(PNJ présent(s) dans la scène : Yawara Chatora, alias Tora et Tomoko Shiretoko, alias Ragdoll, membres des Wild Wild Pussycats.
Ses yeux étaient grands ouverts. Depuis les dix dernières minutes, elle fixait le plafond, parfaitement immobile. Rien à faire, pas moyen de se rendormir. Sa tête roula sur le côté. Son réveil indiquait 5h10 du matin. Dans le coin supérieur droit, un voyant et une suite de chiffres indiquaient qu’une alarme était réglée pour 6h30.
"Pfffff…"
Tomoko rassembla ses forces et s’extirpa péniblement hors de son lit. Elle désactiva l’alarme et s’enveloppa dans sa robe de chambre couleur ambre tout en enfilant une confortable paire de pantoufles. Autant rentabiliser le temps supplémentaire qu’elle s’était accordée accidentellement. Doucement, elle ouvrit la porte de sa chambre et s’engagea dans le couloir. Quelques mètres plus loin, elle tourna à droite, rentrant ainsi dans la cuisine.
"Je vois que pour toi aussi c’est difficile."
Un grand sourire apparut sur le visage de Tomoko. Yawara était assis à la petite table rectangulaire de la cuisine, utilisée par les Wild Wild Pussycats lorsqu’ils étaient seuls dans leur camp, à l’inverse de la vaste table de la salle à manger. Il tenait dans sa main un mug fumant.
"Pour une fois qu’on peut se permettre de se réveiller plus tard, voilà que nos habitudes nous rattrapent !"
"Douze ans qu’on fait ça en même temps."
Tomoko se déplaça jusqu’au réfrigérateur et en sortit une boisson énergétique, goût citron. Son petit plaisir bihebdomadaire. Elle en aurait bien besoin. Aujourd’hui allait être une sacrée journée pour elle et son ami. Elle ignora les chaises bien rangées, s’assit directement sur la table, prit une grande gorgée de sucre parfumé et s’adressa à son partenaire.
"Ils ont bien travaillé hier, les petiots. Peut-être qu’on pourrait les récompenser en leur préparant le petit-déj, aujourd’hui ?"
"Ce serait dommage, c’est rare qu’on ait des stagiaires, on peut encore profiter un peu de ne pas avoir à s’occuper de ça, non?"
"Tu as été assez dur avec la petite Blue hier, tu peux bien lui offrir ça."
"Je ne serais pas dur si elle n’en valait pas le coup."
Yawara prit une rasade de café. Il disait la vérité et Tomoko le savait. Il mettait toujours du cœur à l’ouvrage quand il avait la responsabilité d’un apprenti plus jeune, et encore plus quand il décelait un certain potentiel dans l’apprenti en question. La première journée des deux jeunes de Shiketsu avait été consacrée à une présentation générale des lieux ainsi que de leurs tâches en tant que sauveteurs, de la marche à suivre en cas de danger ou d’incident, et autres instructions purement théoriques. La journée s’était conclue par un bref jeu de piste visant à familiariser les étudiants à leur environnement, très différent des quartiers de Tokyo auxquels ils étaient habitués. La deuxième journée, plus intense, avait démarré avec une rapide interrogation portant sur les notions abordées la veille ainsi que sur la manière dont leurs alters respectifs pouvaient être utilisés dans une situation de sinistre. Le domaine du sauvetage était très délicat, les héros de tous poils se devaient de connaître par cœur les procédures de sécurité, quand bien même leur application était par moments très rares. Tora et Ragdoll avaient été agréablement surpris, non seulement par la capacité de leurs stagiaires à retenir leurs instructions, mais également par leurs connaissances de base, déjà bien avancées. On reconnaissait bien des élèves issus d’une grande école d’héroïsme. Le reste de la journée consista en une longue patrouille à travers les zones peu fréquentées des bois, effectuée au pas de course. C’était à cette occasion que les deux étudiants avaient pu faire connaissance avec les méthodes presque militaires de Tora. S’érigeant en véritable sergent-instructeur, il s’était montré impitoyable avec les apprentis héros, en particulier Star Novel, l’étudiante qui lui avait été assigné.
Maintenant que la troisième journée commençait, les deux professionnels profitèrent de leur avance considérable sur l’horaire pour passer en revue le plan du jour. S’attendant à ce que les apprentis soient couverts de courbatures, ils avaient préparé quelque chose de plus détendu pour aujourd’hui. Enfin, détendu selon leur propre point de vue.
Les deux amis finirent par s’engager dans une conversation légère, portant sur leur propre ressenti sur ce stage, ainsi que leurs impressions sur les deux élèves dont ils avaient la charge. Ils n’avaient pas vraiment eu l’occasion de bavarder ainsi depuis deux jours et en retiraient un plaisir certain. Néanmoins, Ragdoll était préoccupée par quelque chose. Finalement, elle se décida à en parler.
"Yawa, au sujet de la petite Blue…"
"Mmh ?"
Le regard de Tora se porta sur l’horloge murale qui trônait dans la pièce. 6H35. Ils avaient encore une vingtaine de minutes devant eux.
"Il va falloir qu’on se prépare, désolé. On pourra en parler sur le trajet ? Ce soir au pire ?"
Tomoko hocha silencieusement la tête en signe d’approbation. Oui, cela pouvait encore attendre un peu. Elle jeta à la poubelle de déchets recyclables sa canette vide tandis que son ami nettoyait son mug. Les deux compères prirent ensuite la direction de leurs chambres respectives.
Là, ils accomplirent en vitesse leur mise en place. Depuis le temps, ils avaient appris à se laver, se coiffer, s’habiller et se maquiller presque machinalement. D’imposants losanges noirs et des rayures pour l’un. Un cercle rose pâle autour de l’œil et des moustaches pour l’autre. D'épais gants, lavés chaque jour avec le plus grand soin, des bottes renforcées et des radios au design imitant l’apparence d’oreilles de chats. En dix-sept minutes, ils étaient fins prêts.
Ragdoll se plaça devant la porte de la chambre de Star Novel tandis que Tora prit place devant celle de Léo Oxton. Certes, ce n’était pas là leurs stagiaires respectifs, mais c’était juste une question de convenance, par rapport à ce qu’ils s’apprêtaient à faire.
"On leur laisse les trois minutes d’avance ?"
Yawatora fit mine de réfléchir une seconde, avant de simplement déclarer :
"Non."
Tomoko frémissait d’excitation. De concert, la moitié des Wild Wild Pussycats se racla la gorge.
"ARRIVANT À PAS DE VELOURS !"
"DE BON MATIN, ILS GRATTENT A LA PORTE !"
Parfaitement synchronisés, ils ouvrirent en même temps la porte qui se trouvait devant eux avant de faire irruption dans la chambre et de prendre la pose en criant de concert.
"WILD WILD… PUSSYCATS !"
Et, d’une voix plus basse, mais toujours empreinte d’énergie :
"Debout, Time Breaker ! Une longue journée t'attends !"
"Coucou, Blue Machina ! Tu as trente minutes pour enfiler ton costume, manger un bout, préparer un ou deux sandwichs et être en place devant le camp !"
Ceux qui les avaient fréquentés le savaient bien, tandis que Léo et Star le comprenaient un peu plus chaque jour : les Pussycats, derrière leur barrière d'excentricité, étaient des mentors inépuisables, qui ne ménageaient personne.
Ça, c’était le gémissement quand on se faisait réveiller aussi brutalement. Léo se tortillait sous la couette, se réveillant progressivement, et rapidement. Les Pussycats envoyaient de l’énergie dans tous les sens, ce n’était probablement pas le cas de tous les héros. C’était d’autant plus vrai lorsqu’ils exécutaient leur chorégraphie. Tout cela rappelait au jeune garçon une petite discussion avec Pépé Mindgame, l’ancêtre de Sylvano, au sujet des poses. Et à coup sûr, Lucie n’allait pas le lâcher ce week-end sans qu’il lui fasse une petite interprétation. Il en soupirait déjà… Mais il avait des choses plus urgentes auxquelles penser. Il se mit en position assise et étira ses bras en baillant. En tout cas faire son stage ici était motivant, bien que fatiguant aussi. Heureusement, même s’ils se levaient assez tôt (du moins pour des personnes qui sont déjà sur place), on leur laissait la possibilité de se coucher plus tôt également. Léo avait besoin d’autant de sommeil qu’un enfant de 11-12 ans, et ce sera probablement toujours le cas. Ça lui faisait se poser des questions quant à Star tiens. Est-ce que sa production d’adrénaline ne la fatiguerait pas plus vite ? Mais en même temps, est-ce que cela ne lui permettait-elle pas de peu ressentir la fatigué ? Rah, whatever. D’ailleurs, pourquoi elle est là ? C’était quand même assez étrange, elle n’aime pas le social et elle postule dans un groupe de déjantés colorés. Et même au niveau de la thématique, c’était quelqu’un qui voulait se battre, pas un pompier. Mais quand il avait déjà abordé le sujet, elle ne semblait pas vouloir en discuter alors il n’avait pas insisté… Il savait qu’elle suivait aussi le chemin de l’héroïsme en partie pour faire plaisir à son père. Est-ce que ce stage était aussi sa demande ? Ça paraitrait assez insolite…
Bon, ils avaient 30 minutes, il n’y avait pas tant de temps à perdre. Il sortit de son lit et se dirigea vers la cuisine. Léo était d’une famille assez aisée, ce n’était pas souvent qu’il passait une semaine dans une cabane avec aussi peu d’éléments modernes. Il savait laver une assiette, n’exagérons pas, mais ce genre de chose n’était pas dans ses habitudes. C’était tout de même un peu déroutant, de passer du jour au lendemain à une maison isolée en pleine forêt. Il était bien au courant de cela avant de venir, donc il ne s’en plaint pas réellement, mais ce n’était pas forcément évident. Par contre il s’était laissé surprendre par le rythme, mais au final c’était normal pour des héros de ne pas avoir de temps à perdre. Néanmoins il y avait tout de même un élément qui lui fournissait une source de motivation. Cette petite chose de bon matin qui te fait tout relativiser et te donne l’énergie mentale pour tout déchirer durant la longue journée qui s’impatiente. Oui, cet élément, c’était du bacon.
Léo s’était bien fait aux repas japonais mais, surtout en cette semaine difficile, un bon petit brunch c’était tout ce qu’il lui fallait. La présence d’une théière était aussi une chance. Pas de boulangerie à côté donc pas de pain malheureusement, mais combiner thé, bacon, et œuf avec peut-être un petit fruit pour la forme, ça suffisait à le rendre heureux de bon matin. Et c’était sûrement nécessaire, pour ce qui les attendait dans les heures suivantes. Ce stage était jusque-là super instructif, bien qu’épuisant en contrepartie. Tora ne les laissait pas vivre une vie facile, et encore, le garçon pouvait se réjouir qu’il ne s’agisse pas de son maître de stage assigné. Levant la tête vers le plafond entre deux bouchées, il se demandait ce que ça donnait pour leurs camarades, si eux aussi ils suaient ainsi. Ou alors, s’ils passent une semaine plus tranquille et posée, avec juste quelques événements irréguliers ? Aslinn a eu son stage de rêve, est-ce qu’il se passait aussi bien qu’elle l’espérait ?
« Bonjour Star ! »
Forcément, elle avait besoin de moins de temps que Léo pour se préparer, toute seule elle déconfirmait cette idée reçue sur le fait que les femmes sont bien plus longues que les hommes à se préparer. Alors elle n’avait pas besoin de se presser. Bref, lui, il fut un peu surpris qu’on leur accorde autant de temps, à leur faire de la théorie. Il s’attendait surtout à apprendre en regardant, et éventuellement en les aidant. Les Wild Wild Pussycats avaient parfois pris leur casquette de professeur pour leur enseigner pas mal de choses. Mais elles étaient nécessaires, au final ce n’était pas si choquant. Et puis, tout le monde dépendait des héros de demain, alors ça semblait pertinent de s’assurer que les stagiaires apprennent un maximum de chose durant les quelques stages de leur cursus.
