L'énigme des méandres de l'esprit [Pv Kass]

"Alors, donc..."

Je finissais de relire pour la énième fois le message envoyé par ce cher Alucard il y a de cela quelques jours. L’Alliance avait, à nouveau, besoin de mes services. Et pas pour l’entretien de leurs équipements respectifs, non. Il s’agissait d’un tout nouveau client : leur camarade le plus récemment arrivé au sein de leur petit groupe.

Banshee.

J’aimais bien. Un nom élégant, qui inspirait la peur. Banshee, le spectre annonciateur de la mort ! C’était, très franchement, bien mieux que "Alucard". Plus intellectuel. Moins mignon que "Thready" toutefois, mais venait un moment dans la vie d’un super-criminel où un choix devait être fait. On ne pouvait pas tout exprimer dans un seul patronyme. De toute façon, les noms vraiment parfaits étaient déjà pris, chez les héros comme chez les vilains (ils sont au nombre de 3 : Moonfish, Sir Nighteye et, bien sûr, All Might).

Banshee, donc, était, selon Alucard, un client particulier, potentiellement difficile, mais qui avait toutefois bel et bien besoin de mes services. Ayant fabriqué des équipements pour Cool Gorilla, j’estimais qu’il était impossible que Banshee me pose plus de problèmes que le macaque. De toute façon, cette fois-ci, j’avais préparé le terrain moi-même. Pas de sable en perspective, en somme, ce qui faisait déjà de cette rencontre une réussite.

J’avais arrangé la rencontre dans l’une de mes bases de Yokohama. Une penthouse minable, construite de façon complètement illégale, juste au-dessus du "Rêve du Corbeau", un bar-cabaret fort apprécié des truands en tous genre. L’endroit était utilisé par des trafiquants de drogue, dans le temps, un sacré ménage a été nécessaire. Mais à présent, c’était un "chez-moi" relativement correct. Avec une seule prise, et donc une seule multiprise (très mauvaise idée les multiprises en cascade), le confort était un peu limité. Mais le radiateur électrique et la bouilloire à eux seuls me suffisaient pour rencontrer mes clients. J’avais changé les ampoules et passé un bon coup de plumeau partout. C’était encore vaguement glauque, mais il y avait un canapé en cuir pour les clients, un fauteuil confortable pour moi, et une large table basse sur laquelle je pouvais étaler tous les croquis que je voulais. Dans le fond, derrière deux petites portes, on avait même des commodités et un futon.

Quel horrible endroit, en fin de compte. J’avais été obligée d’y dormir une fois, c’était une fois de trop. Néanmoins, la zone principale faisait son office pour ce qui était d’accueillir mes clients. Oserais-je dire que c’était même au-delà des standards de la plupart des groupes de super-criminels du monde que d’avoir du thé qui les attendait à leur arrivée ?

Oui, j’ose.

J’étais donc assisse dans le fauteuil, la bouilloire et deux tasses posées devant moi sur la table. J’étais face à la porte, bien évidemment. Ne me restait plus qu’à attendre que Banshee vienne frapper à ma porte. Deux coups faibles, une pause, deux autres coups faibles. C’était le signal que j’avais demandé au vampire de transmettre à mon estimé client du jour.

J’espérais qu’il n’était quand même pas trop bizarre.

Un rendez-vous ? Ou plutôt un entretient. Même en ayant reçu les instructions, Ein ne s'était pas vraiment interrogé sur la question. De ce qu'il avait retenu, son passage auprès de cette prestataire pourrait lui donner des avantages et un certain confort au moment de se battre ou ailleurs. Il n'avait pas été question de remettre ce fait en doute. Le vampire n'avait aucune raison de lui mentir à ce sujet. A cet instant, ils partageaient des intérêts. Aller dans son sens était donc normal et n'ayant pas grande expérience en la matière il était prêt à suivre ses conseils.

Cela dit, il restait sceptique. Ein ne voyait pas ce qu'on pourrait lui offrir de plus que ce qu'il avait déjà. Des accessoires ? Il ne s'était jamais posé la question, en avait encore moins imaginés. Pourquoi faire ? Il ne manquait pas d'efficacité, n'en avait jamais eu besoin et n'avait donc pas d'attentes et que son temps à perdre.

Se déplacer en ville n'était pas totalement anodin pour Ein même si de manière générale ce n'était jamais pour une visite de courtoisie. Il se faisait donc discret, évitant le côté visible et spectaculaire de sa tenue de service, se contentant de l'apparence de Kass, une capuche sur la tête et un un regard rasant le sol. Cela pouvait paraître mineur mais à observer Kass, Ein avait bien compris que ce genre de comportement n'attirait pas les regards. Il était commun de ne pas se préoccuper de ce genre de profil, voir de les éviter. Il n'y avait que les idiots naïfs pour se s'inquiéter de ceux-là.

Même s'il travaillait maintenant pour l'alliance, Ein n'avait rien perdu de son mépris du monde et devoir passer devant un cabaret pour se rendre au lieu convenu n'avait rien de réjouissant. Ces gens s'amusant, parlant trop fort, vivant trop fort et lui donnant une soudaine envie de calme. Enfin devant la porte, il entendait encore les échos de ce qui se passait plus bas. Les choses commençaient mal. Ne pouvait-il pas y avoir un endroit plus calme ? 

