[STAGE] Blood is thicker than water [Shrimp Knight & Curly Locks]

La discussion entre les étudiantes était aussi plate et creuse qu’elle était embarrassante, et même les assauts du vent ne parvenaient pas à refroidir les joues brûlantes de la brune. Aslinn semblait plus sûre d’elle, et même confiante, mais les yeux de crevette d’Iku pouvaient bien voir la température de son visage qui montait. C’était gênant, c’était angoissant, c’était… C’était…

C’était trop. La japonaise n’écoutait même plus ce que lui disait son amie. Elle s’était perdue dans ses pensées, et dans un choc qui avait mis bien trop de temps à arriver. Cette situation ne pouvait plus durer, il fallait y faire quelque chose. Il fallait qu’elle se décide et qu’elle donne une réponse ferme aux sentiments de sa camarade, quitte à se blesser ou la blesser. Un choc dur et sec serait toujours mieux que la tension nulle qui les empêchait d’agir normalement en présence l’une de l’autre. Cette opération leur donnerait une distraction parfaite pour ne pas penser à tout ça, puis Iku prendrait le week-end pour arriver à une conclusion. Il le fallait.

Ce fil de réflexion fut interrompu quand un cahot particulièrement violent manqua de la balancer hors du coffre, par-dessus la rambarde, et en plein sur la route. La brune déploya instinctivement les jambes pour caler ses genoux dans ce qu’elle pouvait, ses bras se crispèrent, et ses phalanges devinrent blanches alors qu’elle écrasait la rambarde de son poing. Heureusement, elle avait été assez rapide et le plus grave avait été évité. Il ne restait que son coeur, qui avait cessé de battre un instant et cherchait désormais à se rattraper ; et la casquette de Curly Locks, partie à l’intérieur et rivée sur le crâne de leur maîtresse de stage. Le couvre-chef n’était clairement pas fait pour elle, il était écrasé entre ses hautes oreilles et tenait difficilement. Plus grave encore, Aslinn se retrouvait désormais sans rien pour empêcher son épaisse toison de lui envahir le visage, la bouche, et le nez. Alors, après un instant d’hésitation, Iku fit glisser sa propre casquette le long de ses antennes puis vint la poser sur la tête de son amie, en s'assurant de bien capturer ses cheveux.

“T…Tiens…”

Aussitôt, ses propres cheveux noirs se mirent à danser contre sa figure, mais ils étaient plus droits et plus souples, elle put facilement les attraper et les coincer dans son dos, dans un repli de l’armure.

“Ma casquette a des trous pour les antennes, donc il faudra me la rendre, mais en attendant tu en as plus besoin que moi, alors, euh, ben, voila…”

Cela ne l’aiderait pas à se décider. Pas plus que la réaction de Mirko, sur le siège juste devant, qui leva ostensiblement les yeux au ciel avant de se mettre à rire.

“Les jeunes, franchement !”

“On arrive.”

Les étudiantes n’eurent donc pas le temps de répondre à leur aînée, qui sautait déjà du véhicule alors qu’il n’avait pas fini de s’immobiliser. Pourtant, la voiture était bien arrivée. Devant eux s’étendaient quelques places de parking, publiques mais payantes, puis la côte et un port avec quelques navires amarrés. Ce n’était pas le plus gros ponton de la ville, ce qui était parfaitement adapté à l’embarcation plus modeste qui leur avait été décrite.

Mirko s’éloigna rapidement de la voiture, et Aslinn la suivit presque aussi vite. Le temps que l’étudiante japonaise arrive à s’extraire du coffre, une tâche rendue compliquée par son armure encombrante, elle se retrouva seule avec la lieutenant. Elle la suivit donc sans trop réfléchir quand elle s’approcha d’une borne pour payer le parking. Sur le chemin, Iku réalisé qu’elle avait un peu trop compté sur sa casquette pour tenir ses cheveux et n’avait rien prévu d’autre ce jour-là, elle savait pourtant que les cheveux longs ne se prêtaient pas vraiment à l’action. Les mèches soulevées par le vent marin venaient se mettre dans son visage, ou se coincer dans les articulations de l’armure. Alors, timidement, elle attrapa la manche de la policière pour attirer son attention.

