5h25 du matin, commissariat de Tokyo, zone US (ultra-sécurisée). Voilà trois jours que la terrible bataille de Musutafu était terminée, laissant de terribles marques dans la société japonaise. Cependant, cela faisait trois jours que Tengu, le héros sentinelle, n’avait que peu dormi. Adossé à un mur, les bras croisés, ses yeux ne quittent pas la porte en acier renforcé de la cellule devant lui. La zone ultra-sécurisée avait été construite pour enfermer les super-vilains aux alter les plus dangereux : quatre cellules ultra-renforcées, dont, même si ils arriveraient à s’en échapper, ils se retrouveraient confrontés à un nouvelle porte bien plus solide que celle des cellules : l’unique sortie de la zone US. Surveillée 24h/24 par des caméras de surveillance, il suffisait d’un bouton aux policiers pour aspirer l’oxygène de la pièce et neutraliser les vilains.
Cependant, malgré toutes ces précautions, le héros était resté surveiller la criminelle enfermée ici depuis son arrestation : Illuminación. Il faut dire qu’il avait un long passif avec elle, sur sa piste depuis des mois après une attaque sur le commissariat qui avait blessé son sidekick, il avait réussi à localiser une des ses planques et se rapprochait doucement de son objectif quand est arrivée l’attaque de Musutafu. Malgré son travail, il n’avait pu le voir venir et s’était retrouvé à protéger un groupe de civils d’une attaque de nomus tandis que ses collègues étaient en première ligne et que la super-vilaine se faisait capturer par Endeavor.
Contrairement à beaucoup de héros, il n'avait pas été blessé et avait décidé de faire des heures supplémentaires pour alléger la charge de la police et rattraper ses echecs. Il devait s’assurer qu’elle ne s'échappera pas.
Le bruit de la porte coulissante de la zone US attira son attention alors que Burnin, sidekick du nouveau héros n°1 entra dans la pièce :
“Salut Tengu. Toujours fidèle à ton poste ? La vipère a bougé ?”
Le casque du ninja s’éclaira, lui permettant d’observer la silhouette de la mexicaine dans la cellule.
“Non.”
Enchaînée comme elle était, Illuminación avait, quoiqu'il arrive, peu de chances de bouger. Depuis son arrestation, son agressivité sans limite n’avait pas diminué, même lui donner à manger pouvait se solder par un doigt arraché.
“Vous avez pas intérêt à la laisser crever de faim. Elle n'échappera pas à son jugement, s’il le faut je lui ferai avaler sa bouffe de force !”
Tengu soupira avant de se redresser :
“Le commissaire nous attend, allons-y.”
Kenji Tsuragamae, le chef de la police avait convoqué un comité de policiers et de héros dans une salle de réunion du commissariat. Malgré son alter de mutation, il était facile de constater que l’homme avait passé de longues nuits ces derniers jours, au même titre que toutes les personnes réunies autour de la table sur laquelle était posé un plan de la ville.
Parmi les individus présents, il y avait trois héros habitués à collaborer étroitement avec les forces de police : Tengu, Unravel et Rhino, cette dernière devant se baisser pour rentrer complètement dans la salle. On pouvait également compter Burnin, qui s’était portée volontaire pour aider suite à sa participation à la capture d’Illuminación et Anzai Haranobu, lieutenant des forces spéciales de police d’Hosu.
“Bien. Merci à tous d’être venus.”
Dit le commissaire d’une voix ferme, posant ses mains sur la table.
“Vous le savez, si je vous ai réuni ici, c’est pour discuter avec vous des détails du transfert vers Tartare d’Illuminación et Muscular, les deux membres de l’alliance des vilains actuellement détenus dans la zone US du commissariat.”
“La zone US n'est-elle pas suffisante pour l’instant ? De ce que j’ai vu, ils n’ont aucune chance d’en sortir, ils sont bien où ils sont.”
Rétorque Tengu sans hésiter. Faisant baisser la tête au commissaire :
“Je suis d’accord, les transférer maintenant est un risque. L’alliance fait profil bas et faire cela est lui donner l'opportunité de libérer l’un des leurs… Voir les deux.”
Cette phrase seule suffit à faire bondir la tempétueuse Burnin de son siège :
“ALORS POURQUOI…”
“Parce que les ordres viennent d’en haut ! S’exclame le commissaire, marquant un temps d’arrêt pour laisser un temps à l’héroïne de calmer ses ardeurs. Le peuple Japonais veut être rassuré. Et voir ces deux criminels enfermés au Tartare sera symbolique pour eux.”
Tsuragamae lui-même, ne pouvait ignorer cette évidence, peu importe ce qu’il pensait de l’opération.
“C’est donc pour cela que nous ne laisserons aucune place au hasard. C’est pour cela que Mr.Haranobu est ici.”
L'intéressé inclina la tête, restant silencieux comme à son habitude. Certains dans la salle lui jetèrent un regard curieux, voir méfiant. Connu pour ses faits d’armes, le lieutenant avait aussi la réputation de souvent jouer avec la légalité et d’avoir souvent eu recours à des méthodes violentes.
“Voici donc le plan : Nous avons deux fourgons blindés, un pour Muscular, l’autre pour Illuminación. Ils prendront chacun un trajet différent, tous deux escortés par deux voitures de police et deux hommes armés. Le premier convoi, celui de Muscular, partira à 7h20 et sera mené par Rhino et Haranobu. Si Muscular tente quelque chose, elle aura la force de le neutraliser.”
L’héroïne, la mine sérieuse, acquiesce sans dire un mot.
“Le second, celui d’Illuminación, partira cinq minutes plus tard. Il sera mené par Unravel, l’alter de la super-vilaine étant plus technique, elle pourra s'en occuper avec l’aide de Burnin en cas de pépin.”
Les deux jeunes femmes acquiescent avec détermination. Kenji savait qu’ils pouvaient leur faire confiance, mais son plan n'était pas terminé. Il posa alors un doigt au milieu du plan, pile entre des les deux trajets :
“Enfin, Tengu sera posté ici pour veiller sur les deux trajets de loin et nous prévenir ou intervenir s'il y a du mouvement.”
Le chef de la police resta un instant à observer ses hommes avant de demander :
“Des questions ?”
Je ne sais pas depuis combien de temps je suis assise là, dans cette cellule sombre à peine éclairée par le couloir derrière la petite fenêtre de la porte en acier. L’explosif combat contre All Might et mes coups d’éclat me semblent bien loin maintenant. Après que Endeavor et Burnin m’aient capturée, j’ai été emmenée directement au commissariat où ils ont essayé de soigner tant bien que mal ma blessure au flanc malgré mes protestations. Je me suis battue jusqu’au bout pour ne pas finir enfermée, j’ai même mordu jusqu’au sang la cuisse d’un policier…
J’esquisse un léger sourire au souvenir de son cri de douleur avant de me rappeler de ce que ça m’a coûté… Ils ont réussi à bander ma plaie puis j’ai fini ici, enchaînée et muselée comme un animal sauvage. D’habitude ça flatte mon égo qu’on ai peur de moi mais là, c’est moins drôle, ils m’ont un peu trop prise au sérieux.
Après des heures ou des jours dans cette position, je ne sens même plus mes bras et la faim me tiraille… Avec mes bras attachés, j’ai bien trop de fierté pour accepter un repas de leur part. Nan mais vous imaginez ? Illuminación qui se fait nourrir à la cuillère par un flic ? L’alliance et Yoko mettent bien trop de temps à venir me sortir de là. Pourtant après tout ce qu’on a réussi à faire et mes exploits face à All Might, ils ne vont pas me laisser moisir ici non ?! Je ne sais pas comment ça s’est fini pour eux mais vu comment on avait affaibli All Might, il doivent être en vie… J’aimerais bien en savoir plus.
