Pull the Trigger

L’étudiant ayant laissé échapper un juron fut soumis à l’expression de la déception d’Aizawa, dont le sourcil avait décidément bien des talents, puisqu’il suffit au professeur de lever l’élément pileux en question et de fixer sa cible du regard quelques secondes pour que celle-ci se mette à suer et à gigoter comme un gamin de maternelle à qui sa maîtresse faisait les gros yeux, avant de s’excuser piteusement. Zhihao le laissa faire : certes, ils n’étaient pas à l’armée et elle avait l’habitude d’entendre bien pire, mais il fallait tout de même maintenir un minimum de discipline. Une fois le fautif suffisamment admonesté – sans que la moindre parole n’ait été prononcée –, elle entreprit de réfuter sa réplique plus que naïve.

« Dès l’apparition des tout premiers Alters, des gens ont voulu comprendre comment ils fonctionnaient et voir s’il était possible de les modifier artificiellement. Même si le tumulte de cette période continue de frustrer les historiens, nous savons que le Trigger a été mis au point vers la moitié du vingt-et-unième siècle. L’utilisation qui en a été faite par nombre d’organisations criminelles ou terroristes fait partie des nombreux abus qui ont mené au moratoire international interdisant la recherche scientifique sur les pouvoirs. Cela n’a pas empêché la recette de la formule de base de circuler via le dark web ou des écrits comme l’édition Alters du Livre de Cuisine de l’Anarchiste. Je le redis une fois de plus, il s’agit d’un véritable fléau, un problème plus complexe et plus profondément ancré qu’une simple histoire de toxicos qui se shootent pour tenter en vain de remédier à leur inadéquation. Ce n’est pas en jetant en prison une poignée de consommateurs et de dealers que votre pays en sera débarrassé ; cela requiert une vigilance constante. »

Elle espérait que la leçon leur était bien rentrée dans le crâne, ce coup-ci. La militaire savait que la pédagogie était l’art de la répétition, mais si cela ne marchait toujours pas au-delà d’un certain point, il fallait arrêter de s’entêter et changer d’approche, car comme l’avait dit un autre sage aux cheveux fous, faire toujours la même chose en espérant obtenir des résultats différents était la définition-même de la folie.

La question suivante fut à nouveau celle d’Hanna, mais cette fois-ci ce fut Eraser Head qui prit les devants. En tant que héros underground, il était éminemment qualifié pour attester de l’existence de ce genre de perversions.

« Oui, il y en a qui aiment ça, et je vous conseille d’en rester là. Si vous voulez vraiment plus de détails sur ces pratiques, je vous conseille de faire très attention à la façon dont vous menez vos recherches. Vous risquez fort de tomber sur des contenus qui seront bloqués par le pare-feu de l’établissement, et qui vous vaudront une discussion des plus embarrassantes avec le principal. »

Ces paroles furent accueillies par plus d’une expression paniquée, et les élèves ne furent que trop heureux de saisir la perche tendue par l’un de leurs condisciples. Excellent, la chinoise n’était peut-être pas prude, mais cela ne voulait pas dire pour autant qu’elle voulait s’attarder plus longtemps que nécessaire sur ce sujet.

« Tout d’abord, sachez que la possession d’un facteur de régénération, quoique peu commune, n’est pas aussi rare qu’on pourrait le croire. Un certain nombre d’hétéromorphes en ont un, à divers degrés : les céphalopodes, amphibiens, arthropodes, cnidaires, échinodermes… c’est juste qu’ils ne s’en rendent pas compte la plupart du temps – ce n’est pas tous les jours qu’ils perdent un membre – ou que son efficacité est réduite par rapport à celui de l’organisme-modèle. » commença-t-elle en évoquant un point déjà abordé avec l’araignée lors de leur précédente rencontre. Elle mit toutefois vite fin à cet aparté, car ce n’était pas la question qu’on lui avait posée. « Autrement, la substance est occasionnellement employée en médecine d’urgence quand l’Alter de la personne a une composante qui permet de faire gagner du temps aux médecins, lorsqu’un traitement plus conventionnel échouerait à sauver le patient : une meilleure capacité à filtrer les toxines, l’hydrokinésie utilisée pour juguler une hémorragie, le pouvoir d’entrer en animation suspendue, ce genre de choses. Elle est aussi parfois utilisée pour choquer l’organisme et traiter un dysfonctionnement de l’Alter ; les adeptes de la méthode comparent cela à appuyer sur le bouton « réinitialisation » ou à taper sur une machine pour la faire remarcher. Elle peut également servir à révéler un Alter invisible. »

Des regards interrogateurs furent échangés en entendant cette terminologie peu familière, même si certains élèves pouvaient se faire une idée de sa signification, et une main commença à se lever. Anticipant la demande, Zhihao s’adressa à celui qui s’apprêtait à prendre la parole : « Qu’est-ce qu’un Alter invisible ? »

Le jeune homme hocha la tête, baissa la main, et l’électrokinésiste reprit son explication.