Il n'avait pas le moindre doute sur sa destination, bien moins hésitant que Kass, il toqua deux fois, doucement. Puis marqua une pause avant de recommencer, suivant les instructions qui lui avaient étés données. Sous sa capuche, il arborait déjà de nouveau son masque. Il y avait bien une idée de préserver son identité mais aussi de sauvegarder le mode de vie de Kass. Qu'il ne soit en rien lié à ça et le meilleure moyen de le faire était d'empêcher que ce visage soit affilié à Ein.

Bien sur, il n'avait pas à se soucier d'inquiéter la personne qu'il devait visiter. Elle avait du être prévenue et faire ce genre d'efforts n'était aucunement dans sa nature. Venant d'un profane, ouvrir une porte sur un homme d'un mètre quatre-vingt encapuchonné, le visage masqué et le corps parfaitement immobile aurait pu donner des visions de film d'horreur. C'est comme ça ?

Toc toc. Toc toc.

Un sourire charmeur s’installa sur mon visage. Il y resta fermement accroché lorsque l’individu entra. Il était plutôt grand, vêtu très simplement. Il semblait plus attaché à la préservation de son identité secrète que…

Disons 80 % de mes clients. On pouvait reprocher beaucoup de choses à Iluminación, mais cette petite frappadingue était difficilement reconnaissable une fois ses tatouages retirés et ses cheveux aplatis. Ce n’était pas le cas de Thready, Alucard, Na-, Cool Gorilla, et tant d’autres. Les super-vilains du monde moderne opéraient à visage découvert ! Pas lui, toutefois, et en cela je me sentais proche de lui.

Un problème, toutefois : il allait être compliqué de prendre le thé.

"Bonsoir, Banshee. Prends donc place."

D’un geste de la main, j’indiquais le canapé en face de moi. Juste devant ce dernier, posée sur la table, se trouvait l’une de mes cartes de visite. Ou plutôt un petit tas de cartes de visite. Libre à notre spectre-panda d’en prendre plusieurs. Plus il y en avait en circulation, mieux je me portais, après tout.

Spectre-panda. Maintenant que j’y réfléchissais, il y avait un petit souci de look chez Banshee. J’osais espérer qu’il n’était pas en… Tenue complète, mais quelque chose dans un coin de mon esprit me disait que, si, il était bel et bien habillé pour aller sur le terrain, là. Mon intervention était vraiment nécessaire. J’avais réussi à rendre l’autre ahuri de l’Alliance un tant soit peu intimidant avec son casque, j’allais faire de même pour Banshee.

"Je ne sais pas à quel point tu as été briefé, alors voilà : je suis la Forge, créatrice d’équipements sur-mesure pour vous autres super-vilains. Je fais dans les armes, les costumes, les commodités diverses… Le tout adapté à ton Alter et ton budget."

Enfin, pour ce dernier point, je n’avais pas de soucis à me faire. Je ne savais pas qui dans l’Alliance avait accès à des fonds illimités, mais je l’en remerciais bien fort.

"La première question, donc, Banshee. Est-ce que tu veux du thé ?"

Je poussais vers lui la bouilloire remplie d’eau chaude et une tasse. Au milieu de la table basse se trouvait une boîte remplie de divers sachets, organisés par type de thé.

"Et la deuxième question, peut-être un peu plus une demande. Explique-moi ton Alter."

Ne passons pas par quatre chemins.

Ne pas porter son "costume", était inhabituel pour Ein, même lorsque ce dernier portait le masque de panda, c'était pour les caméras de surveillance comme recommandé par le vampire. Ironiquement, ne pas montrer son personnage était donc bien moins instinctif, bien moins naturel. La porte s'ouvrant face à lui, il restait impassible face à... la "forge" ?

"Bonsoir, Banshee. Prends donc place."

Encore ce nom, un nom auquel il ne s'était jamais identifié mais qui semblait le désigner du fait d'un consensus général. Il allait jusqu'à en ignorer l'origine. La presse l'avait nommé de la sorte mais ni Ein, ni Kass ne s'intéressaient à l'actualité. Il n'était pas dans ses habitudes de corriger quelque chose de futile. S'ils voulaient l'appeler ainsi, ils n'avaient qu'à le faire.

Il entra d'un pas lent, examinant tout de même brièvement la pièce avant de prendre place sur le canapé, parfaitement droit, ses deux mains posées sur ses cuisses avec le naturel d'un cadavre. Bien évidemment, il ne prenait pas de carte de visite, qu'aurait-il fait d'un bout de papier ?

Au premier regard, il n'avait rien à dire de cette femme. Elle n'était pas horriblement difforme, avait l'air plus ou moins humaine et c'était un bon début. Il n'allait pas juger du reste, ça lui était parfaitement égal tant que cette entrevue restait utile.

"Je ne sais pas à quel point tu as été briefé, alors voilà : je suis la Forge, créatrice d’équipements sur-mesure pour vous autres super-vilains. Je fais dans les armes, les costumes, les commodités diverses… Le tout adapté à ton Alter et ton budget."

Les mondanités n'étaient pas dans ses cordes. Ne serait-ce que les conventions sociales les plus basiques avaient encore du mal à s'imposer pour l'entité qui jusqu'à assez récemment n'avait encore jamais eu à discuter et n'appréciait toujours pas de se prêter à l'exercice. Ce genre d'effort n'apporterait de toute manière rien. Mais cela ne l'empêchait aucunement de retenir les différentes informations. Il savait qu'elle créait des accessoires mais entre armes et costume, il estimait n'avoir besoin d'aucune de ces choses.

