Happy First Time [PV - Tim Recket]

Satoru était de bonne humeur (ce qui n’est guère surprenant me diriez vous), mais de vrai bonne humeur. Une bonne humeur totalement saine et naturelle. La veille au soir Mme. Osoki, la médecin chargée de suivre l’évolution de son alter, l’avait grandement félicité. Il était parvenu à perdre deux parties consécutives de Super Smash Bros Révolution sans avoir recours à son alter et sans détruire la manette. Elle avait affirmé que cela était une preuve indéniable de la rigueur de l’homme face à la limite imposée sur l’usage de son alter au quotidien.
Cela ne l’était pas. Satoru activait son alter à la moindre frustration mais, face à l’examen mensuel, était parvenu à faire preuve d’un contrôle de soi exceptionnel et la supercherie ne rendait le résultat que plus délectable.
A cela s’ajoutaient la fin de son contrat pour le développement d’une application de livraison de pizza et un récent email de la part d’une publisher affirmant son intérêt pour une petite démo qu’il avait présenté.
L'après-midi était à peine entamée que Satoru avait déjà envoyé les dernières factures à l’entreprise de pizza et répondu à son possible futur partenaire. C’est donc tout joyeux qu’il se saisit de son sac à dos, y glissa ses gants et son foulard récemment lavé avant d’aller chercher les deux packs de sang stockés dans son frigo.
Il les glissa dans les pochettes thermique de sa ceinture abdominale qu’il plaça à son tour dans le sac à dos.
Clefs, téléphone, porte carte en poche et casquette sur le crâne, il était temps d’aller faire un tour en centre ville.
Satoru ne prévoyait pas de commencer à patrouiller avant 10h du soir, mais il avait un achat à réaliser et comptait bien profiter de l’argent apporté par cette fichue application de pizza.

* Elle est tout de même bien foutue *

pensa t-il alors que, debout dans le train, il interagissait avec le système qu’il avait passé les derniers mois à développer et tester.

Lors de sa dernière patrouille, quelque jours plus tôt, Satoru s’était trouvé à affronter un jeune gars ayant un alter de durcissement de la peau. L’adversaire lui avait donné du fil à retordre mais il en était finalement venu à bout en le clouant au sol, le visage dans une flaque d’eau. L’aspect comique de la noyade dans 10 cm d’eau n'avait pas manqué de faire rire le Vigilant, mais avait aussi exposé sa vulnérabilité face aux alters de résistance. Il s’en allait donc chercher quelques inspirations d’outils légers, discrets, capables d'obstruer les voies respiratoires d’un adversaire mais pouvant être retiré avant le décès ou l’arrivée de héros quelconque.
Satoru était descendu à la station du centre d’Hosu sans pour autant avoir trouvé de solutions à son problème et continua bredouille après une bonne heure passant de magasin en magasin.
Sa seule et meilleure idée se trouvait être un simple torchon humide au fond de la gorge. Relativement facile à placer et à enlever, pas chère, pas de quoi aller jusqu’au centre pour ça.

Néanmoins, étant déjà sur place, il en profita pour se faire plaisir et s’acheta un café au lait qu’il sirota tout en prenant la direction des boutiques de jeux vidéo. Là il passa le reste de son après midi à lorgner des figurines de héros tant fictifs que réels et à jouer des vieux titres sur des consoles rétros mises à disposition. Il aurait bien voulu jouer plusieurs heures d'affilée mais n’ayant guère l’intention d’acheter quoi que ce soit, il s’était plus ou moins fait jeté de toutes les boutiques de la rue les unes après les autres. Le ciel était déjà sombre lorsque le vigilant fut expulsé de la dernière boutique. Se sachant pas vraiment quoi faire de plus, il s'apprêtait à enfiler son costume plus tôt que prévu quant il passa devant une salle d’arcade.