« Un Alter invisible, c’est un pouvoir qu’il est compliqué de détecter et d’identifier, soit parce que ses effets sont très subtils ou difficilement différenciables de ce dont un individu sans pouvoir est déjà capable, soit parce que ses conditions d’activation sont inconnues. Pour la première catégorie, pensez à un pouvoir qui rend le détenteur chanceux, par exemple. Pour la deuxième, ce serait plutôt quelqu’un comme votre principal : son Alter le rend extrêmement intelligent mais s’il était né humain, qui pourrait dire si cette intelligence est le résultat de son Alter ou s’il s’agit d’un génie comme il en existe depuis toujours ? Même chose pour un pouvoir qui donne une excellente mémoire. Pour la dernière catégorie, imaginez quelqu’un qui naîtrait dans une famille musulmane, mais dont l’Alter ne s’activerait qu’à condition de consommer de l’alcool – c’est vraiment arrivé, la personne n’a découvert son don qu’une fois adulte, en buvant par erreur dans le mauvais verre. »

Plusieurs membres de l’auditoire considérèrent cette information, se demandant combien de gens avaient faussement été déclarés « sans-Alter », avec toute la stigmatisation que cela impliquait, à cause d’un de ces Alters invisibles. Oh, il y avait bien le test de l’articulation du gros orteil, mais était-ce suffisant ? Sans doute pas.

« Pour en revenir au sujet, ces pouvoirs peuvent se manifester de façon plus flagrante sous l’effet de la substance, ou en contournant leur condition d’activation habituelle. Cela va sans dire, mais toutes ces procédures médicales impliquant le Trigger doivent être exécutées par des professionnels qualifiés, ce n’est pas comme prendre un cachet d’aspirine pour lutter contre le mal de tête. La législation japonaise est très stricte à ce sujet. »

Hanna grimaça un peu quand elle entendit la réponse du professeur Aizawa, faire des recherches là-dessus ? Pas question ! L'araignée avait déjà assez de mal avec son corps, elle l'acceptait peu à peu, mais ne le voyait pas sous cet angle, ce ne la tenter vraiment pas de voir des corps du même genre dans ce genre de situation. De toute façon elle n'avait pas de temps à perdre avec ce genre de choses, comme la grande majorité des adolescent elle avait déjà vu des choses qui n'était pas pour son âge, ça ne valait vraiment pas la peine de ralentir ses études et son entraînement pour ça !


Comme la plupart des personnes présentes, elle fut ravie de changer de sujets et se plongea à nouveau dans les paroles de l'enseignante du jour.

Des alters invisibles, ça devait être difficile à vivre, l'étudiante n'avait jamais rencontrée de personnes sans alter ou qui ne l'avaient pas encore découvert, à part des enfants bien sûr. Son petit frère n'avait pas encore découvert le sien, ça rassurait beaucoup Hanna, au moins il avait peu de chance d'avec un alter de mutation comme elle.

Axel,son frère, étaient sûrement dans le genre des cas qui étaient décrit, il venait d'avoir huit ans et son alter ne s'était pas encore manifesté, mais le médecin de famille était formel sur le fait qu'il aurait un alter.


Après cette parenthésée explicative sur les alter « invisible » a discussion retourna sur le sujet de la prise de trigger et de son utilisation très strict pour l'appliquer légalement.

Vu les effets secondaires possible, c'était plutôt logique que son utilisation soit limite et puis, même sans parler des risques, il était sûrement préférable d'éviter cette offre de puissance éphémère a trop de personnes.


- Et l'armée ne l'utilise pas pour renforcer ces soldats ? A des moments ponctuels évidemment.

Les questions posées jusqu’ici étaient pertinentes, mais il y en avait une en particulier dont Zhihao attendait l’arrivée. Il était quasi-certain que quelqu’un finirait par l’énoncer, la seule incertitude étant le temps que cela prendrait. Et enfin, ce moment était arrivé.

« L’armée chinoise en utilise, oui, autrement ce module ne comporterait pas de partie travaux pratiques. Car parfois, il n’y a pas d’autre choix que de combattre le feu par le feu. » déclara-t-elle sans la moindre gêne. Cette admission lui aurait sans doute coûté le respect d’une partie des élèves si elle avait été faite en début de séance, comme un aveu de faiblesse, voire même de défaite. Mais si leur discussion avait bien rempli son but, ils étaient à présent mieux éduqués et moins enclins à voir cela comme le recours à une solution de facilité.