"La première question, donc, Banshee. Est-ce que tu veux du thé ?"

Avait-il sincèrement l'air d'être venu pour boire du thé ? Le masque d'Ein s'orientait légèrement vers la tasse et la bouilloire, analysant les deux. Il indiquait donc mine de rien qu'en dépit de son absence de réaction, il l'entendait et comprenait. Non, il n'avait visiblement pas immédiatement compris que l'une d'entre elles lui était destinée. Le thé n'était que de l'eau avec des plantes, rien de vital et il n'était pas venu pour cela. Il se contentait donc de répondre de sa voix altérée à l'oreille humaine par son alter.

Non.

Peut-être un jour parviendrait-on lui faire le formuler plus poliment ce genre de réponse mais ce jour n'était pas encore venu. Il respectait les étapes nécessaires et était prêt à donner du sien pour que cette entrevue donne des résultats. Il ne ferait rien de futile pour autant et le choix lui ayant été donné, il se permettait de refuser. Le reste de son corps demeurait immobile.

"Et la deuxième question, peut-être un peu plus une demande. Explique-moi ton Alter."

Le plus absurde ? Ein n'imaginait pas qu'en venant ici on lui poserait immédiatement une colle. Car elle était bien là. Il avait beau utiliser son alter plutôt naturellement, il y avait un monde entre l'utiliser et le comprendre et son silence de quelques instants dut bien rendre compte d'un problème ? L'alter faisait référence à ce qui faisait de lui quelque chose d'inhumain. Ce devait donc être ce qu'un humain ne pouvait pas faire. Il ne réalisait pas combien cette réponse pouvait être insatisfaisante. Elle lui paraissait à la hauteur.

"Je m'en sers pour tuer."

"Je m'en sers pour tuer."

Je servis mon meilleur sourire à Banshee. Celui où on voit un peu mes dents blanches encadrées par mes lèvres carmines et où mes yeux semblent rire eux aussi.

J’aimerais parfois être capable de défenestrer mes clients.

Mais je ne devais rien en laisser paraître. L’Alliance comptait sur moi ! Je devais honorer leur confiance et faire quelque chose de ce… Tas humain. Fort impoli, au passage. Je n’aimais pas DU TOUT qu’il torde sa voix ainsi. C'était vraiment angoissant.

Mais je devais aller au rythme de ce déséquilibré. En douceur, sans chercher à entrer en conflit avec lui.

"Tuer, hein ? Je vois, peut-être que la piste de l’Alter pourra être explorée plus tard. En attendant, on peut se pencher sur le reste."

J’étalais une feuille de papier à dessin sur la table basse, décalant soigneusement le thé et mes cartes de visite (le rustre n’ayant touché ni à ni, ni à l’autre) et pointais mon client du bout d’un crayon sorti de ma manche.

"J’ai soulevé un gros souci par rapport à ton arsenal actuel."

Au-delà du fait qu’il soit inexistant, j’entendais. Je levais un index.

"Ta tenue. Tu intimides, mais ton surnom fait plus peur que ta tenue. C’est mauvais. Dans le milieu, on doit être aussi impressionnant que son pseudo, ou au contraire l’être plus. Tu ne peux pas te laisser dépasser par ton titre, par ta propre image."

Je rétractais mon doigt. J’avais besoin d’exemples concrets pour appuyer mes propos.

"Thready, c’est mignon comme nom, et c’est pour ça que la petite fait peur. Elle le dépasse, le rend inquiétant. Personne n’ira dire que All Might ne mérite pas son pseudo. Lui et son titre sont au même niveau. Avoir une bonne image, c’est déjà remporter une partie du combat."

Je désignais son accoutrement dans sa globalité, d’un geste ample de la main.

"Tu es surpassé par ton pseudonyme, Banshee. Tu dois changer ça, et pour ce faire, tu dois changer de look. Tu n’es pas obligé d’adopter un "super-costume" au sens propre du terme, mais tu dois mettre en valeur ton identité. Tes camarades l’ont bien compris. Même le jeune garçon aux cheveux bleus."

J’osais espérer qu’en mettant brièvement Na- l’ahuri au-dessus de lui, j’allais remuer quelque chose en lui, ajouter du poids à mon argumentaire.

J’espérais aussi qu’il n’allait pas faire éclater mon crâne avec un pouvoir psychique quelconque. Mais en attendant, je ne pouvais qu’essayer de jauger ses réactions. S’il daignait m’accorder quoi que ce soit.

Ce n'est pas non plus comme si Ein avait un jour rencontré un alterologue. Son alter n'avait même pas été observée par un médecin il n'était donc pas forcément évident de son point de vue de poser des mots sur ce qu'il faisait. Il faudrait lui suggérer d'avantage pour qu'il développe les aspects un à un et de façon surprenante, cela risquait bien d'arriver.

"Tuer, hein ? Je vois, peut-être que la piste de l’Alter pourra être explorée plus tard. En attendant, on peut se pencher sur le reste."

Ein ne tenait pas compte du fait que la question de son anomalie soit écartée aussi rapidement. Pourtant les mots de la femme suggéraient que ce n'était pas car il avait répondu à sa question comme elle l'attendait. Et sur l'instant, il n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle ne précisait pas simplement sa demande au lieu de la détourner. Ein était une sorte d'enfant qui finissait par se convaincre que finalement la première question ne devait pas être si importante que cela. Il attendait donc la seconde.