L’idée de dépenser des mois de pizzas de javascript et html (qui existent toujours, aussi incroyable que cela puisse paraître) dans des jeux qu’il avait chez lui ne le séduisait guère mais il ne put résister à l’ambiance du lieu. Attiré par les néons coloré comme une mouche par l’ampoule incandescente, il finit par s'engouffrer dans le lieu atemporel.
Satoru ne donna grande attention aux différentes bornes de jeux de course ou de combats. Il avait déjà aperçu sa cible au loin : Les jeux de rythmes, ceux où des lycéens piétinaient rageusement. Ces bornes étaient sans aucun doute conçues pour attirer Akameshi. Un véritable défi de réflexes et de coordination décoré de musique pop et néons colorés, c’était bien plus que tentant!
Le programmeur ne s’était jamais essayé à une de ses machines, peut-être par respect pour Mme.Osoki. Cela faisait déjà 4 ans que la médecin s’acharnait chaque semaine à lui faire cesser d’user son alter pour supporter le simple fait de vivre. Ors Satoru savait très bien qu’il ne pourrait pas survivre à une partie sur une de ces bornes sans avoir recours à son alter, il aurait trop de sentiments négatifs face à son échec inévitable.

La journée de Tim n'était pas excitante du tout. Aucun vilain de grande envergure. Aucun petit malin avec un couteau. Aucun fun en somme. Mais ça ne l'avait pas arrêté de faire son job. Il parcourut les rues de Musutafu et Hosu, non seulement pour garder les civiles en sécurité, mais aussi pour venir en aide à ces derniers. Malheureusement, son changement de costume ne l'aidait pas. Forcément il était passé de la tenue purement esthétique et très peu utile, à la tenue optimal pour un speedster qui n'avait pas l'air très amical.
Ce fut quand il proposa des glaces à une classe d'enfants qu'il s'en aperçut. Les petits avaient du mal à venir vers lui, donc il retira son masque et laissa son charme naturel faire le reste.

Il avait lu quelque part que le manque d'attributs faciaux pouvait déshumaniser quelqu'un aka porté un masque. Il passa donc rapidement à son agence, saluant son compagnon de toujours Toby, Hell Dog, le seul et unique autre membre de l'agence White Spirit. Notre Héros déposa son casque aérodynamique sur son bureau et repris service. Instantanément, les civils semblaient plus enclins à venir lui parler, prendre des autographes et ainsi de suite.
Sa journée s'était de nouveau ensoleillé, il n'était plus juste là à courir, puis jeté un œil pour enfin repartir. Non, il avait ses petits moments de joie comme quand il voyait un autre enfant avec un alter de vitesse et faisait semblant de perdre une course contre lui. Être Héros c'était vraiment magique pour lui.

Mais il y avait bien une heure où il fallait rentrer, il ne pouvait pas aborder les rues nuits et jours, n'est-ce pas ? En tout cas pas en tant que Héros. Car Tim avait d'autres choses à faire que patrouiller, il devait aussi s'entraîner. Et ce soir là c'était entraînement de réflexes et de précision.
White Spirit se changea à l'agence et reprit des vêtements normaux arborant désormais les rues en marchant, Toby en laisse. Son bureau se trouvant à Musutafu et son objectif à Hosu, il prit le train avec son compagnon canin. En descendant il se dirigea tout d'abord à son appartement pour y déposer Hell Dog, puis se remit en chemin pour son entraînement.

Après quelques minutes il se trouvait devant une arcade lui étant familière. En arrivant au Japon Tim n'avait aucun moyen de s'entraîner autrement qu'en courant. Un jour il trouva ce lieu et spécifiquement ces stations de jeux de rythmes qu'il n'avait vu que très peu auparavant. Il fut donc un deal avec le gérant, lui permettant d'utiliser son alter sur ces mêmes bornes, mais en effaçant son score. Aujourd'hui, il était devenu très bon ami avec l'homme s'occupant de l'endroit et il utilisait toujours le même jeu pour s'entraîner.

