My Hero International [PV Sarah & Ayo]

Le coup de Factory était puissant, surtout pour une héroïne spécialisée dans le sauvetage. Moltar ne s'attendait pas à ça. Il décolla vers le mur, la joue en miette. Ses cordes vocales avaient réussi à mélanger rage, surprise et malheur en moins d'une demi-seconde ce qui, reconnaissons le, était un exploit pour un homme aussi particulier. Le criminel ne tenait plus sa garde.

Sarah compris que c'était le bon moment. Elle sauta, armes en avant, et ses bottes de combats se fracassèrent contre le torse du trafiquant aux yeux rouges. Elle n'avait pas de quoi retenir le criminel très longtemps. Moltar était trop compétent, trop radical. Lui attraper les mains revenait à se brûler pour rien, c'était une no-go zone. Elle n'aurait jamais le temps de lui passer les menottes, et rien n'indiquait qu'il n'allait pas les faire chauffer jusqu'à ébullition si le Christ en personne lès lui passait. Il fallait une méthode plus radicale ! Avec ce vendeur d'arme, c'était un KO ou un cadavre. Malheureusement pour lui, l'agente d'Aegis adorait fracasser ses petits camarades. Elle n'allait pas le tuer. Elle allait juste lui faire regretter d'avoir allumé la libyenne avec un lance roquette.

"Putain de roux."

La bouche du vilain s’agrandit, mais il la referma presque aussitôt. Il comprenait très bien le jeu de Mindfeel. Il suffisait de le faire hurler une seule fois et hop, plus d'air frais. Les lacrymogènes le finirait plus efficacement que n'importe quel coup de poing. Il tenta de lever son poing vers la jeune femme mais cette dernière lui asséna un tel coup de couteau qu'il en perdit le souffle. La poigne de la lame vint fracasser sa gorge avec une rare violence, et l'air s'échappa des bronches du criminel. Échec et mat. Il en fumait littéralement de rage. Sarah, qui tenait toujours son couteau à l'envers, lui frappa le crâne à répétition et, juste comme ça, s'en fût terminé de Moltar le vigoureux, Moltar le valeureux, Moltar le terroriste qui avait failli tuer trois héroïnes à lui tout seul en seulement quelques minutes.

En définitive, il avait juste manqué de chance.

Mindfeel aurait adorée pouvoir frapper son nouveau punching-ball humain plus longtemps, mais elle avait d'autres priorités. Elle se redressa en grognant, attrapa les jambes du contrevenant, et le traîna hors du gaz en pestant contre la tendance qu'avait les criminels à se croire invincible. Si cet imbécile s'était rendu au bon moment elle n'aurait pas eu à le fracasser mais, que voulez vous, c'était la base de son métier ! En vérité, elle aimait trop frapper les gens pour lui en vouloir... La jeune femme finit par lâcher les pattes du super-vilain et se pencha pour prendre son pouls : il était faible, mais stable. Mission accomplie ! Elle se devait d'aider Factory maintenant !

"Factory, Moltar est au sol mais il est stable. Comment va notre collègue ?"

Toute la scène prit une tournure floue autour de moi. Mes poumons n'avaient plus assez d'air et je forçais mon cerveau pa pomper ses dernières réserves d'oxygène pour me garder consciente. Je sens alors ces mains métalliques me tirer in extremis hors de la fumée, m'emmenant vers les hauteurs et l'air respirable.
J'inspire fortement et mes sens reviennent, Factory vient de me tirer d'un faux pas énorme.

Malheureusement, ma sauveteuse s'écroule immédiatement, manœuvrant tant bien que mal pour me garder hors de la fumée. Mindfeel est encore en train de se battre, avec son masque elle aura l'avantage, mais je peux encore aider.
Tous ces coups m'auront au moins appris que je suis plus résistante que je le pense, alors plus question de se demander si j'en ai encore sous le capot ou pourquoi mes bras me font si mal.

Je lève mes main et la terre au sol se rassemble pour former un pilier rocheux au courbes souples et lisses qui vient se glisser sous mes pieds. Je serre les dents et m'extirpe de la poigne de Factory pour jeter un coup d’œil au champ de bataille.
Cette action me prend un temps considérable et, quand je baisse les yeux, je découvre l'américaine traînant notre cible ce qui m'arrache un soupir de soulagement.

