Ape Escape : SaruSaru Big Mission [PV Miles]

Je ne suis pas faite pour aller sur le terrain. Ce n’est pas tant l’envie qui me manque, ce serait la porte ouverte à moult opportunités fantastiques, à ne pas en douter. Mais je suis juste… Moi. Je ne suis pas très forte, ni endurante, ni courageuse, ni… Ni tout plein de choses qui font qu’un individu est capable de porter son propre poids sur le terrain, en fait.

Par contre j’ai un bac +5.

Et quand on prend la décision de faire sortir un client de prison, alors croyez-moi, mieux vaut avoir un bac +5. Et un lanceur d’explosifs. Et un camion blindé. Et un plan. Un plan complexe comme il faut, c’est à dire pas trop, prompt à l’adaptation. Il se devait de l’être, le principal intéressé étant non seulement dans le flou total quand à mon projet de grande évasion, mais c’était également… Un élément turbulent par nature, dirons-nous.

Aujourd’hui, donc je vais tenter de libérer Cool Gorilla de prison. Et ce, pour accomplir deux buts bien simples :

- Être payée.
- Relâcher ce fou dangereux dans la nature afin qu’il continue de m’être utile (comprendre : me donner plus d’argent et mettre le boxon).

"S’cusez-moi, j’viens pour l’transfert d’preuves."

Le flic leva à peine les yeux de son journal. De mon côté, ma perruque était bien enfoncée sur mon crâne, mes grosses lunettes étaient mises, je portais un bleu de travail et une casquette de livreur. Et, bien sûr, j’avais pris l’accent du Kansai.

"Mmmh, pas trop tôt. Je peux voir votre badge ?"

"Aye, m’sieur."

D’un geste, je présentais le saint passe, réalisé ce matin-même, 10 minutes après avoir finalisé mon costume. Et bien sûr, grâce à mon Alter, on n’y voyait que du feu.

"Tout m’a l’air en ordre, descendez au -2 puis c’est la deuxième porte à droite."

"Bonne journée m’sieur !"

Je poussais mon chariot chargé de cartons en tous genres dans l’ascenseur en glissant mine de rien un chewing-gum à la menthe dans ma bouche. Bon sang, il pesait son poids ! Mais c’était normal, il fallait bien ça, vu la cargaison. L’ascenseur s’ouvrit au deuxième sous-sol et, une porte plus tard, la poussiéreuse salle des preuves s’offrait à moi.

"Alors, qu’avons-nous là..."

Je poussais sur le côté deux des cartons avant de les poser bien en évidence, au milieu de la pièce. J’ouvris un troisième carton et en sortit deux gros stickers représentant une tête de singe à lunettes sur fond d’explosion, que je collais presto sur les premiers réceptacles. Bien sûr, je faisais dos à la caméra de sécurité. Néanmoins il y allait bien y avoir un moment où je devrais me reculer, exposant ainsi les logos révélateurs… Mais cela n’avait pas vraiment d’importance dans la mesure où j’avais déjà pris soin de neutraliser les agents de sécurité avant de venir ici. Je tenais tout de même à ne pas montrer mon visage, même déguisé, aux caméras, au cas où je n’avais pas le temps de passer effacer les données avant de filer à l’anglaise.

Voilà qui était fait. Mon chariot était d’un coup bien plus léger et je quittais la salle d’un pas guilleret, 3 cartons seulement avec moi. De nouveau dans l’ascenseur, j’extrayais d’un des cartons en question une valise contenant une tenue de rechange, que je substituais à mon bleu de travail. Et me voilà, affublée d’un costume à veston, ma perruque portée en chignon strict.

Arrivée au troisième sous-sol, là où se trouvaient les cellules, je laissais le chariot devant la sortie de l’ascenseur avant de me diriger vers une nouvelle porte, que je franchis, me retrouvant nez-à-nez avec une demoiselle à l’air sévère. D’un ton neutre, je tendis une carte d’identité et une attestation visiblement en règle.

"Je m’appelle Taemi Zuno, je suis l’avocate de M. Smith, dépêchée par l’état. Puis-je m’entretenir avec mon client en privé ?"

C’en était presque trop facile.