Sachez qu’être seul dans la même pièce que Star est une expérience sociale un peu gênante. Quand on est avec quelqu’un on a envie de lui adresser la parole, même bêtement pour demander comment cette personne se sent, au moins. Mais avec elle ça n’allait jamais bien loin, Léo avait perdu l’habitude de lui adresser la parole pour « ne rien dire ». Et il ne fallait pas s’attendre à ce qu’elle ouvre la bouche d’elle-même. Sauf éventuellement pour demander cette chose. Remarque, ça pourrait permettre au héros temporel de s’échauffer.
« Est-ce que… tu en veux ? La journée va encore être longue… »
Il plaignait sa vie qui semblait assez difficile. Elle n’est jamais heureuse, et ne semble que subir chaque élément qu’elle rencontre. Il savait que son alter permettait de la soulager, mais il savait aussi que c’était un maigre réconfort. Il était peut-être l’élève de Shiketsu qui en savait le plus, mais en même temps il avait le sentiment d’en savoir si peu. Blasant. Il faudra qu’il lui tire les vers du nez, un jour. Mais là, il n’y avait pas le temps. Après avoir débarrassé et lavé les couverts qu’il avait utilisés, il prépara vite fait un casse-dalle pour plus tard, et quitta la pièce pour retourner dans sa chambre. Rien que le fait de vêtir son costume lui procurait une sensation étrange, une petite excitation. Même si c’était un stage, et même s’il n’avait pas sauvé grand-chose, cela restait ses premiers pas en tant que héros, Time Breaker. Il ferma sa ceinture métallique et plaça son yo-yo dans l’un des compartiments à l’arrière. Enfin, il se dirigea vers la salle de bain pour terminer sa préparation. Il empoigna ses cheveux, veillant à laisser suffisamment vers l’avant pour former les mèches tombantes qui encadraient son visage, puis il attacha cela avec son élastique bleu. Il se sourit à lui-même dans la glace et tourna les talons pour rejoindre les héros au point de rendez-vous.
Putain, non... Face contre ce coussin, j'aurais aimé pouvoir espérer que tout ceci ne soit qu'un horrible cauchemar, mais la réalité me ramenait une fois de plus à l'ordre. Je suis toujours là, bloquée par ce stage infernal... De quoi je parle ? De ces énergumènes, plus bruyants qu'un réveil strident. Ouais, mais le pire, dans l'histoire, c'est que je l'ai bien cherché. Tout ce bordel, c'est la conséquence de mon dérapage, à la Takane Corp... Je me suis laissée aller, ainsi en voilà notre résultat. Et encore, j'ai de la chance... Certes, ces instants journaliers représentent une véritable torture, de grand matin. M'enfin, soyons honnêtes... Entre ça et me faire virer de l'académie, le choix est vite fait. Bien sûr, ces évènements n'ont pu jouir du luxe, de ne pas arriver jusqu'aux oreilles de mon mentor... En soi, que j'aille foutre une rouste à Oroshine, c'était bien convenu. Seulement, la façon dont je m'y suis prise, restait liée à mon impulsion du moment. Et ça, L'Aigle Royal ne l'a pas apprécié. Pas du tout, même... Son regard s'avère déjà si souvent des plus perçants. Et pourtant, cette fois-ci, alors qu'elle en apprit la nouvelle, ses pupilles me donnèrent littéralement l'impression de me fusiller sur place... Jamais elle ne m'avait pourfendue, d'un air aussi meurtrier. Aussi, par réflexe, mon corps m'avait semblé se rétracter en lui-même, mes yeux ne tardant à fixer le carrelage... Le jour du trajet menant au stage, c'est elle, qui est venue me chercher jusque dans mon lit. Ses pas avaient résonné dans le complexe... des sons trop lourds, trop appuyés, que pour symboliser autre chose qu'une colère intense. Mais c'est un peu de ma faute... j'étais pas motivée et j'aurais certainement raté le bus, sans son intervention. Durant le long de celle-ci, ma coach n'avait prononcé le moindre mot, se contentant de me surveiller, bras croisés... m'offrant même des claques sur mon crâne, lorsqu'elle jugeait que je ralentissais le rythme. Elle me poussait, me tirait d'une main, lorsque le besoin s'en faisait vraisemblablement sentir. Tout cela pour m'accompagner à temps, à l'arrêt de bus...
Son regard inquisiteur s'estompa néanmoins, à partir du moment où je pus enfin poser le pied sur la surface de ce long véhicule. Un soupir s'était échappé. Mouais, le genre d'émanation censée représenter une certaine forme de lassitude, mais également de soulagement... Débarrassée de cette pression insoutenable, je pensais désormais pouvoir m'octroyer quelques instants de sérénité. C'est là, que je suis tombée sur Léo. Il prenait le bus avec moi et je dois dire que sa présence m'a un peu rassurée... La vraie bonne nouvelle, c'est bien qu'il partait lui aussi en direction du Mont Fuji. Tout juste, nous allions suivre le même stage. Probablement la seule consolation à laquelle je pourrais me raccrocher, concernant les sombres heures à venir... Alors, une fois sur place, nous avons fait connaissance avec mes bourreaux. Ces costumes ridicules, bon sang... pourrais-je un jour les oublier définitivement ? Non, je ne pense pas. Cela doit certainement m'être resté gravé en mémoire, tel un traumatisme hélas bien tenace. Putain... Les propos du proviseur se voyaient donc confirmés ? Je fais déjà mauvaise presse, au sein de la sphère héroïque ? À propos... le chaton géant, là, comment s'appelait-il, déjà ? Ah oui, Tora. C'était ça, son pseudonyme de héros. Une bande de malades, vouant un fétichisme aux félins, au point de leur prostituer leur nom de scène... Mais où je suis tombée, moi ?... Devoir faire profil bas en leur compagnie me débecte, mais je n'ai pas le choix. C'est ça ou la case prison, dans quelques années. Alors, j'ai pris sur moi... Pendant les jours qui suivirent, je m'efforçai de ne pas y penser, d'écouter le plus attentivement les directives et de les appliquer, sans poser de questions... Je l'ai fait avant tout par intérêt. Enfin, possiblement un peu par... Ah, ce n'est pas qu'il me fait peur, mais... il dégage parfois quelque chose d'inquiétant. Il est sinistre. Il est... ouais, plutôt comme elle, au final. Je crois que Tora me rappelle un peu ma mentor. Tu vois, il a, disons, ce côté autoritaire... Je veux dire, même dans ses méthodes. Je suis habituée à la militaire, alors, ce deuxième jour, m'a presque rendue nostalgique de mes entrainements. Au final et même si la course put sembler interminable, j'oserais dire qu'elle a représenté mon moment préféré de la formation, jusqu'ici.
" Bonjour Star ! "
Tiens, Léo est déjà dans la cuisine... Comme à son habitude, il paraissait de bonne humeur. En même temps, lui il l'a choisi, son stage... Nous avions 30 minutes pour nous préparer. Ce n'était pas beaucoup, mais largement suffisant pour moi. Non seulement grâce à ma perception du temps, me laissant plus facilement la possibilité d'optimiser mes actions, mais aussi car je ne me montrais habituellement pas des plus coquettes. Tu sais, en ce qui me concerne, une rapide douche, trois coups de peigne et une tartine, puis c'est plié... À quoi bon s'apprêter davantage, en même temps ? C'est vrai, on va quant même tout foutre en l'air, dès l'instant où l'on sortira. On ne verra pas la différence et ce n'est de toute façon pas le sujet du stage, alors... Saluant brièvement mon camarade, je ne tardai à me préparer mon casse-croûte, allez ma mélasse, dans le plus grand des silences. Observant mon reflet, dans une des surfaces du lieu, je constatai une fois de plus mon incompétence, plutôt ma fainéantise, à l'élaboration de mes couettes... C'est asymétrique et à peine coiffé. Ca l'a toujours été. Je crois que certains prennent ça pour un style... Tant mieux pour eux. Mmh... Même de grand matin, il bouffe tout ça ? Au fond, ça ne devrait pas tant m'étonner. Léo a toujours eu bon appétit, ça n'est un secret pour personne. Il vient d'où, rappelle-moi ? D'Angleterre, tout juste. On peut dire qu'il perpétue fidèlement les traditions locales... Il arrive avant moi, pour finir après moi. C'est tout lui, ça. M'asseyant face à lui, je l'observai se gaver, mon coude sur la table et poing soutenant ma joue... Oh, j'exagère, là. Il se limitait... De mon regard neutre et fixant son assiette, j'aurais pu croire à un régime de sa part, si les circonstances n'avaient pas été ce qu'elles sont. Mais tu vois, pour moi, c'est déjà bien trop... La pauvre mie descendait dans mon gosier, seulement accompagnée d'un peu d'eau. C'est peu après, que cette connaissance de longue date me proposa son bien le plus précieux... du moins, à mes yeux. Oui, je parle bien de cette chose...
" Ok... ça fait longtemps. "
Mais l'altération ne me fait plus autant d'effet qu'avant... Léo utilisait son Alter pour me ralentir, de sorte à ce que ma vitesse de perception se calque sur une fréquence, qu'il me serait possible de considérer comme normale. Problème, ça affecte tout mon corps... La sensation d'exister sur le même plan y est. Cependant, me sentir toujours aussi lente, dans mes mouvements, me brise un peu l'immersion promise... Tu comprends ? Un problème insoluble, c'est ça... L'adrénaline, c'est pas bien mieux, remarque. Mais au moins, ça me fait oublier mes autres soucis. Ca me fait vivre l'instant présent. Putain, Oroshine... grouille-toi de me trouver un truc, pour rééquilibrer le bordel. J'en ai besoin... Hein ? Oh, c'est vrai... Je dois encore m'habiller, avec tout ça. Non pas que je m'étais pointée à poil, mais un long tee-shirt, ça risquait d'être limite, comme tenue pour le stage. Euh, non pas que je masque beaucoup de peau, en règle générale... mais disons juste que j'évite l'éventualité de laisser ma culotte à la vue de tous, en me baissant. Ca pourrait créer toutes sortes de problèmes, après, tu vois... J'aime autant éviter de devoir encastrer quelqu'un dans le mur, juste pour des pulsions critiquables. Alors quoi mettre ? Oh et bien, ma tenue de Héros. Elle n'est pas vraiment top, dans l'instant, mais j'ai pour espoir de recevoir une livraison salvatrice, sous peu... Présentement et retournant à ma chambre, tout comme le fameux Time Breaker, j'enfilai rapidement tout ça. C'est pas très éloigné de ma tenue civile, si ce n'est que j'ai troqué ma veste, pour une cape en écharpe. Ah et, mon soutien-gorge, pour un de sport. Parait que c'est plus décent... Ben ça me donne surtout un peu plus chaud. Enfin, ça va. L'adrénaline me donne pas encore la sensation de crever dans un four, avec cette tenue. Même en situation combative... Désormais prête, je me dirigeai calmement vers le camp. Aujourd'hui, Ragdoll, la plus perchée des deux guignols en cosplay, m'avait servi de regrettable coq matinal. Devais-je m'attendre à subir une épreuve affligeante, en sa compagnie ? Ou n'était-ce là qu'une façon de faire perdurer ce show infernal, d'une originalité peu désirable ? Bah, je verrais bien, une fois sur place. Manquerait plus que je gâche ces précieuses minutes de répit, à y réfléchir.
" Bonjour, j'ai hâte de commencer cette journée. "
Et infiniment plus de la terminer...
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PNJ
Mer 13 Fév - 1:07
(PNJ présent(s) dans la scène : Yawara Chatora, alias Tora et Tomoko Shiretoko, alias Ragdoll, membres des Wild Wild Pussycats.