Soudain, alors que je réfléchi, la porte de ma cellule s’ouvre, m'éblouissant un instant alors qu’une voix familière m’agresse les oreilles :
“Salut la vermine ! On s’ennuie ?!”
Un sourire se dessine sur mon visage alors que je découvre la chevelure enflammée de Burnin. Enfin un peu d’action.
“Ouais. Tu viens te prendre une nouvelle raclée ?”
J’aime beaucoup son explosivité mais je dois faire un effort pour camoufler ma rage. Je meurs d’envie de lui sauter à la gueule pour me venger de ce qu’elle m’a fait. De son côté, l’héroïne hausse à peine un sourcil à ma remarque et sort un sachet en papier :
“J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour toi ! La mauvaise c’est que tu pars pour le Tartare dés maintenant !”
Le Tartare. Rien que le mot me fait grimacer. La prison dont personne ne s’échappe. Si je finis là-bas… J’y passerais la fin de ma vie. Pourquoi ils m’y emmènent si vite ?!
“Et la bonne, c’est que je t’ai acheté des croissants pour le trajet ! On m’a dit que t’as rien mangé depuis que t’es là !”
Ajoute-t-elle avec une pointe de sadisme. Je reste un instant silencieuse alors que je digère la nouvelle. Il n’y a rien que je puisse faire pour l’empêcher, je ne peux pas accepter cette situation, il faut que j’arrive à me tirer d’ici bordel !
“Détache-moi Burnin. Laisse-moi t'affronter à la loyale cette fois.”
Dis-je désespérément. Je ne sais plus quoi trouver, j'ai seulement envie de me barrer d'ici. Tout en m'ignorant, ma némésis se penche vers moi et me retire la muselière avec confiance.
"Héhé, je vais te…"
Sans me laisser finir ma phrase, Burnin m'enfonce un croissant dans la bouche.
"Ferme-la et mange. Ça me fera des vacances."
Quelle petite… ! Raah ! Je vais la massacrer ! Alors que je mange ma frustration, deux policier habillés en noir entrent dans la pièce et m'embarquent hors de ma cellule.
Après une petite marche escortée par Burnin et deux beaux costauds, ils m'emmènent jusqu'au parking et me font rentrer à l'arrière d'un fourgon. L'héroïne, bien décidée à ne pas me quitter des yeux, s'assoit à mes côtés alors que le véhicule démarre, m'emmenant direct vers le Tartare.
"Je vais finir par croire que t'es amoureuse."
Cependant, assise et menottée à l'arrière de ce fourgon blindé aux côtés d'une héroïne pro… Je fais de moins en moins la maligne. Comment vais-je me tirer de cette horrible situation ?
Sarah parcourait les couloirs de son agence avec une tête de trois pieds de long. Elle n'avait pas posée sa tête sur l'oreiller depuis une éternité et la fatigue commençait vraiment à la briser. Aegis intensifiait sa présence au Japon et, comme elle s'était pointée sur l'archipel avant tout le monde, elle se devait "d'arranger" les contours pour tout les services possibles et imaginables. Bien évidemment, pour lui faciliter les choses, une bonne partie des nouveaux effectifs ne parlaient pas un mot de japonais.
Takitama, secrétaire à l'agence, parlait Japonais, lui... D'ailleurs, pour le bien de Mindfeel, il le parlait certainement un peu trop.
"Comment ça avance pour les logements ?"
"Bien mais il faut absolument que..."
"Est ce que le partenariat avec Suzuki avance."
"Oui, mais il faut VRAIMENT que je vous parle de..."
Sarah se stoppa net. Non. Elle était déjà passé par là. Elle n'allait pas leur redire la même chose encore, et encore, et encore. Il allait bien falloir qu'il comprenne qu'elle n'était pas l'alpha et l'omega de l'intendance au bout d'un moment. Elle serra les poings, s'approcha de son bureau et en ouvrit la porte avec un coup de pied retourné un peu trop violent pour quelqu'un de civilisé. Elle avait vraiment besoin de se défouler sur quelque chose. Ou de dormir. Se défouler sur quelques chose ou dormir...
"Takiyama, sans vouloir vous VEXER j'ai déjà 10 000 trucs à faire en ce moment et la dernière réunion à montré le fait que ne pouvais pas gérer plus, je ne suis pas DU TOUT la bonne personne pour..."
"Hum..."
Sarah se figea sur place.
Idiote. Idiote idiote idiote. Elle était tellement préoccupée par sa petite gueulante qu'elle en avait oublié de regarder dans son bureau.
Son Alter, abruti par un sacré manque de sommeil, ne l'avait pas aidé non plus.
Le patron venait de la prendre la main dans une situation embarrassante, une fois de plus. Ça commençait à être une habitude.
"Vous n'avez pas changée d'un croc Major. Un mot en privé je vous prie."
Sarah releva les yeux. Son lézard de patron semblait retenir un petit ricanement, ou une envie de la décapiter pour dévorer son visage au choix. Il lisait tranquillement l'un des nombreux dossier de son cabinet "noir", celui qui s'autodétruisait en cas de tentative d'accès un peu trop violente, et avait l'air au minimum intéressé par ce qu'il y avait trouvé. Sarah arrivait à comprendre un minimum, même si son visage de reptile était dur à déchiffrer.
Il fallait dire que, en la matière, Psionic c'était une sacré triche.
"Vous savez ce que j'aime chez vous Mindfeel ? Vos dossiers. Toujours si propres... et si bien organisés."
Monsieur Aegis ne trouvait rien à redire, que ce soit sur le contenant ou le contenu. Sarah était une odieuse barbouze et, même si il ne lui dirait jamais en face, c'était un trait de caractère qui lui plaisait beaucoup. Lui aussi n'aimait pas les criminels... "récurrents."
"On y trouve des idées intéressantes, sur Velasquez notamment. Vous êtes comme votre père Major Lincoln. Jamais très loin des coups fourrés."
Le gigantesque Lézard tira la chaise de sa subordonnée vers l'arrière, une lueur malicieuse dans le regard. Il lui fit signe de s'asseoir, juste pour quelques minutes, le temps de mettre au clair deux ou trois choses. Après tout, pas mal de gens à Aegis commençait à dire que Mindfeel allait faire profil bas quelques temps... Pourquoi ? Et bien parce qu'elle avait besoin d'un congé payé après tout. Il fallait bien se qu'elle se remette de l'attaque de Musutafu ! Sarah, de son coté, se contentait de lever un sourcil. Elle connaissait bien le dossier que son patron feuilletait. Elle y avait passé un petit moment.
"Dites moi ma chère, quand comptez vous rattraper votre retard vis à vis des congés payés ?"
Quelque chose lui disait qu'elle allait avoir une prime de risque.
Rosa Velasquez n'allait rien comprendre à ce qui lui tomberait sur la gueule.
C'est du moins ce que Sarah ce serait dit si elle n'avait pas expulsée la mexicaine de son système nerveux. Cela pouvait paraitre paradoxal, elle était sur le point de l'assassiner après tout, mais, pour Mindfeel, ce genre de chose faisait parti du boulot. Quelle autre alternative pour une personne comme Velasquez ? Le Tartare, cette farce si typiquement Japonaise qui finirait par exploser un jour ? Hors de question. On ne pouvait pas laisser un membre des forces spéciales ennemies survivre en ce moment. Dans ces conditions. Velasquez était une fanatique incontrôlable. Elle n'avait aucune information à donner, aucun dialogue n'était possible avec sa tête de pioche, et elle serait plus qu'heureuse de mordre tout les êtres humains qu'elle croiserait jusqu'à son inévitable évasion. Aegis savait à quel point elle était volatile. Sarah, quand à elle, savait que, dans la psyché de Rosa, rien ne remplacerait jamais le meurtre. Velasquez n'était pas devenu ce qu'elle était par nécessité. Elle avait choisi de fuir sa classe moyenne natale pour jouir d'une vie sanglante. D'autres criminels pouvaient se reformer, redevenir des gens utiles, mais un profil comme celui là ne changeait jamais.
