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Passage à tabac nocturne [PV : Chikara Shokanuru]

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Barī Nikuya
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Barī Nikuya
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Jeu 18 Mar - 21:47
Un long couloir, qu’est-ce que je fais là au juste ?

J’essaye d’avancer, j’appelle autours de moi.

« Eh, y’a quelqu’un ? Excusez… ? »

Non rien, personne. Pas un seul bruit, c’est bizarre, quelque chose ne va pas. Okay, inspire, expire, va s’y mollo mon grand… Un pas, deux pas. Pourquoi il fait aussi sombre ? Il va où ce couloir ? Comment je suis arrivé là au juste ?

Une femme, il y a une femme au loin. Je commence à presser le pas, à m’approcher, je lève la main. Rah, il fait si sombre, est-ce qu’elle va seulement me voir ? Faut que je parle, vite, faut que je parle, qu’elle comprenne que je ne suis pas un danger, que je ne suis pas un…

« Excusez ? Je crois que je suis perdu, vous savez où on est ? »

C’est comme si une lumière commençait à s’allumer, non, c’est autre chose. Un tatouage, un crâne sur le visage de la femme. Un sourire, sadique, cruel, c’est…

Les tatouages brillent d’une lueur si vive que je vois une nouvelle personne au sol. Une jeune femme, deux traits rouge sous les yeux, des cheveux noirs, quelque chose s’échappe de ses lèvres. C’est rouge, du sang…

“Dégage le monstre.”


MERDE ! BON SANG, pas elle ! Pas elle ! Je fais demi-tour immédiatement, j’essaye de courir. Faut que je m’en aille, faut que je parte, cette folle, cette psychopathe, elle va me tuer.

Je l’entends rire derrière, j’entends le bruit des faisceaux lumineux, ces armes ! Le couloir commence à bouger, un train, c’est un train ! Elle arrive ! J’ai beau courir, elle se rapproche, j’entends ses bruits de pas, je…

Je suis dans mon lit, il fait sombre autours de moi. Putain, je redresse les mains et me saisit les cornes. Je ne me sens pas bien, je sue à grosse gouttes, j’en ai presque les larmes aux yeux.

Encore cette scène, ça fais une semaine, va-t’en, juste… va-t’en.

J’en ai presque du mal à respirer, j’ai chaud, j’ai besoin d’air. Je me redresse pour me diriger vers la fenêtre. La faible lueur des enseignes de la rue en face éclaire ma peau rouge. Je l’ouvre, mais ça ne suffit pas, y’a pas assez d’air qui rentre. Je me sens suer à nouveau, faut que je sorte, faut que je prenne l’air.

Vu le ciel, il doit être cinq heure du matin, je peux voir une brève éclaircit au loin. Des nuages dorés malgré l’obscurité de la nuit. Tant mieux, je devrais croiser personne, c’est bien. Je n’ai pas envie, pas envie de faire peur à des gens, je veux juste prendre l’air.

Je me redresse pour attraper une veste, la passant par-dessus mes épaules. Je l’ai posé sur un magazine, le gros titre me fait serrer les dents.

Le visage de cette même fille, cette héroïne, celle qui est morte dans ce train pour nous sauver. « Mort pour la nation, décoré à titre postume »

Tué par cette folle, par ce monstre… Et je n’ai rien pu faire. Ah… Ahah… La bonne blague. Et qu’est-ce que tu voulais faire mon bon Bari ? Elle m’aurait tué aussi, elle a failli le faire.

Bon sang, je suis fatigué… Je me masse doucement l’arcade du nez, avant de tourner la tête vers la porte.

J’y tourne les clefs, et je sors dehors. L’air est frais, et le silence est au rendez-vous. Ça me fait du bien, oui, c’est comme si le froid m’empêcher de repenser à tout ça.

On m’a arrêté au travail, pas étonnant. Mais je crois que je vais les rappeler dès que la journée sera entamée. Je ne peux pas rester là, à rien faire. Je vais devenir fou. Je ferais ce qu’ils veulent, même un numéro de claquette s’il le faut, mais je veux juste m’occuper l’esprit.

Je ne fais que quelque pas dans les rues désertes, j’essaye de me diriger vers les rives de l’Ara-kawa. A cette heure, il n’y aura personne, pas même les joggers du matin. Je veux juste me poser quelques part.

J’approche de la douve, un terrain de basketball a été aménagé. Je m’assois un moment sur ce qui semble être un petit muret de béton.

Mon regard se porte sur le ciel.

J’ai l’impression que ma vie a éclaté, je sais plus quoi faire. Je ne devrais pas me laisser abattre, je le sais, mais je vois tout le temps son visage. Je vois les journaux et j’entends parler d’elle. Bon sang, mais arrête, faut que j’arrête ! Je pouvais rien faire. Rien, R-I-E-N. C’est vrai… non ?

J’entends des bruits de pas, sérieux, aussi tôt ? Je tourne la tête, plus par instinct qu’autre chose. Une femme ? Elle me dévisage comme si elle voyait le pire monstre d…

Merde… MERDE ! Mes lunettes ! J’ai oublié mes lunettes ! AH ! Le con ! L’idiot ! Je panique, je me relève d’un coup, je ferme les yeux, j’en rouvre un, BON SANG qu’est-ce que tu fiches !!