Et les voilà, les deux jeunots, prêts à partir à l’aventure. Tomoko avait tout d’abord été assez amusée du contraste entre les deux camarades. Le dynamique Léo, un vrai rayon de soleil rempli de bonne volonté. La morose Star, qui avait très rapidement abandonnée toute prétention à passer un bon moment. Mais depuis qu’elle y avait réfléchi quelque peu et qu’elle s’était penchée sur le cas de la jeune fille plus attentivement… Elle ne voyait plus qu’un nuage de tristesse profonde. C’était difficile pour Tora et elle de trouver un moyen de l’atteindre d’une quelconque manière. Depuis qu’ils étaient au lycée, leur bonne humeur et leurs excentricités leurs avaient permis de donner le sourire à à peu près n’importe qui. Avec Blue Machina, tout ceci semblait avoir l’effet inverse. Une approche plus mesurée était peut-être un choix plus optimal. Bien sûr, la petite Novel n’était pas techniquement sa responsabilité. Elle n’allait pas pour autant cesser d’être une véritable pile électrique. Oxton semblait ne pas être dérangé par ses gigotements incessants.
"Ce matin ! Exercice pratique !"
Tora s’avança un peu en direction des étudiants. Il tenait sous chacun de ses bras un gros carton.
"Nous sommes en charge de la protection d’une zone très isolée. Et ça implique de nous en occuper nous-même, de manière bénévole, de sorte à prévenir certains accidents. Pigé ?"
L’imposant personnage posa un carton dans les bras de Star et un autre dans ceux de Léo. Le poids et la taille de chaque carton avaient été calculées au préalable, de sorte à ce que le fait de les transporter soit en soi un exercice, sans pour autant être épuisant ou insurmontable. Ils devraient les porter toute la matinée, après tout. Bien sûr, le carton de Blue Machina était à peu près deux fois plus lourd que celui de Time Breaker.
"Peinture ! Pinceaux ! Maillets ! Matériel de nettoyage !"
"On va retaper les balises, les panneaux, et les installations de cette vieille forêt ! Vous tombez à pic pour notre séance trimestrielle !"
C’était un mensonge éhonté, la séance trimestrielle de rénovation et nettoyage des lieux avait lieu dans un mois. Mais les Pussycats tenaient à saupoudrer l’expérience d’une très légère dose de sadisme.
"C’est basiquement une bonne grosse promenade sur un parcours touristique classique, mais avec des gros cartons et des arrêts fréquents !"
Tora prit son air le plus inquiétant.
"Et bien sûr, si vous tenez à votre repas de ce midi, je vous conseille de ne pas lâcher votre matériel..."
Ça faisait toujours son petit effet, la potentielle privation de repas. Sans plus de commentaires, le duo héroïque tourna le dos aux étudiants et ouvrirent la voie.
Le quatuor progressa pendant une bonne heure à travers la forêt, sur un chemin large et que l’on devinait fréquenté lors de la haute saison. De temps à autre, ils s’arrêtaient, le temps que Léo et Star remettent un coup de peinture sur une balise, mettent dans un sac transporté par leurs maîtres de stage le contenu d’une poubelle en plein air ou nettoient une table de pique-nique. Rien de bien transcendant, mais les Wild Wild Pussycats en profitaient pour questionner les apprentis sur des notions abordées lors des jours précédents, voire même leur apprendre des informations importantes sur la législation liée à la pratique du métier de héros dans les environnements naturels protégés. Des informations rarement abordées en cours en raison de leur spécificité, mais qui s’avéraient cruciales dans leur situation. Les professionnels prenaient au cours de la "promenade" leurs étudiants relativement à part, laissant une distance d’une dizaine de mètres entre les deux duos. L’occasion pour les deux jeunes de constater une nouvelle fois l’écart qui existait entre les méthodes de Ragdoll et Tora.
"Tu vois Time Breaker, les accidents sont dix fois plus fréquents dans les zones mal ou non balisées, c’est pour ça qu’on doit faire tout ça. Une forêt sans repères, c’est comme un boulevard sans ses feux de circulation ou ses marquages au sol !"
Tomoko montrait toujours à Léo les bons mouvements de pinceau ou de maillet avant de lui repasser le matériel, et se permettait de temps à autre quelques questions un peu plus personnelles, histoire de faire un peu connaissance.
"Hmmmm..."
Yawara se contentait de regarder Star faire, quitte à lui adresser un hochement de tête réprobateur en cas d’erreur. Ses rares injonctions se limitaient à des "Plus vite" et autres "Mets-y du tiens".
Vers 11h, les héros et leurs apprentis arrivèrent à un embranchement. On distinguait, plus loin et plus haut, au milieu des arbres, une sorte de chalet. Ragdoll bondit au milieu de la route, agitant les bras pour attirer l’attention des deux jeunes.
"Séparation ! Time Breaker et moi prenons la route de droite, Tora et Blue Machina irons à gauche ! On se retrouvera au relais à midi pile si tout va bien !"
Ils partirent ainsi, chacun de leur côté.
Le chemin emprunté par Tora et Blue Machina était biscornu. Pour parcourir 10 mètres à vol d’oiseau, ils devaient en faire le double, à cause des tournants, des montées et des descentes. Les arrêts se faisaient de plus en plus rare, la route étant peu fréquentée et donc présentant peu de balises et autres installations artificielles à entretenir. Après un certain temps, Tora s’arrêta et reprit le carton des bras de sa disciple avant de le poser sur sa propre épaule, sans trop de difficulté.
"Repos. Tu en as bien bavé."
Il marchait désormais aux côtés de sa protégée involontaire, adoptant le rythme de cette dernière du mieux qu’il le pouvait avec leurs trois têtes de différence. Pendant une bonne minute, il resta silencieux. Il avait choisi volontairement une section encore moins balisée que les autres pour soulager Star du poids du carton. Ainsi, au moins elle ne s’arrêtait pas de marcher, en dépit du fait qu’un poids conséquent lui avait été retiré. Finalement, Tora prit la parole.
"C’est le fait d’être avec Ragdoll et moi qui te rends si triste ?"
La pente était des plus douce, mais se faisait quand même ressentir à force de marcher. Ragdoll et Time Breaker avançaient à un bon rythme, la Pussycat forçant de plus en plus le jeune homme à accélérer en intensifiant elle-même sa marche. Les arrêts étaient assez fréquents, mais petit à petit, Ragdoll ne s’arrêtait plus complètement après avoir indiqué la prochaine étape à Léo, se contentant de ralentir ou de sautiller sur place, de sorte à faire réaliser à l’étudiant qu’il s’habituait à la tâche et pouvait l’effectuer bien plus vite qu’auparavant.
"Tu peux me passer le carton, si tu veux, on ne va pas avoir besoin de son contenu avant un moment !"
Comme son partenaire à plusieurs centaines de mètres de distance, Ragdoll avait mis le frein sur sa frénésie pour marcher à côté de son stagiaire assigné. Elle lui adressa un grand sourire.
"Alors, Time Breaker, tu es bien entouré à Shiketsu ? C’est le plus important, dans notre métier, tu sais."
De l’entretien… Oui, ça semblait logique que les Wild Wild Pussycats doivent s’occuper eux-mêmes de ça. Léo ne put que constater la flagrante différence entre le carton qui lui avait été donné, et celui qu’avait reçu Star. C’était donc un exercice qui avait été calibré pour chacun d’eux. Ragdoll comparait ça avec une promenade touristique sur certains points, mais Léo savait maintenant à quel genre de chose ils pouvaient s’attendre d’eux. Il s’attendait à en baver. Au moins, il ne sera pas en manque de pratique physique cette semaine. Tora se permit même de menacer le retrait du déjeuner… rah le point faible du jeune étudiant avait déjà été trouvé. C’était donc à ça qu’il faut s’attendre d’un héros professionnel ! Très bien, il ne lâchera pas prise.
Ils alternaient donc entre de la marche et des phases d’entretien de matériel, parfois jambes pliées et dos courbé. Les fameuses « pauses ». Léo essayait de soigner un peu ses postures pour éviter que son corps ne soit KO après une petite heure. Les discussions entre apprentis et pros permettaient aussi de se concentrer un peu sur autre chose et ne pas trop penser aux douleurs musculaires. Et puis, comme il se le disait depuis qu’il est arrivé ici, le simple fait de regarder Ragdoll s’agiter dans tous les sens lui redonnait un peu d’énergie, là où d’autres se sentiraient fatigués pour elle. Elle, elle ne s’épuisant pas, ce qui était assez impressionnant. Star aussi était impressionnante physiquement, mais elle était aidée par son alter. Alors qu’un pouvoir pour se renseigner sur des individus, ça ne devait pas trop aider… wait.
Star. Un pouvoir pour obtenir des informations sur des individus. Machinalement, sans dire mot, il regarda Ragdoll, puis Star, alors qu’elle repeignait une balise. Est-ce qu’elle avait déjà compris ? Est-ce qu’elle lui en avait déjà parlé ? Il s’inquiétait un peu. Même si ça devait sûrement finir par arriver un jour… Enfin, il ne pouvait rien faire pour cela, c’était sûrement déjà trop tard. Star avait probablement aussi déjà songé au fait qu’elle ne pourrait pas cacher ce petit secret éternellement. En tout cas, il l’espérait pour elle.
Il se recentra sur sa tâche quand Ragdoll lui expliquait encore certaines choses à savoir au sujet de la sécurité en milieux naturels. Il manifestait son écoute par des « Ah, oui, logique ! », « Je vois. », voire des « Vraiment ? » pour les faits les plus surprenants. Des fois il ajouta une question par-dessus, pour demander plus de précision sur un point, ou parler d’un cas plus spécifique. Le fait qu’ils parlaient parfois de choses plus personnelles réduisait aussi la distance entre eux. Léo n’avait pas de problème avec l’idée de parler de lui, quand c’était avec une personne qui lui semblait aussi bienveillante. Par contre, il n’osait pas vraiment retourner la discussion pour lui poser à son tour des questions personnelles, si elle ne commençait pas d’elle-même à parler d’elle.
Les deux duos finirent par se séparer. Était-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Le chemin que les cheveux verts empruntaient ne semblait pas si problématique, est-ce que là aussi c’était calibré pour lui et Star ? Malgré tout, ses muscles commençaient à tirer de plus en plus, au niveau des bras mais surtout au niveau des jambes. Et l’accélération de la marche de Ragdoll invitait Léo à accélérer davantage. L’exercice était efficace et était mêlé à de la théorie héroïque pour le sauvetage. Cependant, il sentait un manque. Certes il pratiquait le quotidien des Pussycats et l’entretien des environs, mais à moins qu’il ne monte le groupe des Wet Wet Frogs plus tard, où il va devoir placer lui-même des balises autour d’un lac ou de marécages, cela lui sera peu utile. Mais il comprenait le fait qu’ils ne pouvaient pas volontairement créer un danger pour fournir une situation de sauvetage réelle. Tout comme les héros en milieu urbain qui ne pouvaient pas forcer l’apparition d’un vilain à proximité. Et dans une zone isolée comme ces montagnes, il y avait encore moins de gens. Néanmoins, les félins ne semblaient pas ennuyés par leur travail, peut-être que Star et lui n’avaient encore rien vu de ce qu’était réellement leur métier.
Il fatiguait… Ragdoll lui proposa de prendre son carton. Ah bonne id… Hé, non. Il n’allait pas faiblir maintenant. Il essayait de faire comme s’il n’avait pas entendu. Il respirait fort par la bouche, et certaines parties de son visage brillaient, dû au reflet du soleil sur les gouttes de sueur qui dégoulinaient. Les mouvements de ses jambes étaient pénibles. Bon, ok, ici il était inutile de paraitre pour plus fort qu’on ne l’était, il s’y résigna donc. Il lui tendit la boîte en essayant de former un sourire sur son visage fatigué.
