Le jeune homme est d’une pâleur maladive. Son nez est proéminent. Ses yeux vert sapin se promènent, lentement, de gauche à droite. Il observe. Ses cheveux mi-longs sont d’un noir intense, si profond qu’il semble être issu d’un alter. Son long manteau ouvert, sans manches, expose ses bras et son torse couverts de tatouages. Sa main droite, recouverte d’une mitaine, tient une canne richement décorée, avec laquelle il fend l’air de temps en temps. Dernier détail des plus étranges : il porte aux pieds une paire de sandales, fort peu adaptée pour les longues balades en forêt. Il attend, assis sur sa branche.
Depuis son perchoir, il a une vue imprenable sur le bâtiment. Ou plutôt, ce qu’il en reste. Depuis l’extérieur, l’étage ne semble pas avoir été touché. Quelques projections ont probablement transpercé le plafond, rien de dramatique. La façade nord, celle à laquelle lui et son arbre faisaient face, à une bonne dizaine de mètres de distance… C’était une autre histoire. La porte d’entrée était sortie de ses gonds, à moitié pulvérisée, et gisait désormais au bas des escaliers qui menaient à l’entrée. La fumée l’empêchait de clairement discerner l’intérieur des lieux, mais on devinait le trou béant, circulaire, laissé par la disparition de la majeure partie du mur de la salle de séjour. C’était vraiment impossible d’y repérer quoi que ce soit, surtout à cette distance et cette hauteur, mais il supposait que le corps de Shinsuke gisait en bouillie quelque part dans la salle. Pour ce qui était des trois autres… Il n’en avait aucune idée. C’était le cadet de ses soucis, à vrai dire. Sa valise était posée sur la branche, en équilibre, juste à côté de lui. Il y avait eu un petit temps avant l’explosion. Est-ce que Shina et les autres avaient pu se mettre en sécurité avant cela ? Il n’avait pas pu voir l’apparence de Shinsuke avant la détonation, ce qu’il regrettait quelque peu, bien qu’il sache pertinemment qu’il lui fallait écouter ce que son alter lui dictait, quoi qu’il arrive. Peut-être que l’un des trois autres avait réussi à mettre en sécurité la deuxième… Si c’était le cas, les choses allaient devenir intéressantes. Avec un trio aussi instable, c’était garanti que tout s’effondre à un moment.
Ils en mettaient du temps ! Peut-être était-il juste impatient. Oui, très probablement. Cela faisait quelques temps que son alter ne lui avait pas fait une farce de la sorte. Peut-être aurait-il dû retenir son action un peu ? Non, s’il avait attendu, qui sait ce qui aurait pu se passer. Il valait mieux ne pas interférer avec le timing, qu’importe les circonstances. L’envie de l’utiliser à nouveau se faisait de plus en plus forte. Juste pour accélérer un peu le rythme, pas grand-chose. Il l’avait déjà fait, cela ne lui avait joué des tours qu’une seule fois, à tout casser. Il allait céder à la tentation, quand…
Une forme, puis une autre, peu de temps après, venue de l’autre côté. Mais ce n’était pas du tout ceux qu’il attendait. Une gamine et… Un gamin. Comme quoi. Les deux mômes se livrèrent à un petit numéro de comiques en décalé, qu’on aurait cru répété. Bon sang, c’était dur de voir mais à cette distance, sur leurs têtes, on aurait dit...
« Star ? »
"Shiketsu ! Hep ! Shiketsu !"
Il agita sa canne de sorte à être vu. Quand il vu sûr d’avoir attiré l’attention des jeunes gens, il poursuivit sans leur laisser le temps de répondre quoi que ce soit.
"Haha, dingue, des petiots de Shiketsu. Voilà qui rappelle des souvenirs. Comment vont Gueule-De-Fer et Papi Gensei ?"
L’homme en noir pointa du bout de sa canne le relais fumant, changeant de sujet à la vitesse de l’éclair.
"J’attends les WWP, ils sont en chemin mais je pense que ça risque de dégénérer si on laisse trop longtemps tout ce beau monde mijoter là-dedans. Pas de flammes, je pense, mais pas mal de fumée. Rien de mortel, mais les gens à l’intérieur sont… Peu stables. Ils risquent de faire des bêtises. S’ils sont vivants."
Ils étaient mignons, tous les deux. Il mourait d’envie de discuter un peu, mais il risquait de rater les WWP s’il cédait. Mais… Cela ne lui coûtait rien de demander.
"Sinon on peut attendre les chatons ensemble, papoter un peu… Toi, tu t’appelles Star ? C’est joli, Star. Black Star ! Je peux t’appeler B-Star ?"
Un gémissement. C’était tout ce qu’il arrivait à émettre. Quelques instants plus tôt, Shinsuke… Non, ce qu’était devenu Shinsuke, avait… Tout ravagé. Tout gâché. Il n’arrivait pas à penser. Son bras était encore livide, le garrot encore attaché. Il ne pouvait pas l’enlever. Il n’y réfléchissait pas. Il s’était vomi dessus. Il ne voyait rien de ce qui dépassait 5 centimètres du sol. La fumée… Elle lui agressait les yeux. Plus loin, au sol, il percevait sa bile se mêler au sang de son ami. Son ami... Ce n’était plus qu’un tas de tripes désormais. Quand à lui… Au-delà de son état globalement pathétique, son vrai problème résidait dans le pan de mur qui avait été projeté par l’explosion, sur sa jambe. Cassée sur le coup. Et pourtant il ne ressentait rien. Il ne savait même pas qu’il ne pouvait pas avancer à cause de l’énorme débris et de sa jambe en miettes. Il pataugeait juste péniblement dans les liquides les plus repoussants que le corps humain pouvait produire.
"Hnnnnn… Ah…. Ai…. Deeee….."
Elle tremblait. Ses longs cheveux roux étaient en pagaille. Collants. La sueur, le sang, les larmes, le vomi. Pas son sang. Le reste lui appartenait, toutefois. Elle était recroquevillé dans le coin d’une chambre plongée dans le noir et fermée à clé, clé qu’elle avait jetée par la fenêtre. Elle n’entendait plus rien. Des bruits, dehors, peut-être ? C’était moins fort que les bruits dans son crâne en tout cas. Elle serrait la petite boîte qu’elle avait sortie du tas proposé par l’autre. Ses jointures en pâlissaient, ses ongles s’enfonçaient dans sa chair. Elle n’avait pas en tête le fait de devoir ne pas la casser. C’était tout ce qu’elle avait, elle n’allait pas le lâcher de sitôt. Non, pas maintenant.
Le corps un peu courbé, Léo avait du mal à se tenir droit. Tentant de lever une jambe pour la poser devant l’autre, il faillit se casser la figure. C’était vraiment la pire idée. On allait avoir besoin de lui en forme, qu’elle disait. Il plaça une main sur son visage, geste habituel et automatique qui donnait l’impression de mieux supporter les douleurs cérébrales. Il regardait autour de lui, cherchant s’il y avait un problème visible, mais ne vit rien. Pas forcément qu’il n’y avait rien, le problème venait surtout de lui. C’était comme si on restait allongé et réveillé dans un lit pendant 10 heures et que d’un coup, on se levait et on essayait de marcher. Les organes et membres du corps étaient bien trop reposés pour cela, déshabitués à fournir un petit effort. Et malgré le sport de la randonnée matinale, c’était comme s’il n’avait fait que se reposer jusque-là. Cruel.
Mais quelque chose le sortait de ses mauvaises pensées. Un son. Ou plutôt, une voix. Ce n’était pas si agréable à écouter, comme si ses oreilles étaient sous l’eau. Mais un mot tel que « Shiketsu » restait facilement reconnaissable par l’étudiant. En fait, il croit qu’il lui parlait. Oui, il. Malgré tout, il distinguait une voix qui semblait masculine. Il tourna le visage vers cette personne et plissa les yeux. Il y avait du mouvement… il agitait quelque chose pour qu’on le remarque. La silhouette ne lui rappelait rien, pour ce qu’il en voyait. Et la voix non plus d’ailleurs. Mais il n’était pas si difficile de savoir d’où ils venaient, avec cette casquette sur la tête.
Il avait posé une question sur Gensei, mais n’était pas sûr d’avoir compris de quoi il s’agissait. Un nom propre se distinguait plus facilement dans une phrase. L’individu semblait pointer devant lui. Le garçon suivit cela du regard et essayait de se concentrer pour voir de quoi il s’agissait. Il ne voyait pas grand-chose, mais… ce n’était pas dû uniquement au flou de sa vue. Autre chose gênait. Du brouillard ? Ou plutôt, de la fumée ? Ses sens commençaient à revenir, en commençant par l’ouïe. L’homme leur disait que, d’après lui, il n’y a pas de flammes. On disait généralement qu’il n’y a pas de fumée sans feu. « Rien de mortel » avec des gens « peu stables » à l’intérieur, qui risquent de « faire des bêtises ». Et il n’est pas sûr qu’ils soient vivants. D’ailleurs, il semblait peu s’en soucier, du haut de son perchoir, que Léo pouvait maintenant à peu près distinguer. Un comportement suspect, mais ça, il n’y avait pas besoin de terminer des études héroïques pour s’en rendre compte. L’étudiant était un garçon de la paix, il respectait donc la présomption d’innocence… cet homme n’était pas forcément coupable de ce qu’il s’était passé. Mais si une chose était certaine, c’est qu’il avait l’air bien informé.