« Désolé ! Déso… »

Elle pousse un hurlement, un cri chargé d’une terreur comme je n’en ai jamais entendu. Je ferme les yeux aussitôt, serrant les dents. Et j’entends un bruit sourd, merde, est-ce qu’elle…

J’entrouvre doucement un œil… Elle s’est évanouis ! Mince ! Bon sang ! Je fais quoi ? Je fais quoi ?!

« Madame ! Madame ?! »

Je me mets à courir vers elle pour vérifier qu’elle va bien. Pas une crise cardiaque, tous les kamis si vous m’écoutez, pas une crise cardiaque je vous en supplie ! J’appuie du pouce doucement sur son cou. Elle est en vie ! Elle est inconsciente, mais en vie !

« Madame ? Madame réveillez-vous ! »

Je fais quoi… Je fais… AH ! Le téléphone ! Je commence à tapoter mes poches frénétiquement. RAH mais bon sang ! Je l’ai laissé aussi à la maison ! Je suis parti tellement dans la hâte, j’ai quasi rien pris ! JE ME DETESTE BON SANG !

Mon regard en panique cherche autours de moi, et j’entrevois une vieille cabine téléphonique.

Okay, parfait, je vais pouvoir appeler. C’est gratuit les numéros d’urgences pas vrai ? Faite que ça le soit !

Je commence à me précipiter, et je m’arrête presque aussitôt. Une silhouette massive se tient proche de la cabine, elle s’approche de moi.

Merde ! Pas le moment, pas le… Je détourne le regard vite sur mes pieds, j’espère juste que ce n’est pas trop tard. Regarde pas mes yeux, regarde pas mes yeux…

« Excusez-moi ! Vous devez m’aider ! C’est… Cette femme c’est évanoui ! Faut appeler des secours ! »
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Chikara Shokanuru
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Chikara Shokanuru
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Lun 22 Mar - 0:31
Quelque part, je pense que j'étais frustrée. La fameuse Bataille de Musutafu avait changé le paysage héroïque japonais à jamais, et je pèse mes mots. Certains diraient que ça avait « changé le monde », et ils exagéreraient à peine. Et qu'est-ce que j'ai fais pendant ce moment historique ? J'ai aidé mon frère à installer des feux d'artifices à Osaka, avec mes parents et ma fille, à des kilomètres de là. Allez pas croire que j'ai pas passé un super moment, mais le timing était vraiment foireux. Le temps que je sache que quelque chose se passait, j'aurais même pas pu rentrer à Tokyo à temps, du coup j'ai même pas essayé. Et juste comme ça, la plus grosse baston de ce siècle m'est passée sous le nez.

Ouais, j'ai eu un peu de frustration à évacuer, pendant un moment. Et pour ça, rien de mieux que de sortir de nuit – Mitsu était chez sa famille d'accueil pour le week-end, ça ne me fait jamais plaisir mais ça arrive une fois par mois. Ça a dû jouer dans ma mauvaise humeur – pour trouver un cambrioleur ou un vilain quelconque, et lui casser la figure. Le soucis de cette méthode, c'est que c'est assez aléatoire. Au mieux, je met une dérouillé à un type arrogant et juste assez dangereux pour me donner un pic d'adrénaline ; au pire je ne croise personne et je finis encore plus frustrée.

Ce soir-là était malheureusement parti pour être du genre frustrant. Le seul fait de marcher et de prendre un peu d'air frais dans des rues presque désertes était déjà agréable, mais je passe mon temps dehors, donc ça n'allait pas suffire. Il me fallait de l'action, un truc à me mettre sous la dent, n'importe quoi. J'étais attentive au moindre signe suspect. C'est comme ça que j'ai entendu le hurlement.

Ça venait des berges. Bingo ! Les bords de l'Ara-Kawa, c'est toujours un coin dangereux la nuit. Le bord de l'eau, les risques de noyades, la distance avec les habitations, la possibilité de balancer un corps à la flotte pour le faire disparaître, tout ça. J'ai donc couru sur place aussi vite que possible, juste à temps pour arriver face à une scène familière. Une personne, étalée au sol et inconsciente, avec une autre penchée par-dessus en train de la fouiller, sans doute pour lui faire les poches. De loin, je pouvais rien voir sinon que le voleur avait l'air mastoc.

Puis je me suis rapprochée, et il s'est retourné. C'est à ce moment que j'ai compris que j'avais vraiment touché le jackpot. Il était immense, encore plus que moi. Une véritable menace de muscles qui irradiait le danger, jusqu'à ses yeux lumineux qui éclairaient son faciès de kami. J'ai senti un frisson me remonter le long de la colonne vertébrale et mon corps s'est mis en garde tout seul. Les poings devant le menton, les épaules tendues, le torse de biais et les jambes fléchies, j'étais prête à bondir et réagir à tout.

Lui de son côté a préféré essayer de me bluffer. Il y avait clairement un truc avec ses yeux parce qu'il a détourné le regard au lieu de me garder en vue. Ça puait l'arnaque à pleins nez, mon instinct me hurlait de me barrer à toute vitesse comme rarement et mon cœur avait accéléré d'un coup. Mon corps me trahissait, et j'adorais ça. Je devais sourire comme une débile ou une maniaque, mais j'y peux quoi ? C'était exactement le genre de décharge d'adrénaline que j'étais venue chercher.

"C'est ça, et je suppose que tu lui as pas du tout fait les poches ? Vide les tiennes pour voir !"