"60 seconds."
Mindfeel grogna. Elle sentait l'air frais lui passer au travers de la gorge. Il faisait beau, se déplacer sur les toits était agréable en cette fin de journée, mais ce décors de film allait vite disparaitre. L'action arrivait et, si tout se déroulait comme prévu, elle se dirigeait droit vers les égouts. La jeune femme soupira. Elle passa lentement sa main gantée sur sa cagoule avant de se stopper soudainement sur une paire de lunette de sky. Elle avait chaud, et pour cause : elle n'avait pas son costume héroïque aujourd'hui. Pour le remplacer elle portait une tenue noire, intégralement noire, qui avait cependant l'avantage de pouvoir être "retournée" pour laisser place à des habits civils plus réguliers. Elle avait un glock à la ceinture, un pistolet sédatif, une poignée de billes en acier dans une pochette tactique et un couteau de combat derrière la jambe. En clair, elle ressemblait bien plus à ceux qu'elle traquait la journée qu'à une héroïne en planque. Les trois hommes qui l'accompagnaient, Green, Red et Blue, tous indonésiens, tous mercenaires, portaient exactement la même tenue. Ils ne parlaient pas le japonais et, très franchement, c'était mieux comme ça. Ils n'étaient pas très bavards de toute façon.
"30 seconds."
Le plan était simple et, fort heureusement, il n'impliquait pas de se battre avec Burnin. Cette dernière était bien plus puissante que Sarah de toute façon, et elle n'était pas là pour se faire bouter le cul.
L'équipe allait attendre que le fourgon blindé s'arrête à l'inévitable feu rouge de la quinzième avenue. Ils allaient sauter du haut d'un immeuble, droit sur le toit du fourgon, et se servir des Alters de chacun pour récupérer Rosa. Blue, qui pouvait traverser et faire traverser la matière aux autres tant que l'on retenait sa respiration, ferait passer l'équipe dans l'habitacle arrière du fourgon. Green, qui pouvait annuler l'inertie lié aux chutes, ferait en sorte que personne ne se brise pas les jambes. Sarah s'occuperait d'empêcher Burnin de réagir tandis que Red se chargerait de délivrer Rosa si elle s'avérait branchée à un appareil complexe. Après on recommence : on se laisser glisser dans le sol jusqu'à atterrir en dessous de la route, dans les égouts, en plein milieu des eaux usées de la ville. Il y avait de l'espace en bas. C'était bien assez grand pour s'occuper de Rosa.
Dans l'idéal, les deux descentes ne devraient pas prendre plus de 30 secondes. Dans l'idéal Sarah ne blesserait personne de la profession.
Dans l'idéal, le problème Velasquez se terminait aujourd'hui.
"10 seconds."
"I'm ready."
"Same."
"Stay close to me, all of you."
Sarah prit une grande inspiration et laissa son Alter se développer autour d'elle. Presque inconsciemment les autres faisaient la même chose. La main de Red commença à chauffer, lentement, jusqu'à atteindre une température énorme. L'ambiance autour de Green semblait de plus en plus détendu, de plus légère. Blue, de son coté, se contentait d'ouvrir grand les paumes. On pouvait voir l'oxygène se tordre lentement entre ses mains. En bas le trafic se stabilisait, le plan commençait à sortir de la théorie pour prendre forme.
"Armored van at red light."
Ils étaient en dessous.
Le fourgon blindé était arrivé. Mindfeel n'avait même pas besoin de regarder, on n'oubliait jamais l'esprit de femmes comme Rosa ou Burnin. Elle dégaina son pistolet sédatif, inspira aussi fort que possible, et se bloqua.
"Drop."
Elle ferma les yeux et se jeta dans le vide.
Burnin n'eut pas le temps de dire un mot qu'une seringue se planta juste au dessus de son avant bras gauche. Elle tenta de se relever et de massacrer la femme qui venait de lui tirer dessus mais le sédatif ne lui laissa aucune chance. Son Alter se coupa brutalement et elle s'effondra sur la carlingue du van. Elle avait du mal à respirer. Cette saloperie ! Si elle avait pût parler elle aurait poussé un sacré juron. L'agence d'Endeavor l'avait formée à beaucoup de chose mais elle ne se serait jamais attendue à une attaque par le toit ! Enfin, si, elle s'y attendait complétement, mais elle n'aurait jamais imaginé que le toit resterait intact !
Red, de son coté, ne perdit pas une seconde. Il se jeta sur Rosa, les yeux complétement écarquillés derrière son masque de sky, et commença à "travailler" ce qui la retenait au mur avec son Alter. La chaleur qui exultait de sa paume était si puissante que le risque de brûler Iluminación au passage était un vrai paramètre à prendre en compte. Il n'en avait rien à foutre. Tout ce qu'il voulait c'était dessouder la criminelle et s'enfuir avec elle au plus vite. Elle allait mourir dans quelques minutes et, très franchement, après avoir vu l'état de Musutafu, ça ne le dérangeait pas plus que ça.
Il lui libéra une main, juste assez pour pouvoir accéder à son dos sans se préoccuper des dégâts qu'il ferait, avant de se stopper net. Sarah, qui venait de passer les menottes à Burnin, lui plaqua une carte d'accès sur l'épaule. Il l'attrapa avec sa main froide, la passa dans une fente à la gauche de Rosa, et laissa l'héroïne attraper son "paquet" humain qui se détacha brusquement du mur. Pas mal. Tout compte fait, la Latine n'avait qu'une seule main de libre. L'étape "numéro deux" allait être plus facile que prévu.
Il regarda sa cible droit dans les yeux et lui glissa une consigne. Ils n'avaient plus beaucoup de temps avant que le fourgon ne redémarre.
"We drop under. Breathe."
Et, juste comme ça, l'agence Aegis enleva Rosa Velasquez des griffes de ces geôliers pour l'exécuter dans une obscure galerie d'égout.
La tête basse, secouée par les mouvements du fourgon, je ne pense plus à grand-chose. Mes liens sont bien trop solides, les policiers peuvent m’emmener où ils le veulent sans que je ne puisse me battre, c’est la pire chose qui puisse m’arriver. Sûrement pour la première fois de ma vie, mes espoirs et mes doutes sont basés sur quelqu’un d’autre que moi-même : l’alliance. Vont-ils venir me sortir d’ici ? Sans hésiter j’aurais hurlé que oui mais aujourd’hui, j’ai peur. Ces longs jours enfermée m’ont totalement déstabilisée, je n’arrive plus à penser droit et mes certitudes se sont transformées en doutes. Yoko va venir me sauver, non ? Après tout, elle ne peut pas se passer de moi…
“Alors Velasquez ? T’arrives plus à garder la tête haute ?”
S’exclame Burnin avec vice, se réjouissant de me voir dans cet état. Un sourire se dessine sur mon visage alors que je lève la tête pour la regarder droit dans les yeux. C’est marrant mais ses piques me renforcent plus qu'elles ne m’abattent. Elles me font redevenir qui je suis sans ses chaînes, l’espace d’un instant.
“Si. Pour observer celle qui a pas les couilles de m’affronter.”
Réponds-je en me délectant de ses minuscules mimiques agacées. Burnin est vraiment rigolote. Si seulement je pouvais me libérer de ces chaînes et lui rabattre son caquet insolent… Ça serait le meilleur moment de ma vie.