Chose très inattendu, Miles appréciait beaucoup la vie de prisonnier. Bon, les repas comprenait une proportion risible de banane et le style vestimentaire qu'on leur imposait manquait cruellement du "cool" pour lequel il était devenu célèbre, mais personne ne le faisait chier, il était libre de dormir comme il le voulait et les gens étaient plutôt sympathique. On reconnaissait sa grandeur ici.

Est-ce qu'il en voulait quand même à la lanceuse de roche ? Oui bien sûr. Est-ce qu'à son inévitable sortie de taule il allait tout faire pour se venger ? Probablement. Est-ce qu'il avait faim ? Toujours. Mais quand même, il n'était pas à plaindre. Il avait un toit, des vêtements et 3 repas gratuits. C'était beaucoup mieux que beaucoup de gens qu'il connaissait! Mieux que lui-même à son arrivé au Japon en fait, avant qu'il ne rencontre Goupy... Goupy lui manquait, d'ailleurs. Castorman aussi... Pas le Dentu par contre. Non, le Dentu, il sentait mauvais.

Un garde se présenta devant sa cellule, frappant sur les barreaux pour attirer son attention.

- Yo, CG ! Quelqu'un pour toi, ton avocate elle dit ! Elle veut te voir !

Ce garde, Toyami "Toto" Juichi était devenu un bon copain de Miles depuis le début de son séjour. Il était un sympathique bonhomme qui croyait que tout le monde méritait une seconde chance. Une drôle de mentalité que Miles n'était pas certain de partagé, la lanceuse de roche devant mourir dans d'atroce souffrance, mais bon. Une simple divergence d'opinion ne devait pas se mettre en travers d'une amitié naissante. Surtout pour quelque chose d'aussi simpliste que la rédemption.

- J'ai déjà un avocat aux US... C'est un avocat mon avocat, il est sympa. J'espère qu'elle sera aussi sympa

Il suivit donc Toto jusqu'à la salle où les rencontres clients/professionnels se déroulaient habituellement et, quelle surprise en entrant dans la pièce, une silhouette... complètement inconnu s'y trouvait déjà !

- Toi ! J'ai aucune idée qui tu es ! T'es avocate ? Cool ! Pas aussi cool qu'un avocat avocat, bien sûr ! Et pas aussi cool que moi, double bien sûr ! Mais cool quand même!

C'était cool, quand même !

Ma main s’était posée sur le dos du garde avec insistance lorsque ce bonhomme, pas vraiment déplaisant à regarder mais tout à fait quelconque, me mena vers la salle de rencontre. Je lui avait adressé au passage un grand sourire, faisant ainsi passer mon geste pour un simple acte de gentillesse. Je lui avait en réalité placé une sorte de bombe collante de ma conception dans le dos, déclenchable à distance, qui allait lui faire l’effet d’un méchant coup de taser quand je l’aurais souhaité. Dommage pour lui, il était un peu trop naïf.

Arriva donc Cool Gorilla. Le gris de la prison lui allait très mal. Comme je l’avais imaginé, le personnel lui avait confisqué ses lunettes de soleil mais lui avait permis de garder son bandana fétiche. L’un de ces deux objets pouvait, après tout, facilement servir d’arme s’il était cassé. Non pas que j’imaginais le singe capable de penser à ça, ou d’être psychologiquement capable de casser une paire de lunettes, mais je comprenais la précaution. Mais bon sang, ses yeux, c’était… Indescriptible. Je n’avais pas envie de les regarder. J’avais l’impression d’en être physiquement incapable. Fort heureusement, j’avais prévu le coup. Je fis sortir de l’intérieur de ma veste une paire de lunettes comme il les aimait, que je brandis entre mes doigts gantés de cuir avant de les faire glisser devant lui.

"Un petit cadeau tout d’abord. De la part de quelqu’un qui vous veut du bien."

Je n’avais pas non plus tout le temps du monde devant moi. D’ici… 6 minutes, mes drones allaient passer au-dessus de la cour de la prison et y lâcher deux battes de baseball en fer. De quoi concentrer la majorité des gardes ailleurs, occupés à gérer ceux qui exprimeraient leur frustration de manière… Débridée, pendant que mon client se ferait la malle.

Ma voix était différente de la fois où j’avais rencontré CG sur la plage. D’autres intonations, un accent un peu alternatif. Un ton à des années-lumières de celui de La Forge, vendeuse d’armes. S’il me reconnaissait, ce n’était pas non plus la fin du monde, mais je préférais qu’il ne le fasse pas.