"J’ai soulevé un gros souci par rapport à ton arsenal actuel."

Manque de chance, ce n'était pas une question mais une constatation et Ein pencha légèrement la tête en signe d'incompréhension. Elle parlait d'arsenal mais il n'en avait pas. Il n'avait pas même une arme à feu caché dans ses poches. Alors de quoi parlait-elle ? Mais cette maigre incompréhension était totalement mineure face à la suivante.

"Ta tenue. Tu intimides, mais ton surnom fait plus peur que ta tenue. C’est mauvais. Dans le milieu, on doit être aussi impressionnant que son pseudo, ou au contraire l’être plus. Tu ne peux pas te laisser dépasser par ton titre, par ta propre image."

Intimider ? Pourquoi devait-il intimider ? Etait-ce une nécessité liée à sa coopération avec le vampire, la femme bavarde et les autres ? Il fallait faire peur ? Il n'avait jamais entendu parler de cela et il n'avait jamais non plus entendu une plainte à ce sujet. Et forcément, sur l'instant, Ein s'observa sans grande discrétion, décollant enfin ses mains de ses cuisses pour regarder son sweat troué. Son but n'était pas d'effrayer et il se fichait bien de ce nom et de sa réputation. Il se contentait d'objectifs à remplir.

"Thready, c’est mignon comme nom, et c’est pour ça que la petite fait peur. Elle le dépasse, le rend inquiétant. Personne n’ira dire que All Might ne mérite pas son pseudo. Lui et son titre sont au même niveau. Avoir une bonne image, c’est déjà remporter une partie du combat."

Thready, c'était le nom de la femme bavarde qu'il avait rencontrée quelques temps après le vampire. Elle ne lui faisait pourtant pas peur. Difficile pour une entité ne ressentant tout simplement pas cette émotion bien que l'imposant. Ah, All Might, il connaissait ce nom. Bon sang, et lui qui pensait que Thready était une femme bavarde, il n'avait encore rien vu. Rien de tout cela n'avait l'air nécessaire. Mais remporter un combat lui parlait déjà d'avantage. Même s'il mettait légèrement en doute l'impact qu'une apparence puisse avoir sur un combat. Il reposait ses mains sur ses cuisses.

"Tu es surpassé par ton pseudonyme, Banshee. Tu dois changer ça, et pour ce faire, tu dois changer de look. Tu n’es pas obligé d’adopter un "super-costume" au sens propre du terme, mais tu dois mettre en valeur ton identité. Tes camarades l’ont bien compris. Même le jeune garçon aux cheveux bleus."

Ein suivait cette fois son doigt du regard. Il ne pouvait donc pas ressembler à ça. Mais de toute façon il ne ressemblait pas à "ça". Cette apparence était plutôt celle de Kass même s'il portait un masque et une capuche, il ne faudrait pas qu'ils puissent être confondus. Et puisqu'elle semblait insister sur la question, Ein franchit le pas. De toute manière, c'était plus confortable pour lui.

A peine la Forge arrivée au bout de sa phrase, l'apparence d'Ein se brouilla comme le signal d'une vieille télé, jusqu'à complètement modifier son apparence. Il n'y avait plus de sweat mais un homme en costume au masque blanc qui n'avait rien à envier au précédent. Ses cheveux devenus bleus flottant faiblement au gré d'un courant d'air imaginaire. Une cravate, des chaussures élégantes, comme si le vieux pull n'avait jamais été là. Sa voix restait identique, un mélange de plusieurs.

"Comme ça ?"

Il n'avait jamais vu ses victimes se plaindre de son apparence.

Dur à dire avec ce masque mais… Il semblait réagir, un tant soit peu, quand je parlais de combat. Pas étonnant. L’un des premiers mots qu’il m’a servi était "tuer". Est-ce que je devais laisser tomber ma façade ? Ne serait-ce qu’un peu ? Parler avec des mots plus simples, aller à l’essentiel. Oui, c’était probablement une bonne idée et…

C’est à ce moment qu’il a changé d’apparence. Du tout au tout. Mais qu’est-ce que c’était que ce pataquès ? Le bonhomme était un métamorphe ? C’était une illusion ? Après avoir eu un léger mouvement de recul, je lui posais une question toute simple.

"Je peux ?"

Sans attendre la réponse monosyllabique à la question dont le sens était bien sûr évident, je me penchais au-dessus de la table et touchais sa cravate. Je la sentais, à travers le cuir de mon gant. Je me rassit et prit une seconde pour réfléchir. La voix altérée, les vêtements qui changeaient mais restaient tangibles, cette brise… Rapidement, je sortis mon téléphone portable et ouvrit l’appareil photo pour prendre un cliché du bonhomme. Le résultat s’affichant sur la caméra me donna envie de vomir.

Ce rat d’égout touchait à mon cerveau. De façon très directe. Je fus prise d’un vertige, mais me ressaisit. C’était une bonne chose. Je devais passer outre mon malaise et penser à l’essentiel : j’avais une idée globale de son super-pouvoir, désormais.

Je pris une gorgée de thé non-infusé, plus communément appelé eau chaude.