« Plus généralement, cela dépend des pays. Certains ne s’en servent pas du tout ; les forces d’autodéfense japonaises n’y ont pas accès, par exemple. D’autres l’emploient ouvertement, quand bien même ils ne le crient pas sur les toits, comme la Chine. Et enfin, il y a ceux qui en font usage mais refusent de l’avouer. Quelle que soit la catégorie à laquelle un pays appartient, comme vous l’avez deviné, aucune force militaire digne de ce nom n’en donne à n’importe qui pour faire n’importe quoi. »

Sauf lorsque les services de renseignement d’une nation en fournissaient aux criminels, terroristes et autres fauteurs de trouble ciblant une nation rivale bien sûr, mais ça c’était une autre histoire. Et puis même dans ces cas-là, la drogue n’était pas distribuée au hasard, il y avait un but précis… c’était juste que le but en question était de créer le chaos, du moment que ledit chaos restait circonscrit à la bonne région.

« Je ne sais pas si vous avez étudié le droit de la guerre, mais il inclut un concept très important que l’on appelle le principe de proportionnalité. Cela veut dire grosso modo que les moyens utilisés pour faire la guerre doivent correspondre aux buts recherchés et à l’ampleur de la menace à combattre ; on ne déploie pas une bombe atomique pour éliminer trois guérilleros qui n’ont rien de plus dangereux qu’un AK-47. Suivant ce principe, le Trigger ne doit pas être utilisé à la légère, et il y a bien entendu d’autres considérations à prendre en compte : le coût de la substance, ses effets secondaires, le risque que les soldats se reposent trop dessus, l’image que cela renvoie… C’est pour cela qu’il n’est pas distribué pour toutes les opérations et que pour y avoir accès, il faut une certification, comme celles nécessaire pour pouvoir utiliser d’autres types d’équipement spécialisé. Pour en obtenir une, il faut réussir toute une batterie de tests d’aptitudes physique, médicale et psychologique, mémoriser la réglementation en la matière, et enfin être exposé à la substance afin de voir si on peut la supporter et si les bénéfices qu’elle rapporte sont plus importants que les inconvénients. Un Alter qui fait grandir l’utilisateur est souvent un détriment sur le champ de bataille, par exemple, et personne n’a envie qu’un soldat trop excité cesse d’obéir aux ordres. Et même après l’avoir obtenue, il est tout à fait possible de perdre sa certification si l’on en fait un usage irresponsable, entre autres punitions dépendant de la gravité de la faute. »

L’électrokinésiste avait des sentiments… mitigés à l’endroit de sa propre certification, comme elle avait des sentiments mitigés concernant sa mutation et les Alters en général. D’un côté, la substance était un fléau qui ravageait son pays depuis plus d’un siècle, la cause d’innombrables morts, et avait plus d’une fois failli causer la sienne. Mais d’un autre côté, cette même drogue lui avait également sauvé la vie à plusieurs reprises, et même elle ne pouvait nier le côté grisant de la puissance qu’elle apportait, quand bien même la militaire se retrouvait immanquablement à maudire sa faiblesse physique comme mentale une fois les choses revenues à la normale. Une contradiction qui ne faisait qu’alimenter le dégoût de soi constituant l’une des fondations – cachées mais bien présentes – de sa personnalité.

Au-delà de son cas personnel, elle savait que le Trigger lui-même n’était ni bon ni mauvais, qu’il ne s’agissait que d’un outil et que comme pour tous les outils, le problème venait avant tout de l’être humain. Néanmoins, contrairement à ce que disaient certains maniaques des armes à feu états-uniens, il y avait des outils qu’il valait mieux ne pas laisser entre toutes les mains. Et en parlant de cela…

« Les héros chinois se servent également de la substance. » continua-t-elle, une autre confession qui aurait sans doute fait l’effet d’une bombe si elle n’avait pas passé autant de temps à la contextualiser. « Évidemment, les règles sont encore plus sévères dans ce cas-là, puisqu’il s’agit de l’utiliser contre des civils afin de protéger d’autres civils. Oh, et n’oublions pas la quantité de paperasse à chaque utilisation ; vous n’avez pas idée du nombre de formulaires que j’ai dû remplir avant qu’on me laisse venir vous faire une démonstration. »

Le visage d’Eraser Head se para d’un sourire sardonique, voire même sadique en entendant ces mots. Pas étonnant, il avait aussi dû en avoir beaucoup à traiter de son côté, et dans ces circonstances, le meilleur remède était de savoir que quelqu’un d’autre souffrait davantage encore.

Ce que disait l'héroïne chinoise aurait en effet put être choquant en début de l'exposé, mais après toutes les explications données, c'était loin de sembler si condamnable, après tout, c'était un principe vieux comme le monde, parfois il n'y avait pas d'autre choix que de combattre le feu par le feu, quand l'ennemi utilise de meilleures armes, il fallait parfois les utiliser aussi pour les combattre.

Comme toujours c'est la façon d'utiliser la chose qui est la plus importante.


Même si la discussion était sérieuse, Hanna et d'autre apprenti héros eurent un petit rire en entendant Lodestone mentionner les nombreux documents qu'elle avait dû remplir pour cet entraînement, vu la réaction d'Eraser head, il avait dû en remplir pas mal lui aussi et semblait content de ne pas être le seul à avoir galéré.