En rentrant il aperçut quelqu'un se tenant droit, admirant les machines. Altruiste qu'il est, White Spirit se disait que si cet homme admirait de loin, c'est qu'il voulait jouer, mais n'en avait pas la possibilité. Alors, après avoir salué son ami, Tim s'approcha de l'inconnu et lui dit.

"HI ! Wanna play ? Je payer si tu veux ?"

Notre Héros lui tapa sur l'épaule et s'approcha des machines.

White Spirit se dirigea vers une borne aillant l'air plus vieille que les autres. Le temps ne l'avait pas épargné, il y avait des rayures, des traces de chaussures et des vieilles chansons que plus personne n'écoutait. Néanmoins, ce n'était pas seulement une borne parmi les autres, c'était sa borne. Il avait commencé avec elle et il finirait avec elle. Celle-ci était loin d'être aussi technologique que les autres, pas de détection des mains ou des hanches, pas d'expression faciale ou de karaoke inclus. C'était juste une borne avec des flèches aux pieds et une barre pour s'accrocher comme des pros.
Tim commençait à mettre des yens dans la machine pour quelques parties, quand son invité se mit enfin à l'approcher.

"Do I look that desperate ?"

Un australien ? Peut-être. Tim avait du mal avec les accents étant lui-même british. Dans tous les cas, qu'il soit japonais ou bien australien, notre Héros ne comptait pas le ménager. Après tout il n'était pas là pour s'amuser, mais bien s'entraîner. Il rigola donc à la question de son interlocuteur et lui répondit.

"Maybe. Ahah !"

La machine s'alluma, l'écran était presque aussi vieux de Tim lui-même. Utilisant le tapis, il sélectionna un mode multijoueur, ce qui alluma le second tapis. Il était désormais temps de choisir la musique et bien que ce ne soit pas dans les goûts de White Spirit, il fallait un truc qui bouge.

"J’attendais juste un adversaire qui puisse m’anéantir sans que mon ego soit oblitéré... Il appuya la pause puis reprit...Je vais me faire anéantir n’est ce pas?"

Tim lui sourit. Il était vrai que peu de gens pouvaient le surpasser à ce genre de jeu, surtout quand il avait le droit d'utiliser son alter, enfin, qu'il se donnait le droit. Mais il y avait une chance, une infime possibilité que soit, Tim rate tout, soit, que son adversaire possède un alter lui permettant de rivaliser. Sans ça, la victoire de notre Héros était assurée. Il s'esclaffa une fois de plus à la remarque de l'inconnu. Avec des aprioris tel, il n'allait surement pas faire long feu.

"Oh yeah for sure ! Ahah ! By the way, je m'appelle Tim. And what name should I write on your gravestone ?"

White Spirit appuya le fait qu'il allait détruire son nouvel ami en lui demandant le nom qu'il devait écrire sur sa tombe. C'était certes une façon morbide de demander son nom à quelqu'un, mais plutôt marrante, enfin, pour Tim. Ainsi présenté, il sélectionna la première musique. Elle commençait doucement et avait ses moments de pause, mais quand elle accélérait les flèches tombaient à une vitesse exponentielle.


"Come on, step up to the stage ! I hope you're ready !"

La musique commençait déjà, cela allait être une bonne introduction pour notre cher ami et un bon échauffement pour notre Héros. Droite, gauche, droite, gauche pour le beat et peu à peu les diagonales commençaient à tomber pour la mélodie.

"Buckle up !"

Il n'y avait rien de différent avec l'entraînement habituel pour Tim. Droite, gauche et instantanément diagonale gauche puis droite, tout était gravé dans son cerveau. À vrai dire il n'avait même pas besoin d'utiliser son alter pour avoir un score parfait. L'échauffement ne servait pas à ça de toutes façons, il s'agissait juste d'un moyen pour s'étirer, pour se mettre dans le mood, rien de spectaculaire ne devait être fait pour remporter la partie. Enfin, pour un joueur minimum novice, ce que ne semblait pas être son adversaire. Un début plutôt médiocre, néanmoins rattrapé rapidement, mettait notre Héros en confiance, peut-être un peu trop.