"Factory, Moltar est au sol mais il est stable. Comment va notre collègue ?"

Demande la voix de Mindfell, aggravée par le masque à gaz.
Je rassemble mes poignets et dissous le bas de mon pilier pour glisser un matelas de terre sous la japonaise et la tirer rapidement du gaz, comme elle l'avait fait pour moi.

"Je vais bien."

Et sur ces mots secs, je me laisse tomber sur le rebord de ma structure, les pieds dans le vide. Elles ont fait du bon boulot, il est clair que je n'aurais pu bien m'en tirer sans leur efficacité et je leur en suis reconnaissante.
Mais maintenant que la pression retombe, toutes les émotions remontent et la douleur de ma peau écorchée me fait grimacer.

Je ferme les poings, retiens mes larmes et pose finalement mes yeux sur ceux de Factory, mon visage détendu par ce moment de calme :

"Merci."

Pas besoin d'en ajouter plus, mes pensées sont assez claires.
Quand à Moltar, cette raclure dort maintenant comme un bébé et le filet de sang s'écoulant de son cuir chevelu me plaît, on a réussi.

Métal contre métal. Douille contre être humain. Factory est propulsée sur le sol, les yeux dans le vide. Mindfeel la laissa s'effondrer et attrapa Moltar au vol. Il était toujours inconscient et, juste avant le tir, sa camarade le tenait. Elle s'était mise entre lui et la balle. Quelque chose chuchota à l’héroïne que, malgré les conséquences visibles, il était la cible de cette attaque. Entre criminels, on s'assurait du silence des autres à l'ancienne. Elle eut à peine le temps d'attraper sa collègue par les épaules et de la tirer derrière un conteneur qu'elle entendit de nouveau claquer une balle, suivi du bruit si caractéristique d'un fusil de précision.  

"Putain, je déteste ce petit jeu."

Sarah reporta son attention sur la tempe de sa camarade. La balle ne s'était pas enfoncée dans le cerveau, elle avait rebondie sur le sol avec un fracas atypique. Un petit filet de sang coulait de la plaie, mais rien de plus. Enfin, "rien de plus" : les hémorragies internes étaient les pires de toute ! Elle fit en sorte de caler le crâne sa collègue de manière stable avant de reporter son attention sur Moltar : toujours inconscient, toujours éraflé, toujours ridicule. Elle lui avait vraiment niqué sa mère. Cette pensée donna un peu de courage à l'héroine qui, sans surprise, n'était pas enchanté à l'idée de jouer au chat et à la sourie avec un tireur d'élite. Dire qu'elle adorait prendre des gros flingues et les décharger sur des hostiles à distance ! Ça devait être le karma.

Le Japon c'était un peu comme le Mexique finalement : quand ça commençait à péter, y'avait pas grand chose à faire à part se trainer à couvert comme une grosse limace.

"Quand je vais mettre la main sur ce connard il va le regretter."

"Qu'est ce qu'on fait pour le sniper ?"

La radio de Factory ! Chouette ! Les suppléants des deux agences demandaient au supérieur en charge ce qu'il fallait faire de l'autre zouave ! Malheureusement pour eux la gentille héroine de la Team Idaten était dans le coma, et elle n'avait pas l'air de vouloir se réveiller pour leur répondre. L'horrible Mindfeel le fit donc à sa place et, comme à son habitude, ses ordres étaient loin d'être pacifiste. Si les mecs de l'agence d'Ingénium n'étaient pas sur les ondes elle aurait demandé à ses gars de faire sauter la position hostile mais bon... Les Japonais n'aimaient pas trop se battre comme des vrais gens !

"Factory est au sol, je prend la direction. Vous me bloquez la rue et vous me le délogez."

L'autre partie confirma la réception des ordres mais l'agente d'Aegis n'allait certainement pas les attendre. Elle n'allait pas rester coincé ici, sous feu ennemi, avec un hostile à peine maitrisé et une alliée au sol ! Il fallait se casser d'ici, donner Moltar au flic, soigner Factory et refaire l'anus de ce sniper nippon. Elle se tourna vers sa collègue syrienne : si quelqu'un pouvait les sortir de cette merde, c'était bien elle !

"Ayo, ééééééh, Ayo !"

Sarah aurait aimé que ça sonne moins pathétique à l'oreille mais elle fit avec.