Puis il s’adressa à Star. Ça c’était un peu sa faute, à avoir donné son prénom il y a quelques secondes. Mais ce n’était probablement pas si grave. Ce n’était pas difficile de retrouver le nom d’un étudiant héroïque, surtout avec le tournoi qui a eu lieu quelques mois plus tôt. Léo ignorait ses intentions, mais il semblait vouloir la taquiner. Et la cible était mal choisie. Pas forcément dans le sens où l’inconnu regretterait ce choix, mais en additionnant ça avec son attitude suspecte, le garçon craignait la réaction de Star, qui n’aiderait pas forcément la situation. Le britannique se redressait un peu, son état s’améliorait. Devaient-ils faire confiance à cet homme ? Il tendait peut-être un piège. Mais piège ou pas, la vérité était telle que le relais avait subi de lourds dommages. Peut-être y avait-il des gens ou peut-être n’y en avait-il pas. Cependant, sauter dans le bâtiment à l’aveugle pour vérifier n’était peut-être pas la meilleure solution. Une situation réelle venait d’être mise en place, et déjà il se retrouvait face à un dilemme. Il avait un petit peu distancé Ragdoll, et visiblement, Star avait aussi distancé Tora. De ce fait, ils ne pouvaient compter sur personne pour les diriger. Ils étaient aussi cons l’un que l’autre. Mais ça ne servait à rien de déjà penser à la fessée.
Il se devait d’être réaliste. Il n’avait pas assez récupéré pour pouvoir secourir qui que ce soit, il avait besoin d’encore un peu de temps. Peut-être juste dix secondes, vu le rythme auquel sa condition s’était améliorée depuis qu’il était arrivé. Il prit la parole, coupant la conversation. Il préférait changer le sujet. Peut-être que Star n’aurait pas mal réagi, mais il préférait éliminer le doute dans une situation aussi sérieuse.
« Excusez-moi… »
Il agitait son bras gauche, de la même manière qu’il avait agité sa canne. Il lui posa ses questions, d’un ton sans agressivité. C’était même un peu conciliant.
« Il s’est passé quoi, au juste ? Vous étiez déjà là à ce moment ? »
Le fait qu’il pensait qu’il n’y avait pas de flammes était intriguant. Enfin bien sûr, s’il était là depuis cinq minutes et qu’il n’a pas vu de feu et n’a pas eu l’odeur du cramé dans les narines, c’était pertinent. Mais à côté de ça, il semblait aussi savoir qui était à l’intérieur, et il affirmait que la fumée n’avait rien de mortel. Peut-être était-ce juste de la poussière levée à cet instant, qui n’était pas encore redescendue ? En l’incapacité d’agir, il préférait en profiter pour rentabiliser le temps potentiellement perdu pour collecter des informations qui pourraient leur être utile.
« Vous parlez des personnes qui sont encore à l’intérieur, vous les connaissez ? »
S’il pouvait leur dire quoi que ce soit sur ces gens, ce sera toujours bon à prendre.
Deux élèves de Shiketsu qui n’étaient ni en tenue étudiante, ni même simplement en tenue civile. S’il savait de quoi il parlait, il devait déduire la raison de leur présence ici. Les questions n’étaient pas posé pour de la curiosité infantile. Des vies pouvaient peut-être être sauvées, et c’était pour cela qu’ils étaient ici.
Cela faisait longtemps, que personne n'avait eu les couilles de me donner un surnom. Enfin, en face à face... Restant peu mobile, j'observais ainsi le nouveau venu, perché sur sa branche. Mmh ? Oui, je zappe un peu vite les évènements. Mais, disons qu'il s'agit là de ce que j'ai le plus retenu du discours. De ce qui m'a particulièrement percuté, à travers tout ce petit cinéma.
Ca s'est passé très vite. À peine j'eus le temps d'observer la ruine approximative, de l'une des façades du point de relais, que déjà une voix familière s'éleva, en ma direction. Je n'oublie jamais une voix. D'autant plus lorsque certaines me sont répétées souvent... C'était Léo, à n'en pas douter. Aussi mon regard se porta en sa direction, afin de confirmer l'interrogation qu'il me transmettait présentement.
Le fixant, plutôt soucieuse de son état actuel, comme de sa présence isolée, j'allais entrouvrir la bouche, lorsqu'une autre personne se présenta à nous... En effet. Ladite entité qui se permit de me renommer... Mes sens en alerte, mon attention bifurqua en sa direction, le guettant désormais et du coin de l'oeil.
" Haha, dingue, des petiots de Shiketsu. Voilà qui rappelle des souvenirs. Comment vont Gueule-De-Fer et Papi Gensei ? "
" Gensei va bien. "
Ma réponse devait sembler presque froide. Je n'ai pas de raisons de l'ignorer, car sa présence, son attitude détendue, alors qu'il se trouve face à un point de relais ravagé... oui, ça n'a absolument rien de normal. Je me méfiais, comment aurais-je pu lui accorder la moindre confiance ? Il va nous faire un sale coup, c'est évident. Plus il se noyait, dans mes perles outremer, et davantage mon cerveau criait au danger. Plus il s'exprimait, plus il se mouvait, et avec une aisance bien prononcée la situation devenait-elle limpide au possible.
Il se fout de notre gueule. Pas juste dans sa manière de nous aborder, non. Il est sûr de lui, condescendant, mais par une raison toute autre. Une raison que je parviens à distinguer, à travers le sens même de ses propos. Il nous incite à vérifier l'état de ces personnes, en bon charlatant qu'il se veut... Mais ces victimes n'en sont pas réellement. Faire des bêtises, qu'il dit... Moi je crois plutôt à l'hypothèse d'un Alter affectant le mental. Si ça dégénère, ça sera pour notre gueule. Et en pleine face.
Alors comment expliquer l'état de la façade ? Un pouvoir de mutation qui transforme les cibles en monstres incontrôlables ? Peut-être bien. Il pourrait au contraire leur donner des ordres, aussi. Mais de ce que j'entends, ça semble agir sur la durée. Ainsi sa stratégie est toute trouvée... Il nous retient, le temps que ça agisse. Le temps que nous soyons dans une situation d'infériorité numérique.
La principale question que je me posais, à l'instant, n'était autre que de savoir si sa saloperie pouvait encore nous contaminer. Quoi qu'il en soit, foncer dans le bâtiment serait probablement la pire des idées. Car non seulement les Wild Wild nous perdraient, mais en plus nous risquerions une attaque dans le dos. Ce connard essaye de nous prendre en fourchette. Il veut jouer sur notre sens héroïque, pour nous la faire à l'envers. Ca serait tellement plus simple, si nous disposions d'un moyen de connaître son Alter, en détails.
La meilleure solution reste de ne pas se laisser emporter et d'attendre tranquillement nos maîtres de Stage. Il s'en doute surement. Mais que se passerait-il, en ce cas ? Nous ne savons même pas combien de personnes sont touchées et ça ne sert à rien de lui demander. Même la solution la plus sure, pourrait être mauvaise...
" Il s’est passé quoi, au juste ? Vous étiez déjà là à ce moment ? "
Alors que j'allais répondre, concernant mon petit nom, Léo me devança sans retenue. L'observant alors rapidement, mon premier réflexe fut évidemment de chercher le sens de ses interrogations. Je ne le crois pas niais au point de considérer l'hurluberlu comme autre chose qu'une menace, surtout après ce discours bien trop détaché. Alors qu'essaye-t-il de faire ? La pêche aux informations ne rapportera rien de fiable. Non, ce qu'il a derrière la tête, c'est... gagner du temps. Non, pas juste du temps pour les Pussycats. Nous ne sommes pas en mauvaise posture directe et je suis sure qu'il doit crever d'envie d'aller aider les blessés. S'il ne peut pas...
C'est qu'il est épuisé.
Oui, j'avais remarqué son état préoccupant, plus tôt. Peu importe la manière, s'il est arrivé avant sa coéquipière, c'est qu'il a dû fournir un effort particulier. Un effort comme, une utilisation répétée de son Alter. C'est l'hypothèse la plus plausible, alors je ne l'interrompis. Mais je ne permettrai pas que l'on tombe dans le piège de l'autre zigoto, quel qu'il soit. Un Alter de contrôle peut demander de la concentration, je pense qu'il peut même cesser son activité, si l'utilisateur tombe inconscient. En d'autres termes, si c'est là sa seule force, ce type n'a aucune raison d'espérer une confrontation directe. Et ça, c'est bien ce en quoi j'excelle.