"Nous avons peu de temps devant nous. Cool Gorilla, vous sortez d’ici. Votre groupe a mis sur place un plan d’évasion, c’est maintenant ou jamais."

Odieux mensonge, mais il me ferait plus confiance si ça venait de son organisation (et donc, indirectement, de lui) que si je lui annonçait clairement que c’était l’idée de La Forge. Castorman avait été simple à convaincre. Pour des raisons qui m’échappaient, Goupy avait été… Dur en affaires ? Il n’avait rien dit, bien sûr, et rien fait de particulier, même. Mais il y avait quelque chose dans l’aura de ce lézard qui trahissait… Une insatisfaction, dirons-nous, jusqu’à ce que je lui expose la totalité de mon plan. Un instant très bizarre de ma vie.

Je pressais un bouton sur la valise posée à côté de moi et, à l’extérieur de la pièce, le garde s’effondra sous l’effet du taser.

"Le garde à l’extérieur a les clés de vos menottes sur lui. Vos pieds sont aussi des mains, non ? Vous ne devrez pas avoir de soucis à les utiliser."

Les lourdes menottes anti-mutants étaient toujours horribles à voir. On était plus proche de la camisole en béton que des vraies "menottes". Mais il fallait bien ça pour un type comme lui.

"À partir de là, vous suivez les flèches jaunes, vous arriverez dans une pièce avec un deuxième présent pour vous. Votre commande effectuée auprès de La Forge. À partir de là..."

Allais-je trop vite pour lui ? Si c’était le cas, tant pis, il mourrait en prison. Je lui tendis une oreillette.

"Vous serez en contact avec un de vos alliés par le biais de ceci. Vous appuyez dessus pour parler, vous relâchez la pression pour écouter, tout simplement. Une fois que j’aurais quitté cette pièce, attendez deux minutes puis sortez. Des questions ?"

Waaah. Ça, c'était de l'avocate. Est-ce que son pote avocat avocat aurait pu faire tout ça ? Il en doutait. Il était plus du genre à sortir une valise d'argent qu'une paire de lunette fumé. Dommage, car Miles aimait BEAUCOUP les lunettes fumées. Il enfila donc rapidement les verres, celle-ci lui allant parfaitement. Il manqua la première partie des explications, trop occupé à se rappeler à quel point il était cool, mais son attention fut ramener dès qu'il entendit Toto tomber dans le couloir.

Double Waaah ! Elle était forte ! Bien sûr que Toto avait les clef, c'était son ami. Oui, il pourrait facilement détacher les menottes qui le retenait avec ses pieds. Ce serait aussi facile que de retirer la peau d'une banane. Des flèches jaunes ? Serait-ce le bon moment pour signaler qu'il était daltonien? Nah, combien de flèches pourrait-il y avoir dans une institution carcérale du genre ? Très peu, probablement.

Ce qui retenu son attention par la suite fut simple. Sa commande. Le truc pour faire exploser des noix de cocos, le vrai fruit du démon. Avec ça, il serait sans doute inarrêtable. La seule chose qui lui manquerait à ce moment là pour vraiment être au sommet de sa forme, ce serait sa camisole blanche signature ainsi qu'une paie de jeans courte. Et c'Est exactement à ce moment que l'avocate lui tandis...

Ah, une oreillette. Moins cool, ça donnait un style un peu pompeux, mais bon, qui était-il pour se plaindre ? Il pourrait parler à qui ? Un de mes alliées ? Goupy ou Castorman ? Goupy n'était pas très bavard, donc surement le second choix.

Le plan était simple, si on excluait quelques éléments, comme son daltonisme, son incapacité à lire l'heure et le fait qu'il avait faim. En effet, il avait plusieurs questionnement, mais une seule qui valait la peine d'être réellement posé. Il pointa le garde dans les pommes à la porte.

- Je peux apporter Toto avec moi ? C'est qu'il est très sympa Toto et il a droit à une seconde chance...

"Vous… Pouvez apporter Toto."

J’allais partir du principe que Toto ne le gênerait pas plus que ça. Il était parti pour être dans les pommes pour un sacré bout de temps, de toute façon.

"Je vais vous laisser. N’oubliez pas d’attendre un peu avant de sortir."