“Je te rendrais visite dans dix ans, voir si tu fais toujours la fiè…”
Lorsqu’ils traversent le toit, je suis tout aussi surprise que Burnin. Trois mecs et une fille, tous cagoulés et habillés comme des gars des forces spéciales, débarquent dans le fourgon blindé et neutralisent Burnin en une demi-seconde sous mes yeux émerveillés. L’héroïne, touchée par une seringue, s’écroule sur le sol, immobilisée, ses yeux plantés sur moi alors qu’un des clandestins se jette sur mes chaînes pour les faire fondre. Ils… Ils sont là ! Je n’en ai jamais douté ! Ils viennent me sortir de là ! Mes poignets se mettent à brûler fortement mais je ne ressens presque pas la douleur tant je me régale du regard haineux de Burnin qui se fait menotter par celle qui semble être l’atout féminin du groupe.
“Héhéhé ! Hasta Luego chica !”
Lorsque le type devant moi me fait un signe, je comprends direct ce qu’il veut me dire et prend une grande inspiration puis, alors que je me grave une dernière fois dans la tête cette image de Burnin impuissante, nous traversons le sol du fourgon.
"Unravel !"
Posée sur le tableau de bord, la radio qui s'est soudainement mise à hurler a même fait sursauter l'héroïne assise à l'avant du fourgon blindé, pourtant prête à agir à tout instant. Elle n'a même pas le temps de répondre que Tengu enchaîne :
"Vous avez des intrus ! A l'arrière !"
"Quoi ?!"
Sans attendre, elle bondit hors du camion, sortant ses équipements, avant de courir vers l'arrière. Arrivée devant les portes, deux policiers se placent à ses côtés, pointant leurs armes vers l'intérieur. Unravel sort sa carte d'accès ouvre les portes prête à frapper et... Se retient de jurer quand elle découvre Burnin au sol, menotée, et surtout... Plus d'Illuminación. Elle sort sa radio et appuie sur l'emetteur :
"Tengu ! Où sont-ils, tu les vois ?"
"Oui... Juste sous vos pieds. Dans les égouts."
Elle se tourne vers l'un des policiers et ordonne :
"Préviens Huranobu ! Je veux des barrages aux plus de sorties possibles et une équipe avec moi pour les poursuivre d'en haut ! Elle active de nouveau son appareil. Tengu. Vers où se dirigent-ils ?!"
Le héros sentinelle, qui avait déjà commencé à bouger, reste silencieux un instant avant de répondre :
"Ils n'ont pas bougé. Pas du tout."
Une seconde plus tard, nous atterrissons dans les égouts de Tokyo où une douce odeur d’excréments nous accueille mais à cet instant, j’en ai pas grand chose à carrer !
Appréciant ma liberté retrouvée malgré les chaînes qui m’entravent encore en grande partie, je me relève à l’aide de ma seule main libre et pointe la fille du doigt :
“Surtout toi ! Oh, le regard que t’as lancé Burnin… Je payerais des milliers pour le revoir !”
Toujours silencieux et professionnels, mes sauveurs se relèvent en silence alors que je fixe la fille qui commence à retourner sa veste, montrant ses bras nus. Tiens d’ailleurs… Ces tatouages qu’elle a aux bras, je les ai pas déjà vu quelque part ? Impatiente d’oublier tout ça, je me tourne vers le gars qui m’a brûlée dans le fourgon :
“Aller ! Viens m’aider toi ! J’en peux plus de ces chaînes !”
Un sourire béat sur le visage, je regarde à peine les réactions de mes camarades tellement je suis soulagée : je suis libre !
“Héhéhé ! Dites c’est l’alliance qui vous envoie ou…”
Je me tais lorsqu’elle retire sa cagoule, révélant un visage plus que familier :
“Lincoln ? Qu’est-ce que tu fous...”
Un frisson glacé me parcourt les veines quand les tenus sombres des gars autour de moi me semblent soudainement plus familières. Aegis ?
“... Là ?”
Soudain, un bras se saisit de ma gorge, m’étouffant à moitié, et une lame vient s’y glisser à la vitesse de l’éclair. Mes réflexes me sauvent la vie. Mon coude libre s’écrase sans l’abdomen de l’agresseur que je fais basculer au-dessus de moi avec une force insoupçonnée, poussée par ma peur et mes tripes.
Ils ne vont quand même pas essayer de m’égorger comme un pourceau dans les égouts de Tokyo là quand même ? Reculant comme je peux malgré mes chevilles encore attachées, je met ma main devant moi, comme si ça allait me protéger d’Aegis. Un sourire presque nerveux sur le visage, j’essaye de capter le regard de ma Némésis :
“Héhéhé, tu viens te venger de moi Sarah c’est ça ? Viens m’affronter à la loyale cabrón !”
Les deux autres gus se jettent sur moi sans même se concerter. Je ne sais pas comment je m’en sors, mes talents martiaux naturels sûrement, mais j’arrive à faire basculer l’un et à écraser mon genou dans le menton du second. Derrière-moi, une opportunité de fuite s’ouvre. Je ne veux pas crever ici bordel ! Quelle lâche, je la pensais plus digne que ça ! Enragée et aveuglée par la détresse, je hurle :
“¡La próxima vez te mataré! Lo prometo !”
Avant de me retourner et d’essayer de m’enfuir, malgré les chaînes qui m'empêchent de courir correctement. Jamais Illuminación ne crèvera dans un égout.
Les trois indonésiens avaient grandement sous estimés leur proie.
Rosa Velasquez n'était pas une pauvre femme que l'on pouvait égorger par surprise. Sarah aurait même argumenté qu'elle n'était pas une femme pour ce que ça valait : Illuminación était un barbare, quelqu'un qui vivait pour voir le monde brûler, et elle n'allait certainement pas se laisser trainer vers la mort comme un bovin vers l'abattoir. Elle continuerait de résister tant qu'elle aurait de l'énergie, et si ça impliquait de se mouvoir comme un animal jusqu'à trouver une sortie elle n'allait pas se gêner. L'abandon ne faisait pas partie de son vocabulaire.
Fort heureusement pour les assassins, les égouts n'étaient pas l'endroit le plus lumineux de Tokyo. Autant dire que son Alter ne lui servait à rien et que sa tentative de fuite était on ne peut plus futile. Honorable, mais futile tout de même.
"Pelacur Kotor..."
Red n'appréciait pas la dextérité de Rosa à sa juste valeur. Tout ce qu'il voyait c'était quelque chose d'ennuyeux, une cible féminine qui venait de balancer son collègue par dessus son épaule comme si il ne pesait rien, et ça avait du mal à passer. Blue c'était à peine relevé que son collègue fonça, main brûlante en avant, avec la ferme intention de la lui coller là ou ça faisait mal. La latine voulait la jouer comme ça ? Pas de problème. Il n'avait aucun problème à la faire rôtir pour passer le temps, ce n'était pas comme si les terroristes avaient des droits de toute façon.
Red était un impatient. Il n'aimait pas quand les choses sortaient du plan.
Green, de son coté, était plus pragmatique. Il écarta les mains et relâcha soudainement son Alter. L'inertie de Rosa se stoppa nette et la jeune femme n'eut d'autre choix que de se figer sur place, comme paralysée par une force inconnu. Le mercenaire saisit sa chance. Il se jeta sur elle comme un buffle, la fit s'éclater tête la première sur le béton, lui coinça sa botte sur le dos et lui calla un bras dans le dos avec tout ce qu'il avait de force. La latine pouvait lutter mais ça ne servirait à rien. Il la tenait maintenant. Il jeta un coup d'œil à Red. Ce dernier propulsa sa main vers l'avant, Alter en vue, bien décidé à planter sa paume chauffée à blanc sur le visage de sa victime. Une mort horrible et efficace : tout ce qu'un membre de l'alliance méritait
"RED."
L'indonésien se figea sur place. La commanditaire n'était pas d'accord.