" Black Star... Mh. Ce n'est pas si mal. C'est vrai, cette couleur me définit assez bien, c'est un choix compréhensible. Appelle-moi comme tu veux, ça n'y changera pas grand chose... "
Navrée Léo. Mais je vais te faire gagner du temps à ma manière. J'espère que tu sauras l'utiliser à bon escient, je n'ai après tout pas à te donner la moindre directive. Je sais que tu n'apprécies pas cela. De toute façon, il nous manque trop d'éléments, que pour affirmer disposer de la solution idéale... Fais le choix qui te semblera le plus pertinent, puisqu'après tout, nous ne disposons pas des mêmes points de vue. Je pars sécuriser tes arrières, tout en essayant de désamorcer la bombe. Seule moi peut le faire.
Entamant une marche, je transmettais mon ambition, d'un bref échange à ce garçon, qui bien des fois me soulagea de mon fardeau. Mais dans la situation présente, ce dernier représentait une force à ne pas négliger. Et sur tous les aspects.
Tournant désormais le dos à mon camarade, je continuai mon avancée. Chaque pas me rapprochait de ma nouvelle cible. Je me concentrais, guettais le moindre de ses mouvements, la moindre de ses réactions, faciales comme orales. Tu crois qu'il doit moins se la ramener, au corps à corps ? Ha. Quand bien même, j'en ai strictement rien à foutre. J'ai confiance en ma force, en mon Alter, en mes enseignements. Je peux compter sur le MCMAP pour la technique, en contexte spécifique. Mais aussi sur le Systema, en cas d'improvisation.
" Je suis curieuse de savoir si ta confiance n'est qu'un masque, ou si tu possèdes réellement de quoi te sentir aussi détendu, en ma présence... Je suis échauffée, ça serait dommage de ne pas en profiter. Ce n'est pas tous les jours, que j'ai la chance d'affronter un Vilain. N'est-ce pas ? "
Fronçant les sourcils et refermant quelque peu mes paupières, j'appuie ainsi mes derniers mots. Le message est clair, il me semble. J'ai l'intention de te défoncer la gueule. Je suis sure que cela me fera un bien fou, après ma défaite successive... Dans tous les cas, nous saurons rapidement si tu as quelque chose à craindre d'une confrontation directe.
La brise fouetta ma cape et mes couettes, alors que je ne mis longtemps à stopper mon trajet, désormais à mi-chemin de la rencontre avec l'obscur personnage, à la belle canne. Ses cheveux sont encore plus noirs que les miens et il a une multitude de tatouages exposés. Ca pourrait avoir un rapport avec son Alter, je devrais faire attention.
" Approche si tu l'oses, antagoniste de seconde zone. J'ai fait le premier pas, mais je peux aussi venir conclure, si en frêle jeune fille je t'intimide... "
Non, je ne le sous-estime pas. Je le provoque et l'examine, juste au cas où. J'ai pas l'intention de perdre trop de temps... seulement de lui en faire gagner un peu, avant de réellement passer à l'action. Léo... J'ai augmenté ta distance de sécurité et débloqué l'accès au bâtiment. À présent, peu importe ta décision, tu dois juste faire attention à la merde au devant. Règle prudemment la fuite, si tu en ressens le besoin. Moi, je me charge déjà d'entamer la fermeture du robinet. Peu importe la force de ce type ou ses spécificités, ma réactivité devrait permettre de tenir bon, au moins le temps pour les Pussycats de se pointer.
C'est le véritable espoir que je place, dans cette initiative.
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PNJ
Ven 22 Mar - 19:44
(PNJ présent(s) dans la scène : ???)
Il était prêt à répondre aux questions du petit vert, mais la brune lui coupa l’herbe sous le pied, lui donnant par la même occasion la permission de l’appeler Black Star. Hourra ! Il avait posé la question juste pour la taquiner, mais c’était toujours bien d’avoir la permission des gens. Elle s’était avancée vers lui, avec un air de défi dans son attitude. Fort étrange, ça.
" Je suis curieuse de savoir si ta confiance n'est qu'un masque, ou si tu possèdes réellement de quoi te sentir aussi détendu, en ma présence... Je suis échauffée, ça serait dommage de ne pas en profiter. Ce n'est pas tous les jours, que j'ai la chance d'affronter un Vilain. N'est-ce pas ? "
Ohlala… Il réalisait petit à petit qu’il s’était complètement trompé sur son compte. La petite de Shiketsu ne se prenait pas pour de la merde. "En ma présence" ? Qu’est-ce que ça voulait dire ça ? Elle faisait 1 mètre cinquante à tout casser, s’il estimait correctement, c’était difficile à cette distance. Il affichait un air clairement ennuyé alors qu’elle lui servait tout son blabla. Elle avait coupé la question de son camarade pour ça ? Quelle barbe…
Puis ça lui revint, soudainement, alors qu’elle lui parlait. Mais oui ! Il l’avait déjà vue !
" Approche si tu l'oses, antagoniste de seconde zone. J'ai fait le premier pas, mais je peux aussi venir conclure, si en frêle jeune fille je t'intimide... "
"Dis, c’est pas toi qui as perdu au premier tour du tournoi des écoles ? Contre le type en assistance, là ?"
Sans attendre une réponse, ni même adresser un regard à Black Star pour voir sa réaction, il reporta son regard vert sur l’autre gosse, qu’il reconnaissait, désormais, lui aussi. Il décida même de faire comme si la gamine n’avait rien dit, et reprit directement le questionnement du gosse vert gazon dont le nom lui échappait, qu’il pointa du bout de sa canne.
"Bonne question, Monsieur Demi-Finale ! Je n’ai pas vu exactement ce qui s’est passé, je suis sorti de la demeure ci-présente avant que ça s’effondre, d’où ma propreté immaculée."
Il accompagnait ses explications de grands moulinets de canne, tout en remuant ses pieds dans le vide. Il paraissait essayer de gesticuler le plus possible sans heurter l’épaisse branche sur laquelle il se tenait, étrange défi au demeurant.
"Pour répondre à ta dernière question, je les connais de loin. Ils étaient quatre quand je suis parti, mais vu ce qui s’est passé, je dirais qu’ils sont désormais maximum trois, s’ils sont particulièrement malins. Mais ils ne le sont pas, donc je dirais qu’ils sont deux a être encore en vie."
Ding ding ding ! Trois questions, trois réponses tout à fait honnêtes.
"Sinon, vous savez quand est-ce que les Wild Wild vont arriver ? C’est bien Tora et Ragdoll qui sont dans cette section des bois ?"
Il obtint les réponses à ses questions une demi-seconde plus tard. Les réponses étaient "Maintenant" et "Oui".
Aire de repos
(PNJ présent(s) dans la scène : Yawara Chatora, alias Tora et Tomoko Shiretoko, alias Ragdoll, membres des Wild Wild Pussycats.
Ragdoll arriva du même côté que Léo. Elle avait couru, rapidement qui plus est, mais ne semblait pas essoufflée. Elle savait gérer son endurance. Pas comme son stagiaire attitré, au vu de son état. Elle ne l’avait pas lâché du "regard" depuis son départ en trombe. C’était très impressionnant, et inattendu, comme développement, mais le contrecoup était évident. Elle l’avait vu tituber. Mais plus étrange, elle l’avait vu se tourner et s’adresser à quelqu’un ou quelque chose visiblement situé en hauteur à en croire son mouvement de tête. Malheureusement, son alter ne lui permettait pas de capter les sons, ni de voir plus loin qu’un mètre autour de ses cibles. Elle savait lire sur les lèvres, mais n’avait pas pris le temps de le faire, vu qu’elle surveillait simultanément Tora, Star, Léo et sa propre progression.
En arrivant, en trottinant, au niveau de Léo, elle se demanda si elle devait lui adresser un regard noir, peu caractéristique d’elle, mais qui lui ferait bien comprendre qu’il avait dérogé à sa consigne de ne pas se fatiguer. Elle se ravisa finalement en constatant l’étendue des dégâts sur le relais, Star séparée de Tora et la présence de cet étrange hurluberlu perché qui la regardait en souriant. C’était déjà un sacré bazar, ce n’était pas le moment de faire culpabiliser Time Breaker. À la place, elle lui tapota discrètement le dos une fois avant de lui souffler quelques mots, de sorte à ce que l’étranger en noir n’entende pas.
"Je suis fière de toi."
Elle prit ensuite immédiatement un air plus sérieux. L’heure n’était pas aux réprimandes, mais la situation restait sérieuse. L’épaisse fumée qui s’échappait du relais tourbillonnait lentement dans l’air pur de la forêt. Mais elle restait à peu près opaque, c’était trop risqué de s’aventurer à l’aveugle. Et surtout, elle ne pouvait pas décemment laisser les jeunes seuls avec l’étranger, ni laisser ce dernier sans surveillance. Même si elle utilisait son alter pour l’observer à distance, il tramait clairement un mauvais coup, elle devait être là pour l’empêcher de passer à l’action si nécessaire.