"Soit il est là pour nous, soit il est là pour Moltar. Dans les deux cas ça va douiller. Tu penses être assez énergique pour nous sortir des couverts du sol ? J'ai pas envie de rester planter là."

J'ai baissé ma garde, Moltar étant capturé, je suis partie du principe qu'il ne pourrait plus rien arriver et malheureusement, Factory en a fait les frais.
Le tir précis d'un fusil longue distance vient d'abattre notre camarade d'un seul coup, en pleine tête. La scène est impressionnante, ma vision se resserre sur le sang qui coule de la temps de l'héroïne pendant une seconde... Ou peut être deux... Avant de me rendre compte que je suis aussi en danger.

D'un bond, je me laisse glisser le long de ma structure pour me cacher derrière, toujours fixée sur la blessure... Vu son alter, on pourrait la penser indestructible mais les armes à feu sont faites pour tuer, même elle aurait du mal à résister.
Heureusement je pense que ça lui a sauvé la vie, s'il m'avait visée...

"Ayo, ééééééh, Ayo ! Les cris de Mindfeel me tirent de mon léger état de choc. Soit il est là pour nous, soit il est là pour Moltar. Dans les deux cas ça va douiller. Tu penses être assez énergique pour nous sortir des couverts du sol ? J'ai pas envie de rester planter là."

J'acquiesce silencieusement, je ne m'attendais pas à devoir utiliser mon alter encore une fois mais je n'avais plus le choix, il faut que j'aide Factory et que je nous protège du tireur.

"Je vais essayer."

Je lève un bras et de la terre vient se rassembler doucement devant Mindfeel et Factory. Peu à peu, un bouclier de fortune vient se créer, l'effort est dur, je dois le faire aussi gros que possible. Peu à peu, la terre vient compléter l'abri, qui s'étend et grandis de plus en plus. Je pose un genou au sol et ramène mon second bras, c'est lourd...

"Dépêche-toi, la structure ne tiendra pas longtemps."

Ma construction tiendra en vérité, mais si le sniper se décide à tirer à répétition dessus... Ça cédera et c'est pour ça que je dois rester concentrée dessus, pour réparer les brêches en permanence. Quoi qu'il arrive, il faut mettre la japonaise hors de danger en priorité, Moltar viendra après, je lance un regard entendu à Mindfeel, tout repose entre ses mains maintenant.

Shinzo "21476" Watanabe, habillé en civil spécialement pour cette mission, regardait l'immeuble en fronçant les sourcils. La seule chose qui le différenciait du citoyen moyen était le part-balle qu'il camouflait sous sa veste, alors autant dire que l'opérateur d'Aegis se savait peu protégé. Ses mains, fatiguées par une vingtaine d'années de service, serraient son fusil à pompe un peu plus fort qu'à l'accoutumée. Son collègue, qu'il connaissait depuis son entrée dans l'agence, braquait les fenêtres avec un fusil d'assaut. Les coups de feux semblaient provenir du bâtiment juste sous leur yeux : l'immeuble possédait un grand nombre d'étages et il permettait de profiter d'une bonne vue sur les quais, mais les deux hommes avaient des doutes. Le problème avec les armes de précision, c'est qu'elles étaient difficile à localiser avec exactitude. Un nouveau coup de feu retenti soudainement dans le quartier, juste au dessus des deux soldats : le tireur se cachait bien ici !

"Yes, c'est juste là. Viens, on monte."

"Pas trop tôt. Enfin quelque chose à faire !"

Watanabe et son collègue contournèrent l'immeuble aussi vite que possible pour débusquer une entrée sans risque. La porte arrière leur fit de l’œil et, après avoir cassé une petit  à coups de crosse, les deux hommes s’engouffrèrent dans le bâtiment sans demander leur reste. Ils n'étaient pas particulièrement stressé par la situation mais ils savaient d'expérience qu'il ne valait mieux pas se reposer sur la chance. Ils avançaient prudemment, et aussi vite que possible, jusqu'à la zone de transit entre les étages.

"On prend l'ascenseur ?"

"Nah... Imagine il est piégé."

Le vieux soldat se retint de dire que passer par les escalier était une excellente manière de se faire tirer dessus depuis un angle mort. Son collègue avait raison : se débarrasser d'un ascenseur était beaucoup plus simple que de piéger un escalier. Il suffisait de truffer de balles les portes au bon moment et hop : de la viande morte. Watanabe se contenta donc de grogner son approbation et de monter aussi vite que possible, les mains toujours serrées autour de son arme à feu.

