieur Akio", qui venait de se prendre le retour de force de sa carrière, répondit avec un grognement indigné. Sa femme avait raison. Il allait devoir changer de boulot avant de finir écrasé contre un mur.

Il devenait vraiment trop vieux pour ce genre de conneries.

"L'alter de contrôle m'appartenait, au passage. Vous vous doutez bien que des personnes âgées aussi puissantes que "Monsieur Akio" n'existent pas, ou très peu. Votre professeur voulait vous prendre par surprise."

"Je vous donnerai bien vos notes mais mon contrat me l'interdit, certains étudiants s'excitent un peu trop. Je pense que vous devriez retourner vers la maison de retraite maintenant, votre professeur à envie de vous parler et je dois aider mon collègue à nettoyer ce miel."

Le contrôleur attendit que l’assistance s'éloigne avant de lever les yeux au ciel, un air complètement blasé sur le coin de la bouche. Il se demandait parfois si les gens connaissaient vraiment les type d'animaux qu'on chargeait de les sauver. Lui se contentait de souffrir en silence. Il en avait observé des vertes et des pas mûres niveau stupidité étudiante. Il n'était plus surpris par grand chose.

Les deux derniers n'était pas des dangers publics au moins, c'était déjà ça.

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Takiiro Sensei, alias Squishy le poulpe, n'avait pas bougé le départ des jeunes gens : il était toujours là, à tourner sur lui même, un incroyable sourire sur le visage. L'exercice et tout ce qui l'entourait semblait l'amuser au plus haut point.

"Alors la jeunesse ça roule ? Pas trop usée ? P'tit débriefing ?"

Il était vraiment dans sa nature d'être excité en permanence.

"Katsuko tu commences. Des grands points à soulever ?"

Voyant son partenaire se mettre quasiment ,voir littéralement, à l'arrêt dans une direction sur le côté, Katsuko pivota rapidement sur l'appuis d'un pied et croisa rapidement les bras contre sa poitrine, prête à agir. Mais elle se ravisa en comprenant que ce nouvel arrivant n'était tout simplement que l'observateur et évaluateur supplémentaire de leur cours. Un homme dans le plus grand cliché du salary-man : Sec, cravate nouée à s'en étouffer, costume sur-mesure laqué, cheveux impeccablement coiffés, et cette suffisance morne sur le visage, alors qu'il griffonnait dans un carnet noir.

L'homme leur exposa les faits, et donna une très brève évaluation globale, quelque peu au détriment de Jiyūhito d'ailleurs. Et il demanda à la jolie brune de bien vouloir libérer le pauvre petit vieux, ce qu'elle fit bien évidement, en s'excusant de ne pas l'avoir fait plus tôt, et en le remerciant pour sa participation à leur cours.

-Je vous remercie, Monsieur. Jiyūhito et moi allons retourner voir Takiiro Sensei. Merci d'avoir pris le temps de nous donner un rapide avis sur notre évaluation. Passez une bonne fin de journée. Dit-elle à l'intention du salary-man, tout en se rapprochant de Jiyūhito, attrapant son bras de ses doigts fin et l'emmenant avec elle, sans trop lui laisser le temps de lancer une remarque acerbe ou une chance de plomber éventuellement leur note avec un comportement inadapté.

Quelques minutes plus tard, et après avoir échangé quelques mots avec le prince en chemin, les deux élèves retrouvèrent leur professeur, qui ne semblait pas avoir bougé d'un pouce depuis leur départ.

Katsuko se tint droite, et rassembla ses idées avant de s'exécuter comme le demandait le Poulpe Jaune.

-Et bien...Takiiro Sensei, je penses que nous avons pêchés sur le manque de communication, j'ai surestimée mon analyse du terrain, et mon plan d'action était beaucoup trop fragile, pourtant, j'ai "forcée" mon partenaire à suivre ce plan. J'ai mis Jiyuhito en danger, et me suis montrée très peu efficace lors du combat, je me suis laissée avoir par l'alter de contrôle. Mais je penses que nous avons tout de même su, hormis à un moment ou nous avons été …séparés, faire équipe et agir de concert pour se soutenir. Nous avons divisés nos champs d'action et d'investigation dans la maison de retraite, ce qui je penses, nous à permis de gagner du temps d'analyse et de reconnaissance. Et sur le terrain du parc, je penses que nous avons su préserver à minima les structures du parc. Et Jiyuhito et moi avons mis la priorité sur l'évacuation des civils, avant de chercher à appréhender notre cible. A la fin de son long monologue d'analyse, la fleur brune fit un salut très poli en ajoutant que son analyse ne serait rien sans celle de leur professeur et qu'elle serait plus que reconnaissante qu'il puisse les éclairer plus en détails à ce sujet, pour leur permettre de tirer avantage de son expérience.