« Merci… »
Ah, ça faisait du bien. De plus, le rythme s’était ralenti. Bien que le fait de continuer à marcher n’était pas vraiment un repos, ça détendait un peu. Et les bras, eux, pouvaient se reposer. Puis, passant déjà à autre chose, Ragdoll le questionna sur ses relations à Shiketsu. Il y avait des choses à dire. Parmi les personnes qu’il fréquentait le plus, elles étaient toutes très différentes. Déjà rien qu’en prenant Aslinn et Star, on avait un contraste très marqué. L’héroïne disait que l’entourage était le plus important dans le métier. Une chose peu surprenante pour une personne intégrée dans un groupe de quatre héros qui travaillent toujours ensemble.
« Je m’entends plutôt bien avec quasi tout le monde ! Même si ça n’a pas toujours été le cas de chacun, entre eux. »
Ici, il pensait surtout à la relation entre Iku et Coy, alors qu’il s’entendait pas mal avec chacun des deux individuellement, malgré parfois quelques différents avec le pangolin. Enfin aujourd’hui, ce dernier n’était même plus parmi eux…
« Il faut vraiment être méchant pour que je n’apprécie pas quelqu’un, ajouta-t-il avec un vocabulaire à son image, avant d’embrayer sur un autre point. Je connaissais déjà Star avant d’arriver à Shiketsu donc je ne me sentais pas seul. Et puis, juste avant la rentrée, j’ai rencontré une autre fille qui s’est retrouvée dans la même classe que moi ! On partage beaucoup de choses et on s’entend super bien, c’est ma meilleure amie maintenant. J’ai hâte qu’on travaille ensemble une fois qu’on aura notre licence ! »
Malheureusement, les Wet Wet Frogs ça ne passait pas trop sur un alter de mutation d’un mammifère.
Des gros cartons ? Intéressant... Ne changeant d'expression, le long du discours des deux zigotos, j'écoutais patiemment leurs directives, au ralenti... comme tout le reste, au final. Ainsi, je passe, sur les retapages de balises, panneaux, tout ça... Il ne s'agissait pas de la partie en mesure de m'offrir ce dont j'avais besoin. Oh, pour la validation du stage, ces histoires de Héros, si, bien sûr... Mais pour mon vrai développement, c'est ma condition physique, mon inventivité, qui importent. Je ne dois pas perdre de vue mon objectif, ni le goût de l'effort, sa récompense sur mon mental... Cette défaite, contre Oroshine, je dois tout faire pour la remplacer. Et malgré tout, je dois rester dans la légalité, à cause de cette fichue académie. Enfin, ça, c'est déjà foiré... Je veux dire, en toute franchise, que je n'ai jamais hésité à faire usage de la force, lorsque la situation m'en paraissait propice. Normalement, nous ne sommes pas censés utiliser notre Alter en public... Même si mes prothèses se voient responsables de ma force, c'est pas la version officielle, pour des raisons évidentes. Ca fait longtemps, que je suis dans l'illégalité... si longtemps... Le simple fait de garder une amitié avec Ryou, plutôt que de chercher à la dénoncer, est répréhensible par la loi. Mais je m'en fiche... La seule raison pour laquelle j'obéis à ces règles, c'est par intérêt, par nécessité. Dès qu'il m'est possible d'agir comme je l'entends, sans conséquences fâcheuses, je n'hésite pas un instant... Pas vu, pas pris, comme on dit. Ca fait de moi un Vilain, déguisé en Héros ? Je ne sais pas. Moi ça ne me parle pas. C'est mal, que de ne pas disposer du même point de vue ? C'est un crime, que de ne pas respecter la loi ? Je ne connais pas une seule personne, qui respecte la loi... Mais si c'est juste de la musique, alors ce n'est pas bien grave. Alors, la loi peut être stupide. C'est pas le moment de tout remettre en question, pas vrai ? Nan, je finirais juste par déprimer sur mes chaînes, une fois de plus... Alors, arrêtez de vous donner en spectacle et commençons au plus vite. Ca me donnera moins de temps pour penser.
Je suis mauvaise langue... J'ai l'impression qu'ils se modèrent un peu, aujourd'hui. Juste un sentiment ? Peut-être. Nous entamions à peine la marche, que j'observai brièvement la charge de Léo. Ouais, ça a l'air plus léger que mon carton. Je me demande ce que mon ancienne connaissance en penserait, si celle-ci se voyait au courant de mes prothèses... Tu crois que Time Breaker m'en voudrait ? Ce n'est pas vraiment comme si je lui avais menti. Mais j'imagine qu'il doit se poser des questions, tu penses pas ? Je répondrai quoi, s'il franchit le pas ? Probablement la même chose qu'à d'autres. Je devrais pouvoir m'en sortir, tu sais... Je veux dire, c'est un scénario prévisible. J'ai déjà eu le temps d'y penser, de retourner le problème dans plusieurs sens. Mais... couper des membres, pour les remplacer par des prothèses... c'est pas très légal, tu vois. Ca peut même sembler assez extrême, quand on y pense. J'étais gosse. Enfin, encore plus qu'à présent, j'entends. Ben, ça ne m'avait pas perturbée plus que ça. En fait, j'étais même plutôt heureuse, que de pouvoir subir cette opération... Je pensais pouvoir pallier à l'adrénaline, en acceptant cette solution, qui au final n'en fut pas une. Mon père a une vision très rationnelle des choses. Une vision que j'ai toujours partagée... Tu vois, si un problème se manifeste, on le règle. Surtout s'il risque d'influencer une vie, à long terme. Je sais, c'est ironique d'en parler ainsi, lorsque l'on prend connaissance de la suite... On fait ce qu'on peut, plus ce qu'on veut... La seule manière de s'en sortir sans casse, maintenant, c'est de lui foutre sa raclée. Disons, dans le meilleur des cas... Vraiment ? Ca me semble si compliqué. Il est surpuissant, alors que moi... je me fais plier par un étudiant. Tout serait si simple, en sacrifiant une seule et unique pièce. Celle de mon père, a-t-elle une valeur à ce point indiscutable ? Oui, c'est mon géniteur... Oui, il a pris soin de moi, depuis le début... Mais n'est-il pas en train de faire passer son projet, avant la vie de sa propre fille ? S'il m'utilise comme moyen de parvenir à ses fins, en quoi devrais-je me sentir coupable de ne penser qu'à moi ? Ca n'a pas de sens. Je n'agis pas de façon rationnelle. Hé, tu veux pas m'aider un peu ?
Putain, c'est chiant de penser sans cesse... J'essaye de me concentrer sur le parcours, de faire le vide. Mh, juste profiter de l'effort, de ce qui m'entoure. Mais il ne se passe rien, c'est horriblement lent et ma vitesse de traitement dépasse bien trop celle de perception. Mon cerveau n'a pas assez à gérer, alors il se créer de quoi s'occuper... quitte à se parler à soi-même. C'est réel ? J'ai pas la sensation d'être complètement seule, là-dedans... Tu dis rien, mais tu m'écoutes, non ? Tu restes en arrière-plan, par choix ? Ou par contrainte ? Peut-être que je devrais essayer de te laisser plus de place... mais je sais pas comment on fait ça. Et si tu en prenais trop, comment j'y réagirais ? Parviendrais-je à rester consciente ? De moi, du monde qui entoure mon enveloppe charnelle ?... Il me fixe, ce grand musclé, faisant partie de mes 2 maîtres de stage. S'il pouvait m'entendre penser, à supposer qu'il puisse en suivre le rythme, il me réserverait un séjour à l'asile... Mais lui ne peut pas savoir ce que ça fait, de se sentir constamment isolé du monde, à chaque seconde s'écoulant. Merde... je me suis gourée. Oui, je sais, j'aurais dû mettre moins de force, dans ce coup de maillet... le panneau s'est trop enfoncé. Mais ça m'emmerde... Et ces coups de pinceau aussi. À quoi ça sert, de repeindre des surfaces ? Même ce poids, est décevant... Je pensais qu'au fil de mon avancée, il me paraîtrait plus dur à transporter. Bah, c'est un peu le cas, mais les prothèses et l'endosquelette fournissent la majorité de l'effort... C'est plutôt l'empressement, qui entraine le reste de mon corps à se dépasser. Mais je ne suis pas épuisée, c'est trop peu. Bien trop peu, par rapport à ce que me fait subir l'Aigle Royal. C'est normal... C'est une formation d'étudiants, ici. Pas de soldats. Puis... si Léo pouvait voir mes réelles prouesses physiques, il finirait par comprendre. Alors, je me limite un peu, je fais semblant de me montrer plus épuisée. Ca vaut mieux comme ça, même si cela signifie une épreuve moins efficace. C'est entièrement de ma faute, au final... Par crainte d'explications à rendre, je fous en l'air mes chances de m'améliorer. C'est pas grave, j'aurai d'autres occasions... En soi, je pourrais profiter de cette séparation et du terrain ardu, pour faire davantage d'efforts, mais ça ne serait pas prudent. Hein ? Il veut reprendre le poids ? Il me félicite. Ca va, il a rien remarqué, je dois pas jouer si mal que ça...
" C’est le fait d’être avec Ragdoll et moi qui te rends si triste ? "
Quoi ?... Si, triste ?... Ouais, c'est qu'en comparaison de l'autre folle, je dois paraître bien morose. Ok, en comparaison de tout le monde, en fait... Je sais pas sourire. Enfin, pas bien. Très rarement, quoi... Je dois certainement passer pour une grosse dépressive. Bien, c'est ce que mon dossier médical affirme, de toute façon. Mais être dépressif, ça n'implique pas forcément d'être sociopathe, ni d'être exaspéré par la joie de vivre d'autrui. Pourtant, c'est un peu mon cas. Je ne joue peut-être pas si bien que ça, après tout... Même avec le directeur, j'ai pas été foutue d'y parvenir. Ca serait osé, que de retenter un mensonge. Mais je ne peux pas non plus lui confier la majorité, de ce qui me tracasse mentalement, de ce qui me bouffe chaque jour un peu plus... Ah oui, me voilà arrêtée, évidemment. Je ne pouvais pas juste continuer à marcher, sans paraître impactée par la question, non. Maintenant, c'est trop tard, je vais devoir répondre au plus vite... Laisser un blanc s'installer, réduira mes chances de m'en sortir, de façon proportionnelle au temps écoulé. Allez, fermons les yeux et réfléchissons plus attentivement. Il est derrière moi, je suis droite et ma chevelure lui empêche de remarquer une potentielle erreur d'expression faciale. Ma voix, mes mots, c'est tout ce qui importe... Ca tombe bien, je garde facilement la première donnée monotone. Alors, que dire ? Ou plutôt, que devrais-je ne pas dire, afin d'éviter une fuite malencontreuse, me foutant dans une merde noire, par la suite ? Déjà, on ne parle pas de l'armée, ça c'est mort. De mon père non plus, puisque ça se rapporte au premier point. On ne parle surtout pas de mon vrai Alter, sinon ça finira par remonter aux deux premiers. Parler d'All Might ? Oula, pas sûr que je ressorte indemne d'une telle discussion. Niveau confiance accordée, je crèverais le plancher, vu comment tout le monde l'admire... Je lui parle de la frustration de ne simplement pouvoir me retrouver avec Ryou ? Putain, s'il la connaissait vraiment, je serais mal, mais mal ! Non non non. On va tenter quelque chose de bien moins casse-gueule que tout ça. Bon, je te promets pas un truc exceptionnel, mais faut bien soulager un poil sa faim. Je suis sure qu'il est du genre à partir à la pêche aux infos, si je me montre trop avare sur le gibier. Soyons brève, mais complète.