– Du coup, si cet entraînement a été autoriser, ça veut dire que ça va si mal que ça au Japon ?


Brick Breaker mettait un peu les pieds dans le plat en demandant ça, mais elle n'était pas la seule à se poser la question, on voyait bien les autres étudiants attendaient la réponse.


-Dans tous les cas, il vaut mieux savoir a quoi s'attendre si jamais on tombe sur un vilain sous trigger, ça nous évitera de déplaisantes surprise.

-Et puis, monsieur le proviseur voulait sûrement profiter de la présence de héros connaissant le sujet


L'araignée fuyait les regards, même si le sujet avait changé, elle était toujours gênée de la précédente réalisation et avait perdu un peu de son aisance de plus tôt.


- Du coup, c'est quoi la suite du programme ? Nous allons devoir en prendre pour tester ? Ou n'avons nous qu'à nous battre ?

Les apprentis-justiciers prenaient plutôt bien les choses, jusqu’ici, ils se montraient réceptifs et engagés. Il n’était pas toujours facile de formuler les choses de manière à conserver leur attention, même s’il s’agissait de jeunes gens sérieux – autrement la chinoise aurait pu s’étendre davantage sur certains points, comme le fait que l’armée préférait éviter de baser sa stratégie sur un pouvoir particulier quand n’importe qui pouvait mourir sur le champ de bataille, un frein de plus à l’utilisation militaire du Trigger – mais l’expérience n’était somme toute pas désagréable. Ce n’était pas la première fois qu’elle se retrouvait dans un rôle similaire, elle avait plusieurs fois endossé de façon plus ou moins officielle la fonction d’instructrice, et elle se fit la réflexion que ce ne serait pas une mauvaise manière de poursuivre sa carrière, d’ici quelques années, quand le travail de terrain serait devenu trop dangereux pour elle – car oui, les héros avaient une date de péremption, et peu de ceux qui s’entêtaient à continuer au lieu de se reconvertir ou de prendre leur retraite connaissaient une fin paisible. Il faudrait d’abord qu’elle parvienne à survivre jusque-là, ceci dit.

« Non, la situation au Japon s’est certes dégradée par-rapport à ce qu’elle était l’an dernier, mais elle reste bien meilleure que celle sur le continent. » intervint Aizawa en réponse à la question d’un de ses élèves. « Le principal est d’avis qu’il vaut mieux prévenir que guérir, toutefois. De cette façon, comme le fait remarquer Yodogawa, vous serez préparés au cas où les choses empireraient, et si elles ne le font pas, vous n’aurez perdu que quelques heures de votre temps. C’est la décision la plus logique, tout comme il est logique – et plus économique – de faire appel à ceux qui possèdent déjà une expertise peu répandue dans notre pays. »

Le but de cet enseignement étant réaffirmé, la discussion se recentra sur son contenu, une curiosité toute naturelle mais qui, hélas, prenait la forme d’une interrogation montrant que la personne qui en était à l’origine – Omori, si elle ne se trompait pas – n’avait peut-être pas tout retenu des paroles de leur instructrice. Comme quoi, il fallait encore qu’elle s’améliore sur le plan pédagogique…

« Non, je ne vais pas vous faire prendre de Trigger : sur le plan de la sécurité, vous n’avez pas fait les tests médicaux nécessaires et il est préférable d’éviter de s’en servir quand l’Alter n’est pas encore arrivé à maturité. Mais surtout, légalement parlant, vous êtes mineurs, nous n’avons pas le consentement de vos parents, et de toute façon c’est interdit par la loi. Je suis la seule ici à avoir une dispense spéciale, et en obtenir une dans le cadre de cet exercice n’a pas été une mince affaire. »

Elle n’était même pas sûre que la CSPH aurait donné son feu vert si la demande n’émanait pas de Nezu ; la militaire était peut-être certifiée pour faire usage de la substance dans son pays d’origine mais tant qu’elle était sur le sol nippon, elle devait se plier aux règles locales. Le précieux sésame avait fini par être délivré au terme d’un long et éreintant processus bureaucratique, cependant on lui avait bien fait comprendre qu’il ne s’agissait que d’une autorisation à titre exceptionnel, uniquement valable dans ce cadre limité. Elle n’osait même pas imaginer le genre d’opposition à laquelle Nezu se serait heurté s’il avait voulu obtenir la permission d’administrer un produit psychoactif – quand bien même cet effet-ci serait réduit du fait de la qualité du produit en question – à des adolescents. Même avec toute son influence, elle doutait qu’il y serait arrivé… à supposer qu’il ait voulu le faire, ce qui était tout sauf certain, si les rumeurs sur son passé d’animal de laboratoire étaient exactes.