"Hum, je comprends mieux comment ton Alter fonctionne. C’est parfait. Donc, si je comprends bien, si tu n’es pas là pour influer sur la perception de l’observateur, tu es plus ou moins normal. Banshee, nous vivons dans un monde où des caméras se trouvent à tous les coins de rue. Si tu veux protéger ton identité, tu ne peux pas te contenter de ça. Ta voix mentale ne passera pas outre des enregistreurs classiques."

Mon air était soudainement devenu très sérieux. J’avais un semblant de contrôle sur la conversation, désormais. Je comprenais ce que faisait ce dingue, et ça changeait tout.

"Tu as besoin d’un modificateur de voix. Un mécanique. Ça ne t’empêchera pas de tordre en plus ta voix avec ton Alter, mais au moins tu ne seras pas pris au dépourvu par les enregistrements. Je peux même l’intégrer à ton masque, ça ne se verra même pas."

Je pointais du doigt le masque illusoire… Et le masque véritable par la même occasion, je suppose. Ça m’énervait.

"En parlant de ton masque, cette apparence est très bien ! Mais c’est idiot d’utiliser ton Alter pour te la procurer."

Tout en parlant, je croquais l’accoutrement présenté face à moi sur la feuille de papier.

"Il y a des pros qui peuvent annuler les Alters d’autrui d’un regard, tu sais. Si tu es victime d’une faculté de ce genre et que tu perds ton apparence factice pour devenir… Moins impressionnant, alors l’adversaire sera pris d’un regain de confiance. Et sera plus déterminé à te vaincre."

"Vaincre", bon mot ça, bravo ma jolie. Reste simple.

"Je te propose de te faire un vrai costume. Comme ton illusion, ou un peu différent si tu veux que j’apporte des modifications. Mais j’imagine que si tu choisis de projeter ça, c’est que c’est le modèle parfait à tes yeux. Franchement, c’est très bon, esthétiquement parlant."

Il ne fallait pas oublier que le client était roi, toutefois. Je levais les yeux de la feuille, après avoir fini de croquer le costume, et m’adressait à l’individu illusoire devant moi, aussi directement que faire se peut.

"Tu es d’accord ?"

"Je peux ?"

Peut quoi ? Ein n'eut pas le temps de poser la question que la forge bougeait et s'approchait. Il n'était pas particulièrement suspicieux mais il ne lui faisait pas non plus confiance, en particulier quand il avait vu ce crayon lui sortir de la manche, oui, ça ne lui avait pas échappé et l'entité était à la limite de l'animal, montrant les crocs au cas ou, pour écarter un possible danger.

Ces crocs, c'était une de ces lances dont il avait dérobé la création au vampire. Une lance aux couleurs sanguines quittant doucement le canapé en restant à trente bons centimètres, s'immobilisant au moment de comprendre qu'elle voulait... toucher ses habits ? C'est ce qu'elle demandait ? Ein la laissait manipuler sa cravate et la lance retournait se terrer dans le canapé avant de disparaître quand elle reprit ses distances. Il n'était pas ignorant de ses faiblesses.

Il n'était pas non plus ignare au point de ne pas savoir quand on prenait une photo de lui avec un téléphone, heureusement. Il savait quel serait le résultat, ne comprenant donc pas nécessairement l'intérêt de le faire.

"Hum, je comprends mieux comment ton Alter fonctionne. C’est parfait. Donc, si je comprends bien, si tu n’es pas là pour influer sur la perception de l’observateur, tu es plus ou moins normal. Banshee, nous vivons dans un monde où des caméras se trouvent à tous les coins de rue. Si tu veux protéger ton identité, tu ne peux pas te contenter de ça. Ta voix mentale ne passera pas outre des enregistreurs classiques."

C'était donc ce qu'elle cherchait ? Voir comment son alter fonctionnait ? C'était donc le retour à la première question ? Ein saisissait ce qu'elle entendait par le fait que sa voix soit enregistrée mais ne s'en préoccupait pas vraiment. Elle n'avait peut-être pas réalisée qu'il n'était pas du genre "bavard". Mais il était vrai qu'avec son implication dans le groupement, il devait communiquer d'avantage qu'avant. L'auparavant revenant au néant.

"Tu as besoin d’un modificateur de voix. Un mécanique. Ça ne t’empêchera pas de tordre en plus ta voix avec ton Alter, mais au moins tu ne seras pas pris au dépourvu par les enregistrements. Je peux même l’intégrer à ton masque, ça ne se verra même pas."

Un modificateur mécanique ? Dans un masque qu'il ne portait pas toujours ? L'avantage de son anomalie était qu'elle pouvait se déclarer n'importe où. Ce masque de farce et attrape n'était déjà pas très discret à avoir sur lui mais un modificateur de voix ? Il avait quelques doutes sur le sujet et se permettait finalement de signifier.

"Je ne parle pas beaucoup."

Ce n'était même pas une tentative d'humour, à ce stade, il était très sérieux mais prêt à essayer. Il pourrait toujours vérifier après du vampire.

"En parlant de ton masque, cette apparence est très bien ! Mais c’est idiot d’utiliser ton Alter pour te la procurer."

Idiot ? Cette anomalie était là, autant lui servir, en particulier quand son utilisation ne lui coûtait strictement rien. Les lances comprises, ces choses étaient banales pour Ein voir même nécessaires pour soulager Kass à son réveil.