Sarah, désormais occupée à retourner son pantalon, lui jeta un regard noir. Elle n'aimait pas voir trois personnes entrainées s'acharner sur une victime de cette manière. Si ça continuait comme ça elle savait très bien comment ça allait finir, et c'était juste hors de question. Mindfeel était une tueuse professionnelle. Elle se posait des limites et elle les suivait. Faire souffrir les gens pour rien n'était pas DU TOUT son genre.
"Red, that's enough. I don't kill people that way"
L'homme baissa sa main. Il était déçu mais c'était elle qui décidait. Lincoln grogna, remonta son pantalon jusqu'à son caleçon se retint de cracher par terre. Parfait. Au revoir Mindfeel la barbouze, bonjour Sarah la civile. Elle était désormais habillée comme si rien ne s'était passé. Il allait tout de même falloir qu'elle "dispose" de son pistolet hypodermique mais elle ne s'en inquiétait pas pour l'instant. Elle était dans un centre de traitement : les opportunités pour se débarrasser d'un objet gênant se montreraient d'elle même. Restait que, si elle voulait conserver son avance, il valait mieux disposer de Rosa au plus vite. Elle n'avait plus de temps à perdre avec des enfantillages.
"Honnêtement Illuminación, c'est mieux comme ça. Tout le monde sait qu'une femme comme toi ne pourrait pas vivre dans une cage."
Mindfeel dégaina son couteau avant de se diriger vers "l'exécutoire improvisé". Elle n'avait pas besoin de se rappeler ou frapper pour tuer, elle avait l'habitude. Rosa ne sentirait pas grand chose. La mort serait moins rapide qu'avec une balle, et ça Sarah le regrettait, mais elle ne pouvait pas se permettre de tirer un coup de feu ici. Une balle c'était du bruit, un calibre et une preuve. Une lame c'était plus propre, et ça pouvait se montrer tout aussi rapide pour passer quelqu'un d'un monde à l'autre. Il suffisait juste d'avoir une cible qui ne bougeait pas trop et le reste se faisait tout seul.
Sarah était plutôt douée avec un couteau. Elle égorgeait des animaux depuis son enfance. Après des années de désensibilisation, un meurtrier de masse ne valait pas mieux qu'un mouton à ses yeux. Elle allait tuer Rosa, sortir manger un bout et retourner se coucher comme si de rien n'était. Pour elle c'était un jour comme un autre.
Ou du moins c'est ce qu'elle essayait de se dire.
"Montre moi son cou."
Blue, qui s'était relevé depuis un moment, passa devant Sarah avec un mouvement entendu. Il attrapa la crête de la latine et la tira violemment vers le haut. Rosa pouvait mordre, hurler et se débattre mais ça ne servait plus à rien. Elle était cuite. Plus rien ne pouvait la sauver maintenant.
Et, honnêtement, personne d'important n'en avait grand chose à faire.
Aparté :
Apa Apaan : "what the fuck" en Indonésien Pelacur Kotor : "sale chienne" en Indonésien
Sa vie criminelle devenait toujours plus improbable. Suite au départ temporaire de Venom Strike, ce nouveau rôle lui avait été attribué. Et le premier ordre de Shigaraki était de récupérer les membres perdus, privilégiant Iluminación. Ordre ou pas, c’était de toute façon la seule chose qu’elle avait en tête depuis qu’elle avait appris sa capture et elle n’aurait pas attendu qu’on lui demande d’agir. C’était donc à elle de choisir son équipe, et de mettre en place le plan. Deux de leurs alliés allaient bientôt être envoyés au tartare, et une fois là-bas il serait compliqué d’en sortir. En attendant, ils étaient beaucoup trop surveillés. Attaquer leur cellule temporaire était dangereux, il y avait un risque qu’un autre membre de l’Alliance soit perdu. Peut-être même que c’était ce qu’ils attendaient d’eux. Il fallait frapper durant la transition entre les deux cellules. Mais ils n’auraient pas droit à plusieurs chances.
Le jour du transfert était arrivé. L’équipe était de quatre personnes, officiellement. Organiser un gros raid sur la route en plein Hosu était compliqué, il fallait se limiter. Les quatre personnes avaient même été divisées en deux groupes dans un premier temps.
« Désolé de t’infliger ça, mais je ne vais pas forcément conduire à une vitesse raisonnable tout le long, et une illusion ne remplacera pas la sécurité. »
C’était impressionnant de constater toutes les inaptitudes quotidiennes de Banshee. La barre était déjà haute lors de leur rencontre, quand il semblait découvrir comment on utilisait des couverts. On pourrait vraiment croire qu’il était né dans une tribu primitive, dans un village perdu quelque part en montagne. Maintenant, il essayait d’enfiler un casque de moto. Se dire que des super-vilains craignaient les accidents de la route était terrible, mais Banshee était physiquement trop fragile pour prendre le risque de le laisser sur une moto avec comme seule protection un masque de panda. Thready avait presque peur qu’il s’envole. De son côté, elle entoura plusieurs fois son cou d’un châle beige -qu’elle avait récemment confectionné suite à une commande à La Forge-, et recouvra son kimono traditionnel par une veste en cuir bien particulière. Dans le dos était écrit « Los Cuervos », en-dessous d’un crâne vert et de quelques roses. Un cadeau de son amie qui l’avait sauvée, et qu’elle allait maintenant sauver à son tour. Elle enfonça son casque sur sa tête et enfourcha sa moto rosée.
« Accroche-toi bien à moi. Et je pèse mes mots. Accroche-toi vraiment bien à moi. Ce ne sera pas agréable, je m’en excuse d’avance. »
Puis elle ne tarda pas à démarrer, plein gaz. Elle empruntait un maximum de petites routes qui n’étaient pas vraiment pratiques quand on voulait aller vite, la forçant à adopter une conduite assez irrégulière. Passer par les routes les plus fréquentées était plus lent. Une moto pouvait se faufiler dans plus d’endroits, mais passer entre des voitures à un feu rouge aurait lancé beaucoup de suspicions dans cette situation où les forces de l’ordre s’attendaient sûrement à un assaut. Le but était de ne pas se faire repérer avant l’heure, et mettre en avant la prudence pour garantir la réussite. C’était son style à elle. En parlant de feu rouge, ils avaient fixé l’assaut à ce feu de la quinzième avenue. Il suffisait juste d’en parler pour que tout le monde comprenne de quel feu chiant il était question. Plus précisément, ce serait au moment où le véhicule redémarrerait. Une ruelle piétonne croisait cette route une cinquantaine de mètres plus loin, où attendait le second groupe. Le timing de l’attaque était plus facile à ajuster si le fourgon était arrêté un instant avant. Et l’attaquer quand il n’était pas à l’arrêt garantissait une meilleure réussite. Bref, un cours temps après un redémarrage semblait être une bonne option.
« Vous en êtes où ? demandait-elle par son oreillette. - On est déjà en place. - Hé, on arrive bientôt ? »
Thready, Banshee, Compress, Twice. C’était l’équipe de sauvetage qu’elle avait constitué. Les deux autres étaient donc déjà en place. Elle et Banshee arriveraient sous peu, au prochain croisement. Stationner était suspect également, la kunoichi avait donc calculé le trajet pour arriver pile quand Compress aura arrêté le convoi.
« C’est la merde ! Tout va bien ! s’exclama subitement Twice. - Quoi ? - Des individus viennent de se jeter d’un bâtiment pour arriver sur le convoi et… passer au travers ? »
Qui ça pouvait être ? Y’avait-il d’autres personnes qui voulaient la sauver ? C’était louche.
« J’arrive dans quelques seconds, dîtes-moi s… » - IL EST VIIIIIIIDE ! - Shhhhhhhh. - ILS ONT DIT ILS SONT DANS… »
Compress plaça une main sur la bouche de son acolyte.