La solution à son problème arriva depuis les arbres. Émergeant depuis les airs, après avoir progressé d’arbre en arbre grâce à ses membres assouplis, Tora atterrit dans un grand fracas, effectuant une roulade parfaite sur l’herbe parsemée d’éclats de bois. Il se releva et, en un instant, prit connaissance de la situation. Ragdoll, Star, Léo, un type, un mur explosé, des victimes probables à l’intérieur. Fumée trop épaisse pour voir. Une solution existait. Il lança un regard à Tomoko, qui hocha la tête. Même sans Mandalay, ces deux-là était quasiment capables de communiquer par télépathie après plus de vingt ans passés ensemble.
"Apprentis héros ! L’un de vous avec moi ! On va entrer par la porte de derrière !"
Et, sans attendre, il commença à contourner le bâtiment. Il ne savait pas lequel des deux apprentis allait se dévouer pour l’accompagner. Intérieurement il espérait que Blue Machina le fasse. Elle était partie en coup de vent, et il n’avait pas eu le temps de lui dire qu’elle n’avait pas compris sa métaphore le moins du monde en déclarant qu’elle était Star Novel et Blue Machina à la fois.
Pendant ce temps, Ragdoll se tenait aux côtés de Léo, non loin de Star, qui s’était avancée vers l’homme en noir.
"Recule, Blue Machina ! On ne sait rien de son alter !"
Tout en disant cela, elle activa sa propre capacité, en braquant son regard sur le mystérieux inconnu, qui se tenait à présent debout sur sa branche. Verrouillage effectué, elle pouvait désormais le traquer du regard. Mais pour s’informer sur son alter, elle devait le fixer directement pendant 10 secondes supplémentaires. Malheureusement, alors qu’elle était en passe de réussir…
"Non, ça gâcherait la surprise !"
L’individu bondit de sa branche pour se positionner sur une autre, située derrière le tronc, se dissimulant ainsi au champ de vision de la pro et des deux apprentis. Mince ! Tout était à recommencer. Elle se plaça en position de combat tout en gardant ses distances et en surveillant l’homme grâce à son alter. Il se tenait adossé contre l’arbre, parfaitement en équilibre sur sa branche, et souriait comme un imbécile heureux.
" Dis, c’est pas toi qui as perdu au premier tour du tournoi des écoles ? Contre le type en assistance, là ? "
" Ugh ?! "
Ce type ! Sale enflure... Son coup bas me transperçait avec plus d'efficacité que la plus acérée des lances. Mes paupières, je les sentais s'écarquiller brutalement, sous le choc de la réplique. Ca fait mal. Ca fait vraiment très mal. Ca fait beaucoup trop mal à entendre.
Me pliant progressivement en avant, je laissai alors cette mâchoire s'ouvrir au même rythme. Je tremblais, tandis que ma haine montait... De quel droit. De quel droit... ose-t-il me remémorer ces instants ? J'ai pourtant tout fait. J'ai tout fait pour les oublier, pour progresser. Je ne suis pas nulle. Je ne suis pas aussi nulle qu'il l'affirme.
Mes muscles se crispaient. Mes mains me démanchent. C'est la première fois, qu'une personne me donne autant envie de la massacrer... Contre Oroshine, il s'agissait plus d'une envie de gagner qu'autre chose, au final. Mais concernant ce mec en noir, c'est différent... Il me sous-estime ? Il se fout bien de ma poire, quoi qu'il en soit. Tel est pris qui croyait prendre, j'imagine.
La flamme, je la sens frétiller comme jamais. Je sais ce que cela signifie... Il n'y a pas de retour possible. Je suis déjà prise dans la spirale. La confrontation n'est déjà plus une simple envie, elle s'est transformée en besoin. J'ai besoin de passer mes nerfs. J'ai besoin d'évacuer cette chaleur ascendante. J'ai besoin de faire rugir cette rage interne, m'animant actuellement. L'adrénaline augmente son influence, à mesure que ses paroles récentes se répètent dans ma tête... Je vais exploser, je sens que je vais exploser.
" Apprentis héros ! L’un de vous avec moi ! On va entrer par la porte de derrière ! "
Tais-toi...
" Recule, Blue Machina ! On ne sait rien de son alter ! "
La ferme.
" Restez près de moi ou rejoignez Tora ! "
JE T'AI DIT DE FERMER TA GUEULE !
J'en ai marre d'être traitée comme une faiblarde... Je suis PAS faible ! Je peux le faire. Je peux défoncer ce type, sans le moindre problème. Je peux, je peux... Quelle est ma posture ?... Mon pied droit est avancé, mes deux bras pliés sont à l'opposé, mes doigts sont crispés. Je serre des dents, à présent ? Je suis sur le point de lui foncer dessus, mais ça serait une mauvaise idée, n'est-ce pas ? Il n'attend que ça.
Oui. Bien sûr... Il s'attend à une riposte, il veut que je me jette dans un piège. Mais je ne peux pas non plus rester passive à ses dires. Je ne POUVAIS PAS, cautionner ses provocations. À mesure que ma pression artérielle s'accentuait, mes pensées s'effritaient. À la fin, il ne reste plus que lui et moi... Mon objectif n'est alors plus qu'une ligne droite, se voulant la plus transperçante possible.
" Et c'est armée de ton seul regard meurtrier, que tu veux me plaquer au sol ? Ridicule. La colère n'est que l'énergie du mécanisme. Tu es énervée ? Reste-le ! Mais fais de cette rage ta gâchette, pas ton recul ! "
Cette voix... Remarquant ces jambes inflexibles, mon attention bifurquait du sol à l'horizon. Qui d'autre ? Oui, qui d'autre qu'elle, pour m'être d'aussi bon conseil ? Ses bras ainsi croisés, je l'observais me toiser, me voyant en contre-plongée de sa symbolique personne. Le regard fort, perçant, de cet oiseau majestueux... pourrais-je un jour en être digne ? Aigle Royal.
" Des adversaires qui t'enrageront, tu ne croiseras pratiquement que ça, en montant. Tu finiras hors de toi, à de nombreuses reprises. L'expérience m'a appris que nager à contre-courant n'était que du gâchis... Revenir à ton état normal est la pire des erreurs possibles. Tu y perdras du temps et de l'énergie, là où ton opposant aura tout le loisir de prévoir sa prochaine action, en jouissant d'une réserve plus importe qu'avant, par rapport à la tienne. "
" Je dois transformer, le défaut en avantage ? " demandais-je, plutôt désemparée, au creux de ce flashback.
" Exactement. Même si tu ne le perçois pas, l'ennemi dépense aussi du temps et de l'énergie, lors de sa tentative de corruption. Il te nourrit comme un animal en cage, espérant te gaver suffisamment pour que tu exploses, que tu lui laisses une ouverture pour te tuer. Ces aliments, qu'il t'offre si généreusement... déguste-les avec parcimonie. Apprends à t'en servir pour renforcer ton corps, puis transfère cette énergie à ton arme. Brise la cage, de tes puissantes griffes... et laisse ton cerveau nourri exposer son plein régime, pour piéger la proie à son tour et jusqu'à finalement l'atteindre, du tranchant de ta lame. C'est la seule méthode efficace. Et elle est redoutable. "
Convertir la rage... Je peux le faire. Moi aussi, je peux le faire. Je peux garder le contrôle sur cette force qu'il m'offre. Non. Je VAIS le faire. Je suis DÉJÀ occupée à le faire.
Me ressaisissant enfin, mon corps s'accroupit lentement et je pus enfin sentir mes muscles se relâcher quelque peu. C'est ça. Ne prendre que ce dont j'ai besoin. Évacuer le surplus. Doucement... très subtilement... Je ne suis plus en surchauffe. Je suis aux limites. Et je vais m'assurer qu'elle lui explosent à la gueule. Non plus à la mienne.
Il se cache. De quoi ? Si c'est de moi, il aurait bien raison... Mais c'est inutile, j'entends les frottements avec la branche, sur laquelle il repose. Le bruit presque imperceptible de sa veste, en bataille avec la modeste brise. Mes sens sont en feu. Mais ça va, je gère, je maîtrise le flux. Je commence à comprendre comment diminuer le trop plein. Tâchons d'entrainer mon système à embrasser la limite, sans pourtant la franchir. L'équilibre parfait, c'est vers cet idéal que je dois tendre. Essayons de rendre ce stage utile pour quelque chose.
Maintenant, rouvrons les yeux... Attaquer de front est stupide. Si moi je dois atteindre l'équilibre... alors je dois tout faire pour qu'il perde le sien. C'est ça. Créer la faille, pour en profiter sans plus attendre. Première étape, trouver l'outil... Feuilles, branches, terre, cailloux... Ha. C'est pas très original, je dois bien l'avouer. Toutefois, mon but n'est en l'occurrence pas de toucher. Juste, de créer l'opportunité.