“Euh, excusez-moi, est-ce que vous auriez… enfin… Un truc pour mes cheveux ?”

Haruka dévisagea l’étudiante un instant. Puis elle détacha la paire de menottes de sa ceinture pour la lui tendre. Et enfin, quand elle réalisa que sa plaisanterie ne rencontrait qu’une incompréhension gênée, elle rangea les menottes et passa trois serflex à Iku à la place. La brune en empocha deux et utilisa le dernier pour se faire une unique queue de cheval vers l’arrière du crâne. Elle tombait presque immédiatement en une cascade noire qui rebondissait sur l’épais col de son armure, mais au moins elle n’avait plus de mèches flottantes dans les yeux.

Un instant plus tard, elles avaient rejoint Mirko et Curly Locks devant les quais. L’étudiante regardait la mer alors que leur maitresse de stage s’approchait des embarcations. L’inspectrice en profita pour leur indiquer quel navire serait le leur, une vedette comme on pouvait en voir dans des films. Le pont principal était composé d’une petite pièce à vivre avec un mini-bar et un canapé pour trois personnes qui s’ouvrait sur l’arrière, ouvert aux éléments, avec deux sièges supplémentaires et deux échelles pour descendre dans l’eau. Une coursive d’un peu moins d’un mètre de large faisait le tour de l’avant, et la bar était installée sur le toit, sous un auvent repliable. La ligne de flottaison devait se trouver à un mètre sous le pont, ce qui était bien peu pour les séparer de l’océan. La moindre vague un peu forte, le moindre remou trop violent, et elles pouvaient passer par dessus bord. L’idée fit frissonner Shrimp Knight.

“Preums !”

Sans surprise, Mirko fut la première à bord. Un seul bond lui suffit à rejoindre les commandes, et elle entreprit aussitôt de démarrer le bateau. Haruka s’avança plutôt sur une passerelle avant d’escalader une échelle et de rejoindre l’héroïne. Parce qu’elle, au moins, savait comment piloter une vedette de ce style. Iku s’avança en troisième puis s’immobilisa quand elle entendit un claquement sec derrière elle. Un seul regard en arrière lui révéla les joues rougies par le choc de sa camarade, et elle haussa un sourcil.

“Ça… Ça va ?”

Aslinn affirma qu’elle allait bien. La brune se contenta de hausser le sourcil encore un peu plus haut et d’accepter qu’elle ne savait pas bien ce qui s’était passé dans sa tête. Elle n’allait pas insister, elle n’avait pas vraiment envie d’insister. Le commentaire sur ses cheveux n’aida pas. Iku rougit de nouveau et baissa le regard en bafouillant alors que sa main droite venait se placer contre son bras, là où Aslinn venait de la toucher.

“Mm… merci…”

Elle n’avait pas vraiment l’habitude de ce genre de compliments, et les sentiments compliqués qu’elle ressentait pour son amie ne l’aidaient pas à savoir comment réagir. C’était gênant, quoique pas si désagréable. Peut-être qu’elle pourrait se recoiffer comme ça, à l’occasion. Avec un miroir, pour voir à quoi elle ressemblait et faire ça proprement.

Elle secoua la tête pour se ressaisir puis redressa le dos. Le moment était mal choisi pour penser à ça, mais c’était plus fort qu’elle. Elle n’était pas très concentrée, et un rien suffisait à ce qu’elle s’immobilise et se perde dans ses pensées. Ce moment de distraction avait suffi pour qu’elle se retrouve en queue de file et soit la dernière à monter. Alors, avant qu’on lui fasse la remarque qu’elle retardait leur départ~

“Qu’est-ce que tu fous, Shrimp Knight, on t’attend !”