Puis après cela elle garda le silence, se rapprochant de Jiyuhito en lui lançant un petit regard, espérant secrètement qu'il ne se lance pas dans une tirade satyrique de son crus. Et espérant également qu'elle ne se soit pas montrée incompétence ou encombrante pour lui...

"C'est vrai que niveau communication on pouvait faire mieux je pense. Enfin, moi surtout, mais bon, voilà quoi. Que ce soit avec Katsuko ou avec les témoins c'était pas très efficace. Faudrait revoir ça. Sinon baaaaaah... Je pense que sur le gros de l'analyse je suis d'accord avec Katsuko. On a réussi à retrouver le patient sans perdre trop de temps, si ça avait été une vrai situation notre temps aurait été largement valable. Notre gestion de crise était plutôt positive dans son ensemble, enfin je pense. L'aliéné a été maitrisé de façon à ce qu'il ne se blesse pas trop, les civils ont été écartés du danger qu'il représentait, le mobilier du parc a été préservé autant que possible. Nos Alters ce sont plutôt bien emboité en vrai. C'était plutôt marrant comme exercice."

Takiiro Sensei, qui s'était effondré dans le fond de son siège comme la gélatine qu'il était, attendit quelques secondes pour vérifier que plus personne n'avait rien à dire. Il se redressa soudainement avec l'énergie d'un diable sortant de sa boite et propulsa sa tête vers les visage des deux élèves. Sans le bureau, il se serait certainement effondré à leurs pieds.

On ne pouvait pas demander à une simple chaise de contenir tant d'énergie après tout.

"Je vois !"

Le jeune Yamato avait raison. Il n'était visiblement pas le seul à penser que cet exercice, et tout ce qui l'entourait, était très amusant. Le poulpe semblait aux anges.

"Je suis d'accord avec vous les jeunes. Vous êtes plutôt complémentaire, ça c'est certain, mais votre équipe à les défauts de ses qualités ! Il va falloir travailler sur vous même !"

Le mutant jaune prit une grande inspiration. Il avait deux tirades professorales à produire et, acteur comme il était, il ne voulait se louper pour rien au monde.
Conseiller les élèves c'était du sérieux.  

"Katsuko, jeune fille, tu manques de pugnacité au combat ! Tu t'es fait maitrisée sans difficultés par un homme de 60 ans ton ainé avec un double Alter de première génération. Tu as les compétences pour faire face, ce n'était pas le problème ! Ce qui bloque c'est ton absence d'analyse rapide, AKA d'instinct, vis à vis de la situation ! Tu n'as pas conceptualisé que cet homme pouvait être une menace, et tu l'as abordé comme un patient un peu plus paniqué que les autres en oubliant qu'il utilisait son Alter d'une manière on ne peut plus adroite. En un mot, contrairement à Jiyuhito, tu as sous estimé ce civil !"

Il fallut moins d'une seconde pour que l'autorité de l'enseignant se rabatte sur le jeune aristocrate.

"Jiyuhito, tu es une tête de pioche ! Tu es un mauvais planificateur, et tu passes du coq à l'âne sans te poser plus de questions que ça. En conséquence de quoi, tu es un diplomate exceptionnellement mauvais ! C'est un problème pour tout héros digne de ce nom. J'ose te rappeler que notre métier est social par nature enfin ! Je comprend que cette tendance à l'improvisation te serve au combat mais tu dois être capable de travailler en équipe. Ce qui te bloques c'est ton absence d'analyse longue, AKA de plan, vis à vis de la mission ! Parle avec tes camarades. Tu ne peux pas balancer les remarques de tes collègues par la fenêtre sans leur dire que tu ne les suivras pas au minimum. Katsuko aurait mieux réagit face à ce monsieur si elle avait sût pouvoir compter sur toi !"

Un silence on ne peut plus malaisant s'installa dans la pièce. Il ne dura cependant que quelques secondes, juste assez pour permettre au poulpe de tourner une fois de plus sur sa chaise. Il actionna l'interphone, ouvrit la porte de la pièce d'un ample mouvement de tentacule, et pointa la sortie "du doigt" à ses jeunes protégés. Il en avait terminé avec eux et il avait encore une bonne dizaine de groupe à traiter avant la fin de la journée. De plus, Katsuko et son macaque impérial étaient loin d'être les pires du lot. Eux, au moins,  n'étaient pas des imbéciles complets. Ils n'avaient pas déclenchés d'accidents de la route.

Ils étaient, en vérité, on ne peut plus prometteur.

"Mais à part ça c'était pas mal hein. Au dessus de la moyenne même. Vous avez fait vite ! Et puis, votre problème, c'est vite réglable. Il vous suffit de vous inspirer l'un de l'autre. Maintenant zouuuu, sortez de mon bureau ! Je dois terroriser le groupe suivant.