Le coup de « j'ai rien fait, elle s'est fait ça toute seule », un classique. Aucun héros digne de ce nom devrait se faire avoir par un bobard comme ça. J'avais aucune idée de ce qu'il lui avait fait, mais ça devait pas être beau. Un truc lié à ses yeux, il tirait un laser ou un truc du genre ? Qu'il essaie sur moi, j'étais prête à esquiver puis à lui casser la gueule direct.
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Barī Nikuya
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Barī Nikuya
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Lun 22 Mar - 14:03
« Je… non ! »

Rah non, ce n’est pas le moment ! J’enfourne mes mains dans mes poches pour vite les retourner, je panique tellement que je dois m’y reprendre plusieurs fois. Évidemment ! Évidemment qu’elle pense que j’ai essayé de la volé… Même moi je ne me croirais pas là ! Seul sur les quais, en pleine nuit, sans aucun témoin et avec une fille dans les vapes ! Comment je peux expliquer ça au juste ? Les secours, y’a pas d’autre choix ! Si j’appelle les secours et que je reste jusqu’à leurs arrivés, ça prouvera que je suis de bonne foi non ? Rah, j’en sais rien !

« Voyez, y’a rien ! Il faut appeler les secours ! »

J’essaye de pointer la cabine en question d’une griffe… Approximent. Je n’ose pas redresser le regard, je sens que mon alter va s’en mêler, et c’est clairement pas le moment.

Derrière moi, la dame ne semble toujours pas bougée, visiblement, elle va encore rester dans les vapes un petit moment. Mais pourquoi je suis sortie au juste ? Qu’est-ce qui m’a pris ? J’aurais dut rester chez moi, j’aurais dut me recoucher.

Rah, j’entends même plus la silhouette devant moi, une fille ? Je crois, sa voix était féminine en tout cas.  Elle est partie ? Bon sang, et si elle s’est enfuit ? Ça va finir par attirer un héro si le bruit d’un monstre terrifiant se promène, il ne faut pas que…

AH, l’idiot ! Mais je suis vraiment trop con ! Rien que de penser à ça, qu’elle soit partie, je n’ai pas pu m’empêcher, j’ai relevé la tête. J’ai à peine eu le temps de l’entrevoir, en position de combat, bien décidé à m’affronter.

Je me suis figé…

J’arrive plus à détourner le regard, je devrais ! Je devrais regarder mes pieds ou…

Mais son sourire…

Je n’ai pas mes lunettes, elle devrait sentir les effets de peur mais… Elle sourit, un sourire mauvais, un sourire qui me fait franchement froid dans le dos. J’arrive plus à regarder autre chose. Merde, merde, c’est qui cette fille ? je n’aime pas son air, je n’aime vraiment pas son air !

« Euh… Je…J… » j’en perds mes mots.

Non, non non non, ça ne va pas. Ça ne va vraiment pas ! Elle me rappelle… Elle…

J’arrive plus à bouger, j’arrive plus à réfléchir. Qu’est-ce que je fais ? C’est clairement une folle, mais si je m’enfuis…

Je recule d’un pas, et je déglutis difficilement. Même Elle, quand elle a subi mon regard, elle n’a pas réagi comme ça. Je n’ai jamais vu ça bon sang !

« … »

J’essaye de parler, de m’expliquer. De dire que c’est mon alter, que j’y suis pour rien. Mais aucun son n’arrive à s’échapper de ma gorge.

Sérieusement, qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que je fais ?!
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Chikara Shokanuru
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Chikara Shokanuru
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Jeu 25 Mar - 11:49
J’avais une impression bizarre tout du long, comme si quelque chose n’allait pas. Est-ce qu’il coopérait vraiment, est-ce qu’il essayait juste de gagner du temps en attendant quelque chose ? Pour l’instant il n’était pas ouvertement hostile, juste très menaçant, je ne pouvais pas juste l’attaquer alors qu’il coopérait, ça aurait fait tâche.

Puis il a relevé les yeux et j’ai sû. Ouais, il préparait définitivement un truc, et un truc vraiment mauvais. J’en avais les tripes nouées, la pression était telle que je n’arrivais pas à bouger. C’était la première fois que je me sentais comme ça ! J’avais affronté des vilains, des yakuzas, des détenues, j’avais même été écrasée par un héros une fois, et pourtant rien ne pouvait se comparer à cette sensation de danger pure. J’avais peur, peur comme jamais, mon corps était en alerte maximale et me balançais toutes sortes d’hormones et de signaux pour que je me tire à toute vitesse. Et moi, j’adorais ça, comme une camée qui se serait pris le plus gros shoot de sa vie.

Puis il a ouvert la bouche, et j’ai réagi au quart de tour. C’était un réflexe de défense. Quelque part, mon cerveau reptilien s’attendait encore à ce qu’il m’attaque, à ce que ses yeux lumineux me tirent un laser ou à ce qu’il essaie de me dévorer avec sa gueule démesurée. J’étais une proie, j’étais écrasée, j’étais acculée, et j’avais qu’une option pour m’en sortir. Agir la première, et lui mettre suffisamment la gueule en vrac pour qu’il préfère prendre la fuite.

Ça… Ça n'a même pas été difficile. Ma jambe gauche s’est détendue comme un ressort et m’a propulsée en avant. Je me suis penchée aussi bas que possible, pour esquiver une éventuelle contre-attaque. Ma jambe droite a pris le relai avec une nouvelle impulsion. Je rasais le sol, les poings contre la poitrine, les bras contractés et prêts à se détendre.