Concrétisant vivement une grosse poignée de caillasses, je ne tardai un instant de plus, avant de piquer une brève pointe, d'une propulsion parallèle au sol. Mais je n'ai pas foncé tête baissée, non. Mon écharpe en cape, elle fait du bruit... un son qu'il peut certainement entendre, étant donné qu'il ne peut se fier qu'à son ouïe, ainsi masqué de nos visions. Alors, j'ai retiré et lancé cet accessoire vers la droite, au beau milieu de mon avancée. Cela, lors d'une propulsion du pied, ne me faisant plus toucher le sol avant le point d'arrivée.
Que son attention soit détournée ou non, ne changera pas le fait qu'une pensée supplémentaire est venue nourrir sa réflexion. C'est la différence entre moi et les autres. Je peux me permettre de divaguer, car ma vitesse de traitement est bien plus élevée que pour mes semblables. En ce qui les concerne, un raisonnement supplémentaire peut facilement les conduire à une surprise ingérable.
Foulant à peine l'herbe fraiche, jonchant l'autre côté de l'arbre, je me retournai prestement, tout en laissant un caillou se transférer dans la main encore vide. Et d'une efficace extension du bras, mes couettes, balayant l'air environnant, laissèrent place à l'avènement d'un tir d'une grande précision.
" Eh... Si je te défonce ici-même, ça devrait te rendre encore plus lamentable que moi, non ? Voyons si t'as raison de sous-estimer Oroshine, Bambi. "
Cette phrase, ce surnom, je les avais crachés d'un calme froid, ma pierre d'avertissement lui frôlant auparavant la joue... comme provoquant l'émergence d'un impact dans le tronc d'arbre. Bambi, la balle, le chasseur. Tu saisis le jeu de mots ?
Mais un bon chasseur ne s'arrête à une tentative, si l'animal est encore intact et en ligne de mire... Je vais te faire danser, petit enculé. Et lorsque ton point d'équilibre sera menacé, c'est là, que je frapperai et te détruirai. Ca te paraît suffisamment menaçant, bâtard ? Ou je dois venir t'encastrer mon poing dans la gueule, pour que tu saisisses dans quelle merde tu t'es foutu ? À mes yeux, tes mouvements sont lents. Je n'aurai aucun mal à distinguer l'instant propice, quitte à devoir ramasser d'autres cailloux à proximité, pour faire perdurer la salve de balles.
Une multitudes de projectiles qui, une fois lancés, continuèrent leur course dans le vide atmosphérique. Cela, un bon moment après avoir dépassé leur cible. Mes gestes ne disposaient de la moindre saccade. Le Systema a permis de travailler ma constante fluidité de mouvement et mon Alter m'aide à trouver les meilleurs points d'appui qui soient, lors de mes nombreuses extensions. Mon regard est perçant, attentif. Pas moins concentré sur l'objectif qu'un militaire le serait, en temps de guerre.
Car pour moi, cette confrontation EST une véritable guerre. Une guerre contre moi-même.
Star semblait bien se contrôler, répondant calmement aux propos qui lui étaient envoyés par cet homme mystérieux. Toutefois, cela ne changea pas grand-chose au fait qu’elle s’avança finalement vers lui. Non, tu ne vas pas faire ça quand même ? Elle se mit à le provoquer… en l’accusant de vilain ? Ce n’était pas forcément faux mais… c’était peut-être la pire approche ? Elle l’invita lui-même à venir, s’il en avait le courage.
« St… - Dis, c’est pas toi qui as perdu au premier tour du tournoi des écoles ? Contre le type en assistance, là ? »
L’inconnu n’avait pas cédé, il avait même renvoyé la balle. Était-ce une bonne chose ? Par rapport à Star, il l’ignorait. Mais par rapport à lui-même, ça en était une, car cet homme restait d’humeur à répondre aux interrogations posées. Le fait qu’il l’avait appelé « Monsieur Demi-Finale » pouvait être un peu flatteur, mais il n’était pas sûr de la manière dont il devait le prendre, de la part de cette personne. Ses réponses ne semblaient pas d’une grande aide à priori. Mais son témoignage restait curieux. Il était sorti avant l’effondrement, il avait donc été sur les lieux tout ce temps, et avait vu le drama se produire depuis l’extérieur. Puisqu’il avait été dans le relais, il devait effectivement savoir qui était dedans. Puis vint cette estimation du nombre de personnes encore en vie. « S’ils sont particulièrement malins ». Ça ne semblait pas très bien correspondre à un danger rapide auquel on pouvait difficilement réagir, comme un brutal effondrement ou un autre accident de ce genre. Quelque chose se tramait à l’intérieur, un danger qui était peut-être encore en train de menacer la vie des survivants. Il allait en demander plus, lorsque leur interlocuteur demanda où étaient Tora et Ragdoll. Il les attendait vraiment ? Cela faisait se poser encore plus des questions…
L’instant suivant, Ragdoll arriva enfin, au niveau de Léo. Il tourna la tête vers elle, pas si fier. Qu’est-ce qu’elle va bien lui dire ? Avec le peu d’informations qu’ils avaient, n’importe quelle situation aurait pu être envisageable au sommet de cette colline. Rien qu’un vilain qui attendait devant la porte aurait suffi à profiter de la temporaire faiblesse de l’apprenti héros. Finalement, elle lui tapota l’épaule, affirmant qu’elle était fière. Il ne put cacher sa surprise, et cette remarque le toucha beaucoup, venant d’une héroïne professionnelle. Voilà quelque chose qui le motivait. Il rougit, et sourit un peu bêtement, jusqu’à ce la féline reprit une allure plus sérieuse. Lui aussi, ne devait pas se laisser distraire et rester concentré sur l’objectif. Tora arriva à son tour, ne semblant avoir besoin que de quelques secondes pour comprendre la situation et élaborer un début de plan d’action dans sa tête. Il demanda alors à ce que l’un des stagiaires le suive jusqu’à l’arrière.
Léo porta son regard sur Star. Bien sûr, il était logique qu’elle soit celle qui l’accompagne, étant son élève. Mais elle demeurait immobile. Oh oh… Elle commençait même à présent à prendre une position qui indiquait déjà ses futures intentions. Ragdoll avait raison, ils ne connaissaient pas son alter. Il pouvait avoir n’importe quoi. Il fallait penser au pire cas. S’il avait un pouvoir renvoyant la force physique, elle ferait quoi, en attaquant comme une enragée ?
« Star, stop ! »
Quand est-ce qu’elle comprendra ? Fallait-il qu’elle se fasse remballer comme Coy, quand il sera déjà trop tard ? Il y a trois ans, elle et lui n’avaient aucun souci quand des ptits malins venaient les prendre de haut. Leur duo était bon, pour leur âge. Mais maintenant ils étaient entrés dans une autre cour. Celle où ils se sont faits remballer par un garçon de leur âge, qui étudiait le développement de gadgets et divers machines. Il fallait mettre son ego et sa fierté de côté, et rester réaliste. Et Star, malgré ses capacités intellectuelles, n’était pas réaliste envers elle-même. Est-ce qu’il devait la retenir ? Pouvait-il seulement la retenir ? Il pourrait très bien lui foncer dessus et la bousculer pour avoir son attention. Mais il n’était pas sûr que ça suffise à la raisonner. Et pendant ce temps, il y avait toujours ces potentielles victimes dans le bâtiment, qui attendaient. Il ne pouvait pas prendre même une minute à essayer de la convaincre, sans être certain du résultat.
« Ksh… »
Tournant les talons, il se dirigea vers le relais, contournant le bâtiment par le même côté que l’avait fait Tora. Il lança un regard à Ragdoll.
« J’y vais. »
Alors qu’il arrivait au même niveau que la façade, il s’arrêta un instant, sans se retourner.
« Star ! »
Il savait qu’elle l’entendait. Tant que la flamme n’envahissait pas encore son œil. Elle pouvait y prêter une oreille, même en restant concentrée sur ses actions.
« … Fais attention, ne l’active pas trop vite, comme d’autres fois. »
Si elle activait son alter, surtout sans avoir la moindre information sur son adversaire, elle prenait des risques énormes. Son alter était puissant, mais pouvait énormément réduire son endurance. Si elle finissait par s’écrouler devant ce type, c’était très mauvais. Il laissa donc son amie à Ragdoll, en espérant qu’elle saura en tirer le meilleur. Il n’aimait pas la décision qu’il venait de prendre, mais n’en voyait pas de meilleures. Il se devait de faire confiance. C’était comme ça que les héros fonctionnaient le mieux ensemble, non ? Il l’espérait en tout cas.
Il finit par rejoindre Tora, à l’arrière. Mais avant qu’ils ne passent à l’action, Léo se devait de communiquer les quelques données qu’il avait récolté. Cela pouvait peut-être aider.