« Pour la partie pratique de l’exercice, vous vous battrez contre moi. Votre professeur supervisera et interviendra si besoin, vous ne serez donc pas sans un filet de sécurité. Ce que nous vous proposons, c’est une série de plusieurs affrontements : vous vous constituerez d’abord en groupes à votre convenance, puis ces groupes passeront l’un après l’autre. Vous pourrez ensuite retenter votre chance en changeant la composition du groupe afin de varier un peu les stratégies. Enfin, une fois que vous serez tous plus ou moins habitués à travailler les uns avec les autres – une nécessité puisque vous venez de classes et d’années différentes –, vous pourrez y aller tous en même temps. »

Pas de combats en un contre un par contre, ceux-là ne dureraient certainement pas bien longtemps. Le but était qu’ils apprennent quelque chose après tout, pas de les brutaliser sans raison ; c’était également pour cela que le héros borgne avait opposé son veto au choix initial de Nezu concernant le terrain d’entraînement où aurait lieu l’exercice, un détail que l’intéressé ne manqua pas de porter à la connaissance de ses étudiants :

« Dites-vous que cela aurait pu être pire. Au début, le principal voulait que nous utilisions le complexe industriel, mais j’ai réussi à l’en dissuader. Vous comprendrez très vite pourquoi. »

L'araignée fut contente d'entendre que la situation du Japon n'était pas si catastrophique, même si le professeur Aizawa ne nia pas que la situation s'était bien dégrade depuis l'an passé.
La situation devait effectivement être plus « simple » à gérer sur ce pays insulaire qu'était le Japon, qu'il ne l'était sur le grand continent.

Ça la rassurait également d'avoir une confirmation que les étudiants ne prendraient pas de trigger, même si c‘était plutôt logique et qu'elle s'en doutait, ce n'était pas précisé dans la liste de ces cours exceptionnels et il n'y avait pas eu de décharge ou d'accord à faire signer par les parents, Lodestone avança elle aussi cette argument d'ailleurs.

Hanna se demanda suite à ça combien elle aurait besoin d'en prendre pour être affecté, elle sortie une de ses fléchettes de venin et la compara au niveau taille avec la fiole de trigger dans son autre main, Cette dernière était un peu plus grande, en hauteur et en largeur, niveau efficacité c'était dur de savoir s'ils avaient la même, en supposant qu'ils aient la même, il faudrait environ trois ou quatre fioles de trigger comme celle-ci pour qu'elle ai suffisamment de substance dans le corps pour l'affecter entièrement.

L'étudiante hésita à poser la question, mais elle se ravisa rapidement, pas envie d'attirer l'attention ou de déranger le cours une fois de plus, surtout pour une question qui s'avérait n'être que pour elle.

L'araignée esquissa un sourire quand le professeur précisa l'intention du directeur d'utiliser le terrain industriel à l'origine, heureusement qu'Eraser Head avait réussi à lui faire changer d'avis, le combat aller déjà être court, avec le terrain actuel, probablement, alors dans celui choisit par le proviseur, ça aurait sûrement été quasiment immédiat.

Hanna se remémorait le peu qu'elle avait pu voir du combat entre la fourmi et Lodestone, réfléchissant à une stratégie pour la contrer, mais à part éviter les objets métalliques il n'y avait pas grand-chose qui lui venait.

En tout cas des idées d'équipes commençaient à apparaître dans certains esprits des élèves.

Après quelques minutes de discussion, les élèves finirent enfin par s’organiser en groupes. L’un de ces groupes, un quatuor d’apprentis-justiciers plus hardis que les autres, se porta volontaire pour passer en premier. Hanna et ses compagnons, eux, avaient pour l’instant choisi de rester en retrait. Aizawa scruta l’expression de chacun de ses étudiants à la recherche d’un changement d’avis de dernière minute puis, n’en trouvant pas, reprit la parole :

« Très bien, nous allons pouvoir commencer. Nous ne sommes pas cruels – »

« Menteur. » marmonna l’un des adolescents, mais le professeur fit semblant de ne rien avoir entendu.

« – aussi nous n’allons pas vous laisser y aller à l’aveugle. La mutation de notre invitée lui donne les caractéristiques d’une anguille électrique, modifiées par la présence de cristaux métalliques dans son corps qui se comportent comme autant d’électro-aimants. Je vous invite à en tenir compte en planifiant votre stratégie. Et avant que quelqu’un ne pose la question, je sais de quoi cela a l’air mais non, cette combinaison n’est pas le produit d’un mariage d’Alters. »

Une précision qu’il était toujours bon d’apporter, vu qu’elle avait déjà eu droit plusieurs fois à cette même remarque. Zhihao n’était que partiellement concentrée sur les propos du héros borgne ceci dit, l’essentiel de son attention étant accaparée par la métamorphose qui s’était amorcée quelques secondes après qu’elle ait activé son bracelet-injecteur. À mesure que la substance se propageait dans ses veines, sa peau vira au gris et se para de plusieurs séries de dépressions, tandis que la pigmentation de ses iris se décomposait, les faisant passer du noir au bleu. Ses dents s’effilèrent, sa musculature gagna légèrement en définition, une paire de branchies atrophiées s’ouvrit à son cou, et enfin ses doigts s’allongèrent et s’aplatirent de façon à peine perceptible, un début de membrane se formant à leur base. Des changements externes assez modérés pour le moment, la chinoise ayant toujours l’air plus humaine après une dose de Trigger que sa propre mère ne l’était au naturel ; cela changerait si elle en prenait une deuxième, mais cela n’était pas prévu au programme, ne serait-ce que parce que sa tenue n’avait pas été prévue pour laisser passer la queue qui pousserait à ce moment-là.