" Non. Pas directement... C'est vrai que le directeur m'a obligée à vous choisir, pour que je puisse rester à Shiketsu... Je veux dire, après ma connerie... Mais, de toute façon, je ne vous connais pas et je n'avais pas un choix précis en tête. L'un ou l'autre, pour moi c'était pareil. Tous les Héros ont quelque chose à nous apprendre, non ? Je suis peut-être diagnostiquée dépressive, les excentricités peuvent vite m'ennuyer, il est vrai... mais je n'ai pas choisi de souffrir. Et personne n'y peut quoi que ce soit, au fond. Alors, ça ne sert à rien d'en parler... Ca a toujours été là et ça le restera. En fonction des périodes, ça se voit juste plus qu'à l'accoutumée... Ca se voit tant que ça ? " finis-je alors, tournant ce visage inexpressif en la direction du gros matou, comme réellement intriguée par sa réponse prochaine.
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PNJ
Jeu 21 Fév - 0:44
(PNJ présent(s) dans la scène : Yawara Chatora, alias Tora et Tomoko Shiretoko, alias Ragdoll, membres des Wild Wild Pussycats.
Tomoko hocha la tête en écoutant Léo. Bien, elle s’attendait à une réponse de ce genre. Le garçonnet était d’un naturel sympathique et avenant, ç’aurait été étrange qu’il n’ait pas d’amis. Elle était un peu plus surprise par le fait qu’il ait connu la jeune Novel avant le lycée. Elle qui était si distante, elle l’imaginait mal s’entendre avec… Qui que ce soit en fait. Enfin, il y avait bien quelque chose… Quelque chose qui aurait rendu Time Breaker très appréciable pour Blue Machina. Mais pour cela, il aurait fallu que le jeune garçon soit au courant. Elle chassa ces idées de sa tête. Ce n’était pas le moment de penser à une autre élève, elle avait la charge de Léo après tout.
Une meilleure amie avec laquelle il voulait travailler ? C’était merveilleux ! Ragdoll se trémoussait de joie. Voilà qui n’était pas sans lui rappeler ses propres études.
"C’est géniaaaal ça ! Je vous souhaite de tout cœur de continuer à bien vous entendre !"
Ragdoll se tut un instant avant de reprendre la parole. Elle qui avait tendance à parler sans trop réfléchir, elle devait se pousser à choisir ses mots, au vu du contexte pédagogique. Surtout en face-à-face. C’était facile d’agir sans restriction quand il y avait d’autres gosses en face, ou que Mandalay était là pour tenir le rôle de la voix de la sagesse, mais là, elle se devait de se tenir un peu plus que d’habitude.
"Tu sais, que tu te spécialises dans le sauvetage ou dans l’arrestation de criminels, je pense que tu es fait pour le travail en équipe, au vu de ton alter. À vrai dire..."
Elle sautilla de quelques mètres, de sorte à passer devant, et fit vole-face. Elle posa l’index ganté de sa main libre sur le torse de Time Breaker, de sorte à le forcer à s’arrêter.
"Je pense que tu as ce qu’il faut pour être un bon leader ! Tu t’entends bien avec les autres et, surtout, tu sais repérer les dissensions dans un groupe, même quand tu n’es pas concerné. C’est pour ça..."
On en arrivait au point le plus important.
"Que tu es beaaaaaaaucoup trop faible par rapport à ce que tu pourrais être ! Pour le moment ! Tu es très utile pour les autres, mais tu dois apprendre à utiliser ton alter de sorte à être utile même seul ! À l’heure actuelle, tu es un trop lent avec la création de tes zones de temps et elles sont trop petites ! Ça ne te permet pas de bouger assez et tes alliés sont coincés dans une zone s’ils veulent en profiter !"
Ragdoll était moins futée que Mandalay, moins douée au combat que Tora et moins sociable que Pixie-Bob, mais s’il y avait un domaine qu’elle connaissait par cœur, c’était celui des alters de chacun. Au-delà des informations fournies par son propre pouvoir, ses années d’expérience passées à observer les forces et faiblesses de centaines de personnes différentes, à créer des catégories dans sa tête et à mettre en pratique cette expérience sur le terrain, elle était devenue une très bonne source de conseils dans ce domaine spécifique. Elle voulait se familiariser un peu avec Léo avant de lui faire part de ses observations, de sorte à ne pas le brusquer, mais elle avait déjà pensé à tout cela après le premier jour passés ensemble.
"Il nous reste encore un peu de marche à faire, réfléchis au genre d’entraînement que tu pourrais mettre en place pendant ce temps ! Et si tu as des questions, je suis là !"
Tora, qui s'était arrêté après que sa "disciple" ait fait de même, écoutait en silence. C’était la première fois qu’il incitait Star à parler d’elle-même. Et bon sang, quand elle s’y mettait, c’était un vrai moulin à paroles. Le professionnel en conclut qu’elle avait beaucoup à dire et peu d’occasions de le faire. Normal qu’elle soit aussi renfrognée, elle portait visiblement un lourd poids sur le cœur. Un poids auquel elle essayait de faire croire qu'elle était habituée. Une certaine résignation ressortait de ses propos. Ce qui déplaisait quelque peu à Yawara.
"Ça se voit, et pas qu’un peu. S’il y a une chose qu’il faut que tu retiennes de ce stage, c’est qu’être un héros ça commence par l’attitude. Tu ne dois pas laisser les choses négatives de ta vie affecter ton apparence auprès du public ! Quand quelqu’un est en danger, que penses-tu qu’il ait envie de voir : une jolie jeune femme souriante déguisée en chat, ou une gamine habillée en noir qui tire la tronche ?"
Bon sang ce regard. Cela faisait au moins quinze ans qu’il n’en avait pas vu de tel. Il n’y avait tout simplement rien à en retirer. Tora avait l’impression que quoi qu’il dise, ce n’était pas avec ce genre de généralités et de formalités sur la vie héroïque qu’il allait atteindre cette petite. Elle ne semblait même pas vouloir devenir une héroïne, à vrai dire. Ou du moins, c’était le cadet de ses soucis. Elle ne pouvait pas aller de l’avant, dans l’héroïsme ou quoi que ce soit d’autre, si elle ne réglait pas ses problèmes personnels auparavant.
"Hum, je n’aime pas trop parler de ça et ça va sembler un peu cliché mais tu me rappelles moi à ton âge. Je n’avais pas encore fait la rencontre de mes amies et j’étais… Mal dans ma peau."
Sacré euphémisme.
"Je pense que tu as un état d’esprit qui te nuit. Quoi que tu traverses, si tu pouvais le régler par toi-même ou même apprendre à vivre avec, tu l’aurais déjà fait. Il va falloir que tu t’ouvres aux autres, si tu veux t’en sortir. Ou même devenir une héroïne. Même Endeavor travaille en équipe, tu sais."
Yawara réalisa que cette comparaison n’affecterait peut-être pas autant une étudiante héroïque qu’un autre professionnel. Endeavor ne paraissait pas pire qu’Ectoplasm ou Gang Orca, vu de loin. Mais, pour avoir brièvement travaillé avec lui dans le passé, Tora était certain d’une chose : Enji Todoroki était un sale con. Et il n’avait pas envie que Blue Machina lui ressemble, de près ou de loin. Cette petite avait clairement besoin d’un ami, d’un câlin et d’un bon psy.
Ragdoll sembait touchée par son enthousiasme, et ça faisait très plaisir à Léo. Dans les dialogues, elle allait dans sa direction, et il se sentait donc très à l’aise pour parler avec elle. Une personne qui parlait beaucoup en plus d’être hyperactive pouvait en agacer, même des personnes qui ne s’appellent pas Star. Et ça se comprenait. Mais le jeune garçon n’était pas forcément gêné par cela. Il préférait que la personne soit un peu trop de bonne humeur et avait la tchatche, plutôt que l’exact opposé.
Puis elle lui annonça alors qu’il pouvait être… un leader ! Une révélation qui le prit de court. C’était la première fois qu’on lui disait ça. Il essayait de visualiser la situation. Time Breaker, leader d’un groupe de héros professionnels, chacun d’entre eux le dépassant de 3 têtes. Ce serait… intéressant. Pour la mascotte, il aurait l’apparence en tout cas. L’explication qui suivit sur ses relations en groupe était cohérente avec l’idée. Sûrement un début oui, mais est-ce que ça suffisait ? En fait, cette remarque était là pour mener à une conclusion précise.
Il était beaucoup trop faible. Pour le coup, il était un peu bouche bée, il ne s’attendait pas à ça. Trop faible, vraiment ? Il trouvait au contraire que… Ah. Dans ce sens-là. Était-il vraiment lent ? Il n’en avait pas l’impression mais… Il était vrai que dans la plupart de ses applications dans le cadre héroïque, la Time Room n’était qu’une préparation. Quand il avait affronté Oroshine par exemple, il prenait le soin de créer ses Rooms en avance, pour pouvoir être efficace à la seconde où il voulait exécuter sa stratégie. Bien que les Rooms pouvaient avoir un effet de surprise au début, elle le rendait prévisible. Quand il s’agissait de se battre, son alter venait avec une contrainte majeure : l’espace. Chose assez amusante pour un pouvoir temporel d’ailleurs. Déjà, la taille, comme elle l’avait cité, était un défaut. À moins de maintenir une Room gigantesque tout le long, il devait constamment les recréer. Cela l’avait vite épuisé à Yokohama. Et ça ne l’avait pas forcément aidé au tournoi non plus. Et ensuite, cela affectait toute entité à l’intérieur.
Avec une Fast Room, il pouvait esquiver plus rapidement un coup. Cependant, le coup en question allait aussi bénéficier des effets de la Fast Room avant de le toucher, quand il pénétrera à l’intérieur. Certes il pouvait moduler sa taille pour faire en sorte que le bénéfice soit tardif, mais ce n’était pas forcément évident d’être précis dans le feu de l’action. Ce qui le forçait à allier une Neutral Room avec une Individual Influence. En plus, un adversaire attaqué pouvait tout simplement en sortir. Qu’on soit attaquant ou défenseur, un boost offert par Time Breaker comportait des contraintes. Mais dans ce cas, que fallait-il faire ? Pouvait-il vraiment contourner cette contrainte innée ?
Il reprit la marche suite à ce bref arrêt, avec des pas calmes, laissant ses muscles continuer à se détendre. Ragdoll avait raison, mais le britannique se demandait si elle n’en exigeait pas un peu trop. Il n’avait pas vraiment montré son alter durant le stage, alors elle devait dire ça par rapport au tournoi, en complément des informations données par son propre alter. Si elle avait noté la lenteur de ses techniques jute en regardant ses deux combats à la télévision, c’est que c’était bien visible. Si l’héroïne professionnelle trouvait ça trop lent, Léo voulait bien la croire. Quelle serait la solution à ces défauts ? Agrandir les Rooms ? Il n’avait pas vraiment essayé mais ça risquait d’être long jusqu’à ce que ce soit notable. Accélérer leur création ? Ce serait pas mal mais était-ce possible de réduire ça encore ? Lorsque l’on donne un coup de poing, on ne peut pas faire ça plus rapidement que le muscle humain ne le permet. Ça s’entraîne pour se minimiser, mais à un moment cela devient compliqué à réduire. Pouvait-il aller en-dessous de la vitesse actuelle ? Mais est-ce que ces deux pistes d’améliorations résoudraient tous les problèmes ?
Ou alors, pouvait-il développer une technique ? Par exemple, si une personne dans une Room ne pouvait s’échapper, cela n’importait pas qu’un allié ne puisse en sortir, si l’ennemi y était également. Ça pouvait aussi permettre d’emprisonner temporairement certaines personnes ou certaines choses non ? Un vilain ou bien juste un rocher qui dévale une pente ? Il y avait peut-être quelque chose à creuser sur cette piste, mais cela restait dangereux… Autant demander à la professionnelle non ? Elle était là pour ça. Il partagea donc ses idées. Ce n’étaient que des réflexions, mais peut-être que l’un des points pourrait être la source d’un développement de sa part.
« Je ne sais pas si je peux vraiment tant améliorer la taille de mes zones. À moins que j’en quadruple le volume, le problème de l’espace restera présent… »
Et encore, est-ce que ça suffirait ?