« On va se faire repérer si tu hurles comme ça. Thready, apparemment ils ont traversé le sol pour arriver dans les égouts. Qu'est-ce qu'on fait ? - Les égouts ? »
Chaque jour était une surprise et révélait son lot de nouveautés. Il y a quelques mois, Ein mangeait et dormait pour la première fois et à présent, il était sur le point de grimper sur une moto. L’aspect théorique de ces gestes du quotidien était plus facile à appréhender quand c’était une chose que Kass avait déjà faite. Manger, Ein avait vu faire, il s’était donc contenté d’imiter. Dormir était plus difficile que cela en avait l’air mais restait faisable. Monter sur une moto ? Kass ne l’aurait probablement jamais fait de peur de se casser quelque chose mais lui devait passer par cette case.
Ein était méfiant et sans les évènements de Musutafu, il aurait peut-être refusé. Mais Compress serait là-bas et il y avait encore des choses qu’il avait besoin de tirer au clair. Alors difficile de revenir sur sa présence maintenant. Il allait devoir se reposer sur « elle ». Ein avait suffisamment entendu son nom pour le connaître, il avait simplement du mal à l’employer. Ses rapports fréquents étaient autrefois inexistants mais il manquait à présent d’options.
Toujours pas un grand bavard, Ein se laissait assister avant de grimper. Le casque s’avéra particulièrement coriace à mettre en place. Le maque gênait, la capuche obstruait sa vision et il y avait une sorte de lacet en dessous qu’il n’arrivait pas à défaire. Ce qui lui fit d’abord tendu sans beaucoup de questions devint donc très vite un point clé qu’il finit par céder à Thready, la laissant défaire le lacet, lui mettre le casque sur la tête et jusqu’à baisser la visière et sangler le tout. Elle réussit à trouver le problème là où Ein en l’aurait pas soupçonné, au moins pour la durée du trajet, il ne pouvait pas superposer masque et casque.
Puis vint le moment de monter sur le véhicule. S’asseoir n’était pas un problème mais visiblement les accroches qu’Ein avait sélectionné en posant ses deux mains sur les épaules de la dame ne furent pas satisfaisantes pour Thready qui les saisit pour replacer ses bras autour de sa taille. Ce qui s’avéra en effet plus pratique au moment où il prit réellement conscience de combien sa vie semblait en danger sur cet instrument. A chaque seconde. Elle n’avait pas menti, cela n’avait rien d’agréable et Ein redoutait déjà le retour qu’il aurait peut-être à subir sur ce même véhicule.
L’oreillette était inconfortable, mais c’était d’autant plus le cas quand une personne criait de l’autre côté, poussant Ein à secouer légèrement la tête comme s’il pouvait chasser l’inconvenance, tel un chien avec une otite . Comment Thready pouvait-elle conduire avec ça ? Il comprenait que les choses ne se déroulaient pas comme prévu mais difficile de suivre l’action quand son coeur était déjà bien accroché.
Kass parle en #000099 Ein parle en #990000 Les illusions sont en sans serif
J’ai à peine fait quelques mètres vers ma liberté qu’une force invisible me stoppe net et qu’un des hommes d’Aegis me rentre dedans et me plaque violemment au sol, coinçant mon seul bras libre dans mon dos et appuyant comme un malade pour m’écraser au sol. Sous le choc, ma respiration se coupe.
“Ghh.. Hijo de puta !”
Je vais le trucider. J’en meurs d’envie. Mais j’ai beau me débattre de toutes mes forces, sa prise est bien trop puissante, je peux seulement agiter inutilement mes jambes car il n’y a aucune source lumineuse à portée. Soudain, je sens la chaleur monter d’un coup et je vois du coin de l'œil l’homme qui a réussi à faire bouillir des chaînes avec sa main, s’apprêter à faire la même chose à mon visage. Une peur incontrôlable naît doucement au fond de mon cœur et mon sourire se déforme en un rictus enragé alors que je me débat de plus belle, tirant de toutes mes forces sur mes liens.
“Essaye seulement de toucher mon visage pendejo ! Je te massacre avec une seule main !”
"RED."
Mais la voix autoritaire de Sarah coupe soudainement ses ardeurs. Elle lui dit un truc en anglais et sa main s’éteint doucement sans que sa prise sur moi se relâche pour autant. Elle veut conserver mon visage intact, je la comprends, avec toutes ces aventures qu’on a vécues ensemble…
Je pose mes yeux sur l’américaine qui finissait tranquillement de se changer. Habillée d’un simple pull coloré, d’un jean et de rangers… Bordel c’est quoi ce style ? Elle veut me tuer dans cette tenue, vraiment ? Elle sort finalement un couteau et s’approche doucement de moi, son visage étant totalement inexpressif.
"Honnêtement Illuminación, c'est mieux comme ça. Tout le monde sait qu'une femme comme toi ne pourrait pas vivre dans une cage."
Un frisson me parcourt. Je vais pas la laisser en finir comme ça bordel ! Poussée par l’adrénaline, j’essaye de me débattre une nouvelle fois mais le soldat me rappelle à l’ordre, tordant mon bras sans pitié avant de me passer une nouvelle paire de menottes au poignet pour m'empêcher définitivement de lutter.
"Montre moi son cou."
“¡Vete a la mierda Sarah ! T’as pas les couilles de m’affronter ! Détache-moi, donne moi un couteau, viens te battre, je te défonce sans mon alter !”
Soudain, l’un de ses sbires tire violemment ma précieuse crête, relevant ma tête et exposant mon cou vulnérable à la lame de Sarah. Un sentiment de peur intense et instinctive me saisit le corps alors que mes dernières défenses sont brisées. Je ne peux plus rien faire, j’ai beau gigoter dans tous les sens ça ne sert à rien. Aegis. Ma mâchoire se serre.
“Sarah…”
Mes yeux s’humidifient alors que je vois la mort. Que je revois celle de Juan.
“Me tue pas comme ça…”
Je ne peux pas mourir comme ça, pas ici, pas dans ce couloir rempli de crasse et de rongeurs. Elle ne peux pas m’égorger et laisser mon cadavre à bouffer aux rats putain… Mais je vois bien que peut importe ce que je fais ou dit maintenant, rien ne l’empêchera de me tuer. Alors, je lui crache dessus et hurle de désespoir :
Le couteau s’approchait dangereusement du cou d’Iluminación, qui ne parvenait pas à se débattre.
Soudainement, un petit objet, de trois centimètres au plus, vola rapidement vers leur direction. Arrivé à leur niveau, il s’illumina et grandit d’abord verticalement, prenant progressivement une forme humaine… à l’envers.
« Enchantée. »
L’instant suivant, la figure pivota et Mindfeel put sentir un vilain pied dans sa figure pour la dégager, elle et son couteau. Theady se réceptionna sur le sol avec ses mains, avant de lancer un regard noir au type qui retenait la mexicaine. Elle plaça finalement ses pieds sur le sol et s’en servi comme appui pour bondir immédiatement vers ce gêneur et le frapper de son poing.
« Et merci pour le coup de main. »
C’était le cas de le dire. Ces brigands leur avaient bien facilité le travail. Affronter Burnin n’aurait pas été simple.
Thready et Banshee arrivaient au point de rendez-vous. Plusieurs personnes entouraient le convoi. Certains commençaient à chercher la plaque d’égout la plus proche. Ils devaient être plus rapide, et ils avaient exactement ce qu’il fallait.
« Compress j’ai besoin de toi pour prendre le raccourci. Twice, Banshee, gênez-les. Vous avez juste à vous assurer qu’ils ne rejoignent pas les égouts. Exposez-vous le moins possible, il y a une héroïne plus forte que vous dans le véhicule. Le but n’est pas d’échanger l’un de vous contre Iluminación, vous devez tous vous en sortir. - Compris ! Tu peux répéter ? »
Les illusions de Banshee et les clones de Twice étaient des possibilités qui ne devraient pas les mettre trop en danger. Si jamais il le fallait, Compress les fera disparaitre avec un de ses tours de magie. Mais pour l’heure, c’était à Yoko de disparaître dans l’une de ces billes, avant d’entrer par une grille d’évacuation.