À cette transformation physique s’ajoutèrent des effets moins visibles : premièrement, la portée et le niveau de détail de son électroperception s’accrurent drastiquement, puis ses électrocytes se mirent à fonctionner bien au-delà de leurs capacités habituelles, produisant quelques étincelles d’énergie avant que celles-ci ne disparaissent à l’instant suivant. La manifestation de l’aspect magnétique de son pouvoir fut tout aussi discrète, une subtile vibration à travers les objets métalliques des alentours qui cessa bien vite. C’était la preuve du contrôle qu’elle exerçait à tout moment sur son Alter : chez un manieur moins discipliné, la métamorphose se serait accompagnée d’un son et lumière autrement plus intense, voire d’une EMP fatale pour les appareils électroniques à proximité. Évidemment, cela était en partie dû à la qualité du produit utilisé, les effets psychoactifs du Trigger de grade 5 étant minimes comparés à ceux qui affectaient la plupart des criminels, forcés de se rabattre sur une moins bonne marchandise. Cela ne voulait cependant pas dire qu’ils étaient inexistants : elle avait beau s’être préparée mentalement, la militaire ne put s’empêcher de faire l’expérience d’un sentiment de puissance, de libération, presque d’exultation, qu’elle s’empressa aussitôt de réprimer, tout comme elle réprima les premières bribes d’instincts animaux empiétant sur ses pensées.

Le flot d’adrénaline et d’endorphines finit cependant par se stabiliser, ses sens amplifiés la laissant avec l’impression d’évoluer avec lucidité dans un monde au ralenti, et elle prit une profonde inspiration pour réguler son rythme cardiaque avant de s’adresser aux lycéens, en train de la dévisager après avoir pour la plupart d’entre eux assisté pour la première fois à l’administration d’une dose de Trigger. Même avec tous ses efforts, empêcher sa bouche de s’ouvrir en un sourire carnassier restait un combat de tous les instants...

« Si vous vous attendiez à quelque chose de plus spectaculaire, croyez bien que je suis désolée de vous décevoir. Vous serez sûrement servis si vous vous retrouvez face à des vilains qui s’en servent, même si dans ces cas-là, la meilleure chose à faire est de ne surtout pas les laisser s’injecter la substance comme je viens de le faire, ou de profiter de l’intervalle entre l’injection et la manifestation des effets du produit pour les mettre hors d’état de nuire. Évidemment, l’un des buts de l’exercice est de vous enseigner précisément pourquoi vous ne devez pas attendre que vos adversaires se dopent. »

L’électrokinésiste commença à s’éloigner de l’attroupement, faisant signe aux quatre volontaires de la suivre, pendant que le professeur à l’écharpe gagnait le toit le plus proche pour les observer sans pour autant être dans leurs pattes. Les élèves restants furent invités à se diriger vers une salle attenante d’où ils pourraient suivre l’affrontement en toute sécurité grâce aux nombreuses caméras parsemant les lieux.

« Je le redis, j’ai déjà participé plusieurs fois à des entraînements de ce genre, en tant qu’élève comme en tant que sujet de démonstration. Je ne vous ferai rien que Recovery Girl ne puisse soigner ensuite, et Eraser Head est là au cas où, mais je vous conseille d’y aller sérieusement, autrement vous allez passer un très mauvais quart d’heure. C’est compris ? Oui ? Alors, en garde ! »

Un flash lumineux intense assorti d’un coup de tonnerre qui résonna d’un bout à l’autre du terrain accompagnèrent cette dernière réplique, et le combat fut lancé.

Hanna était plus intéressée par la transformation de l'héroïne chinoise que par la description que faisait Eraser Head sur cette dernière, d'autant plus qu'elle savait déjà la plupart des choses qu'il racontait.

Même si ce n'était pas très théâtrale, les changements physiques de Lodestone n'était pas dur à remarquer pour la plupart, l'apparition des branchies sur son cou, le changement de couleur de sa peau ou celle de ses yeux, par contre l'araignée ne remarqua pas les changements de ses mains.

L'étudiante mutante était probablement la seule à avoir ressentie une très légère vibration de la salle, en même temps que celle provoqua un petit tremblement dans ses équipements.