« Je me demandais si je pouvais faire en sorte qu’il y ait une espèce de barrière autour des zones. Comme ça, cela recouvrirait 100% de la zone d’un combat, dans le cadre d’une confrontation. Mais on peut imaginer que certains vilains aient des alters plus efficace à mi-distance voire au corps à corps, face auxquels il serait donc dangereux d’avoir peu d’échappatoire… »
Il ignorait complètement s’il pouvait faire ça. En tout cas, cela contournait le problème, mais en créait potentiellement un autre. Un exercice ? Il n’était déjà pas sûr de la direction qu’il devait prendre. Son entraînement de base, c’était de faire clignoter des Fast et Slow Rooms. Une zone temporelle aux propriétés visiblement limitées qui multiplie l’écoulement du temps à l’intérieur d’une valeur allant de 0,5 à 2, ajouté à une possibilité de faire un traitement différent sur une personne qui est déjà à l’intérieure. Voilà ce qu’était son alter. Mais la féline aux cheveux émeraude semblait considérer que ce n’était pas du tout suffisant. Ce qui le surprenait, c’était que même ses professeurs ne lui avaient jamais dit. Était-elle juste très observatrice et analyste, ou était-ce son alter qui faisait le travail ? Ou les deux ? Cet avis supplémentaire était rafraichissant, et Léo se disait qu’il manquait peut-être de recul à ce sujet. Bien sûr, il avait toujours cherché à améliorer son alter, mais il ne pensait pas pouvoir contourner ces faiblesses qui lui avaient semblées innées. Plutôt que de chercher ce qu’il pouvait faire, qu’est-ce qu’il voulait faire ?
« Généralement, je ne veux utiliser mon alter que sur un seul élément, la Time Room entière ne m’est pas forcément utile. Je ne le fais pas souvent alors j’ai peu d’entraînement là-dessus mais… je pourrais peut-être m’entraîner à les déplacer ? En les faisant assez petites bien sûr. Ça pourrait aider plus facilement un allié, si j’arrive à la déplacer en fonction de ses mouvements. Mais ce n’est pas évident, je doute pouvoir faire ça pour soutenir mes propres mouvements… »
Mes yeux sont rivés sur lui, lors de sa tirade inutile. J'essaye de ne pas trop le montrer, mais le ton moralisateur qu'il s'accorde m'ennuie profondément... On croirait entendre ce directeur. Encore à me pilonner sur l'impression reflétée, par ma tenue et mon comportement détaché.
Je ne tire pas la gueule. Ou du moins, pas plus que d'habitude. C'est juste que... je ne peux pas être quelqu'un d'autre, dans le seul but de rassurer les victimes. Et pourtant, je le dois. Toi, tu le comprends ? Oui. Cela fait partie de cette fameuse confiance, qu'il me faut inspirer, auprès de la population et de mes coéquipiers. Autant dire que ce n'est pas gagné...
Je déteste que l'on m'oblige à sourire, alors qu'il n'y a aucune raison, vraiment, à s'y acharner. C'est du mensonge. C'est se voiler la face. C'est en partie pour cette raison, que les Héros me débectent tant... que ce monde m'exaspère. Il me frustre, en permanence. Il me rappelle constamment à cette réalité. Celle d'une solitude écrasante, d'un sentiment d'isolement omniprésent. Mais ça, montagne de muscles en accoutrement ridicule, tu ne peux le saisir. Aucun d'entre vous ne peut comprendre la nature de mes chaines... Ce n'est pas juste une question d'obligation, mais aussi de nécessité.
Ca me ferait presque rire... Toi, tu penses savoir ce que c'est, d'être mal dans sa peau ? Mais moi, c'est le monde entier, qui me pourchasse sans relâche, mon gars. Cette société sans fondement. Ces concepts sans la moindre logique. Ces accusations sans queue ni tête. Ca, c'est mon quotidien. L'armée m'oblige à suivre une voie qui ne me plait pas aussi, il c'est vrai. Sauf que c'est également la seule raison pour laquelle je suis ici... au fond. Mon père représente la seule personne qui me retienne réellement, d'entreprendre une vie où je suis libre de mes faits et gestes. Pour le meilleur, comme pour le pire.
Alors, ces rescapés, ils devraient plutôt être heureux de mon malheur, de ma condition actuelle... Peut-être que je ne serai jamais en mesure de les rassurer, mais au moins, pour le moment, je n'ai pas d'autres choix que de les sauver.
Ca ne me fait rien, de voir une personne mourir. Ca ne m'a jamais rien fait, même depuis toute petite, à la télévision. Voilà pourquoi il m'est si dur, que de faire semblant de leur accorder une importance.
" Je fais mon possible, mais c'est pas facile. On subit pas les mêmes épreuves, les mêmes raisonnements. Je suis pas très douée, émotionnellement parlant. Mais... ça ne me gêne pas tant, de travailler en équipe. Je peux faire des efforts, s'il le faut. Je l'ai déjà fait, avec Léo... "
Pas que ça me fasse spécialement plaisir d'en faire, mais je n'ai justement pas le choix. Je ne peux pas changer de mentalité, en un claquement de doigts... Je le sais très bien, que mon point de vue est si rationnel, qu'aucune personne douée d'un tant soit peu d'empathie, ne pourrait venir à l'approuver. Tu vois, c'est juste trop dangereux, que d'admettre que je puisse avoir raison... Car ça excuserait n'importe quelle action, en ce bas monde. Car cela nous rapprocherait de ces énergumènes. Ca ferait de nous des Vilains, n'est-ce pas ? Des personnes qui font ce qu'elles veulent, quand elles le veulent... Ca doit être le pied... que de pouvoir se comporter comme Ryou.
Enfin, même si je dis ça, le plaisir est contrebalancé par les poursuites. J'ai envie de dire que c'est le jeu... Que c'est peut-être le prix à payer, pour se sentir réellement libre, au moins l'espace de quelques instants. Mais que ferais-je, de cette liberté ? Saurais-je en profiter ? Cela ne me donnerait pas de but, en soi.
Je n'ai pas la moindre raison de faire du mal aux gens, ni de les aider. Je ne suis pas vraiment comme les Vilains non plus. En fait, je ne suis comme personne. Il est là, le vrai problème. Ou plutôt, nous, ne sommes comme personne... Si quelque chose vient à mal se passer, je sais que toi tu m'accueilleras, pour ce que je suis réellement... et pas pour ce qu'ils veulent commencer à faire de moi. De toute façon, je ne pourrai jamais m'entendre réellement avec eux... Si je commence à suivre cette voie, cela ne fera que me rajouter plus de chaînes.
Attends-moi, s'il te plait... Car dès qu'il me sera possible de m'échapper, c'est vers toi et personne d'autre, que je reviendrai. Tu es mon seul espoir, d'échapper à cette solitude... Je ne les écouterai pas. Je ne les laisserai pas m'éloigner de toi. Tu es tout ce dont j'ai besoin... tout ce qu'ils ne peuvent m'offrir.
" Désolée. Je voulais pas que vous vous fassiez du soucis pour moi. Je ne connais pas Endeavor, mais j'ai pas l'intention de lui ressembler. Ni à lui, ni à personne d'autre. J'aimerais juste pouvoir me sentir bien, en ne me mentant pas à moi-même. Sans devoir me jouer de vous, pour réussir à m'intégrer... Alors ce que je peux laisser percevoir, à cause de ma mentalité, je voudrais le changer, grâce à mes actions. C'est le mieux que je puisse faire, pour le moment... "
Bah ouais. J'aurais tout aussi pu bien dire que je regrettais de penser comme je pense... que je ferai des efforts, pour changer qui je suis. Mais autant être honnête. Cela ne marchera jamais. Lorsque l'on est aussi terre à terre que moi, plus rien n'a de sens. Seules des envies, des impulsions, sont susceptibles de nous sortir de l'inactivité du quotidien. C'est temporaire, incertain, mais stimulant. Alors je chéris ces moments, quels qu'ils soient... car eux seuls, me donnent le sentiment de vivre.
Ce peuple... Tora essaye de me faire croire que mes pensées négatives le dérangent. Mais c'est faux. C'est ce que je suis, qui le dérange. Ni plus, ni moins. Et bien soit... Que ça dérange ces crétins, seulement. Si avoir un beau sourire compte plus que de ne pas mourir écrasé par un arbre, c'est eux que ça regarde, tout compte fait. En situation d'urgence, ça sera mon aide ou rien du tout. Je me retiendrai, de leur faire une remarque désobligeante ou de soi-disant tirer la tronche, mais je me concentrerai davantage sur leur sauvetage, que sur les extravagances inutiles. Ce respect, cette estime, je la gagnerai à la sueur de mon front, en fonction de résultats bien concrets. Et pas en faisant le mariole, tel un pauvre clown en manque d'attention.
Oh, ouais, t'as pas vraiment tord... Ca diffère un peu de ce que j'ai promis, au directeur. Ca semble un poil plus obstiné, que mes paroles présentes. Mais à toi, je peux tout te dire. Toi tu ne me juges pas pour ce que je suis, au plus profond de moi. Mieux, tu le partages. J'en suis sure... D'ailleurs, t'es possiblement plus radical que moi, maintenant que j'y pense. Je te sens remuer... Ca ne doit pas être un hasard.
Quoi qu'il en soit, je finis par détacher mon regard du malabar. Je n'avais plus envie de parler. De moi, de ma vie, de mon rapport aux autres... Alors, je repris la marche, continuant à m'avancer dans la forêt, mais d'un pas lent. Je ne voulais pas imposer mon rythme, mais plutôt faire comprendre que j'étais prête à reprendre celui de mon maître de stage.
Comment ce dernier se passerait-il ? Je ne sais pas. Toutefois, je me montrerais attentive à toutes les directives... Il n'y avait pas de raisons, pour que mon manque d'expressivité m'empêche d'apprendre. Il me suffirait juste de ne pas me laisser aller, de refléter le moins possible mes déceptions. C'est ça. Un air neutre, mais pas lassé. Plutôt vif. Quelque chose d'insondable, de parfait... Travaillant déjà cela, je me forçai à retenir, comme à faire perdurer ces traits faciaux.
Ce n'est que pour un temps et ça me sera utile, face à des emmerdeurs.
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PNJ
Dim 24 Fév - 10:47
(PNJ présent(s) dans la scène : Yawara Chatora, alias Tora et Tomoko Shiretoko, alias Ragdoll, membres des Wild Wild Pussycats.
Tomoko prêtait une grande attention aux idées de Léo, hochant la tête ou prenant des airs songeurs alors qu’il exprimait ses idées à voix haute. Elle-même n’avait pas vraiment d’idée précise quand à ce que devait faire le petit garçon pour s’améliorer. Son alter n’était pas omniscient, elle ne pouvait pas obtenir des informations que l’utilisateur de l’alter ignorait. Elle se fiait à ce qu’elle voyait et à son expérience avec divers types d’alters pour prononcer son jugement. Et ce système de rooms neutres lui paraissait bien étrange. Comme une fonction inutile qui serait restée après l’évolution de Léo d’humain à possesseur d’alter. Oui, de toutes les capacités de son alter, ces zones neutres étaient l’équivalent d’une articulation au petit orteil.
Néanmoins, elle était à peu près sûre que créer une zone plus grande pour éviter d’avoir à en recréer n’était pas la solution. Faire ça, c’était appliquer sur une zone très vaste un pouvoir qu’il était nécessaire d’adapter selon que les personnes influencées étaient des alliées ou des ennemis. Elle s’apprêtait à le reprendre à ce sujet, mais il se corrigea tout seul. Au final, Ragdoll se contenta de sourire, dans son dos, en le regardant cogiter. En le voyant, elle voyait Pixie-Bob, au même âge, réaliser que sa manipulation de la terre pouvait être utilisée pour créer des golems, contrôlables alors qu’ils étaient séparés de la terre elle-même. À force de fréquenter des professionnels, elle avait presque oublié à quel point c’était amusant de voir des alters progresser avec l’entraînement et le temps.