"Il y a des pros qui peuvent annuler les Alters d’autrui d’un regard, tu sais. Si tu es victime d’une faculté de ce genre et que tu perds ton apparence factice pour devenir… Moins impressionnant, alors l’adversaire sera pris d’un regain de confiance. Et sera plus déterminé à te vaincre."

La première partie concernant l'annulation de l'apparence lui parlait. Elle mettait potentiellement Kass en danger et ce n'était pas pour lui plaire mais la seconde était... beaucoup moins évidente. Existait-il beaucoup d'alter qui annulaient ceux des autres ? Dans ce cas pourquoi n'en avait-il jamais rencontré ? Le seul effet qu'il avait connu d'équivalent était un gros coup sur la tête qui avait statistiquement bien plus de chances d'arriver. Et là, vaincre n'était plus si pertinent. Sans son anomalie, il n'avait de toute manière aucune utilité.

"Je te propose de te faire un vrai costume. Comme ton illusion, ou un peu différent si tu veux que j’apporte des modifications. Mais j’imagine que si tu choisis de projeter ça, c’est que c’est le modèle parfait à tes yeux. Franchement, c’est très bon, esthétiquement parlant."

Ein baissait le visage vers le croquis, tiens, cela lui rappelait quand le psychiatre de Kass s'était fait faxer le portrait robot par la police qu'il avait lui-même dessiné des mots du jeune adulte quelques temps avant. Cela avait mal fini mais le contexte était différent.

"Tu es d’accord ?"

Bon, il n'aimait pas parler mais il y avait beaucoup de questions en suspend, il allait donc les prendre une par une et essayer de rendre cet échange productif. Sa démarche marchande l'agaçait un peu.

"Pourquoi pas pour le modificateur de voix. Mais je ne veux pas du costume. Avoir cette apparence ne représente aucun effort."

Il était bon de clarifier certaines choses et Ein marquait une légère pause, s'attendant presque à la voir l'interrompre, il ne pouvait pas le faire trop longtemps.

"Je n'ai jamais rencontré de problème d'annulation. Mais j'ai déjà pris un coup, l'effet doit être le même. Ne pas avoir de costume me permet de disparaître plus facilement. J'évite de me promener avec des preuves."

Est-ce que le costume allait lui enlever les deux centimètres de moins de cette apparence par rapport à celle de Kass ?

"Très bien, très bien..."

Ce n'était pas "très bien".

Du bout de mes doigts gantés, je massais mes tempes. Oui, c’était probablement assez impoli, et ça ne me ressemblait pas, de montrer que je pataugeais. Mais le fait était là : je pataugeais, salement. Et il m’énervait, pour ainsi dire. Ce type faisait preuve d’un manque de coopération à toute épreuve.

Pas de costume souhaité, donc, mais il utilisait néanmoins un costume en la présence de son masque, c’était complètement idiot. Si tu pars du principe que tu vas laisser des preuves derrière toi, alors il faut se battre tout nu, mon petit. Enfin, c’était perdu d’avance que d’essayer de le convaincre que, si, un vrai costume était nécessaire. J’avais de nouvelles idées en tête, de toute façon. Mais avant d’y arriver...

"Avant de continuer, est-ce que tu pourrais arrêter de… D’utiliser ton Alter sur moi, s’il-te-plaît ? C’est assez désagréable."

Une manière polie de dire que j’avais envie de régurgiter mon pavé de saumon de ce midi en pensant au fait que mon cerveau était altéré. Je n’aimais pas les super-pouvoirs qui permettaient de toucher au mental des gens. Déjà, parce qu’il m’était compliqué, avec mes moyens actuels, de concevoir des équipements permettant de soutenir ce genre d’Alters. Ensuite, je détestais qu’on touche à mon esprit. Qu’on le fouille, tant pis, j’y perdrais mon identité secrète et ma vie deviendrait plus dangereuse, je pouvais m’en sortir malgré tout. Mais qu’on le modifie, ça je ne pouvais pas l’accepter. Y toucher ne serait-ce qu’un tout petit peu pouvait compromettre toute mon existence. Mon talent, mes rêves, mes goûts. La personne que j’étais aujourd’hui était parfaitement calibrée pour réussir ce que j’entreprenais, je ne devais sous aucun prétexte subir la moindre altération, permanente ou non, à cette personne. Mais revenons à nos moutons.

Je sortis la gomme et effaçais les croquis de costume, ne laissant que le modificateur de voix. J’avais au moins obtenu ça de lui, et pourtant je n’étais pas contente de moi. J’avais d’autres idées, toutefois. Je repensais à mon propre équipement, au système R.O.P.E.S.E.X., ma tenue, mes gadgets en tout genre, et au P.E.N.I.S. d’Alucard. Je ne devais pas essayer de coller à son Alter, je devais viser dans le général. Des choses dont tout le monde aurait besoin. Des armes, des renforts de mobilité.

J’avais déjà des idées en tête, mes prototypes inachevés comme d’autres idées m’étant venues à la vue de son Alter. Les mines à répulsion, le sabre à colle, le grappin à point d’ancrage adhésif ou encore les chaussures à propulsion. Mais j’en avais assez de faire tous les efforts du monde tandis que monsieur Banshee se contentait de dire "Non", "Bof" et "Pourquoi". Je valais mieux que ça, et lui il ne réalisait pas la chance qu’il avait de m’avoir à sa disposition. Je prit donc mon air le plus radieux et décontracté, avant de lui poser une question bien simple.