En un instant j’étais sur lui. L’uppercut droit est parti le premier, en plein dans sa mâchoire. Avec mes gants en métal et la vitesse de la charge, c’était le genre de coup qui pourrait fissurer un os sans trop de soucis. J’ai enchaîné par un direct du gauche en plein ventre. Mes épaules ont tourné pour accompagner le coup, entraînant tout mon corps. Mon poing se retirait à peine que mon bassin a suivi le mouvement. Finalement c’est mon pied gauche qui est parti, droit vers sa cheville, pour le faire basculer.

J’étais si tendue que je n’ai pas réfléchi à ce que je faisais. Je n’en ai pas vraiment eu besoin, les coups sont venus tous seuls. La tension et l’adrénaline avaient complètement surchargé mon cerveau, mon esprit avait arrêté de fonctionner. Je n’ai même pas réussi à dire quoi que ce soit.
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Barī Nikuya
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Barī Nikuya
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Mer 31 Mar - 17:20
Je ne comprends plus rien, je sais même plus où je suis. Tout ce que je sens, c’est l’herbe entre mes doigts et contre mon dos. C’est mes muscles qui hurlent partout, ma mâchoire qui n’est pas en reste, un goût de fer dans la bouche. Ma vision est toute flou, je suis où, je faisais quoi, il se passe quoi ?

ARGH, un nouveau coup, bon sang ! C’est quoi, ils se… La fille… LA FILLE ! Stop ! Stop stop ! Je suis désolé ! J’suis désolé ! Stop ! Juste… Arrête, stop !

Je reprends mon inspiration d’un coup, c’est comme si l’air m’a été redonné. Je faisais de l’apnée ? Pourquoi je faisais de l’apnée au juste ? Mon ventre, aaaah bon sang ! Ça tire, ça tire tellement !

Je ne vais pas pouvoir me relever, j’y arriverais pas ! J’essaye de me retourner, j’essaye de ramper, faut que je m’en aille. Faut que je me barre ! Elle va me tuer ! Cette folle va me tuer ! J’essaye d’appeler à l’aide, d’entrouvrir la bouche, mais aucun son ne sort de ma bouche.

Nan, pire, y’a quelque chose, je vais vomir, je vais… Pwah ! Du sang, j’ai craché du sang !

Merde, merde, merde !

Je continue d’essayer de ramper, mais je sens une grosse impulsion sur mon dos. Elle m’immobilise, elle m’écrase ! AAAH BON SANG !

J’essaye de me retourner, qu’est-ce que je peux faire d’autre. Je vois son visage, je vois son sourire. Okay, alter de merde, okay, c’est le moment. Concentre-toi Bari, concentre-toi. Il faut qu’elle fuit, faut que je la fasse fuir ! Sinon je vais crever, elle va me tuer ! Ici et maintenant !

J’ouvre grand les yeux, je la fixe du regard, droit dans les yeux. Fuit, par pitié, fuit, pitié ! Ça ne marche pas, mais pourquoi ça ne marche pas au juste ?!

Bordel, les larmes ? C’est les larmes ? Je les sens qui coulent le long de mes joues. Je… Je sais plus quoi faire, je vais crever ici ? Je vais crever rouer sous les coups ? Putain, juste car j’ai voulu sortir, juste car je voulais de l’air. Mais pourquoi ça m’arrive à moi ça, j’ai fait quoi au juste ?

Où ils sont les héros là ? Ils sont où quand je me fais tabasser ? Où ils sont quand il ne faut pas m’arrêter au délits de faci… Non, je revois le visage de cette héroïne. Je revois ce train. Non, je ne peux pas penser ça, je peux juste pas ! Pas après qu’elle…

J’essaye de me reprendre, je reconcentre mon regard sur elle. Je ne peux pas crever ici, je peux pas crever ici alors que cette femme est morte pour moi ! Allez… Allez… Pitié… LACHE-MOI !
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Chikara Shokanuru
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Chikara Shokanuru
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Jeu 1 Avr - 14:30
Je pouvais le sentir dans mes tripes, dans ma colonne vertébrale et jusqu’au plus profond de mon cerveau. Quelque chose n’allait pas. Il préparait forcément quelque chose, il allait me sauter au visage ou exploser ou je ne savais pas quoi. Cette incertitude me bouffait de l’intérieur. Tout ce que je savais c’était que je devais l’en empêcher. Ne pas lui laisser le temps de réagir.

Alors mon corps bougeait seul et continuait de frapper, encore et encore, jusqu’à ce que la menace soit neutralisée. Je voulais qu’il se couche, qu’il arrête de bouger, qu’il arrête de me fixer comme ça, qu’il parte ou disparaisse ou tombe. La pression me rendait dingue, même l’adrénaline ne suffisait plus. Ma vision devenait floue alors que les larmes envahissaient mes yeux. J’avais l’avantage, je frappais encore et encore sans qu’il ne fasse rien en retour, pourquoi est-ce que j’avais l’impression qu’on m’écrasait la poitrine comme ça ?

Mes gestes en devenaient plus maladroits, plus sauvages, plus lents. Je perdais le contrôle, je ne pouvais même plus bouger. Il fallait qu’il parte, qu’il disparaisse, mais il refusait de baisser ses putains d’yeux. Alors j’ai craqué. Un coup de poing s’est figé en plein air, ma respiration s’est bloquée, puis je me suis pliée en deux. Je n’arrivais plus à soutenir ce poids qui m’écrasait, mes jambes ont chancelé alors que je titubais vers le côté. Un goût acide me remontait au fond de la gorge. Il me fallait un truc ou m’appuyer, il fallait que je parte, que je m’éloigne. J’ai senti sans trop la reconnaître la barrière qui empêche de tomber à la flotte. Sans réfléchir je me suis penchée. J’ai vomi tout ce que j’avais. Puis je me suis effondrée contre un poteau métallique en sanglotant.