« Je ne sais pas si c’est fiable, mais le gars devant le bâtiment a donné des infos sur ce qu’il se passait à l’intérieur, même si c’est un peu flou. »
Il rassembla ses pensées, veillant à fournir seulement le témoignage, et non les théories qu’il avait lui-même confectionné dans sa tête.
« Il était à l’intérieur tout à l’heure mais était déjà sorti quand ça s’est effondré, mais dit ne pas avoir vu ce qu’il s’était pas exactement passé. Il a aussi dit que les gens à l’intérieur étaient "peu stables". Je ne sais pas trop ce qu’il voulait dire par là, mais il a également dit qu’ils étaient quatre, bien qu’il supposait qu’ils n’étaient plus tous en vie. »
Il aurait voulu gratter plus, mais il y a eu un contretemps, qui l’a empêché d’en demander plus. Il ne semblait pas si fier que ça des informations qu’il avait eu, il aurait préféré donner quelque chose de plus concret, mais il allait falloir s’en contenter. Ah, il y avait un dernier point qu’il faillit oublier, et qui avait peut-être son importance aussi.
« Et… il semblait impatient que vous arriviez. »
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Mar 18 Juin - 12:56
(PNJ présent(s) dans la scène : Tomoko Shiretoko, alias Ragdoll, membre des Wild Wild Pussycats et ???.
"Blue Machina ! Attends !"
Quelques secondes après s’être mis à couvert, l’homme aux noirs cheveux eut le plaisir de voir la petite Black Star ignorer les cris de sa responsable et courir aux pieds de son perchoir, armée… De cailloux. Allons bon. Vue de loin, ainsi chargée de caillasses, elle avait l’air d’une enfant jouant dans un parc. La petite casquette et sa petite taille n’aidaient pas. Il renifla et décolla son dos du tronc avant de pivoter pour faire face à la demoiselle. Son équilibre était parfait sur l’épaisse branche. Il activa son alter et le projectile fusa. Silence radio dans sa tête, il resta immobile alors que le gravier alla percuter l’arbre. Curieux, elle ne l’avait pas visé pour ce premier tir. Pourquoi chercher ainsi à abandonner l’effet de surprise ?
" Eh... Si je te défonce ici-même, ça devrait te rendre encore plus lamentable que moi, non ? Voyons si t'as raison de sous-estimer Oroshine, Bambi. "
"Oui oui, d’accord. C’est à Shiketsu qu’on vous a appris à caillasser vos ennemis ? Papi Gensei a fini par devenir sénile je suppose."
La rafale commença. Un, deux, trois… Bip ! Bip ! Bip ! Chaque tir fut bloqué par un coup de canne, parfaitement placé. Si les moulinets semblaient désinvoltes, le fait était qu’ils venaient intercepter les cailloux à la perfection, qu’ils visent la tête ou le torse. Bip ! Bip ! Bip ! Les salves étaient d’une régularité remarquable. Il n’avait jamais vu ça, même quand elle se penchait pour en ramasser, nouvelle vision qui rappelait le bac à sable, les tirs étaient ininterrompus. Voilà qui lui facilitait le travail. Tout en continuant de bloquer la pluie de pierres, il se mit à parler.
"C’est quoi ton alter ? J’imagine un nom comme "précision mécanique" ou "bras robot". C’est ce que m’inspire ton rythme."
"STAR NOVEL ! Arrête ! Tu ne peux pas le battre comme ça ! Pas seule !"
Tout en déviant un nouveau tir, l’homme en noir leva la tête. Plus loin, à 6 mètres derrière l’étudiante, Ragdoll se tenait en position de combat. Ses grand yeux maquillés étaient braqués sur lui.
"Tssss… J’imagine que..."
"Son alter lui confère un sens du timing parfait ! Mais on peut le surpasser si on s’y attaque à deux !"
Comme pour illustrer les propos de la professionnelle, l’homme en noir se fendit d’un large sourire et bondit de sa branche en direction du tronc de l’arbre. Une chute de 4 mètres. Alors qu’il chutait, un son traversa sa boîte crânienne. Bip ! Vif comme l’éclair, il utilisa l’arbre comme un tremplin pour se propulser en direction du sol d’un rapide coup de pied. Bip ! Il effectua une roulade parfaitement maîtrisée une demi-seconde avant de toucher le sol et atterrit sans heurt au milieu de l’herbe, à trois mètres de la jeune Star.
"Tu sais, ils ne le disent pas mais les maîtres de stage fournissent au lycée une note sur 100 qui compte dans ta moyenne. Tu ferais mieux d’écouter Ragdoll si tu veux avoir ton année."
Il pointa de sa canne l’étudiante.
"Ou alors tu peux venir te battre avec moi sans cette gêneuse. T’en dis quoi, Miss Machine ?"
Il aimait bien ce surnom. Son nom de héros était pas mal non plus, il exprimait bien le côté rigide et mécanique de ses actions. Star ploya les genoux. Ragdoll était en position de combat. L’homme en noir également. Ils allaient bien s’amuser.
Forêt du Mont
(PNJ présent(s) dans la scène : Yawara Chatora, alias Tora, membre des Wild Wild Pussycats.
Face à la porte, il attendait. Il n’allait pas tarder à être rejoint par l’un des deux étudiants. Lequel des deux, là était la question. La tignasse verte de Time Breaker apparut. Tora se retint de grogner. Bien sûr, Star avait choisi la bagarre. Il n’aurait pas dû s’attendre à autre chose. Fort heureusement, Time Breaker était quelqu’un de compétent. L’étudiant fournit un rapport détaillé de son interaction avec le mystérieux homme en noir. Tora réfléchissait à toute allure. Maximum quatre personnes, un effondrement mystérieux auquel il ne semblait pas avoir complètement pris part...
« Et… il semblait impatient que vous arriviez. »
Ce détail lui glaça le sang. Est-ce que cet attentat était un piège destiné à les affronter ? Mais au nom de quoi ?
"Time Breaker, je te remercie pour ton rapport. Je te remercie aussi d’être venu jusqu’ici pour m’épauler. Mais ce que tu dis m’inquiète, il se peut que les filles courent un danger. Bien sûr..."
Il défonça la porte d’un coup d’épaule, sans sembler fournir le moindre effort.
"… J’ai confiance en Ragdoll. Elle saura battre en retraite si les choses prennent une tournure sinistre."
La lumière du jour pénétrait dans le hall dépourvu du moindre éclairage artificiel. Sur la droite, on apercevait un escalier menant aux chambres à l’étage. Droit devant, le couloir se poursuivait jusqu’à ce qu’un écran de fumée dissimule le reste du rez-de-chaussé.
"Je comprendrais que tu aies peur pour la jeune Novel. Si tu préfères aller te battre, sache que je comprendrais ta décision, je serais capable de gérer la recherche et le sauvetage moi-même."
Tora fit trois pas, pénétrant enfin dans la demeure.
En énonçant les différentes informations dont il se rappelait, Léo peinait à cerner ce qu’en pensait Tora. Il devait être habitué à ce genre de nouvelles, ça lui évoquait probablement une mission parmi tant d’autres. Du moins, jusqu’à ce qu’il révèle l’impatience du mystérieux personnage quant à leur venue. Ici, il ne cacha pas son inquiétude quant à la situation. Héros professionnel ou pas, il était probablement normal d’être anxieux face à de telles affirmations. Le type semblait les connaitre, mais peut-être n’était-ce pas réciproque. En la méconnaissance de l’ennemi, il valait mieux choisir la prudence. Le félin n’attendait pas de terminer de parler pour enfoncer la porte. Il avait confiance en sa partenaire, et comptait là-dessus. Léo serrait le poing. Lui aussi, il devait avoir confiance en Star, aussi difficile cela semblait-il être.
Forcément, il s’inquiétait. Il admirait Star sur plusieurs points, mais ses compétences en prise de décision, ainsi que son caractère, peuvent lui faire gravement défaut. Et… son alter. Tous les alters avaient un côté « épée à double tranchant », de manière plus ou moins poussée. Mais la mutation de l’américaine était un des cas les plus prononcés que le jeune britannique connaissait. Si Tora avait confiance en Ragdoll, lui aussi il aura confiance. Elle est pro et a sûrement déjà dû gérer plein de situations difficiles. Et si Léo partait les voir, qui sauvera ceux dans ce bâtiment ? Tora ? Il y a quatre personnes là-dedans, une à l’extérieur. Et on en sait encore moins de ce qu’il se passe dedans. Peut-être est-ce encore pire. L’absence de lumière et la fumée qui était visible rendait les lieux peu rassurants. Tora affirmait tout de même pouvoir gérer le sauvetage lui-même, mais en est-il aussi sûr qu’il le prétend ?
« Je ne ferai pas demi-tour. Je veux sauver ces gens ! » exclamait-il avec conviction.