"Quelles sont tes faiblesses, Banshee ? Qu’est-ce qui te manque ? Qu’est-ce qui t’empêche d’accomplir facilement tous les objectifs de l’Alliance ?"

Je n’allais pas pouvoir lui vendre quoi que ce soit en venant de façon frontale et en tentant de deviner ses failles. Celles des autres membres de l’Alliance étaient évidentes, et ils étaient prêts à les accepter. Les siennes aussi étaient assez criantes, mais il refusait de les admettre. Je devais savoir ce que lui en pensait. Dans sa tête de cinglé, quel manque percevait-il ? Il était bien entendu impossible qu’il n’ait aucune faiblesse. Si c’était le cas, il ne porterait pas de masque. All Might n’en portait pas, après tout.

Ein était tout sauf à sa place. Il était venu sous recommandation, suivant les "conseils" du vampire. Mais à vrai dire, il ne savait pas quoi trouver ici. Des équipements, un modificateur de voix. Il n'avait pas l'impression d'en avoir besoin, ne s'était d'ailleurs jamais interrogé sur le sujet. Il était... efficace tel qu'il était. Ou en tous cas, cela n'avait jamais posé problème avant son arrivée dans ce groupement.

Les défis se multipliaient et celui-ci représentait un enjeu de taille. Il devait se montrer coopératif et il l'était en réalité autant qu'il pouvait l'être. Mais il n'était jamais aisé de demander à un monstre de s'asseoir sur le plateau d'un talkshow pour faire la promotion de son livre et inviter les téléspectateurs à trouver une pochette surprise sous leur siège.

Cela dit, il ne voyait pas non plus le problème avec son comportement et se serait même trouvé très courtois.

Avant de continuer, est-ce que tu pourrais arrêter de… D’utiliser ton Alter sur moi, s’il-te-plaît ? C’est assez désagréable."

C'était une demande bien singulière et qui demanda une certaine réflexion à Ein. Banshee, restait donc immobile, finissant par orienter son masque dans une direction puis une autre. Il comprenait ce qu'elle désignait par "alter" mais il savait également qu'il ne pouvait pas ne pas "l'utiliser". Il aurait fallu les pilules de Kass pour cela mais il n'aurait pas été là à en parler. Autant être direct sur la question.

"Je ne peux pas."

Cet "alter" le connectait en permanence aux autres et il le sentait. Un maux dont il ignorait qu'il était à l'origine des nombreuses détérioration physique du corps de Kass, même s'il avait fait le rapprochement entre les pilules et le fait qu'il se sente mieux. Une puissance qui en apparence couvrait ses besoins tout en le consumant à petit feu. 



Enfin, il avait au moins la perspicacité incroyable de comprendre qu'elle devait vouloir parler de son apparence et de l'image qu'il lui renvoyait. Elle ne s'était pas plainte dès son entrée après-tout. Si elle préférait du bruit blanc à une station, ce n'était pas un problème, même si cela exigeait d'avantage de concentration de sa part que cette apparence. Il penchait donc légèrement la tête tandis que son costume disparaissait, comme engloutit par le sweat troué avec lequel il était entré. C'était le retour du masque de panda. 


"Quelles sont tes faiblesses, Banshee ? Qu’est-ce qui te manque ? Qu’est-ce qui t’empêche d’accomplir facilement tous les objectifs de l’Alliance ?"

La question changeait et n'était finalement pas plus évidente. Ein devait s'interroger sur ses défaites, ce qui lui avait fait défaut dans ses différents combats et la réponse était finalement assez facilement trouvée. Oui, c'était une faiblesse en face à face et elle pouvait s'avérer dérangeante. Pour lui mais aussi surtout pour Kass. Il leva donc une main, comme pris dans une légère contemplation avant de décréter.

"Ce corps est faible."

L'attaque n'était pas le problème.

Après avoir enfin repris son apparence initiale (ou plutôt après avoir fait reprendre à mon cerveau la perception initiale de… bref, il était redevenu comme avant), Banshee me confia ce qui estimait être sa faiblesse la plus criante.

Un corps faible, hein ? Voilà quelque chose que j’étais parfaitement capable de comprendre.

"Je vois… Tu as besoin de tenir plus longtemps face aux coups des autres, je vois tout à fait."

Je me levais et passais derrière le fauteuil, ouvrit l’une des valisettes planquées derrière et en sortit une sorte de U métallique que je plaçais autour de mon cou, laissant ma gorge exposée et ma nuque recouverte. Je pris également un petit bracelet un peu épais que je plaçais autour de mon poignet droit, et un gantelet que j’enfilais à ma main gauche. Une fois équipée, je revins me placer dans le champ de vision de mon client, un peu à l’écart de la table.

"Je ne pense pas que cela corresponde à ton style, mais ça pourra te donner des idées, et c’est un bon aperçu de ce que je peux t’offrir."

Je désignais le petit bracelet.

"Superior-Level Arm Power. Un bracelet à impulsions électriques, bordé de micro-aiguilles. Quand je tords le poing, mes muscles vont être stimulé par les décharges et pousser les..."

J’allais le perdre. J’interrompis ma phrase et balançait tout simplement mon poing dans le vide, en direction de la porte d’entrée. Je sentit le picotement des aiguilles, mon bras être poussé au maximum de ses capacités. Le déplacement d’air put s’entendre clairement, et la porte trembla légèrement.