J’avais le visage enfoui entre mes mains. Un contact chaud et gluant me collait au front. Entre deux sanglots j’ai ouvert les yeux, et reconnut les traces rouges. C’était du sang… Mais pas le mien. Je n’avais pas mal, pas physiquement. J’ai quand même vérifié dans la panique, mais non. J’allais bien. Je n’avais rien, rien du tout. Pas de blessure, pas de brûlure, aucune gêne pour bouger, rien. Alors pourquoi je me sentais si mal ? Pourquoi j’avais tabassé ce type et perdu le contrôle comme ça ? Pourquoi… Mettre les mots sur ce qui venait de se passer m’a fait comme une douche froide.

Pourquoi j’avais flippé comme ça ?

J’avais jamais eu peur avant. En tout cas jamais comme ça. Ça avait jamais été aussi viscéral, oppressant au point que je ne sois même plus capable de dire ce que je fais. Au contraire, d’habitude le stress m’aide à réfléchir. Même face à des vilains, des yakuzas ou des héros, j’avais pas ressenti ça. Il y avait vraiment un truc qui n’allait pas… Au fond de mon crâne je pouvais sentir les engrenages tourner, quelque chose se mettait en place, mais j’arrivais pas à mettre le doigt dessus. Il y avait encore un truc qui m’échappait pour vraiment comprendre ce qui s’était passé.

"Bordel… C’était quoi, ça ?"

Je me suis relevée péniblement, en m'appuyant sur la barrière. En bas, l’eau courante reflétait les lumières de la ville sous formes de taches floues qui ondulaient. J’en aurais presque oublié que je venais de tabasser un vilain aussi terrifiant que bizarre, ou la civile qu’il avait… merde, la civile. J’ai tourné le regard dans sa direction, elle ne bougeait toujours pas. D’un pas traînant, j’ai commencé à m’approcher d’elle. Son agresseur était encore dans mon dos, mais il était aussi sans doute trop mal pour faire quoi que ce soit. J’espérais. Étrangement, l’idée qu’il puisse me sauter dessus par derrière était moins effrayante que de le voir directement.
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Barī Nikuya
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Barī Nikuya
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Lun 5 Avr - 15:33
Elle est partie je crois, je n’arrive plus à voir. C’est flou, juste, tout est flou. Bon sang, j’ai mal, je ne sens plus mon corps, je sens plus rien. J’arrive même plus à ouvrir la bouche, je crois qu’une de mes défenses est cassé.

J’entends du bruit au loin, mais c’est comme un bourdonnement. J’ai beau être allongé sur le sol, j’ai l’impression d’être sur un bateau, ça tangue, ça s’arrête plus. Je crois que je vais m’évanouir, c’est ça, je me sens partir.

Elle est où ? Elle va revenir ? J’arrive même plus à m’inquiéter, j’arrive plus à rien. Ma respiration est lourde, non, elle siffle. J’essaye de tourner la tête, de regarder autour de moi. J’ai à peine réussir à pivoter sur la droite que je suis accueillis par une décharge. Argh, sérieux, même tourner la tête ? Même tourner la tête !

Il y a deux formes au loin, je crois que c’est elle, qu’est-ce qu’elle fait ? Elle prend quelque chose ? Elle cherche de quoi me finir ? Non, je ne sais pas, c’est flou, trop flou. Ça parle… Ah, c’est la deuxième femme.

Elle vient de redresser la tête, elle revient à elle ?

« Qu…Qu’est-ce… ? »

Merci les kamis… Au moins, je ne l’ai pas tué… Je crois qu’elle se remet plus vivement. Oui, je vois deux tâches, elle s’est redressé.

« Où je… Vous… Vous êtes qui ? »

Merci Kamis…

« Le… le monstre ?! »

Le « monstre », il tourne à nouveau la tête. Et merde pour la douleur, quitte à regarder quelque chose, je veux voir autre chose qu’une nana qui a failli me tué, et une dont c’est l’inverse. Argh…

Je fixe le ciel, on ne voit même pas les étoiles. Où c’est les coups qui me rendent aveugle ? Je sais plus. Je n’ose même pas imaginer à quoi je ressemble là.

Rien à voir, rien à entendre. Je ferme doucement les yeux, au moins, c’est fini. Les coups se sont arrêté, la femme n’est pas morte d’une crise cardiaque, c’est… Ce n’est pas si mal… Ouais…

Les larmes s’arrêtent pas de couler, ah… Un monstre qui pleure hein ?

Je suis pris d’une toux à nouveau, encore ce goût de fer. Je me sens partir plusieurs fois, j’ai l’impression d’être en chute libre, et de soudainement revenir à moins. Même pas fichu de t’évanouir, hein Bari ?

Si j’avais su me défendre, si je frappais aussi fort que cette fille. J’aurais pu prendre la fuite ? J’aurais pu la maîtriser, l’empêcher de me fracasser. J’aurais pu lui expliquer, j’aurais… Ouais… « j’aurais » . Je peux faire beaucoup de chose avec des j’aurais.