Je me levais et filais vers la sortie. Une fois dans le couloir, je fusais vers un couloir à l’opposé de celui indiqué par les flèches sticker jaunes que j’avais placé au sol. J’ouvris ma valise et entamais mon changement d’apparence. Au revoir perruque, lunettes et chignon. Bonjour masque, lentilles et veste. Je pressais un bouton sur le côté de ma montre et activa ainsi la fonction "traqueur". Un point clignotant m’indiquait la position du gorille par rapport à la mienne, grâce à l’émetteur que j’avais placé dans ses lunettes. Bien. Maintenant…

"Cool Gorilla ? Tu m’entends ? C’est moi, La Forge !"

J’avais repris ma voix de Forge tout en appuyant sur ma propre oreillette. Je regardais nerveusement mon autre montre. Il ne restait plus beaucoup de temps avant que les battes ne tombent, nous devions nous hâter. Dehors, Castorman et Goupy nous attendaient avec le fourgon blindé. Dans les caisses, CG allait trouver mon Firearm Assault : Torrent Coconut Obliterator Catastrophe Killer ainsi que 5 noix de coco déjà prêtes à l’emploi. Le Coconut Optimizer - Napalm Developer - Optimal Melter, lui, se trouvait à l’arrière du fourgon, en train de préparer des munitions supplémentaires.

J’avais à la fois incroyablement confiance en moi et mon plan, et en même temps j’étais absolument terrifiée par l’existence même de Cool Gorilla dans cet engrenage immense. Enfin bon, alea jacta est.

Les petites victoires. Il pouvait apporter Toto et ça, c'était beau. Cette avocate était vraiment super. Top 2. Elle lui aurait apporter une glace et elle aurait presque sans aucun doute surpasser Avocadoo l'avocat. Quand elle se leva et qu'elle sorti de la pièce, après avoir fait le rappel qu'il devait attendre un peu, il se releva aussi, s'approchant de la porte, près sortir quand ça ferait disons... 5 Mississipi qu'elle serait sorti? Disons 6, pour la forme.

Un Mississippi. Deux Mississippi. Trois Mississippi. Quatre Mississippi. Cinq Mississippi. Six Mississippi.

Il sorti donc de la pièce, puis se pencha sur le corps inerte de Toto. Il le fouilla un peu puis lui soutira son porte-clef. Il n'eut pas à en tester beaucoup, puisque sa chance légendaire frappa encore, la quatrième clef sur laquelle il tomba étant celle qu'il cherchait. Il était en train de se défaire des restrictions sur ses poings quand il reçu la communication de la Forge. Il se releva en entendant sa voix, regardant autour de lui, la cherchant du regard. Il se rappela ensuite soudainement qu'il portait une oreillette. Trop fort. La technologie, dans les années 2140. Vraiment, c'était fou, parfois.

- Yo Miss F! Merci d'être là! J'imagine que Goupy a su être convainquant! C'est un grand négociateur le p'tit gars ! Encore heureux qu'il m'aime bien, sinon je ne sais pas combien il pourrait me charger en loyer!

Voilà, il était maintenant libre de ses mouvements. Il attrapa Toto et le posa sur son épaule comme un vulgaire sac de patate. Bon, il devait maintenant suivre des flèches. De quelle couleur était-elle déjà ? Ah oui ! Jaune ! La couleur des bananes ! Facile, il s'en rappèlerait comme ça !

- Alors, mon sucre d'f'orge ! Pendant que je suis les bananes, tu as des nouvelles pour moi? Il se passe quoi dans le monde extérieur depuis qu'on m'a injustement arrêté? Ils ont retrouvé mon téléphone sur la voie ferré?

Il marqua une pause. Se souvenir de se jour là était un peu douloureux.

- La gamine qui m'a fait passer pour le méchant de l'histoire alors que c'est elle qui m'a empêcher de récup' mon bien, elle s'en est tiré? Elle mériterait d'être ici avec moi hein!

Vraiment, il avait de la difficulté avec eux qui ne faisait que leur propre loi, nuisant aux gens autour. C'était franchement désagréable.

Il faut savoir que le syndrome de Stockholm est une pure fabrication d’un minable en manque d’égo, cherchant à se dédouaner de son comportement irresponsable et à attribuer une manœuvre rationnelle à une "folie féminine" si chère aux psychiatres d’antan. Néanmoins, force était de constater que j’éprouvais une forme d’attachement pour Cool Gorilla… Tant qu’il suivait mes plans.