Trop tard. Ça, c’était gênant et désagréable. L’étudiante rentra la tête dans son gorgerin et s’avança d’un pas rapide. La proximité d’autant d’eau ne la mettait pas très à l’aise, elle n’avait jamais pris le bateau et cherchait même plutôt à l’éviter, mais elle avait déjà trop traîné. Donc malgré la pression dans sa poitrine quand elle posa le pied sur la planche, elle ne ralentit pas et ne s’arrêta pas jusqu’à avoir rejoint sa camarade devant le canapé. Puis là, toujours tendue, elle se laissa tomber d’un coup sec sur la banquette et vint serrer les mains sur les cuirasses qui couvraient ses genoux. Son regard était fixe, droit devant, pour ne pas trop observer l’étendue d’eau infinie qui s’étendait par-dessus le bastingage - et ne pas non plus dévisager Aslinn, assise à côté. Avec un peu de chance, quand l’action commencerait, elle aurait l’esprit trop occupé pour avoir peur de tomber. Et en attendant~

“Et on est parties !”

Elle pouvait attendre dans le calme, ça c’était dans ses cordes. Heureusement, alors que le bateau se mit à vibrer et que le quai commença à s’éloigner, les remous du navire ne lui causèrent aucun nouveau haut le cœur. La sensation était nouvelle, il lui faudrait du temps pour s’habituer, mais pas de mal de mer à l’horizon.

La brune était si intensément plongée dans sa concentration studieuse et crispée que la voix d’Aslinn suffit à la faire sursauter. Sans bouger le reste de son corps, et surtout sans déplacer ses bras, Iku tourna lentement la tête pour faire face à sa camarade. Heureusement, l’irlandaise avait raison. Pas besoin d’attendre l’action, sa tension du moment occupait assez son esprit pour qu’aucune idée gênante ne lui vienne. Tant que rien ne venait les imposer à son esprit.

“Ça… va. A peu près.”

Elle accompagna ses propos en hochant lentement la tête. Pas trop vite. Son regard était toujours perdu dans le vague, mais une fois sa tête de nouveau immobile, elle se força à la regarder pour continuer la discussion.

“J’ai juste pas l’habitude. C’est la première fois que je suis sur un bateau, c’est bizarre comme sensation. Ça ne bouge pas comme dans un bus ou une voiture. Et…”

Elle détacha lentement la main de son genou gauche et pointa un doigt vers son front. Plus précisément vers la base d’une de ses antennes. Battues par le vent, elles venaient frotter contre ses cheveux et se mélanger à la masse sombre qui flottait derrière son crâne.

“... Elles n’aident pas. A cette vitesse, elles captent tellement de choses que je n’y comprends rien, ça fait un peu mal au crâne.”

Sans compter que la contradiction avec ce que lui envoyait son oreille interne menaçait son équilibre. Si elle se dressait, elle n’était pas certaine de rester debout sans trébucher. Et il y avait aussi la peur lancinante de tomber, se faire avaler par l’immensité bleue, et disparaître sous les flots. L’étudiante ne pouvait pas laisser passer cette chance de faire ses preuves devant la meilleure héroïne du Japon, ou de la voir en action et d’apprendre. Mais quand une véritable gêne physique s’ajoutait à ses phobies, tous ses efforts de volonté ne pouvaient plus suffire à garder bonne figure.

Malgré tout, elle serra le poing et dressa le pouce pour signifier qu’elle allait bien.

“Mais c’est bon. J’irais mieux quand on ralentira, donc je serais d’attaque. Et pour le reste, promis, on en parle une fois pour toute quand on en aura fini avec cette opération, d’accord ?”

Il était temps d’arrêter de s’esquiver comme ça, elles ne se faisaient pas du bien.

Malgré la gêne, Iku vit bien que Aslinn voulait lui dire quelque chose. Qu’elle aurait voulu en dire plus, sans doute par rapport à l’après. Mais entre l’arrivée soudaine de leur maitresse de stage et la reprise du “travail”, elle ne prit pas le temps d’y réfléchir. Elle se contenta de hocher la tête puis de s’accroupir, une main toujours fermement posée sur la banquette.

“A vos ordres…”

Son armure aux couleurs vives disparut derrière la rambarde, cachée par le dossier du canapé et une grosse glacière à sa droite. Les deux étudiantes étaient recroquevillées, presque collées au sol, en attendant de pouvoir passer à l’action. L’attente était rendue plus intense encore par l’imminence du moment fatidique, par leur position inconfortable, et par les remous du navire.