"Il est cool ton nouveau fusil à pompe ?"

Lui demanda son collègue d'une voie étouffée.  

"Ouais il est pas mal. J'aime bien. On peut y mettre plein de calibres différents si tu vois ce que je veut dire."

"Je comprend. C'est cool, au moins ça va nous permettre de nettoyer l'appartement rapidement."

L'opérateur d'Aegis ne croyait pas si bien dire.

Un nouveau tir claqua dans la zone lorsque les deux hommes mirent le pied au cinquième étage. Un simple regard dirigé vers le couloir permit aux deux lurons de comprendre d’où provenait la détonation : c'était le troisième appartement sur la gauche, celui qui n'avait pas de paillasson pour s'essuyer les pieds avant d'entrer.

Les trafiquants d'armes n’avaient vraiment aucun sens de l’accueil.

Les deux hommes se mirent en position autour de la porte en essayant de faire le moins de bruit possible. Une absence de réaction complète de la part des occupants des lieux leur indiqua qu'ils étaient bon pour le top action. Watanabe essaya d'ouvrir la porte aussi doucement que possible, mais elle était fermé à clef. Il se contenta donc de mettre un coup de fusil dans la serrure, de débouler dans le salon et de mettre un coup de flingue dans tout ce qui ressemblait à un adulte armé.  

"POLICE ESPÈCE D'ENCULÉ DE FILS DE PUTE DE..."

"Il est mort."

L'opérateur d'Aegis baissa les yeux vers le bord de la fenêtre, ou un fusil de précision était fixé : la scène était devenue apocalyptique. L'appartement croulait sous les impacts de chevrotine, le canapé ressemblait à une œuvre d'art contemporaine et le sniper qui avait prit leur supérieure pour cible ressemblait à une pastèque que l'on aurait massacrée à grands coups de machette.

Ça ne ressemblait pas au Japon, ça ressemblait à une ballade en somalie.

"Merde."

"Non mais c'est cool en vrai. Au moins, il tirera plus sur personne !"

"Les gauchistes de chez Idaten vont nous engueuler."

"Regarde, dans sa main droite."

Watanabe baissa les yeux. Dans ce qui ressemblait à la main du suspect se trouvait une arme de poing, que l'homme avait certainement eu à peine le temps de dégainer pour contrer le coup de fusil à pompe dans sa serrure. Il ne s'attendait certainement pas à ce qu'un paramilitaire sans peur et sans reproche déboule à la place des flics et se mettent à vider son chargeur de gros calibre dans son appartement de fonction. Restait que, pour la Loi, une arme était une arme...

"Légitime défense ?"

"Légitime défense."

"Yeeees."

Soulagé par la perspective de ne pas aller en prison pour meurtre, l’opérateur d'Aegis choisit de sortir sa radio portable de sa poche et de contacter les autres. La menace était éradiqué, et il ne pouvait s'empêcher de penser que son nouveau fusil à pompe était vraiment très efficace.  

"Le suspect est au sol. On a eu de la chance, il a manqué de nous vider son chargeur dans la poire."

Sarah, qui avait commencée à trimbaler Moltar vers l'autre bout du hangar en se servant des rocher de la libyenne, se contenta de le laisser tomber en grognant. Quelque chose lui disait de lui remettre un petit coup de pied dans les côtes, juste pour le plaisir de lui casser quelque chose, mais elle se retint pour concentrer son attention sur ses collègues. Factory n'était pas morte, mais son statut médical était inconnue. Sa fréquence psychique, typique des gens inconscients, n'allait pas la renseigner sur le sujet. La magrébine, quand à elle, était épuisée. Elle allait peut être avoir du mal à utiliser ses jambes pour sortir de la zone, surtout après ce que l'autre pyromane lui avait mit dans la tronche.

"J'ai besoin d'aide pour l'extraction. Factory est blessée, inconsciente, et Saha-Terra tient à peine sur ses jambes. Moltar est restreint mais il risque de se reprendre."

"On arrive."

La jeune femme s'alluma une cigarette, tout en restant à couvert derrière les rochers. Un petit sourire se format autour de ses dents. Une fois de plus, elle était la seule à tenir sur ses jambes ! Dire que l'état japonais s'était amusé à questionner ses compétences, et celle de Teha en passant... Prenez ça, team Idaten !