Et, fort heureusement, à en juger par la direction prise par le signal qu’il émettait, il était capable de suivre les flèches. Bien. Je repris ma progression tout en dialoguant avec le gorille.

"Ah, celle qui t’as emprisonné utilise le nom héroïque Saha-Terra."

Des informations faciles à trouver, et en le mettant sur la piste, je pouvais espérer que le gorille s’attaque à elle. C’était grisant.

"24 ans, arrivée récemment de Lybie… Son vrai nom est Ayo Yowa, elle enseigne actuellement au lycée héroïque Shiketsu… Elle semble plutôt populaire auprès des élèves… Un véritable serpent manipulateur, en somme, tu as raison de lui en vouloir. Donne-moi un peu de temps, la somme qu’il faut et je peux trouver son adresse si tu veux."

Et voilàààààà, une bonne chose de faite. Si il allait lui coller une noix de coco dans le buffet, ça serait fantastique pour mes affaires. En attendant… Oui, c’était l’heure. Les battes venaient de tomber dans la cour, il y allait avoir du grabuge en haut.

"CG, il va falloir aller assez vite, ça va s’activer dans la prison d’ici même pas une minute. Rappelle-moi dès que tu as trouvé ton arme."

Je lâchais le bouton de mon oreillette et me mis à presser le pas, en faisant bien attention autour de moi, ainsi qu'aux éventuels bruits de pas des gardes. Je devais sortir via un autre endroit, afin d’éviter de me retrouver à faire le trajet avec le primate. Ce qui impliquait de faire un grand tour. Mais je ne devais pas moisir trop longtemps ici. Le temps m’était compté.

Cool Gorilla n'oubliait jamais un nom. Donc maintenant qu'il était au courant de comme se nommait celle qui l'avait placé derrière les barreaux, Sahara Terrien n'avait qu'à bien ce tenir, car c'était toute son organisation qui en aurait après elle ! Goupy et Castorman serait à coup sûr ravi d'être sur le coup avec lui. Et le Dentu... Il ferait ses trucs de Dentu, comme d'habitude.

Miles suivait toujours les flèches, docilement, quand on lui demanda à l'oreille d'accélérer le pas, que ça allait s'activer bientôt dans le bâtiment. Il obtempéra en bougonnant un peu. Il allait rater toute l'action. C'était vraiment triste quand même. Des bruits commençaient à l'élever dans la prison. Une bagarre semblait vouloir éclater et tous les bruits de pas rapide qu'il arrivait à distingué semblait tous convergé vers le même endroit.

Il se présenta alors devant un embranchement. Du coté gauche, une flèche banane, donc la direction à suivre. De l'autre coté, des bruits de bagarres. Après un moment d'hésitation qui sembla durer une éternité (mais qui fut encore moins long que les six Mississippi précédent), on choisit pour lui quand un petit bataillon de garde apparu dans le corridor d'où provenait les bruits. L'un deux le pointa du doigt et ils se lancèrent en sa direction.

Toto toujours sur son épaule, Miles se dit que ce serait mettre son compagnon en danger que de se battre dans ce petit couloir et se mit plutôt à courir dans la direction des flèches.

- Forge-chéri, je suis suivi, c'est encore loin, la pièce où y'a le fusil à boom?

Au même moment où il posait la question, Miles aperçu la dernière flèche qui pointait directement sur une porte. Il entra rapidement dans la pièce, fermant la porte derrière lui. Un claquement de doigt plus tard, un champs de force était apparu, utilisant la porte comme ancrage et doublant leur sécurité. Il déposa Toto dans un coin et fouilla la pièce. Dans un caisson en bois, dans un coin, il trouvait ce qu'il cherchait. Son nouveau jouet et quelques munitions.

- Oublies ça cocotte, je l'ai ! Comment ça marche, maintenant?

D'un geste distrait, il pointa le canon de l'arme vers la porte toujours protégé. Certainement, s'il désactivait le champ de force et tirait, les gardes de l'autre coté le sentirait passer...

Trottiner, trottiner, trottiner… Entendre un bruit. S’arrêter. Laisser passer. Trottiner.