Grâce à ma combinaison, je n’avais pas trop mal, mais je sentais quand même que ça faisait travailler mes muscles.

"Je me suis inspirée des coups d’All Might. Si tu as besoin de force brute pour rivaliser avec les mutants, ça pourrait t’aider. Si tu veux de la protection pure..."

Un mouvement de mon gantelet et deux plaques rondes jaillirent sur ses côtés, formant un bocle d’environ 30cm de rayon.

"Buckler Instant-Transmitted Countering Hostiles. C’est extrêmement léger et résistant. Inspiré de Crust, ça. Je peux en faire sur des jambières, ou même créer des plastrons qui se déploient à l’impact."

Je pressais ensuite un petit bouton sur le côté du "collier" que je portais. On entendit le bruit du tissus qui s’étendait dans l’air, et je me retrouvais parée d’une cape noire comme la nuit.

"Pas encore de nom pour celle-ci, c’est encore un prototype à vrai dire. Mais elle est résistante, s’emporte partout et, surtout, elle est à peu près indestructible. Ignifugée, indéchirable, impossible à percer… Les balles de petit calibre ne la traversent pas, d’ailleurs. J’aimerais bien créer une variante "camouflage", il faut que je travaille encore dessus."

Pour la cape, je pensais toucher un poil plus prêt de ce qui l’intéressait. D’une nouvelle pression sur le bouton, la cape revint dans le collier à toute vitesse. Je repris ma place sur le fauteuil et retirai mon arsenal.

"Est-ce que ça te donne des idées ? Des envies ?"

Peut-être allais-je réussir à obtenir quelque chose de concret...

Tenir plus longtemps ? Ayant encore un expérience en combat relativement limitée, Ein n’était pas un personnage à faire dans la demi-mesure et se voir mentionné une plus grande résistance face auq coups portés par ses adversaires n’était pas non plus ce qui l’arrangeait le plus. Dans l’idéal, il aurait préféré ne pas recevoir de coups du tout. Un bon moyen de préserver son corps dont il venait de révéler qu’il était faible. Mais pourquoi ne lui proposait-elle pas directement cette option là ? N’était-elle pas supposée être compétente ?

Lorsque la femme sortit un outil de sa valise, Banshee cru reconnaître l’objet. C’était que l’on appelait un anti-vol ? Pour les vélos ? En quoi un tel outil lui permettrait de mieux se protéger. Comptait-elle lui donner un bicycle pour aller avec ? Il avait peut-être besoin d’un peu plus d’explications sur le sujet. Mais ne pensait pas non plus qu’il était à lui de les demander.

A présent, la « forge » était tout équipée, un gant et non une paire, un anti-vol et un bracelet, peut-être pour une touche un peu coquette. Ein ne se souciait pas du style et plutôt de l’efficacité mais là il fallait bien admettre que l’un comme l’autre pouvaient être remis en question.

Enfin, ce bracelet semblait faire un peu plus que cela. Un peu plus mais il ne savait pas exactement quoi, les explications étaient sans doutes trop peu claires. A croire que sa venue serait peut-être effectivement veine. Il n’en attendait pas grand chose après-tout. Banshee avait tout de même saisi l’essentiel derrière le bracelet. C’était une sorte de tazer qui serait dirigé contre son propre corps ? Peut-être avait-elle mal saisi quand il avait mentionné la faiblesse de ce dernier.

Sauf que… Ah, cette fois il semblait comprendre. C’était donc plutôt une arme. Il pensait pourtant qu’ils s’étaient axés sur la défense ? Il allait devoir clarifier les choses de son côté.

« Je me casserais probablement le bras si j’essayais. »

Il ne mentait pas, son corps était ridiculement faible, à un point pathologique et les années ne faisaient qu’empirer cette situation. Le moindre coup subit pendant un combat s’en retrouvait assez catastrophique et est bien souvent le dernier. Voilà le problème. Ca et le fait qu’avec le temps accordé à la récupération, il ne pouvait pas participer à beaucoup de « missions ».

Les démonstrations se succédaient et plus elles s’enchainaient, plus elles peinaient à séduire Banshee qui avait déjà du mal avec le principe. Les accessoires étaient visuellement impressionnants mais un peu trop éloignés des habitudes d’un vilain se servant uniquement de son alter et ayant particulièrement du mal à se familiariser avec les autres outils. Il n’aurait probablement pas les réflexes nécessaires pour les déployer à temps et ne comptait pas emporter quoi que ce soit de superflus avec lui.

Voyager léger prenait ici tout son sens. Et s’il ne trouvait pas une utilité immédiate à cette artillerie, il ne l’utiliserait pas. Cela ne voulait pas nécessairement dire que les accessoires étaient mauvais, simplement peu adaptés au personnage qui se résignait.

« Non. »

Il n’allait pas suggérer un bracelet plus jaune, un collier avec un pendentif ou encore une boucle d’oreille. Il n’y était tout simplement pas. Et venir ici ne l’engageait à rien finalement. Il se levait donc.

« Je dirais que je suis venu. »

Et il n’avait pas particulièrement l’intention de revenir non plus. C’était une expérience sans engagement et pour un personnage aussi buté dans ses habitudes de combat, il valait mieux qu’elle s’arrête ici. Il avait lui-même autre chose à faire.