« Mais tu es… »
Une fois sa partenaire dégagée, Theady prêta davantage d’attention aux personnes présentes, reconnaissant l’une des figures. Une tête dont elle avait entendu parler très récemment. Elle fronça les sourcils.
« Mindfeel ? »
Une héroïne parmi ceux qui avaient affronté All for One. Ou du moins, prétendue héroïne. Ce qu’il se passait était presque trop intéressant pour être vrai.
« Donc si je comprends bien, tu as mis des bâtons dans les roues des héros pour pouvoir toi-même exécuter en douce une criminelle. Pas très joli Aegis. »
Dommage, elle n’avait pas un bon statut pour utiliser cette découverte contre eux.
« Par défaut, je n’ai rien contre les héros, mais vous êtes ceux du type que je déteste le plus. »
En réalité, Yoko se disait bien que c’était sûrement une question de principe. Ils devaient sûrement se dire que la fin justifiait les moyens. Avant d’être criminelle, tuer ne lui a jamais semblé être une possibilité pour un héros. Au pire ça pouvait arriver par erreur. Mais des missions d’assassinat en attaquant un convoi de prisonnier ? Aegis venait à peine d’être accueilli sur le territoire japonais qu’ils se croyaient déjà chez eux. Elle n’avait pas encore adressé un mot à Iluminación. Pour elle, les vraies retrouvailles attendront la fin de la mision. La kunoichi dégaina deux kunaïs et se mit en position, fixant ces vigilants avec sérieux, et prête à tirer sur le premier qui se montrera hostile.
Mindfeel passa son gant sur sa lèvre. Elle s'était mordue à l'intérieur de la bouche, le choc du coup de pied avait été instantané. Comment ? Comment Kotsuki avait-elle fait pour... Black Mist ?
Black Mist.
Bien évidemment que c'était Black Mist.
Tout faisait sens maintenant. Le transporteur de l'alliance était connu pour ce genre de coup d'éclats, et il n'allait pas se priver de prendre avantage de la situation. Malin comme tempo... Les rats de Shigaraki avaient dû surveiller le transport de loin en espérant que quelque chose se produirait et, par un moyen inconnu, ils avaient compris. L'alliance avait remarqué que Rosa disparaissait au feu rouge ou, pire encore, il était au courant à l'avance. Tout ce qu'il leur restait à faire, c'était parasiter.
"Intéressant."
Sarah ouvrit son étui. Une sphère de métal s'en extirpa avec une rapidité surnaturelle, juste assez vite pour planer au-dessus de sa paume d'une manière on ne pouvait plus menaçante. L'héroïne n'avait plus l'avantage, la situation n'allait pas dans le bon sens. Une traître aux cheveux rose avait dégagé Rosa de la prise des indonésiens, ce qui les empêchait d'en finir rapidement. Personne n'avait de fenêtre de tir clair, la gorge de la cible n'était plus exposée. Avec le recul, c'était une excellente chose d'avoir stoppé Red. Si Yoko avait débarqué en plein milieu du barbecue, les conséquences auraient été ingérables... Rosa Velasquez, terroriste tueuse d'enfant, serait devenue la première martyre de l'alliance des vilains. Dans 50 ans, des connards en auraient imprimé des T-shirt.
Hors de question de transformer cette exécution loupée en symbole.
"Tu es bien placée pour savoir que l'héroïsme n'existe pas Thready. Derrières nos costumes il y a des flics et des soldats."
Les indonésiens n'avaient pas dit un mot. Ils tournaient autour de Yoko, Alters à la main, tout en jetant des coups d'œil vers les angles morts. Black Mist était ici, il fallait surveiller ses arrières. Sarah, quant à elle, n'avait pas l'intention de salir les mains. Psionic était en éveil, elle ne se ferait plus prendre par surprise. De plus, elle avait d'autres priorités. Elle voulait tuer Rosa aujourd'hui, et ce n'était pas négociable.
Avec un peu de chance elle ferait d'une pierre deux coups.
"Moi je suis un soldat."
Sarah cligna des yeux. Sa sphère de métal déchira l'oxygène et fusa vers Yoko avec une force exceptionnelle : elle était prête à détruire, prête à tuer. Objectif ? Transpercer la cible deux fois avec un petit aller et retour avant de traverser le crâne de Rosa, qui se traînait toujours comme une larve sur le sol. Les indonésiens, qui n'attendaient que ça pour agir, prirent également leur chance de finir le boulot. Red balança son poing surchauffé vers Yoko tandis que Blue, couteau à la main, se jeta sur Rosa. Green, de son côté, recula. Quelque chose n’allait pas. Il s'attendait à une nouvelle arrivée de Black Mist et, contrairement à ses camarades, il le sentait mal. Cette mission allait mal tourner. Ils n'arriveraient jamais à tuer les deux femmes dans les temps.
Quelqu'un allait payer pour ce retard, et quelque chose lui disait que ce serait lui.
Décidément. C’était presque en trébuchant et les pieds pas tout à fait sur terre qu’Ein était descendu de la moto, cherchant pendant quelques secondes à enlever ce casque qui obstruait à présent sa vision, l’empêchant de correctement visualiser la situation. Situation qui déraillait déjà. Ils devaient agir vite et même Twice qui sembla pourtant rencontrer un puissant conflit intérieur au moment de le voir se débattre du renoncer à l’aider manuellement. Dans ce chaos complet, on pouvait tout de même entendre la voix de Twice poluer les ondes.
« Non, pas comme ça. Enfin si mais… non !… » S’en suivait une lourde détonation, rencontre fortuite entre un véhicule en stationnement et un projectile lourd d’origine vague. « Y’a un petit bidule sur lequel tu peux appuyer. Recule ! » Une bouche d’égouts raclait le sol, percutant une vitrine. « Ça devrait faire un clip, ou un clic, tic, plic ? » Le vacarme résonnait de plus belle, jusqu’à ce que finalement résonne une chose bien rare à entendre, la voix d’Ein, froide et peut-être agacée. « Je ferais avec »« Tu peux le faire, je crois en toi ! »
Ein renonçait. Lutter contre cette chose lui avait déjà pris trop de temps. Il ne voulait pas reproduire son dernier combat et nuire une fois de plus. Il était étrangement plus soucieux de son équipe cette fois. Et c’est donc le casque de moto vissé sur la tête qu’il rejoint la confrontation. En face, les effectifs s’étaient tant organisés que divisés. Il y avait clairement une faille dans la défense des vilains et c’était ce type au casque tournant en rond depuis tout à l’heure.
Les plus faibles contre le plus vulnérable semblait raisonnable. Jusqu’au moment où les premières lances ensanglantés jaillirent du sol, trahissant l’identité du membre de l’Alliance qu’il restait à identifier.
La madame dangereuse ariiive !
Kass parle en #000099 Ein parle en #990000 Les illusions sont en sans serif
Merde, merde, merde. Les yeux embués et rivés sur la main de Sarah, je l’observe approcher lentement de ma gorge, sans que rien ne puisse empêcher sa lame de répandre mon sang sur le sol dégueulasse des égouts sur lequel je suis allongée. Je tente de lutter, de mettre des coups de pieds, mais la prise du hijo de puta sur mon dos ne s’en fait que plus solide et douloureuse, il n’y a pas de lumière, ma lumière n’est pas là pour me sortir de cette situation désespérée, je n’arrive juste pas à comprendre ce qu’il est en train de m’arriver. Je n’arrive pas à comprendre que j’ai perdu, que je vais crever ici, au milieu des rats, tuée par ma pire ennemie.
“¡Te mataré, Putaaa!”