Elle ne compris pas immédiatement la raison de ces vibrations, mais après avoir réfléchie deux minutes, la réponse s'imposa d'elle-même, c'était probablement l'effet du magnétisme de l'héroïne, ayant subi une courte perte de contrôle dessus pendant une micro-seconde.

La vibration qu'elle avait ressentit dans la salle avait été causé par le magnétisme sur les armature des bâtiments, sans doute.

En tout cas, ça donnait une idée de la portée de son pouvoir, Hanna était à plusieurs mètres et son gantelet avait quand même était affecté.

Ça faisais également réfléchir l'araignée sur l'inutilité de cet équipement et des fléchettes étant donné qu'elle pouvait les déviées comme elle veut, voir les envoyés sur les alliés.

Alors que le premier groupe de volontaires suivait leur adversaire du jour, Hanna enleva son gantelet et son casque, prévoyant déjà de les faire reconstruire en matériaux non magnétique, elle regardait les membres de son groupe qui se demandaient ce qu'elle faisait.

-Je... Je vous conseille de retirer tout ce que vous avez qui pourrait être magnétisé si ce n'est pas déjà fait…

Ils discutèrent ensuite de la stratégie à suivre, tout en regardant le combat en cours sur les écrans.

Pour le moment leur plan consistait principalement à :

- Grimper sur le dos de l'araignée pour profiter de sa vitesse et surtout ...
- ...Monter en haut d'un immeuble afin de limiter inefficacité du magnétisme de l'adversaire.
- Retenir Lodestone en haut autant de temps possible pendant qu'Hanna irait tissait des toiles entre les immeubles et donc essayait de la piéger si les combattant ne parvenaient pas à l'arrêter avant.

« Ah, alors c’était pour ça que son costume laissait son dos à nu... » songea Zhihao en évitant la charge furieuse de son adversaire, qui venait de se transformer en une sorte d’homme-échidné doté de griffes puissantes, d’une longue langue gluante et préhensile, ainsi bien sûr que d’innombrables piquants acérés. Elle ne s’en rendait compte que maintenant car, suivant l’utilisation de sa technique aveuglante, elle avait aussitôt employé toute la force de son magnétisme pour se propulser au milieu du quatuor de héros en devenir avant d’émettre une décharge omnidirectionnelle. Le choc n’était pas très puissant, comparable à celui reçu en touchant une clôture électrifiée ; toutefois, si elle avait été aussi sérieuse que lors d’un réel affrontement, les quatre adolescents auraient été réduits à l’état de cadavres calcinés. Aizawa n’avait pas manqué de le leur faire remarquer, et avait anticipé les plaintes en les prévenant que c’était précisément à ce genre de comportement qu’ils devaient s’attendre de la part d’un « véritable » utilisateur de Trigger.

Évidemment, ils n’allaient pas passer immédiatement au groupe suivant après cette défaite-éclair, ce ne serait guère productif sur le plan éducatif, aussi recommencèrent-ils l’exercice. Pas de blitzkrieg ce coup-ci, la chinoise adopta une posture plus défensive, leur laissant tout le temps d’activer leurs Alters et de mettre leurs plans en branle. Et il fallait bien avouer que pour une équipe constituée à l’improviste, ils ne se débrouillaient pas mal du tout et avaient même réussi à mettre en place quelques synergies intéressantes.

Tout d’abord, il y avait celui qui n’arrêtait pas de la coller au corps-à-corps, l’échidné faisant usage de toutes les capacités physiques et armes naturelles de sa physiologie hybride pour tenter de la neutraliser. Il était aidé en cela par un camarade capable d’infléchir la trajectoire de la lumière pour créer toutes sortes de mirages, illusions et autres effets d’optique : déplacer l’image d’un objet, la dupliquer, l’inverser, le faire paraître plus grand ou plus petit, plus proche ou plus éloigné qu’il ne l’était réellement... Sa condisciple qui préférait rester à l’arrière de la formation, là où elle serait la plus efficace, pouvait quant à elle créer et manipuler une quantité de neige suffisante pour ouvrir son propre domaine skiable, et s’en servait pour contrôler le terrain, limiter les déplacements de la militaire, obstruer son champ de vision, bloquer ses attaques, et bien sûr l’assaillir à son tour. Enfin, la dernière possédait la faculté de se mouvoir à travers n’importe quel matériau comme un poisson dans l’eau, le béton, l’asphalte ou la neige se comportant comme des liquides se déformant sur son passage avant de revenir à leur état d’origine, ce qui lui permettait d’ignorer les obstacles afin d’exploiter des angles d’attaque inattendus ou de se mettre rapidement à l’abri d’une riposte.