Plusieurs minutes s’écoulèrent sans que les occupantes du navire n’échangent un mot. Seul le ronronnement du moteur et le fracas des vagues fendues par la coque repoussait un silence pesant. Mirko se tenait droite sur le pont mais un bonnet rabattait ses oreilles derrière son crâne, où elles se mêlaient à ses cheveux ; et un épais manteau de marin cachait son costume comme sa musculature. De loin, elle pouvait ressembler à un passager comme les autres ; et ce déguisement attirerait sans doute moins l’attention qu’un navire vide.

L’héroïne commença à taper un rythme avec son pied, et même à siffloter la mélodie. Malgré la longue attente, l’anticipation mettait un large sourire sur son visage. Shrimp Knight ne pouvait s’empêcher de l’observer, faute d’autre chose à faire. Ou de dévisager son amie et d’échanger avec elle des mimiques rigolotes. Elle n’osait pas trop dire quoi que ce soit, pour ne pas risquer d’être interrompue en pleine phrase. Et elle ne voulait pas non plus se risquer à lever sa tête et risquer de se faire voir.

“Navire repéré, je ralentis !”

La policière dut crier pour se faire entendre depuis le gouvernail, et retomba dans le mutisme aussitôt. Comme elle l’avait annoncé, le navire commença à perdre de la vitesse doucement. Le vent qui battait leur oreilles et secouait leurs cheveux diminua en force, de même que les soubresauts du navire. Le malaise de l’étudiante crevette se calma également, sans s'apaiser totalement. Le ronronnement du moteur se calma jusqu’au silence. De son poste d’observation, à l’avant, Mirko agita un bras vers une destination invisible aux étudiantes. La brune n’arrivait pas à savoir si elle voulait saluer quelqu’un ou appeler à l’aide. Mais qu’importe son intention, la mascarade fonctionna. Un nouveau bruit mécanique, plus fort que celui de leur moteur, s’approcha en se mêlant au son de l’eau ; et son arrivée causa de nouveaux remous. L’autre bateau devait être gros, une impression d’abord confirmée par les antennes de l’étudiante - enfin capables de percevoir les alentours, maintenant qu’elles ne fendaient plus l’air à toute vitesse - puis par son ombre qui vint recouvrir le pont. L’aspirante en armure se recroquevilla encore un peu plus, pour être certaine d’être cachée.

“Salut, du bateau !”

“Salut, ma p’tite dame ! Alors, il y a un soucis avec votre yacht ?”

A l’accent exagéré de l’héroïne, forcé jusqu’à la parodie, répondit la voix distante et forte d’un homme. Son japonais était très correct mais il ne pouvait dissimuler un accent étranger. Sans doute chinois, ou coréen - le vent et les vagues n’aidaient pas pour le définir.

“Ouais, c’est notre GPS qui…”

“J’ai la confirmation, ce sont bien eux.”

“C’est parti !”

L’héroïne abandonna son accent, son déguisement et son calme en un instant. Le manteau resta sur place quand elle bondit, et toucha le pont au moment où un bruit d’impact retentissait sur l’autre navire, accompagné par un gémissement misérable. C’était ce que les étudiantes pouvaient espérer de plus proche d’un signal.

Shrimp Knight se redressa et sauta à son tour, propulsée par un claquement de pince. En face, le navire ressemblait plus à un bateau de pêche qu’à un yacht de plaisance. Long de près de trente mètres, et haut de deux au niveau du pont, il les dominait aisément. Une grosse cabine dépassait à l’arrière, et derrière encore une paire de bras soulevaient des filets. Avant de retomber, l’étudiante put voir une dizaine de personnes sur le pont, dont plusieurs déjà mises hors-service par Mirko. Les autres se remettaient à peine de leur surprise et se préparaient à se défendre tandis qu’une seconde vague surgissait des entrailles de métal, attirés par le vacarme.

Puis sa massive pince percuta l’épaule d’un trafiquant, l’étudiante se posa sur son torse pour se réceptionner sur le pont, et elle se lança dans l’action.