Un flash m’éblouit subitement alors que ma vision se coupe subitement. C’est la lumière blanche ? Ça y est je suis morte ? Je suis pas censée voir ma vie défiler devant mes yeux un truc dans le genre ? Où est Juan ? Il a dit qu’il m'attendait de l’autre côté. Est-ce qu’il voudra de moi ? Je ne l’ai pas vengé.
Un instant s’écoule. Quand soudain la voix de Thready me sort de mes pensées. Mes yeux s’ouvrent, laissant mes larmes couler sur mes joues, et je découvre la jouissive vision de ma meilleure amie, en train d'asséner un kick majestueux dans la sale face de Mindfeel au ralenti. Lorsque je comprends que je suis encore envie, cette seconde devient la meilleure de toute ma vie.
L’ancienne héroïne, vêtue de sa veste Los Cuervos se retourne et, dans une acrobatie pleine de classe et une violente droite, dégage à son tour le gars qui me maintenait au sol. L’immense poids sur mon dos s’envole et je reprends ma respiration alors que ma coéquipière se place entre mon assassine et moi, bien décidée à ne pas la laisser me toucher. Elle est vraiment trop badass. Putain, j’ai toujours su que je méritais un sauvetage au moins aussi stylé, mais le fait que ce soit elle qui vienne à ma rescousse le rend encore plus délicieux.
Cependant, Mindfeel ne me laisse pas le temps d’en placer une et passe à l’attaque. L’américaine est douée en maths et a vite compris que l’avantage du nombre était de son côté, d’autant plus que je suis encore enchaînée et sans alter… Ce qui nous amène à un combat à une et demi contre quatre. Ni une ni deux, ma némesis et le pendego à la mano de fuego fondent sur elle alors qu’un des autres sbires d’Aegis sort un couteau et se jette sur moi.
Malheureusement pour eux, même attachée, je reste Illuminación. Peu importe comment elle m'a trouvé, pourquoi elle est là ou même si on peut gagner ensemble… Mais Thready vient de me donner une fenêtre de survie, et je vais m’y engouffrer corps et âme !
Esquivant la lame de justesse dans une roulade un peu ridicule, je me redresse avec agilité et me met sur mes deux jambes à la seule force de mes abdos, reboostée en adrénaline.
“Toi et moi hermana… Personne peut nous battre.”
Mon regard se pose dans celui du soldat, qui semble flancher un instant devant mon sourire confiant. Mon visage a beau être encore mouillé par mes larmes, je n’ai jamais eu autant envie d’en découdre que maintenant. On pourrait croire que c’est moi qui suis en position de force sérieux ! Finalement, voyant que sa boss ne lâche pas le morceau, mon adversaire s’élance de nouveau, couteau en avant.
Il est rapide, mais pas autant que moi. Esquivant son arme, je me penche en avant pour contre-attaquer, mais ma cheville est immédiatement bloquée par mes liens et je trébuche maladroitement. Ravalant un juron, je me laisse finalement tomber en avant et le heurte avec mon épaule en plein dans l’estomac ! L’homme est plié en deux par le choc et nous tombons ensemble pour rouler sur le sol.
Profitant du chaos et de notre proximité, je passe mes jambes au-dessus de sa tête et enroule la chaîne autour de son cou en une fraction de seconde.
“¡ Muere Pendejo !”
Il me répond avec un gargouillis alors je resserre la prise de toutes mes forces, coupant l’arrivée de sang avec violence. Malheureusement, j’ai beau réussir à maîtriser son bras tenant le couteau, je n’arrive pas à le lui faire lâcher et il s’en saisit avec son autre main et me le plante dans la cuisse, m'arrachant un grognement de douleur.
Malheureusement pour lui, cela ne fait que renforcer ma haine et, me redressant pour l’écraser de tout mon poids, je resserre ma prise et appuie sur sa nuque de toutes mes forces :
“Raaaah !”
*CRAC*
Alors que tous ses muscles se relâchent subitement, je lui crache dessus. Ça, c’est pour mes cheveux ! Je me tourne alors vers Thready pour vérifier qu’elle s’en sort, même si elle est extrêmement douée, elle se bat contre deux adversaires à la fois, et Mindfeel n’est pas aussi nulle que ses sbires. Cependant, difficile de l’aider dans mon état. Surtout que je suis encore emmêlée avec le cadavre de l’autre con. Mais même si je ne peux pas me battre...
“Hé mano de fuego !”
...Je peux quand même l’aider à ma façon.
“J’viens de buter ton pote, on va pouvoir régler nos comptes maintenant !”
Je n’ai pas oublié ce qu’il a voulu faire à mon visage lui… Et si ma distraction peut donner un peu de marge de manœuvre à Thready, c’est encore mieux.
Elle se souvenait toujours du sourire de Lucciano après cette trahison. Elle se demandait parfois si elle avait fait le bon choix en rejoignant l’Alliance. Si, malgré le fait que seule cette main ait été tendue, elle aurait dû la prendre.
Et des fois, elle tombait sur des déchets héroïques qui lui donnaient raison, qui lui expliquaient qu’elle n’avait pas juste eu « pas de chance » et qu’il y avait un réel problème. Mindfeel était bien ce que Yoko haïssait, et confirmait qu’il y avait des choses à briser. Était-ce naïf ? Peut-être. En tout cas en tant qu’étudiante héroïque, ce n’était pas les valeurs en quoi elle croyait. Elle n’en revenait toujours pas que les héros américains, qui avaient été acceptés en grand nombre sur le territoire, étaient en train de mettre des bâtons dans les roues du système japonais pour mener des missions selon les lois qu’ils voulaient. Ils avaient de la chance de tomber sur d’autres criminels et non face à certaines autorités.
Une grosse bille de métal flottait devant la pseudo-héroïne. Thready avait entendu parler de cet alter télékinésique. Elle dégaina deux kunaïs, et, lorsque la sphère fut envoyée, elle la frappa avec précision pour l’arrêter. Au même moment, elle reçut un coup brûlant sur le côté. Elle teint le coup jusqu’à l’arrêt de la sphère, puis se dégagea en retenant un cri de douleur. Au fur et à mesure que les centièmes de seconde passaient, elle ressentait de plus en plus l’atroce chaleur qui lui avait été infligées. Elle allait y porter une main instinctivement, mais la retira encore plus instinctivement pour éviter de la brûler également.
« Eh bien vous êtes venue la fleur au fusil », lança-t-elle sans insister davantage.
Elle essaya de se redresser et sortit une petite bille qu’elle laissa tomber par terre.
« Libère-le. »
Une oreillette lui permettait de garder le contact avec ses partenaires. Au-dessus du goudron, Mister Compress reçut le message et claqua des doigts, libérant le contenu. Apparut alors une créature quadrupède, habillée uniquement d’une cravate autour de son cou. Un cerveau ressortait du crâne ainsi qu’une multitude de cristaux étaient regroupés sur son dos. C’était le dernier qu’ils avaient encore, sobrement surnommé « Petit Nomu ». Ses cristaux se mirent à briller, éclairant les égouts d’une énergie lumineuse. Iluminación avait probablement les batteries vides, et il était difficilement envisageable de la libérer dans ces conditions. Elles livreront bien plus facilement ce combat en étant deux. Ou plutôt trois, une Rosa Velasquez enragée pouvant compter pour deux.
Thready n’avait aucune idée de l’identité des gaillards qui accompagnaient Mindfeel, mais s’ils étaient là, c’étaient qu’ils approuvaient le plan. Elle pointa un kunaï vers le rouge et utilisa son alter pour relâcher le ressort, le laissant partir comme une flèche.
![Tigre enjaulado [Ft. Sarah - Yoko - Ein] 1520632428-k0jw](https://2img.net/image.noelshack.com/fichiers/2018/10/5/1520632428-k0jw.jpg)