La dernière réflexion de Léo fit redémarrer ses méninges. Il y avait de l’idée, mais elle sentait que Time Breaker avait quelques limites liées à ses idées préconçues sur son alter. Il n’osait pas aller assez loin, elle le sentait. Peut-être qu’en le guidant un peu, ils pourraient tous les deux trouver la solution...
"Une Time Room assez grande pour toi uniquement et qui bougerait en même temps que toi, hein ? Au final c’est comme une Individual..."
Le duo aux cheveux verdoyants fut interrompu dans leur progression par une secousse, au loin, qui semblait venir de plus haut sur la montagne, dans la direction du relais vers lequel ils marchaient depuis un certain temps. Un craquement lugubre suivi d’un grondement. Le sang de Ragdoll ne fit qu’un tour. Elle lâcha le carton qu’elle portait et commença à courir.
"On se dépêche, Time Breaker ! Permission d’utiliser ton alter accordée si ça te permet de suivre mon rythme, mais interdiction d’aller jusqu’à l’épuisement, on va avoir besoin de toi en pleine forme !"
Tout en se lançant dans sa folle course, elle ferma ses yeux pour se concentrer sur Tora et Star.
Yawara hochait la tête en silence. Il avait pu remarquer l’étrange lien presque tacite qui unissait Blue Machina et Time Breaker, bien qu’il ne le trouvait pas normal pour autant. Il pensa qu’un tel rapprochement était probablement né d’une initiative de Léo et non de Star, et s’en voulut instantanément d’accorder aussi peu de crédit à sa disciple. S’il ne lui accordait même pas le bénéfice du doute, elle ne pourrait pas progresser. Pourtant, il sentait bien qu’elle ne lui disait pas tout. Voire qu’elle le menait en bateau sur à peu près tous les points. Il n’était malheureusement pas aussi attentif aux détails que ses partenaires. L’image de Tomoko qui demandait à lui parler de Star s’imposa à son esprit. Si seulement ils avaient eu un peu plus de temps !
C’est le commentaire de Star sur le mensonge à soi-même qui l’inspira. Il avait déjà vu des cas comme elle. Au lycée, dans sa vie professionnelle, lors d’autres stages. Des gens qui se pensaient isolés dans leurs cas mais qui étaient tous liés par la même chose.
"Star Novel… Tu n’as pas envie d’être ici, pas vrai ?"
Tora s’était arrêté net.
"Pas seulement ici avec nous, j’entends. Tu n’as pas vraiment envie d’être une héroïne. Tu es trop affectée par tes propres malheurs pour ressentir l’empathie nécessaire à l’exercice du métier."
Yawara s’avançait, presque menaçant, vers la jeune fille. Il se devait d’insister sur ce côté inquiétant et de se montrer un peu cruel pour obtenir un résultat optimal. S’il avait raison, cela suffirait à faire comprendre à Star qu’elle n’avait pas envie de faire ce métier. S’il avait tord, il passerait pour un crétin auprès de la jeune fille, mais il n’en avait cure. Son attitude laissait déjà penser qu’elle le prenait pour un moins que rien. Autant aller jusqu’au bout, tester sa résolution. Et si rien de tout cela ne l’affectait… Dommage pour elle. Il était un instructeur, pas un assistant social.
"Tu penses que parce que tu es triste et que le malheur t’accable tu es différente et que personne ne peut te comprendre ? Pire, tu te penses supérieure à ceux incapables de comprendre ton raisonnement. Et pourtant tu refuses d’être honnête avec ceux qui te tendent la main, parce que tu te complais dans cette auto-suffisance. Tu..."
Le déchirement au loin interrompit la tirade de Yawara. Un juron s’échappa de sa bouche. Il reconnaissait ce bruit. C’était celui d’un bâtiment qui subit de lourds dommages. Qu’était-il arrivé au relais ? Tora pressa un bouton de sa radio.
"Ragdoll, ici Tora, quelle est votre position ? Tu as des infos sur ce qui s’est passé ?"
La voix de sa partenaire sortir du haut-parleur, assez claire en raison de la haute qualité de leur équipement. Elle grésillait à peine.
"Ici Ragdoll, on se trouve à trois minutes en courant de l’objectif. Aucune de mes cibles ne se trouve au relais, je n’ai pas de visibilité."
Tora interrompit la communication. Voilà qui tombait fort mal. Il commença à courir, mais avant de pleinement se lancer, s’adressa une dernière fois à Star.
"C’est l’instant de vérité pour toi. On peut s’en sortir sans toi, ta présence n’est pas nécessaire et tu connais le chemin pour rentrer. Est-ce que malgré tout tu nous assistera ? C’est ton choix, celui de personne d’autre. Le monde ne s’effondrera pas si tu ne deviens pas une héroïne. S’il le faut je mentiras sur ta feuille de stage. Mais si tu fais le choix de venir en aide à quiconque, il faut que cela soit sincère. Tu n’es pas assez forte pour te passer de l’honnêteté qui caractérise les meilleurs héros. Suis-moi et devient Blue Machina, ou reste ici et continue d’être Star Novel."
Et il partit, sans prendre la peine de vérifier s’il était suivi. Si d’aventure elle ne venait pas avec lui, il ne se sentirait pas responsable de cet abandon le moins du monde. Lui et les autres Pussycats avaient dû essuyer des remarques bien plus dures avant de devenir des professionnels. Il savait d’expérience qu’on ne pouvait pas dégoûter quelqu’un de la vie héroïque avec des simples mots. Qu’importe le choix de la jeune fille, il ne concernait qu’elle. Tant mieux si elle réalisait qu’elle n’était pas faite pour être héroïne, tant mieux si elle avait une épiphanie et qu’elle se décidait à être un modèle de super-héroïsme à partir de cet instant. L’important était qu’elle choisisse, sans vivre dans un entre-deux cruel pour elle et gênant pour les autres.
" Star Novel… Tu n’as pas envie d’être ici, pas vrai ? "
Humph... C'est qu'il insiste, avec ça. Non. Il enchaine rapidement, sur un ton qui ne me plait pas. Putain, alors on en est là ?... La voilà, la soi-disant grande empathie, que chaque héros se doit de prôner ? Mais je dois dire qu'il a malgré tout raison sur un point. Je n'ai en effet jamais rêvé d'être héroïne.
Continuant premièrement de marcher, je ne pensais pas que lui s'arrêterait. Ce n'est qu'après un court laps de temps, que je le remarquai tout en me mordant la lèvre inférieure. Pas bon. Vraiment pas bon... Aussi, stoppant à mon tour l'avancée que j'entreprenais jusque là, je baissai les yeux, soupirant déjà mentalement.
Reprenant une mine moins impactée de cet évènement, mes yeux se tournèrent alors vers sa personne. Il s'approchait à nouveau de moi. Néanmoins, je pouvais le percevoir dans son regard... Il s'apprête à m'intimider, ou plutôt, à se servir de cette méthode, afin d'offrir un impact plus important à ses prochaines paroles.
Et quel discours, pour le moins... renversant. Oui, je crois qu'il s'agit là du bon mot... Tout simplement car il décrit une interprétation complètement retournée, inverse à la réalité. Tu veux que je t'explique en quoi ? C'est assez simple... Il pense que par la faute de ma tristesse, du malheur me pourfendant, je suis bridée dans ma capacité à éprouver de l'empathie envers autrui. C'est faux. Et ce ne sont pas non plus pour ces raisons, que je me sens différente, ou que l'on ne peut me comprendre.
En vérité, c'est car je SUIS différente, car je SUIS incapable d'éprouver de la compassion, que l'on ne peut me comprendre et inversement. Que s'abat sur moi l'épée de damoclès et que j'en souffre... Et ça, je ne pourrai jamais le changer. C'est ancré en moi, par la faute de cet Alter maudit. Je n'ai pas choisi de naître avec ! Je n'ai pas choisi la voie de l'indifférence ! Ha... Mais comment pourrais-je lui en vouloir de me traiter ainsi, après tout ? Ce n'est pas comme s'il pouvait s'en douter. Humanity's Limits ne permet en rien de justifier les quelques paroles, qu'il me serait envisageable de prononcer, pour défendre mon cas. Et je n'ai pas le droit de mentionner New Brain... Pourtant, je l'ai déjà fait. À plusieurs reprises, même. Je ne sais même pas tenir un secret, pas vrai ?
" Je... "
Non. Ce n'est pas encore le moment de m'exprimer, sur la question. Il me tire dessus, en rafale... Le fixant en fronçant progressivement mes sourcils, je ne tardai à réaliser la situation et ma carrière héroïque filer entre mes doigts. Ma gorge se noue, cette mâchoire s'affaisse sur elle-même... Il se décide à me baffer, de mes 4 vérités. Mais ça ne l'empêche de faire encore fausse route.
Tora... C'est bien car je suis cérébralement supérieure, que je dispose d'un point de vue totalement déconnecté de cette réalité illusoire, que vous défendez tous, d'une ardeur inutile. Je comprends. Je comprends ce besoin d'instaurer une stabilité, entre les organismes humains... Pour la survie de l'espèce, j'en reconnais l'utilité. Mais je suis incapable de ressentir pour moi cette volonté... je ne suis qu'en mesure de la conceptualiser. L'attache émotionnelle ne vient pas, elle n'a jamais existé. Je ne me complais pas de ma situation, je l'endure... Je ne refuse pas l'honnêteté, on me force à la saccager...
Alors que mon visage s'orientait en direction de la terre créatrice, mes doigts mécanisés entamaient l'émergence d'une forte poigne, à même le vide. Il va m'enfoncer davantage, il veut me faire craquer ? Oui, c'est ça... Il doit sentir qu'il y a quelque chose de plus. Une raison que je protège. Je crois qu'il essaye de m'aider à briser cette coquille, mais je ne sais pas si je suis prête à en assumer les conséquences... Pourtant j'aimerais, oui, j'aimerais tellement pouvoir l'avouer franchement. Pouvoir crier cette vérité, la laisser s'exprimer, en messagère de ma liberté. Mais si je fais ça... Si je fais ça...
" Qu'est-ce que... Un écroulement ? " m'exclamai-je soudainement, comme sortie de mes réflexions, par le bruit sourd nous interpellant désormais.
Il s'était passé quelque chose d'inhabituel, à en croire mon mentor, qui déjà se voyait en communication avec sa partenaire. Un danger au relais. À 3 minutes de course, pour eux... Ce n'est pas bien loin, mais en situation de catastrophe, même la plus petite des distances peut avoir son impact. Je suppose qu'il ne valait mieux pas trainer.
J'allais me lancer dans un sprint, lorsque mon maître de stage, si je pouvais encore l'appeler ainsi, m'octroya quelques mots supplémentaires. Pas de quoi me faire plaisir, hélas... Il me déclarait ouvertement que j'étais à deux doigts de me faire virer du stage. Tora disait pouvoir se passer de moi... mais de mon côté, pouvais-je me passer de cette opportunité ? De cette occasion de restaurer cette estime souillée ? Ce n'est pas juste pour le directeur, ni pour l'armée...
Bras ballants, à présent redressée, je l'observais s'éloigner de moi, sans la moindre retenue. C'est un ultimatum. Bon sang, aussi tôt... Il m'a prise de court, sur ce coup. Je ne pensais pas qu'il irait jusqu'à m'imposer un tel choix. À quel type de réponse s'attend-il ? Je ne peux pas arranger ma condition aussi facilement qu'il semble le penser. Mais pour autant, ses paroles me touchent. En témoigne mes paupières s'écarquillant...