L’étudiante brune eut à peine le temps de se redresser que déjà, un des criminels à bord se jetait sur elle. Un simple mouvement de tête suffit pour que sa lame, un gros couteau de poissonnier, vienne riper contre son épaulière. Elle répondit par un direct du droit dans le ventre de son adversaire, suivi d’un claquement de la même pince à bout portant.

“Double Shrimpact !”

Son corps inconscient vola sur quelques mètres puis glissa jusqu’à la balustrade qui encadrait le navire. Si elle envoyait des criminels inconscients par-dessus bord, ça serait du meurtre. Elle avait intérêt à faire attention. Mais avant qu’elle ne puisse réfléchir à une façon de se battre sans envoyer valdinguer ses adversaires, un nouveau coup de couteau fusa vers sa nuque. Le frétillement de ses antennes la prévint juste à temps et elle roula en avant avant de se retourner et de claquer sa pince gauche par réflexe.

“Snap Blast !”

Par chance, son adversaire du moment fut propulsé vers l’intérieur du navire et s’écrasa sur l’imposante structure centrale, aux côtés d’une dizaine d’autres corps inconscients. Juste à côté, entre les deux étudiantes, la puissante Mirko s’en donnait à cœur joie et mettait les criminels au tapis à toute vitesse, presque aussi vite que les renforts ne surgissaient de la cave. Shrimp Knight se redressa et bondit elle aussi vers le vilain le plus proche. Si elle laissait l’héroïne tout faire, sans s’être donnée à fond, elle se sentirait ridicule. Et elle aurait l’impression d’avoir gâché son stage.

D’un coup d’épaule sec, elle expédia le vilain le plus proche au tapis. Ses deux voisins se tournèrent d’un même geste dans sa direction et brandirent leurs couteaux. Une lame siffla vers son visage alors que la seconde filait vers sa cuisse. Appui pied droit, pivot de la cheville, elle présenta son flanc armuré et dressa le bras gauche comme un bouclier. Avant même d’entendre l’impact des lames, son bras gauche se replia contre son ventre, paume vers ses adversaires. Puis elle décolla le pied gauche du sol et se laissa pousser en arrière par l’impact. Ce petit mètre de distance était tout ce dont elle avait besoin. Sa pince claqua, l’onde de choc souffla entre les vilains, et leurs corps partirent en arrière dans un tourbillon de membres désordonnés.

C’est alors qu’elle se préparait à poursuivre un nouvel adversaire qu’elle réalisa quelque chose. A force de voir sur tant de spectres de couleurs, et de se baser sur ses antennes, elle en perdait de vue le plus simple. Tous les vilains qu’elle affrontait, depuis qu’elle était sur le pont, brandissaient le même couteau de poissonnier. Ils portaient la même veste cirée jaune, le même pantalon gris sale, la même tignasse noire. Le même visage. Sauf un, qui se tenait à l’écart avec un air satisfait, et levait désormais la main.

“Eh m… Snap cannon !”

Elle se jeta à genoux, la pince droit devant elle comme un fusil de précision. Mais le temps que le ciment emplisse le creux de sa pince, un simple claquement de doigt résonna au milieu du combat. Alors, tous les vilains vaincus se dressèrent comme un seul homme. Ou plus exactement, leurs corps se dressèrent, comme tirés vers le haut par une force invisible. Vers le haut, puis vers l’endroit exact du corps de leurs adversaire qui les avait touchés et mis à terre. Plusieurs dizaines de corps qui volaient comme des projectiles à tête chercheuse, inconscients et inexorables.

L’étudiante japonaise s’en sortit bien. Sans le savoir, ses blasts l’avaient protégée du pire. Un seul corps se rua sur elle avant de s’enrouler contre son bras droit. C’était un poids supplémentaire, mais rien qu’elle ne pouvait gérer. Contrairement à leur maîtresse de stage, qui était désormais empêtrée dans une sphère de membres entremêlés, si vaste et dense que l'héroïne lagomorphe disparaissait complètement. Et tandis qu’elle était piégée dans cette prison de chair, toujours plus de clones grimpaient de la cale.