S’il n’avait aucun indice sur comment s’y prendre, alors il allait bêtement se fier aux maths. Peut-être que les personnes à l’intérieur étaient tous des vilains, ou en tout cas des personnes agressives. Dehors il n’y en avait qu’un, et elles étaient déjà deux.
« Dans ce genre de cas, je suppose qu’il y a plus de chance que les personnes en danger sous des décombres soit au rez-de-chaussée ? »
Il suggérait cela sous forme de question. Au rez-de-chaussée, on avait potentiellement deux étages de poutres sur la figure. Et si on s’est pris un effondrement alors qu’on était au 1er, non seulement on en a moins, mais en plus le sol s’est sûrement effondré sous nos pieds, pour nous amener également au 0. Si des personnes se tenaient encore dans les combles, c’était probablement qu’ils avaient évité le pire. En tout cas c’était ce qu’il supposait, et profitait du peu de temps tranquille qu’il avait pour poser cette dernière question théorique. Accompagné de cette interrogation, et sans montrer d’hésitation, Time Breaker entama ses premiers pas dans le couloir de la structure, aux côtés du héros professionnel. Son cœur battait fort et il sentait une certaine tension. Plus intense que ce qu’il avait déjà connu. La dernière fois, les conditions n’étaient pas exactement les mêmes. Il n’allait pas se battre plus pour lui ou des proches. Il allait se battre pour sauver des citoyens. Là, c’était maintenant que commençait officiellement le premier sauvetage de sa carrière héroïque.
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Ven 28 Juin - 22:16
(PNJ présent(s) dans la scène : Yawara Chatora, alias Tora, membre des Wild Wild Pussycats.
Time Breaker réaffirma vouloir suivre le professionnel à travers les ruines. Une vraie graine de héros. Ou alors c’était le contraste avec Star qui faisait passer la moindre action réfléchie de Léo pour une preuve incroyable de ses capacités. Le jeune garçon prit l’initiative et lança une proposition. Tora hocha la tête.
"Bien observé. De manière générale, lors des incidents de ce genre, évalue la stabilité du bâtiment. Dans le cas présent, il apparaît comme étant stable donc on commence par le bas, voire la cave s’il y en a une et que les débris l’ont atteinte. Dans un bâtiment instable, on envoie les héros avec des alters ou des équipements adaptés dans les étages supérieurs le plus rapidement possible, afin de procéder à l’extraction avant que les lieux ne deviennent inaccessibles."
Même une fois sur le terrain, il était toujours possible d’apprendre. Tora s’avança dans le couloir, vers l’épais mur de fumée. Une fois arrivé à sa portée, il tendit son bras sur le côté, de sorte à indiquer à Léo de s’arrêter, avant de s’avancer dedans. Il fut surpris en sentant son corps devenir chaud et humide d’un coup.
"De la vapeur d’eau… Mais si épaisse et si stable..."
Il se tourna vers Time Breaker.
"On peut avancer sans craintes. Fais très attention où tu mets les pieds."
Il progressait dans la masse vaporeuse le regard braqué sur le sol. Du sang. Visiblement projeté à partir d’un certain point. Au vu de la quantité, il n’y avait pas de raisons d’aller dans la direction dont venaient les éclaboussures. Le propriétaire de ce sang était probablement déjà mort. C’est lorsqu’il perçut un bout de chair arraché à proximité que Tora s’inquiéta profondément. Il pria pour que Léo ne tombe pas sur une vision traumatisante et remercia le mur de vapeur de servir de censure de fortune.
Il était étrangement aisé de progresser à travers le living-room dévasté. Le souffle de ce qui avait causé la destruction du bâtiment avait projeté une grande partie du mobilier, assez loin pour que ce dernier se retrouve contre les murs. Si le combat à l’extérieur n’était pas bien loin, la vapeur avait cette étrange propriété insonorisante qui faisait qu’on n’entendait pas le moins du monde l’affrontement, si affrontement il y avait. On se serait cru dans une autre dimension. Tora ne put s’empêcher de remarquer, au milieu des éclats de bois, des aiguilles, du verre brisé et des gélules diverses. Des junkies… Mais avec un comportement d’habitués. Même dans un état second ils ne devraient pas avoir perdu le contrôle à ce point...
Alors qu’il longeait les murs, pensant qu’une présence humaine se trouverait probablement coincée entre un meuble et une paroi, un gémissement attira son attention. Au sol, à quelques mètres de lui. Il y avait quelqu’un.
"Se… Couuuuurs..."
Tora se rua dans la direction de la voix tout en appelant l’étudiant, qu’il avait perdu de vue à travers la brume.
"Time Breaker ! Par ici !"
Le malheureux était un homme d’une vingtaine d’années aux cheveux noirs coupés courts. Il était sale. Allongé au sol, il baignait dans une flaque de sang et de bile. Un garrot était attaché autour de son bras droit, dans lequel le sang ne circulait visiblement plus. Un débris lourd écrasait sa jambe, tandis qu’une poutre était en équilibre au-dessus de lui, posée contre le débris. Tora enroula son bras gauche autour de la poutre et le droit autour du débris.
"Time Breaker ! Je vais soulever les débris, sors-le de là quand c’est fait !"
Ils y étaient. L’instant de vérité. L’estomac de 12 ans du jeune apprenti allait-il supporter la vision d’horreur ? Serait-il capable d’agir sous la pression ? Yawara allait le savoir maintenant.
Tora approuva la remarque de Léo. Forcément, ça flattait un peu son ego. Il développa néanmoins la réponse en ajoutant quelques précisions. L’idée du sous-sol lui était sortie de la tête. Il n’y en avait probablement pas, sinon le héros serait au courant et l’aurait sûrement évoqué dans les objectifs du plan.
L’humidité ambiante due à la vapeur d’eau n’était pas forcément agréable. Mais comme l’a noté le félin, elle avait quelque chose d’étrange. Cela pouvait-il être lié à un alter ? Léo prit la mise en garde qui lui avait été faite au sérieux et était vigilant quant à ses pas. Il ne put éviter la vision du sang, qui s’offrait bien vite à lui. Il avait déjà eu du sang de blessé sur la figure, donc en voir par terre ne le choquait pas forcément. Ce qui lui faisait plus peur n’était pas la vue du liquide ocre en elle-même, mais la cause de cette présence, pour ceux qui étaient dans ce bâtiment au moment de l’incident. Néanmoins, Tora ignora cela et continua sa route, malgré que suivre ses tâches menaient probablement à quelque chose. Peut-être un élément important pour comprendre ce qu’il s’était passé. Le garçon aux cheveux verts profitait du calme encore présent de la situation pour poser sa question à voix basse.
« Il ne faudrait pas aller vérifier d’où vient le sang…? »
Il ne répondit mot. Peut-être était-il trop concentré pour écouter la question et y trouver réponse, ou il ne voulait simplement pas dire quoi que ce soit à ce sujet. En tout cas, Léo ne pouvait considérer cette absence de réaction comme une réponse positive, alors il se priva de cette curiosité pour le moment. C’était peut-être justement une manière de le dissuader d’y aller, un danger s’y trouvait peut-être. Il allait se contenter de le suivre bêtement, ne voulant absolument pas prendre le risque de foutre en l’air la mission.
Les lieux, bien que dévastés, étaient dans un calme. Un calme qui n’était cependant pas paisible, il était plutôt stressant et oppressant. Presque comme dans un jeu d’horreur, on se demandait à quel moment un zombie allait sortir pour nous sauter au visage. Faisant attention au sol, comme il lui avait été dit, il remarqua plusieurs petits objets qui lui évoquaient de la médecine. Il ignorait s’il y avait quelque chose à en tirer ou si c’était juste des trucs parmi d’autres qui se sont retrouvés éjectés à cause de la détonation. Soudainement, il entendit la voix du Pussycats. Il marcha dans la direction de l’appel, constatant qu’il ne fallait pas prendre à la légère l’épaisseur de cette brume. Il fut rassuré de voir rapidement l’imposante figure brune devant lui. Il n’y avait probablement pas de raison de s’être inquiéter, mais ça aurait pu être un piège étrange… Dans les conditions actuelles, Léo commençait à devenir un peu paranoïaque.
Le corps du blessé n’était pas forcément beau à voir. Léo parvint tout de même à ne pas montrer une expression évoquant le dégoût. Il y avait sûrement pire que ça. De quelle horreur cet homme avait-il était témoin ? Tora le libérait de ces poids, ordonnant à l’apprenti de le sortir de là. Time Breaker s’approchait et courbait son corps. Alors qu’il commençait à tendre sa main, il la vit trembler. Ksh. Il essayait de s’efforcer à se vider la tête de toute peur. Là, il devait sauver quelqu’un. Autant que la peur qu’il lui arrive des problèmes, il y avait la peur de l’échec. Il aurait bien fait un grand sourire comme le ferait All Might, mais la pression ambiante ne lui permettait pas d’en être capable.
« On va vous sortir de là », affirmait-il à voix basse.