Je ne suis pas indispensable... donc je suis insignifiante... Ma présence n'a aucune importance... Le monde se fiche de mon existence... Il mentirait sur mon rapport, par pitié envers moi... À ses yeux, je suis faible, ce sont ses mots. Du moins, entre les lignes. Et comment pourrais-je le contredire ? N'est-ce pas ce que je me suis toujours infligée, comme réflexions ? Pourquoi ça me fait plus mal encore, lorsque ces mots sont prononcés par quelqu'un d'autre et à mon encontre ?... Car y penser, c'est déjà l'approuver. C'est plus dur d'admettre une pensée adverse. On se bat contre, mais on souffre tout du long... Car au fond, je sais qu'il a raison.
" Non. Je sais que tout cela est vrai... Mais je suis aussi la seule à percevoir les progrès que j'ai accomplis, ces dernières semaines... Et je refuse qu'on les piétine ! " hurlai-je, en la direction de Tora et tout en me penchant.
J'en ai rien à foutre... J'en ai rien à foutre, que l'on me juge. J'en ai rien à foutre, du regard que peuvent avoir les Héros ou les civils sur moi. Je SUIS qui je SUIS !... Moi je sais d'où je viens, comme ce que je suis devenue. Je sais par quelles épreuves je suis passée et avec quelle ténacité j'en suis ressortie... Je ne regrette rien. Je n'ai rien à regretter. Ni ma défaite au tournoi, ni mon entrainement, ni ma revanche. Ce ne sont pas des erreurs. C'est un parcours du combattant, que j'ai consciemment choisi d'arpenter. Alors je ne sais pas où mes choix me mèneront, ni même à qui ils me confronteront... mais je ne laisserai pas ce monde m'enculer à nouveau, après tout ce qu'il m'a fait subir.
Juge ce que tu veux, le matou, ça ne m'empêchera pas d'avancer ! Car je ne suis ni Star Novel, ni Blue Machina... Je suis...
" Je suis... les deux à la fois ! "
Me propulsant, j'avais bien pour intention de me donner à fond, ne serait-ce que pour lui rabattre le caquet. Ne serait-ce que pour faire honneur à tous mes efforts... Tu veux savoir ce que je cache ? Alors observe-moi bien, chaton. Car c'est un tigre, qui va te mettre une branlée monumentale !
Dépassant déjà mon mentor, je ne me gênerais pas pour accroitre, de plus en plus, ma vitesse de course. Peu importe son Alter, mes prothèses me promettent des performances aussi dignes que le plus rapide des coureurs. Aussi soufflantes que le plus performant des sauteurs. Aussi spectaculaires que le plus puissant des boxeurs...
C'est ça, cette étincelle. C'est ce que je recherche à préserver, envers et contre toutes les intempéries. Le seul espoir de me sentir vivante, c'est ce feu qui brûle en moi, sans pourtant cette fois me consumer. Il est là, à l'intérieur, mais je ne vais pas le laisser sortir et se refroidir... Je vais le préserver et l'intensifier. Ne jamais laisser retomber la pression, aller toujours plus loin... afin que cette braise devienne son propre mur.
" La seule présence nécessaire... c'est celle qui arrive à temps !... Qui êtes-vous, pour décider de la pertinence d'un sociopathe ou d'une dépressive, au sein d'un secteur choisi ? Je n'ai pas décidé de naître ainsi. Mais ça ne m'empêchera pas d'arriver au même résultat ! Même si je ne suis pas aussi forte que lui, je m'en rapproche chaque jour. Alors peu importe mes échecs, ce qui compte, c'est mes progrès ! "
Sa vitesse de course, il l'a sans doute travaillée. Mais avec cette distance, il ne peut pas courir à sa vitesse de pointe tout du long... Moi, je le peux. Je peux garder ces 45 km/h. Je peux me servir des arbres pour me propulser, à l'aide de mes puissants bras. Je peux relayer avec la force de déploiement de mes jambes. Et surtout... Je peux gérer et optimiser tous ces mouvements, à l'aide de mon véritable Alter. Je peux, ne commettre aucune erreur de tracé. Essaye un peu de suivre ça, Tora !
Mes sens sont en alerte, mon attention est rivé sur l'objectif, sur la promesse que je dois me forcer de tenir... afin de restaurer la dignité qui me fait défaut. Peu importe ce qu'il pourra me dire, j'arriverai sur place dans les temps, et en pleine forme. Dans la meilleure des formes qui soient... Ca aussi, c'est dû à mon Alter, à l'adrénaline.
Esquivant les obstacles tout en y appliquant une poussée diversifiée, les quelques détours de passage s'en voyaient contre-balancés, par une vitesse temporaire plus importante. À plusieurs reprises en profitai-je même, dans le seul but de m'élever suffisamment haut... que pour avoir l'opportunité de constater un indice potentiel, quant à la position précise de cette zone de rendez-vous... Là, sur la montagne...
" Haa... Plutôt pas mal... Je suis la première ? Non, forcément. " avouai-je en arrivant sur les lieux, cherchant un visage connu mais me rappelant que ce grabuge avait de grandes chances de provenir d'une source humaine.
La marche continuait, mais Léo ne s’arrêtait pas de réfléchir à tout ça. Appliquer une Time Room qui suivait la personne, ça s’annonçait ardu. Il avait suggéré l’idée, mais était-elle réalisable ? Combien de temps d’entraînement ça pourrait lui demander un déplacement de Room aussi efficace ? Et puis, il fallait s’adapter aux réactions de la personne affectée, qui n’étaient pas forcément prévisibles. Et s’il n’arrivait pas à suivre (ou à suivre lentement), la personne verra son rythme temporel constamment modifié. En plus d’être désagréable, c’était très perturbant, et il était difficile de se concentrer. C’était comme multiplier et diviser des FPS toutes les trois secondes sur un jeu vidéo en ligne.
Ragdoll essayait de l’aider dans ses pensées. C’était vrai qu’au final c’était comme une Individual Influence. Mais sans Time Room. Et sans le fait que ça le suivre automatiquement. L’Individual Influence nécessite la distorsion temporelle offerte par la Time Room.
Un bruit assez violent retentit, faisant sursauter Léo. Est-ce qu’il y a eu un problème ? Oui, évidemment qu’il y a eu un problème. Un accident ? Une attaque ? De la casse ? Des blessés ? Des morts ? Non non non, il ne fallait pas commencer à se poser ce genre de questions négatives. Le plus important était déjà de s’y rendre. Il se mit à suivre Ragdoll sans hésiter. Cette détermination à foncer vers la source du problème, alliée aux réflexions qui continuaient, le faisait oublier les douleurs musculaires qu’il subissait encore il y a quelques minutes. Il s’était plus ou moins reposé, et il était maintenant parti pour un autre effort plus ou moins intense. Il courait, certes, mais il n’avait rien dans les mains dont il avait besoin de se préoccuper.
* Elle court plus vite que moi, je vais arriver à la traîne. Je peux utiliser mon alter pour pouvoir la suivre, mais je ne peux pas créer une Time Room jusque là-bas… *
Rah si seulement sa planche pouvait se ranger dans sa poche. Forcément, il ne pouvait se permettre de la prendre avec, bien trop encombrante. Ici elle aurait été parfaite. Mais est-ce qu’une telle miniaturisation était possible ? Il faudrait qu’il demande à Oroshine tiens. Mais une telle technologie devrait coûter super cher… Bon de toute façon il ne l’avait pas, ça ne servait à rien d’y penser.
« C’est pour ça que tu es beaaaaaaaucoup trop faible par rapport à ce que tu pourrais être ! »
* Si seulement j’avais cette possibilité d’utiliser mon alter en me déplaçant où je veux. Et si… *
« À l’heure actuelle, tu es un trop lent avec la création de tes zones de temps et elles sont trop petites ! »
Des images lui revenaient. Toujours celle de cette arme pointé vers lui. Trop lent elle dit ? Il avait esquivé une balle ! Au contraire, c’était super rapide ! … Et si en fait, ce jour-là… ?
* Si en fait, ce jour-là, je l’avais déjà fait ? Je croyais avoir créé une Time Room pour m’aider à fuir. Mais peut-être que je ne me suis pas rendu compte que je ne l’avais même pas utilisé. L’Individual Influence permet d’accélérer ou ralentir quelqu’un, à condition d’être dans une zone temporellement instable. Je sais créer cette zone instable, et je sais aussi accélérer et ralentir quelqu’un… *
Le corps de Léo commençait à se couvrir d’une sorte de voile translucide.
* Alors de la même manière que je fais des Individual Influence, je devrais essayer de distordre le temps pour une personne en particulier. Commençons avec 1,5… *
Il se mit à sprinter, mais Ragdoll courait très vite. Il galérait à la rattraper. Ses théories ne lui avaient pas permis de suivre efficacement le rythme jusque-là.
* Je m’y suis habitué, passons au x2… »
Un avantage notable était qu’en terme de ressenti, cela changeait peu de choses. Les sons pouvaient être perçus différemment, et les éléments mouvants semblaient plus lents. Mais il ne pouvait perdre le contrôle de sa propre vitesse. De plus, elle ne demandait pas d’accélération progressive. Après un certain temps, il finit par arriver au niveau de son maître de stage. Il avait besoin d’utiliser tout ça pour la rattraper. Heureusement que Léo ne délaissait pas ses entraînements physiques, sinon c’était fichue d’avance. Un alter influant sur la vitesse ne servait à rien si on était trop lent sans celui-ci. Après l’avoir dépassé de quelques mètres, il se permit d’arrêter son alter, dissipant le voile sans arrêter sa course, avant de se tourner vers la féline.
« J’ai réu… »
Wow. Il était pris d’un soudain mal de tête. Il posa sa main sur son font. Était-ce un contrecoup de ce qu’il venait de faire ? Il l’enleva vite, il ne voulait pas montrer de faiblesse. Était-ce causé par l’absence de distorsion des Time Rooms ? Il faudra qu’il étudie ça, mais il n’avait pas trop le temps de théoriser. S’il se concentrait plus sur l’urgence, peut-être que la migraine se sentira moins.
« Ragdoll, je prends un peu d’avance ! »
C’était peut-être une mauvaise idée de s’être arrêté. Il espérait que le contrecoup ne soit pas élevé pour cette seconde activation. Avant ils étaient à trois minutes c’est ça ? En fonction du rythme à pied ou de son rythme de course ? S’il se boostait, peut-être qu’il ne lui restait plus qu’une minute à tenir. Est-ce qu’il pouvait maintenir ça aussi longtemps ? Il allait bien voir. Mais il avait déjà oublié qu’on lui avait demandé de se préserver. Il reprit son accélération, un peu insouciant. Il ne servirait à rien s’il restait derrière à courir normalement de toute façon. Heureusement, hormis le fait que c’était une montée, leur chemin n’était pas bien difficile. Il était assez dégagé et comportait peu d’obstacles. Il se permettait parfois de regarder derrière, et constatait qu’il était suivi de près. Elle n’avait peut-être pas un alter utilisable directement en combat, mais ses ressources physiques ne cessaient de le surprendre. Il arriva enfin au lieu de rendez-vous.
« Ha, plutôt pas mal ! Je suis le premier ? »
Il tournait la tête à droite et à gauche, avant de constater une silhouette qu’il connaissait bien, qui n’avait pas l’air de s’être encore familiarisée avec les lieux. Peut-être venait-elle d’arriver.
« Star ? »
Ces mots furent énoncés étonnement rapidement. Il avait oublié de désactiver son alter. Il essayait de diminuer l’accélération pour lui permettre de s’habituer à nouveau à un rythme normal, mais en vain… Tant pis : il le désactiva d’un coup. Brutalement, il sentit un frisson dans son corps et sa vision se troubla, en plus du mal de tête. Au moins, il ne sentait pas vraiment de douleurs physiques, à part celles naturellement dues au sprint. Ce corps n’était pas préparé pour ce genre de choses, il avait du mal à tenir debout, semblant perdre son équilibre. Les joies des techniques improvisées. Shit.
Ma couleur : #0033FF
Dernière édition par Léo Oxton le Dim 24 Mar - 18:31, édité 1 fois