White Spirit décida de jeter un coup d'œil plus attentifs à la personne qu'il affrontait, en pensant que sa mémoire musculaire ferait le reste. Il avait l'air d'un bad boy confirmé, les cheveux avec le minimum de soins possibles, une pilosité faciale approximative et une balafre lui traversant le visage. Tout cela couplé à sa voix, Tim commençait à tomber sous le charme. Il y avait beaucoup de pseudo "mauvais garçons" dans la branche héroïque, mais ce n'était que des poseurs, des usurpateurs ! Ils ne cherchaient qu'à émulé le style pour attirer l'attention ! Contrairement à la personne que Tim connaissait désormais sous le nom de Satoru. Et ce fut en remarquant cela que non seulement, White Spirit s'intéressa plus à sa rencontre, mais aussi qu'il perdit le fil des flèches !

Ça faisait au moins une bonne dizaine de secondes que les jambes de notre Héros ne bougeaient plus ! Son esprit, comme ses yeux, était fixé sur son adversaire, il en avait totalement oublié de danser. Très vite il plaqua son regard sur la borne pour essayer de rattraper son retard, mais il avait du mal à suivre. Il était perdu physiquement et mentalement. Alors, s'enfonçant lui-même dans sa propre panique, il activa son alter.

Quand son alter est activé, son corps entier est accéléré, mais son cerveau ne peut pas suivre, il ne voit donc rien, ne sent rien ... Au fil du temps il a donc mis au point : La Dissociation. Celle-ci permet à Tim de rendre une certaine partie de son corps rapide sans aucune conséquence sur son cerveau et sa réflexion. Aujourd'hui il peut donc frapper à une vitesse extraordinaire sans devenir aveugle, enchaîner des coups de pieds comme personne, mais marcher, c'est une tout autre histoire.
Alors, quand il activa son alter en dissociant ses jambes, il s'effondra en même temps que son score.

Si la barre n'avait pas été là pour le rattraper, il serait sûrement étalé au sol vaincu par son orgueil. Heureusement, il tenait encore et l'abandon n'était pas au menu de ce soir.

"Well, here's where cheating got me... Don't mind me, that's your only chance at destroying yours truly !"

Dit-il en souriant. Pour le bien de Satoru, il ne fallait pas surtout qu'il l'aide, sinon notre Héros n'hésiterai pas une seconde à le rattraper niveau point.
Tim se releva, souffla, puis se remit à suivre les flèches avec une concentration religieuse. Il était tombé durant une des parties donnant le plus de points de la chanson, si son nouvel ami ne s'était pas foiré, il devait avoir une avance colossale. Cette hypothèse en tête White Spirit décida de ne rien lâcher d'ici la fin de la partie, pour qu'il ait au moins une chance de reprendre la tête.

Dé 1 :

[ Pair ] - One
[ Impaire ] - Two

Le membre 'Satoru Akameshi' a effectué l'action suivante : Faire une action

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'Dé à 4 faces' : 4

Les yeux de Tim étaient rivés sur l'écran de la machine, ils ne bougeaient plus et ne clignaient presque jamais. Toute son attention était dédiée au jeu. Pendant le reste de la musique plus rien ne comptait pour lui, si ce n'était la victoire.
Alors que tout son environnement ne devenait que vide, il mélangeait mémoire musculaire et purs réflexes pour obtenir le plus de mouvements "PARFAIT" possible. Ses combos étaient maîtrisés, sa vitesse était spectaculaire et sa précision au moins au-delà de la normale.
Il ne s'arrêtait plus, enfin, il ne pouvait plus s'arrêter. White Spirit était entrer dans la "ZONE", quelque chose que nous pourrions comparer à un stade de concentration maximale. La seule chose pouvant le stopper étant, le jeu lui-même.