De ses deux mains, il attrapa les deux arrière-bras, et commença à tirer, faisant attention à avoir un rythme lent et constant. On ne voyait pas l’état de ses vêtements sous son corps, mais on pouvait supposer des ouvertures, et racler violemment la peau contre le sol via des gestes rapides et brusques ne lui semblait pas être bien ingénieux. Mais ce qui préoccupait Léo, c’était la suite. Qu’allaient-ils faire avec ce blessé ? S’assurer de sa santé et le laisser là en attendant ? Le faire sortir pendant qu’une autre personne continuait les recherches ? Ça semblait une bonne idée mais arriveront-ils à se retrouver à chaque fois sous cette épaisse vapeur ? Ne voulant montrer ses hésitations devant la victime, il se retenait de poser la question, se disant que la réponse viendra d’elle-même bien assez vite.
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Sam 9 Nov - 18:07
(PNJ présent(s) dans la scène : Yawara Chatora, alias Tora, membre des Wild Wild Pussycats.
Voix faible et gestuelle hésitante. Mais il agissait malgré tout. Tora était satisfait de la performance du jeune apprenti. Le blessé fut extrait avec une précaution tout à fait remarquable, bien que l’angoisse palpable du jeune garçon rendait l’opération un poil trop lente. Le pro se surprit à penser à mettre cela sur son rapport, alors même qu’une vie, voire plusieurs, était en jeu. Garder à l’esprit sa tâche administrative l’aidait toutefois à se recentrer dans cette situation tendue. Il n’aimait pas être loin de Ragdoll dans ce genre d’opérations. Du quatuor, c’était elle la moins combative et, quand bien même elle était débrouillarde et que son Alter l’aidait à faire des choix prudents, il n’aimait pas la laisser faire face à l’adversité ainsi. Enfin, Star Novel était taillée pour le combat, peut-être serait-elle capable de l’assister de manière efficace.
"Gnnnh..."
"Très bien Time Breaker. Tu devrais être capable de l’emmener dehors, il n’y a pas loin entre ici et la sortie. Pendant ce temps je vais finir de sonder cette pièce."
Le choix de répartition des tâches était stratégique sur plusieurs aspects. Tout d’abord, il ne voulait pas laisser l’étudiant dans l’étrange brume. C’était peut-être un peu trop risqué, d’autant plus qu’ils ne savaient rien des propriétés de ce nuage. Deuxièmement, il voulait tester sa capacité à agir de manière autonome, séparé brièvement d’un professionnel, en suivant des instructions précises et son bon sens. Et enfin, il ne voulait surtout pas que le garçon tombe sur l’origine de la quantité phénoménale de sang ainsi que de lambeaux de chair qui gisait probablement quelque part dans la vaste pièce. Si son intuition était correcte, probablement au centre du nuage, d’ailleurs.
"Mets-le sur le dos quand vous êtes dehors, n’hésite pas à t’éloigner un peu, il faudra de la place. J’ai appelé des secours sur le chemin, pose-le à l’arrière de la maison pour éviter qu’il ne soit pris dans le combat de Ragdoll et Novel. Ensuite..."
Il s’empara rapidement de quelque chose dans une poche arrière de son costume et le tendit à Time Breaker. Il s’agissait d’un pistolet de détresse, d’un rouge extrêmement voyant.
"Tire avec ça en l’air. S’il le faut et qu’il le demande, reste avec le blessé pour le rassurer en attendant l’arrivée de l’hélico. Sinon, rends-toi à l’étage du bâtiment pour continuer les recherches."
Beaucoup d’instructions, mais la situation le demandait. Il ne pouvait pas se permettre d’attendre du jeunot qu’il sache tout sur tout sur les mesures à prendre dans ce genre de situation. Lui, Ragdoll et ses professeurs de Shiketsu lui avaient appris les bases, mais il manquait encore d’expérience pour être laissé agir de lui-même dans une telle situation.
La victime continuait de gémir péniblement, mais ne semblait pas être en danger de mort pour le moment, au grand soulagement de Tora.
Intérieur du bâtiment
(PNJ présent(s) dans la scène : Sirius et Wezen, membres des Enfants de la Nuit, Tomoko Shiretoko, alias Ragdoll, membre des Wild Wild Pussycats, et Star Novel)
"Ton quota de fougue est rempli, Blacky ? C’est pour ça que tes attaque sont molles ?"
"Gyeheh, Sirius, Sirius ! La femme-chat résiste !"
"J’entends bien, Wezen. Je finis la gamine et je viens t’aider."
Le combat était féroce. Les dents serrées, Ragdoll et Star faisaient face au nouvel ennemi qui venait de sortir du sol. La terre se pliait selon les désirs de l’étrange jeune homme à la combinaison marron, tandis que l’homme aux cheveux noirs, qui se faisait appeler Sirius, continuait de se déplacer et de se battre avec une nonchalance absolue.
Le grondement de la terre en mouvement ainsi que les cris que laissaient s’échapper les combattants passant à l’attaque ou subissant des dégâts n’étaient certes, pas audibles depuis l’intérieur, la faute à l’étrange brume qui enveloppait la demeure. Il suffisait toutefois d’en sortir pour clairement entendre le tumulte du combat...
La victime fut finalement extraite. Ça lui avait semblé être si long… mais peut-être était-ce réellement le cas. Les réponses aux questions qu’il s’était posé il y a peu venaient à présent. Il allait l’évacuer pendant que Tora continuerait d’explorer la salle.
Un problème se posait alors : la taille. Un problème qui d’ailleurs était déjà intervenu une autre fois, lorsqu’il aidait une certaine criminelle à s’évader d’un immeuble, avec Aslinn… Il se disait qu’il allait finir par avoir besoin d’un outil spécialement pour ça, ce problème de taille ne se résoudra pas si facilement. Il pourrait utiliser sa planche pour transporter quelqu’un, mais elle est assez encombrante. Peut-être que Haru saurait trouver une manière de la miniaturiser ? Léo ignorait si c’était possible, mais ça valait le coup de demander. Tora lui tendit ensuite un pistolet de détresse. Ils lui avaient déjà expliqué comment s’en servir, et appuyer sur une gâchette était, à première vue, pas bien difficile. Il hocha la tête, signalant en silence que les instructions avaient été reçues et comprises, avant de mettre le pistolet à sa ceinture.
Il prit le blessé sur le dos, tenant les bras qui passaient par-dessus ses épaules. L’apprenti héros courbait son corps pour faire en sorte qu’un minimum des jambes traine sur le sol à l’arrière. Puis il commença à avancer à un rythme entre le lent et le modéré. Il avait un peu honte de poser une question sur ce genre de chose en pleine intervention, mais il faudra qu’il demande à Tora ou Ragdoll s’il y a des petits tuyaux pour transporter des personnes à évacuer.
Le passage à l’extérieur se fit bien sentir. C’était beaucoup plus agréable qu’être enfermé là-dedans. Même si ce n’était pas silencieux… C’était sûrement le combat de Star et Ragdoll qu’il entendait. Il avait envie d’y aller, si ce n’était que voir si elles allaient bien, pour se rassurer. Mais il ne pouvait se le permettre. Tora lui avait confié des instructions, et Léo avait déjà dit qu’il s’occuperait de secourir ceux qui étaient restés à l’intérieur. Il posa la victime sur le sol aussi soigneusement qu’il le pouvait. Puis il se releva et tendit son bras en levant l’arme vers le ciel. Vraiment une étrange sensation que de s’apprêter à utiliser un objet qui a la forme d’une arme à feu. Il tira finalement, faisant décoller la fusée. Il garda quelques instants son regard vers le ciel, puis se recentra finalement sur la personne au sol. Bon, comment engager la discussion…
« Est-ce que vous allez bien ? - Mes jambes… sont explosées… petit con… »
P-petit con ? Il n’avait vraiment pas l’air d’humeur. Mais Léo n’allait pas s’énerver sur une personne qu’il était censé sauver, il réussit à ignorer. La réponse était effectivement évidente, mais il voyait ça comme une forme de politesse. Et peut-être avait-il mal ailleurs et devait-il faire autre chose pour qu’il soit à l’aise, en attendant les transports.
« Est-ce que vous savez ce qu’il s’est passé ? - Le mec… en noir… Il nous a passé un truc… pour tester… et il est parti… Et Shinsuke… »
Il ne termina pas sa phrase, il s’évanouit. Le type en noir, c’était le gars qu’ils avaient croisé avec Star ? Ça ne surprendrait pas qu’il y soit pour quelque chose. Il aurait aimé en savoir plus, tant pis. Si on voit le bon côté des choses, il n’aura pas besoin de quelqu’un à côté de lui pour le rassurer, s’il dort… Ce qui arrangeait Léo, car il y avait probablement encore des personnes en danger dans le bâtiment. Il s’y engagea à nouveau, puis monta les marches qui se trouvaient à côté de l’entrée pour explorer sans précipitation la première pièce qui lui venait.