C’était bien trop intense pour moi. J’avais l’impression que mon cœur allait exploser. Plus de la moitié des bruits de pas que je pensais entendre étaient en réalité les miens. Quelle angoisse totale. Je pressais un bouton caché sur mon masque.

"Castorman. C’est moi. Fait chauffer le moteur. CG est en route."

J’entendis un bruit à l’autre bout du fil. Probablement la clef de contact qui était tournée. Je mis fin à la liaison, et réalisais que je n’avais… Jamais entendu la voix de Castorman. Lorsque je lui ai exposé le plan, il s’était contenté de hocher la tête. Pas un "Oui", pas un "Non", ni un "Sauvez-moi et mon chef, je suis un abruti". Non, il se contentait d’obéir. Pratique. Et c’était un moyen intéressant de conserver sa santé mentale auprès de Cool Gorilla. À moins qu’il ne soit muet ? Auquel cas il vivait réellement une existence compliquée. Le pauvre, j’en serais presque émue, si je n’en avait pas absolument rien à faire.

Un appel de CG, alors que j’étais si proche de la sortie. Je matraquais le bouton de l’ascenseur devant moi. Il demandait comment se servir de son arme. Regarde rapide sur ma montre et l’émetteur. Il était bien pile là où il devait être. Voilà qui était rassurant. Je pris la parole en activant la communication.

"C’est tout simple ! Tu enfonce la noix dans le canon jusqu’à entendre un clic, tu vises, puis tu appuies sur la gâchette !"

La porte de l’ascenseur s’ouvrit à ce moment. Trois gardiens de prison étaient face à moi. Et me voilà, en train de parler d’appuyer sur un gâchette, en costume complet de super-vilaine.

"Hum."

C’était très gênant.

"Bonsoir messieurs…?"

Ah, c’était si simple ! Cool ! Comme lui-même. Cool Gorilla. C’était son nom. Bref, poursuivons.

Miles se saisit donc de l’une des munitions présente dans la boîte devant lui, enfonçant celle-ci dans le canon de l’arme, jusqu’à ce qu’il entende le fameux “clic” dont lui avait parlé la Forge. Pourquoi ça devait toujours être “clic”, d’ailleurs ? Ça ne pourrait pas, pour une fois, être “bong” ? Ou “gluck” ? Ça serait bien plus original. Et pour Cool Gorilla, c’était important, l’originalité.

Il s’installa dans un coin de la pièce et pointa l’arme, maintenant chargé, vers la porte de la pièce où il se trouvait enfermé. Il claqua soudainement des doigts, faisant disparaître le champ de force et bloquait l’entrée aux gardes. Quand il vit la porte commencer à s'entrouvrir, il appuya sur ladite gâchette qui avait, sans aucun doute, été faite sur mesure pour les magnifiques gros doigts de gorille. Un humain “normal” n’aurait sans doute aucun confort à utiliser cette arme. Mais lui, c’était si naturel.

La noix de coco fut éjectée du canon avec une vélocité à laquelle Miles ne s'attendait pas. Il avait bien visé, le fruit passant juste par l’ouverture faite par le garde et frappant celui-ci directement à la poitrine. Si l’explosion démonstration que la vendeuse avait fait sur la plage avait impressionné le primate, ce n’était rien si on comparait avec l’ampleur que celle-ci pouvait avoir ici même, à l’intérieur d’un bâtiment, frappant directement un être humain. Ou plutôt ce qui était, au moment de l’impact, un être humain.

R.I.P., garde inconnu.

Cool Gorilla se saisit une nouvelle fois de Toto le pote otage et sortit de la pièce en traversant ce qui avait autrefois été l’encadrement d’une porte, tentant d’éviter de marcher sur des débris pointu ou sur des morceaux humains.

- Forginou, j’ai fait un peu de bruit et j’ai peut-être des gens malcommodes qui viennent dans ma direction, je vais où maintenant? Je monte? Je descends? J’appelle un UBER?

Il regarda à droite, puis à gauche. Il décida que l’idéal dans la situation présente était de ne pas retourner sur ses pas. Sans attendre la réponse de la Forge, il s’aventura donc dans une direction inconnue, jusqu’à tomber sur une cage d’ ascenseur. Des bruits semblaient venir d’à peu près partout dans l’établissement. Mais surtout, les plus gros bruits venaient d’un endroit précis.