J’aurais pu aider cette héroïne…


Je serre un peu la main contre le sol. C’est humide, y’a de l’herbe et de la terre. Ce que c’est con comme geste, à part me salir encore plus ça ne m’apporte rien. Et pourtant, je ne sens pas mon corps, je ne sens pas mes joues, je ne sens plus rien à part cette terre, cette herbe.

Et ça, ça veut dire que je suis encore en vie.
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Chikara Shokanuru
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Chikara Shokanuru
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Mar 6 Avr - 15:04
J’avais encore un peu la tête qui tournait, par contre. Ce… passage à tabac, faut bien dire ce que c’était, m’avais bien mise en vrac. C’était moins pire que ce que j’avais collé à l’autre, mais pas agréable pour autant. Au cas où, j’ai gardé la main sur la barrière, prête à m’appuyer dessus si j’avais l’impression de perdre l’équilibre, mais c’est pas arrivé. J’ai pu faire trois pas vers la civile sans trop de soucis avant qu’elle se relève. C’était au moins ça de réglé, elle était pas morte. Elle allait même plutôt bien, elle a eu du mal à se remettre debout mais finalement elle était de retour sur ses pieds. Elle m’a remarquée, elle a commencé à me demander qui j’étais, puis avant même que je puisse répondre elle a re-regardé l’autre et commencé à paniquer.

"Hey. Hey !"

Pas question que je la laisse flipper et faire je sais pas quoi. J’ai crié, levé une main et claqué des doigts pour la forcer à se tourner vers moi. Sa respiration était rapide et elle avait du mal à rester concentrée sur moi, mais au moins elle avait l’air en état de communiquer. Je me suis encore approchée pour pas avoir à crier et j’ai commencé à l’interroger.

"Il s’est passé quoi, au juste ?"

"Je… Je ne sais pas, j’étais juste en train de rentrer, en coupant par la berge parce que c’est plus court, et là ce… ce… ce monstre est apparu, et…"

"Il a fait quelque chose ?"

"Je… Je ne sais pas, il a commencé à me charger, j’ai cru qu’il allait m’écraser, et là, c’est le trou noir…"

"Vous êtes blessée ?"

"Qu… Quoi ? Non, je ne crois pas… Je… Non…"

"Il vous manque quelque chose ? Clés, argent, bijoux, téléphone ?"

"Euh…"

Après avoir inspecté ses bras et ses jambes, elle plongea les mains dans les poches et commença à faire le tour de ses affaires. C’était un truc que j’avais appris quand je me préparais pour le permis héroïque. En posant rapidement des questions simples, je lui laissais pas le temps de réfléchir, comme ça elle restait concentrée sur moi et elle pensait pas à… l’autre. En plus, ça m’a permis d’avoir mes réponses rapidement parce que dans la panique, elle allait à toute vitesse.

"N… Non, je crois que j’ai tout ?"

"Bien."

Ça a été mon tour de piocher dans une poche, et d’en sortir une carte de visite que je lui ai collée entre les mains.

"Le mieux, c’est que vous alliez à l’hôpital vous faire examiner, au cas où. Ils vous diront mieux que moi si tout va vraiment bien. Et demain, vous m’appelez ou vous passez à mon bureau pour donner votre déposition, ça vous va ?"

Elle a pris le bout de papier, hocher vigoureusement la tête, et commencé à s’éloigner. Je crois qu’elle avait que ça comme envie, se barrer vite fait et oublier tout ça. Pas sûr qu’elle soit vraiment allée à l’hosto, je la vois bien être juste rentrée dormir. C’était pas super réglo comme façon de faire, normalement j’aurais dû appeler la police, la faire escorter par une ambulance ou au moins par un agent pour prendre sa déposition rapidement et s’assurer qu’il lui arrive rien. Mais d’une elle semblait pas blessée, et de deux… après avoir ruiné un mec, j’avais pas vraiment envie de plus de témoins. Je voulais plutôt qu’on règle ça entre nous, si c’était possible. De ce que j’en savais, il avait rien fait de mal. Alors j’ai suivi du regard la civile, donc j’avais même pas pensé à demander le nom, merde, trop tard, et quand elle a été assez loin j’ai haussé la voix.

"Hey, le grand. T’es capable de parler ?"

J’ai vaguement tourné la tête dans sa direction mais sans le regarder. Même étalé au sol et cassé en deux, il avait un truc de terrifiant.
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Barī Nikuya
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Barī Nikuya
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Lun 12 Avr - 12:52
L’espace d’un instant, quand j’entends à nouveau sa voix, je perds mes moyens. Merde, mais elle est encore là ? Elle ne pouvait pas partir avec la fille ? Non, évidemment que non ! Bon sang, je fais quoi ? Faire le mort ? Ouais, peut-être. Si je reste là, étaler sur le dos, fermant les yeux et sans bouger, elle va peut-être me laisser tranquille ?

Non, non, mauvaise idée. Ça a l’air d’une brute, elle viendra peut-être me rouer de coup par vengeance ou je sais quoi. Ou alors, elle va venir tâter mon pouls, elle va voir que je me moque d’elle et… Je frémis.

Non, j’en ai assez ! Je ne veux pas qu’elle me frappe à nouveau ! Stop ! J’ai dit stop !

Je commence à tirer sur mes muscles. Ça me fait un mal de chien, toujours un mal de chien. Mais faut que je le fasse, il n’y a même plus de logique. C’est juste mon instinct qui m’ordonne, c’est mes membres qui bougent tout seul.