Mindfeel avait finalement réussi à tirer Factory hors de danger en s'aidant de ma protection... Qui s'écroule quelques secondes après sous un tir du sniper. Soulagée, je laisse mon dos heurter le pilier de terre qui me protège pour m'asseoir et laisser passer la tempête.
Mon corps blessé n'a plus de forces, c'est l'inconvénient de mon alter, à force de manipuler 50 kilos de terre à bouts de bras, je m'épuise... Et en plus j'ai hérité de la ligne de front.

Je cligne des yeux pour empêcher la fatigue de venir à bout de ma conscience et souffle, laissant mes muscles se relâcher. La chaleur du combat finit enfin par retomber et je goûte de nouveau au frais de la nuit, bien décidée à profiter de cet instant de calme pour me reposer.


Le bruit lointain d'une sirène vient finalement me tirer de ma somnolence, m'indiquant que le sniper n'était plus un danger. Les tirs avaient cessé depuis plusieurs minutes maintenant mais je n'avais pas osé sortir de peur de prendre un risque stupide. Je me redresse et secoue la tête avant de jeter un coup d’œil à ma collège blessée qui ouvre déjà les yeux, ouf. Si elle avait été en danger de mort, je m'en serais voulu d'avoir relâché mon attention... C'est de ma faute si elle a pris cette balle, j'aurais dû le voir venir, J'aurais pu...

Un infirmier s'approche déjà de moi mais avant qu'il ne puisse me poser des question je lui fais juste un signe de la main pour lui signifier que je vais bien.

"Je ne suis pas blessée, seulement épuisée. Aide-moi à me relever s'il te plaît."

Le jeune homme un peu intimidé acquiesce et attrape la main que je lui tendais.

"Ouais, 'lors… y s'est passé quoi ? J'tais juste en train d'sécur' Moltar, p'is… c'est l'trou. J'ai glissé sur un truc ?"

Une fois debout je m'approche de Factory et Mindfeel, un sourire en coin. C'est étrange, mais je suis rassurée de les voir en bon état, cette mission a failli se transformer en drame et j'ai maintenant l'impression qu'on revient de loin.

"Tu t'es pris une balle dans la tête mais à part ça, rien de grave. Dis-je avec un ton ironique. Heureusement que Mindfeel était là pour s'occuper de toi."

Je tourne la tête vers l'immeuble dont il avait commencé à tirer... D'autres héros avait réglé le problème ? Aegis ? Idaten ?

"D'ailleurs le sniper ? Vous avez réussi à l’attraper ?"

Mes yeux se posent alors sur l'américaine, vu que c'est celle qui s'en sort le mieux, elle a dû être mise au courant non ? Si le tireur coure toujours, j'aimerais au moins le savoir... Plus question de refaire les mêmes erreurs.

Mindfeel, que l’affrontement n'avait pas détruite sur le plan physique, rechargeait méthodiquement ses armes de poings. Lorsqu'elle avait débarqué au Japon elle avait rayée les tireurs d'élites de sa liste des menaces et, quelque part, elle s'en voulait un peu de ne pas avoir considéré la possibilité. Son propre mentor à Yuei, Snipe, était un tireur d'élite pour l'amour de Dieu ! Elle avait de la chance que le criminel ait décidé de cibler Factory, AKA la seule personne du groupe capable de résister à une balle de gros calibre. Ayo, Moltar ou elle même auraient recouvert le sol d'une belle quantité de rouge avec une balle de ce calibre dans la tête.

Restait à comprendre qui est-ce que le sniper avait réellement ciblé mais, ça, elle aurait largement le temps de s'y atteler derrière son bureau.

Le hangar se remplissait de monde. Il y avait de quoi faire : deux héroïnes au sol, un paquet de petits trafiquants à soigner avant détention, et de la contrebande omniprésente. Le cadavre du char suisse fumait toujours, Factory ne rigolait vraiment pas avec la technologie, et les caisses de "jouets" sauce Moltar jonchaient toujours les recoins de la zone. Ce petit hangar était une excellente prise pour le Japon qui aurait bientôt le plaisir de jouer au papa en exposant la contrebande devant tout les médias du coin. Mindfeel en vomissait d'avance.