D'un seul coup, son monde reprit des couleurs, les clients de l'arcade réapparurent et d'autres son que ceux de la borne atteignirent ses oreilles pour le sortir totalement de sa transe. Notre Héros souffla un bon coup et s'assit sur les flèches au sol. Ça ne devait être qu'un échauffement et pourtant il avait beaucoup donné pour arriver ... Tim leva la tête, il n'avait pas encore vu le score final ou même le graphe.
Il se releva donc et souffla à nouveau. Ses efforts n'avaient pas été vain. Il avait récupéré la première place après s'être auto saboté. Quand au graphe, celui de son adversaire était plutôt constant, mais le sien ressemblait plus à une chaîne de montagne.

Quoi qu'il en soit, l'échauffement était terminé. Et alors qu'il s'étirait après cet effort hors du commun, Satoru l'interpella.

“Je te laisse payer la revanche?”

"Tu es un vrai gentleman dites moi."

Tim ricana. Il avait eu pour idée de s'entraîner en venant ici et non de s'amuser, néanmoins sa rencontre avec son nouvel ami avait changé ce fait. La prochaine chanson ne serait donc pas faite pour s'affronter, mais plutôt pour se relâcher et juste ... danser.
Il nourrit  la machine de quelques yens et sélectionna encore un vieux titre d'un groupe british qui avait eu son impact sur la communauté il y a plus de cent ans.


"I hope you don't mind my old taste, it runs in the family. You'll choose the next one don't worry. Ahah !"

A peine lancée, la tête et le bassin de Tim était en train de se balancer au rythme de la musique. Il ne faisait vraiment qu'un avec les vibrations.

Quelle coïncidence, Tim se trouvait aux côtés d'un autre fan du siècle dernier. Ce qui était rare, les gens de son âge ou même au-delà ne prêtaient pas grande attention à la musique du 21e siècle. De nos jours, le phénomène héroïque a fait oublier le "métier" de star et par conséquent, le passé les idolâtrant. C'était désormais les Héros qui jouaient dans des films, qui créaient leur propre marque de vêtements et qui chantaient leur nouveau tube de l'été.
White Spirit en avait conscience, mais ça ne le dérangeait pas plus que ça. Après tout, "Star" n'était qu'un mot, il n'aura fallu qu'un peu de temps pour qu'il se transforme en "Héros". Attention, il ne pensait en aucun cas que tout Héros était une Célébrité, mais au moins une star en devenir. Enfin, s'il pouvait faire vendre.
Si Tim était resté au pays, il ne serait pas en train de danser, mais plutôt en train d'enregistrer une nouvelle pub pour un jeu de foot ou quelque chose du genre. Ici, au Japon, il avait le droit d'être un Héros sans forcément être l'icone d'une certaine marque.

Ceci étant dit, les flèches pleuvaient. Notre Héros, comme porté par le groove, tombait parfaitement sur les bonnes directions tout en balançant sont corps au rythme de la musique. Il ne réfléchissait plus et pensait honnêtement à fermer les yeux pour voir si le pouvoir des vibrations le guiderait vers un score parfait.
Très vite il décida de les garder ouverts, d'une part, pour ne pas détruire le plus haut score de la machine et d'autre part, parce qu'il ne pourrait plus voir son ténébreux adversaire se dandiné comme un poulet. Ou un coq, à voir.
Par ailleurs, en jetant un rapide coup d'œil dans sa direction Tim remarqua que malgré ses visibles efforts, Satoru n'arrivait pas à le dépasser. Il était un peu attristé qu'un si gentil homme ne puisse pas montrer ses vraies capacités. Alors, il se prépara et ...

"Oi, check this!"

Il ne manquait plus que le "mate" et c'était un parfait australien. Mis à part cela, le nouvel ami de White Spirit effectua une pirouette des plus ... élégante avant de peiner à reprendre le rythme de la musique. C'était mignon, comme un enfant qui apprenait à marcher. Tim ne put s'empêcher et ricana le sourire aux lèvres. L'australien faisait vraiment de son mieux et c'était hilarant, mais attachant. Notre Héros ne pouvait donc que surenchérir.