Je me recroqueville, le dos rond, la tête contre mes genoux. Mes mains viennent se coller contre l’arrière de mon crâne, protégeant du mieux qu’il me soit possible. Je replis les genoux pour mieux les bloquer contre mon ventre. Il a déjà assez pris, il ne prendra plus rien d’autre, et ça, c’est une promesse.

J’aperçois du coin de l’œil un bout de défense au sol. Fais chier, elle a frappé si fort que ça ? Je ne ressens rien encore sous l’adrénaline, mais ça, ça va douiller encore plus d’ici quelques minutes.

« …J’y peux rien… j’y peux juste rien… »

Que j’arrive à cracher entre deux reniflements. Cette situation, je l’ai vécue plusieurs fois. D’habitude par des héros, qui viennent et me prennent pour cible. Qu’est-ce qu’on me disait à chaque fois au poste ?

« Désolé petit, on nous a signalé un super vilain, et… ton alter… Quand la peur frappe à la porte, la raison s’évade par la fenêtre. »

« J’voulais pas… »

Je serre un peu plus mes mains contre mon crâne, j’appuis plus fermement mon front contre mon genou.

L’adrénaline commence à retomber, je n’arrête pas de revoir toute la scène, tous les coups, le regard rouge de cette femme. Comme ces super-héros, ce même regard.

Putain, est-ce que c’est seulement possible en fait ? Est-ce qu’il faut vouloir faire le mal pour être un super-vilain ?

Je frémis. Est-ce que c’est ça ? Est-ce que c’est le truc que je n’arrive pas à me rentrer dans la tête ? Je terrorise des gens, bordel, je viens de faire une crise cardiaque à une pauvre femme ! Et si c’était dans le sang ? Ou pire, et si c’est inconsciemment que je… Et si ces supers-vilains c’étaient juste des gens comme moi qui ont fini par…

“Dégage le monstre.”

Non non non non ! Mais qu’est-ce que tu racontes Bari ? Non ! Tu n’es pas comme eux, t’es pas comme elle ! Tu n’es pas comme cette taré ! Comment tu… Non, comment je peux seulement me poser la question ?!

« C’est mon alter ! »

Que je beugle d’un coup. C’est sorti tout seul, un bouchon qui vient d’exploser hors de la bouteille. J’y ait mis tout mon âme, comme un aveu. C’est mon alter qui fait mal au gens, c’est pas moi…

Non, c’est pas moi qui veut ça !
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Chikara Shokanuru
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Chikara Shokanuru
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Mar 13 Avr - 11:46
Quand il a commencé à bouger, ou plutôt recommencé, un nouveau frisson m’a remonté le dos. Vraiment, juste le voir me mettais mal à l’aise, même dans le coin de mon regard. Par contre, dès que je tournais la tête, ça allait mieux. Je pouvais réfléchir et me rendre compte que ses gestes étaient lents. Que personne, après la raclée que je lui avais collée, ne pouvait être vraiment dangereux. Que de toute façon, s’il tentait un truc, je l’entendrais arriver. Je pouvais réfléchir à tout ça quand je ne le regardais pas, et essayer de donner du sens à tout ça.

Puis il a commencé à parler. A sangloter. Meeerde. Ça ressemblait pas à du jeu d’acteur, il était vraiment en vrac. Mentalement, je veux dire. Des tarés qui essaient de se faire passer pour la victime dès que les choses tournent mal, ça existe, on s’entend. J’en ai croisé, surtout avant d’aller en taule, donc à l’époque où je rendais de compte à personne et où j’en avais rien à foutre, donc ça avait pas marché, mais bref. Tout ça pour dire que là, ça y ressemblait pas. Déjà parce qu’il avait effectivement blessé personne, volé personne, donc il avait rien fait de techniquement répréhensible. Il était effectivement, au sens strict, une victime.

Et puis, il y a le truc qu’il a beuglé sur son Alter. C’était ça, la pièce qui me manquait pour tout mettre en ordre et commencer à vraiment piger.

"C’est tes yeux, c’est ça ?"

C’était pour ça que mon instinct avait réagi comme ça, pour ça que j’avais autant débloqué sans vraie raison valable.

"Ils font un truc au cerveau des gens."

Et c’était peut-être pas, comme moi ou la plupart des gens, quelque chose qu’il pouvait contrôler. Des Alters de mutation chelous, ou des activations qui faisaient un peu ce qu’elles voulaient, c’était pas forcément commun mais c’était pas non plus un truc exceptionnel. Toujours sans le regarder, j’ai porté une main à mon menton et essayé de cogiter de toutes mes forces. De tirer ça au clair. Mais j’avais encore trop de trucs incertains, et le travail de détective c’est pas mon fort, alors je suis arrivée à rien.

"Tu veux me dire exactement ce qui s’est passé ? Et aussi, si on bloque la lumière que font tes yeux, ça bloque ton Alter avec ou c’est vraiment juste te regarder le problème ?"


J’en ai profité pour retenter de regarder dans sa direction mais rien à faire, son truc me rentrait dans le crâne et me hurlait de faire un truc. Décamper, le frapper, tout ce qu’il fallait pas.
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Barī Nikuya
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Barī Nikuya
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Sam 17 Avr - 13:18
J’essaye de me reprendre, okay, calme-toi Bari. Essaye d’ignorer le… RAAAH bon sang ! Ça fait mal ! Okay, okay, inspire, expire, souffle. L’adrénaline est partie, cette fois, c’est sûr. Faut que j’aille à l’hosto, je crois qu’elle m’a cassé des trucs. Meeeeerde.