Un infirmier manqua soudainement de se casser la gueule sur quelque chose. Il se baissa en grognant et ramassa une grenade à fragmentation qui avait glissée en dehors des caisses. Un excellent petit objet rond, parfait pour se fracasser sur le sol avec un mauvais mouvement de pied. Il n'eut même pas le temps de comprendre ce qu'il venait de trouver que Sarah le lui arrachait en grognant. Ce que les civils pouvaient se montrer nunuche...

"Donnez moi ça vous. Ne ramassez rien de plus, cet endroit est une scène de crime."

La jeune femme reposa le projectile sur une caisse avant de s'éloigner vers ses deux camarades de fortune. La libyenne se remettait lentement sur pieds tandis que la japonaise, coincée entre un infirmier et ce que Sarah devinait être un horrible mal de crâne, remettait lentement sa psyché en état de marche. Ça devait tout de même être pratique d'être aussi solide : les appareils aériens avaient détruit chez le fantasme de voler chez Sarah mais passer à travers un mur en courant ça devait être tellement cool !
Lorsque l'américaine regardait certains de ses collègues, elle ne cessait de se rappeler du fait que son physique de femelle en chair se montrait bien souvent plus qu'insuffisant.  

"D'ailleurs le sniper ? Vous avez réussi à l’attraper ?"

Si Saha-Terra était suffisamment réveillée pour poser des questions pertinentes ses évanouissement répétés ne devaient pas trop lui peser sur la conscience.

"Il est mort. Je ne remet pas la parole de la radio en doute sur le sujet."

Moltar, de son coté, explorait toujours les affres de son inconscient. Il fallait bien souligner que l'américaine n'y était pas allée de main morte avec son crâne. Elle le voulait KO pour un moment, et elle s'en était donnée les moyens. Son Alter était un cancer pour toute personne qui essayait de l’immobiliser : comment vouliez vous passer les menottes à un individu qui passait son temps à les faire fondre ?

Heureusement pour Mindfeel c'était le problème de la police Japonaise désormais, plus le sien.  

"Je ne sais pas pour vous mais je ne dirai pas non à un petit saké..."

"Il est mort. Je ne remet pas la parole de la radio en doute sur le sujet."

Le ton froid de l'Américaine me fait frissonner, si il avait été tué c'est qu'ils n'avaient pu faire autrement non ? J'aurais du être plus attentive plutôt que de me reposer en situation de crise.
Les mains sur les hanches, je soupire et détourne le regard de Mindfeel pour le porter sur ce qu'il reste de notre affrontement avec Moltar. La plupart des ses hommes de mains sont neutralisés, le char Suisse est réduit en morceau quand au méchant principal, il paraît beaucoup moins menaçant lorsqu'il dort.

La mission est une réussite mais franchement, je suis crevée. Utiliser autant mon alter m'a demandé un effort colossal et en plus de ça j'ai du combattre en première ligne pour finalement encaisser les attaques de ses sbires et de son char. À part ça, je n'ai pas vraiment été utile… Une fois que j'étais out, Factory et Mindfeel ont très bien géré la mission sans moi.

"Je ne sais pas pour vous mais je ne dirai pas non à un petit saké..."

"Ouais ! J'connais l'coin parfait p'ça !"

Je met ma main dans mes cheveux et réponds avec un sourire de façade, mi-amusée, mi gênée. Sérieux ? Même si je n'ai pas le courage de dire non, j'appréhende déjà de me joindre à mes deux camarades, depuis mon arrivée au Japon je n'avais absolument pas essayé les différents bars ni même touché à l'alcool… En même temps je n'avais personne avec qui le faire et en tant qu'héroïne fraîchement arrivée, je croulais un peu sous le boulot…

"T'nez, on s'retrouve là 'ne fois qu'on en a f'ni ici, ç'vous va ?"

"Ouais, OK !"

Dis-je avec un grand sourire avant d'attraper le papier qu'elle me tend tout en grattant nerveusement mon cuir chevelu pour enlever la terre coincée dans mes cheveux bruns. Pourquoi j'ai dis oui moi ?
J'ai sans aucun doute une mine atroce, je suis à deux doigts de m'écrouler de fatigue et je vais aller boire un verre avec deux collègues alors que je tiens pas l'alcool ?

"Ça me semble être une bonne idée."

Non, définitivement pas.