"Hey Satoru !"

Il sauta par-dessus la barre d'appuie sur un moment de pause de la chanson pour atterrir, quand elle reprenait, en grand écart. Tim était un gymnaste et sa flexibilité n'avait d'égal que sa vitesse. Mais ce n'était pas pour frimé qu'il l'avait fait, enfin pas trop, c'était bien pour laisser du temps à son adversaire pour le rattraper. Une manœuvre de gentleman absolue.

"What's your job ? You're working in the cute industry or what's the deal ?"

Dit-il, se relevant lentement de sa chute maîtrisée. S'il devait perdre des points aux jeux, autant en gagner entre lui et son partenaire, histoire de se faire un nouvel ami.

Piètre danseur, mais clown affirmé, le spin de Satoru avait eu l’effet désiré… du moins… si le rire de son adversaire était destiné à sa petite démonstration et non au reste de ses déplorables capacités.

Il se trouvait toujours à beaucoup de points derrière Tim lorsque ce dernier attira son attention avant de réaliser une manœuvre à la fois spectaculaire, inattendue et absolument inconséquente. A peine avait-il quitté la stabilité de la terre ferme, en se projetant par dessus la barre d’appuis, qu’il la retrouvait en position grand écart, la chute étant amortie par … ses talons on l’espère.

Plusieurs gloussements angoissés surgirent du petit groupe qui, en attendant qu’une borne se libère, n’avait cessé de pouffer depuis les 5 dernières minutes, admirant l’étrange duo de trentenaires se dandiner. Nombreux furent ceux qui allèrent même jusqu’à grimacer de douleur mais Satoru n’était pas l’un d’entre eux. Au-delà de n’avoir aucune empathie, le vigilant se savait lui-même capable de réaliser une telle manœuvre. Il alla même jusqu’à la considérer comme une nouvelle tentative, de la part de son adversaire, d’égaliser les scores. L’idée lui traversa l’esprit de répondre à la démonstration en en exécutant lui-même sa propre version, mais la possibilité de remporter la partie le séduisait quelque peu et il décida de jouer le bon garçon et continuer à faire la poule sur sa dalle.

Satoru ne le savait alors pas, mais cette décision se révéla être extrêmement judicieuse, car quelques jours plus tard, il découvre avec effroi qu’il n’est plus capable de réaliser un grand écart. (Paragraphe n°6)

Quoi qu’il en soit, le japonais enchaîna le plus beau combo de sa vie alors que l’anglais se relevait et, le plus tranquillement du monde, reprenait le jeu.

"What's your job ? You're working in the cute industry or what's the deal ?"

Industrie du mignon, tu rigoles? Avec une gueule recousue comme la sienne, il fait fuir la plupart des offres d’emplois fixes. Il faut dire qu’il n'essaie nullement de cacher ses blessures, aux contraires. Si ses cheveux étaient coupés courts du côté gauche, ce n’était pas pour une question de mauvais goût, mais bien une façon d’exposer ses cicatrices, une façon de rappeler à tous qu’ils pourraient bien être les prochains.

Toujours concentré sur sa partie, Satoru afficha un sourire et répondit calmement.

“If you consider “Code Stuff all day in pyjamas” as being part of the Cute Industry then yeah, I guess I’m in it!”

Programmer des trucs était assez vague mais reflétait bien les compétences du vigilant, englobant tant quelques jeux mobiles, des apps pour diverses marques et des systèmes sous jacent plus complexes.

“What about you? You seem familiar… Aren’t you some kind of Cute Industry recruiter or something?”

Malgré tous ses efforts, Satoru n’avait pas vraiment réussi à mettre un nom à ce visage qu’il lui semblait pourtant de plus en plus familier. Ayant travaillé avec tout un tas d'entreprises étrangères, se pouvait-il qu’il ait croisé Tim dans un contexte professionnel?