J’arrive même plus à me concentrer, à réfléchir. Elle pose ses questions et je réponds, je veux juste que ça en finisse.

« J’ai oublié mes lunettes, je n’ai pas fait exprès ! Je ne voulais pas ! J’avais besoin d’air et… »  

Je ne sais même pas pourquoi je hurle, pas comme si ça allait changer grand-chose. Calme-toi, calme-toi… Je déglutis un instant, je sens un liquide qui coule depuis mon nez. Même lui il n’a pas été épargné, bon sang !

« C’est la lumière je… »  

Je ferme les yeux immédiatement. Elle n’a plus l’air de vouloir me tabasser, et très franchement, au point où j’en suis, je crois que ça ne changera plus grand chose que je la fixe ou non !

« Je ne me sens vraiment pas bien… »  

Est-ce qu’elle appellera seulement les urgences ? Je veux dire, c’est elle qui m’a mis dans cet état. Je recommence à paniquer, je m’agite un peu, avant de me laisser retomber. Je n’ai clairement pas la force pour. Je commence à m’imaginer plein de scénarios.

Et si elle me laisse comme ça ? Fuyant plutôt que d’être attrapé du sang sur les mains ? Qu’est-ce que je peux faire au juste ? Il est tard, beaucoup trop tard. Y’aura bien une ou deux heure avant que quelqu’un me trouve, est-ce que je serais encore là ?

Ou alors, elle va peut-être vouloir me faire disparaître ? J’entends toujours le fleuve juste à côté, merde, merde, et si elle me balance…

« Ne me tuez pas ! »  

Bon sang, faut que je me calme, faut que je me calme. La logique, pense à la logique. Elle ne me poserait pas des questions sur mon alter si elle voulait se débarrasser de moi hein ? Okay, okay, souffle, ça ne peut pas être ça. Elle se renseigne pour la déposition, oui, voilà. Elle cherche à comprendre pour mieux justifier ses actes. Donc, elle veut en parler aux autorités.

Okay, c’est bon, ouais, j’y crois. Raaah mais je n’en sais rien ! J’arrive plus à réfléchir du tout ! Bon sang, bon sang ! Bon sang !
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Chikara Shokanuru
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Chikara Shokanuru
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Dim 18 Avr - 1:05
La lumière, donc. Ses yeux faisaient une lumière bizarre qui rendait les gens tarés. Ou qui faisait peur, si je prenais mon cas en exemple. Là au moins, j'avais l'impression de vraiment comprendre ce qui s'était passé. Et donc que j'avais complètement merdé. Je le suis passée deux doigts sur les yeux. J'avais tabassé un civil jusqu'au sang, je lui avais probablement cassé plusieurs os, pour rien. Enfin si, parce que j'avais peur de son Alter. J'étais dans la merde, et lui aussi. Quoique un peu moins que ce qu'il semblait penser.

"Quoi ? Mais je vais pas te buter, pourquoi je ferais ça ? Tiens…"

J'ai longuement expiré puis j'ai fermé les yeux. C'était la lumière, il avait dit. Donc si je la voyais pas, il ne devrait pas y avoir de soucis, je me suis dit. Il suffisait que je ne la vois pas. Donc je me suis retournée en gardant les yeux fermés, et… rien. J'étais encore en contrôle, parfait. Bon, du coup je n'y voyais rien, mais c'était moins grave. Ça m'arrive de m'aveugler avec mon Alter, pour divers raisons, donc je me suis entraînée à bouger en aveugle. Pour combattre c'est difficile mais pour les mouvements basiques, je sais gérer.

Pour quelle raison est-ce qu'il pensait que je voulais le tuer ? Je l'avais vraiment fait flipper. Genre, terrorisé, et possiblement traumatisé. J'espérais qu'il saurait s'en remettre, je m'en serais voulue sinon. Enfin je m'en suis voulue de toute façon. Mais j'étais une héroïne, maintenant. Et j’assume mes conneries, je les planque pas sous le tapis. Sans voir où j'allais, j'ai fait quelques pas dans sa direction. Impossible d'estimer précisément la distance, je ne savais pas quand je l'aurais atteint, donc j'ai tendu une main vers l'avant.

"Prends ça. C'est ma carte."

J'ai aussi sorti ma carte de visite, un obligatoire maintenant que j'ai un vrai boulot. Avec mon nom, mon adresse, la base. Et je l'ai tendue dans sa direction, pour l'inviter à la prendre.

"On va t'emmener à l'hosto pour te faire soigner, et si t'as le moindre soucis, tu leur dis de m'appeler. Idem si ils veulent te faire payer, ou si tu dois prendre des jours de repos et que ton bosse t'emmerdes."

Et je le pensais ! Mais c'était pas tout. Je voulais aussi qu'il la choppe, qu'il touche ma main et que je le localise un peu plus précisément. J'avais une idée pour régler son soucis d'Alter, un grand classique de North Star revisité. Dès qu'il me toucherait, j'utiliserais mon Alter pour lui voiler les yeux. D'habitude je rend le filtre opaque, pour vraiment aveugler les gens et les maraver en paix. Là, j'allais plutôt lui poser un miroir sans teint, opaque dans un sens mais quand même un peu transparent dans l'autre. Comme ça, je ne verrais plus la lumière mais lui me verrait toujours.
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