- Aussi, mon ventre me fait savoir que c’est l’heure du goûter. T’as pensé à apporter quelques bananes, soeurette?

Comme l’ascenseur n’était pas à son étage et qu'il n'avait aucune idée de comment cette technologie fonctionnait, Miles ouvrit de force les portes du conduit et se mit à escalader, jusqu’à rejoindre la cabine qui lui bloquait le chemin. Il n’avait qu’une solution. Faire sauter celle-ci !

Chargeant son arme, il pointa celui-ci ce qui était le plancher de l’ascenseur et “click” appuya sur la détente...

"Hum, CG, je ne peux pas vraiment rép… Gyaaaaaah !"

Mon cri était d’une sincérité absolue. L’ascenseur venait d’exploser devant moi, m’envoyant fessier contre le sol. Ma combinaison prit le relais et me permit de me réceptionner sans heurt, mais le choc psychologique était bien là. Cette fois, c’était sûr, j’allais mourir. Un répugnant bout de chair ou deux vola dans ma direction, accompagnés de quelques shrapnels. Mes oreilles sifflaient, c’était insupportable. J’avais envie de rester au sol, allongée, et de ne plus bouger jusqu’à ce que la situation se tasse, que les Alters soient libérés et qu’on me remettre un prix Nobel et une médaille.

Mais évidemment, je ne pouvais pas faire ça. Je pris quelques secondes pour reprendre mes esprits. Raclais ma gorge. Me redressait. Puis je portais un regard à ma montre et à l’émetteur. Forcément. Je passais mes doigts dans mes cheveux afin de les remettre en place, puis vint me pencher au bord du conduit de l’ascenseur, baissant les yeux pour rencontrer ceux de Cool Gorilla. Remise dans le rôle de La Forge, je débordais désormais de confiance en moi. J’adressais au gorille un geste de bras dramatique, tout en essayant de ne pas trop regarder en bas, de peur de m’évanouir.

"Juste à temps, CG, comme je l’avais prévu !"

Évidemment.

"Dis-moi, te sens-tu capable d’ajouter mon poids à ton fardeau ? Ou bien devrais-je continuer à pied ?"

L’idée de chevaucher ce balourd ne m’enchantait pas plus que ça, mais il faut bien comprendre qu’il était un véritable bouclier de chair, avec un lance-grenade en prime. J’avais probablement plus de chances de m’en sortir si je suivais son sillage de destruction plutôt qu’en essayant de tracer ma propre route. Et vice-versa, je sentais que sans mes instructions il se perdrait vite. D’ailleurs, comment était-il arrivé sous moi ?

Tout c'était passé exactement comme Cool Gorilla l'avait prévu. C'est à faire que ça avait fait "Boom". Il s'était aussitôt protégé d'un champ de force et, quand les débris enflammés eurent disparu sous lui, il avait annulé le tout et pointé la tête à l'étage, pour voir...

La Forge ! Quel adon !

Celle-ci sembla d'abord appeuré. Puis surprise. Puis sûr d'elle. Elle lui tendit alors la main, lui assurant que le tout c'était passé exactement comme elle l'avait imaginé. Wah, mais qu'elle était brillante cette meuf ! Même lui il avait de la difficulté à planifié son petit déjeuner, alors planifié les actions d'un parfait demeuré comme lui... Incroyable !

Elle lui demanda alors s'il pouvait la porter. Quelle question. Elle pesait sans doute pas beaucoup plus que... À vue d'oeil, 541 bananes.

- Yo, Forgamine ! Bien sûr que je peux te porter ! Tu préfères qu'on fasse ça comment ? Sous le bras? Tu t'assoies sur mon épaule? Piggyback? C'est bar ouvert avec Miles !

Restait aussi à réglé la question de la direction, mais si il la portait, elle pourrait sans doute facilement le guider dans le dédale de corridor qu'était la prison et il pourrait ainsi rejoindre sans trop de problème l'endroit où se cachait Castorman, Goupy et la collation. Si collation il y avait. Il espérait vraiment qu'il y ait une collation.

- Dit, à l'arriver, il y aura une collation ? Je meurs de faim et je suis moins efficace quand j'ai faim. Mes champs de force ne durent que 9 minutes au lieu de 10, quand j'ai faim...

Information crucial, dont personne n'était au courant, mais au point où ils en étaient, c'était cartes sur table, après tout.