L’un dans l’autre, l’électrokinésiste faisait face à une combinaison redoutable qui aurait pu triompher de plus d’un professionnel. Chacun de ces pouvoirs conférait à la fois des options offensives et défensives, les attaques en traître s’enchaînaient à un rythme effréné, elle ne pouvait pas se fier à ses yeux, ses ripostes étaient systématiquement interceptées, la température glaciale à elle seule aurait suffi à mettre à genoux un vilain lambda… Dommage pour eux qu’ils se soient retrouvés face à elle, donc. Elle les avait laissés attaquer à loisir pendant plusieurs minutes, s’était largement contentée d’esquiver et n’avait contre-attaqué qu’en utilisant une fraction de ses capacités, mais ils étaient tombés à court de coups fourrés et commençaient à se répéter. Elle les avait attirés précisément là où elle le voulait, dans une ruelle entre deux bâtiment où elle pourrait faire librement usage de l’ensemble de ses facultés : il était temps d’en finir, pour de bon ce coup-ci.

L’épineux monotrème étant le plus près, il fut aussi le premier à tomber : cessant de se dérober, la chinoise le laissa frapper. Lorsque ses griffes arrivèrent à quelques centimètres d’elle, l’électricité qu’elle avait accumulée à l’intérieur de son organisme se déchargea automatiquement, le courant se précipitant de lui-même à travers le conducteur qu’était le corps de son opposant. Ses muscles se contractèrent aussitôt, interrompant l’attaque avant qu’elle ne touche, et Zhihao profita de sa paralysie momentanée pour lui asséner un second choc, suivi d’un coup de son couteau factice à la lame badigeonnée de peinture qui laissa une trace rouge sur sa gorge.

« Et d’un. Attention aux attaques non-physiques, les piquants ne protègent pas de tout. »

L’illusionniste fut le deuxième à passer à la casserole ; la chinoise ignora l’apprenti qui se ruait droit vers elle et pivota sur elle-même, intensifiant la force de son mouvement d’un coup de répulsion magnétique pour porter un grand coup de genou derrière elle, là où son électroperception indiquait que l’adversaire se trouvait réellement. Le mirage s’estompa, l’image regagnant son emplacement d’origine et révélant un jeune homme plié en deux par l’impact à l’estomac. Un autre coup de couteau au niveau de la poitrine, et lui aussi se retrouva éliminé.

« Et de deux. Bien tenté. »

Elle n’en avait toutefois pas tout à fait fini avec lui, puisqu’elle l’agrippa par le col pour le balancer dans le banc de neige où était cachée sa camarade tout-terrain, qui en sortit brusquement avec un glapissement paniqué, son Alter ne la rendant pas intangible même s’il lui permettait de traverser la matière, pas plus qu’il ne la dissimulait au sixième sens de l’hétéromorphe. La jeune fille tenta de plonger dans un mur proche, mais en fut empêchée lorsque l’héroïne projeta un morceau de décombres dans sa direction – non sans en profiter pour accélérer également quelques tiges de métal extraites de ces mêmes décombres en direction de la dernière combattante, forçant la chionokinésiste à se mettre à couvert. Le béton et le fer se liquéfieraient peut-être au contact de la fille tout-terrain, mais conserveraient néanmoins leur masse et leur vélocité, résultant en une douloureuse collision… Toutefois, la future justicière avait gardé un dernier atout dans sa manche : au lieu de faire machine arrière, elle s’échappa par le haut, sautant et se mettant à nager dans les airs pour s’éloigner de la mutante (« Sky Fish ! »). Hélas pour elle, avec tout le métal qui se trouvait dans cet environnement urbain simulé, Zhihao pouvait elle aussi s’adonner à une petite séance de voltige… et elle était plus rapide.

« Et de trois. » fit la militaire alors que leur court duel aérien se terminait par un dropkick électrifié. La chute de son antagoniste sonnée fut amortie par un second banc de neige, juste à temps pour laisser Zhihao seule face à la véritable avalanche prête à s’abattre sur elle maintenant que l’ultime lycéenne n’avait plus à diviser son attention entre de multiples tâches pour assister ses équipiers.

« Ça me rappelle le Tibet. » dit-elle avec une inexplicable nostalgie. Inexplicable car les séparatistes locaux adoraient enfouir les troupes chinoises sous des tonnes de neige lorsque celles-ci tentaient de les déloger de leurs repaires de haute montagne, surtout lorsqu’un général en fauteuil avait la brillante idée d’ordonner une offensive en plein hiver, ce qui lui avait valu plus d’une fois de se retrouver ensevelie à plus de quatre mille mètres d’altitude. Des conditions on ne peut plus hostiles pour une hétéromorphe empruntant les caractéristiques d’un poisson tropical, donc… ou du moins cela aurait été le cas si le contrecoup de son Alter n’était pas justement l’augmentation de sa température corporelle. Non, Zhihao ne craignait pas l’hypothermie, et elle allait en faire la démonstration. Alors que le tsunami blanc se refermait sur elle comme la gueule d’un monstrueux prédateur, elle abandonna toute retenue : les autres combattants étaient assez loin pour qu’il ne leur arrive rien même si elle déployait toute sa puissance.

La foudre s’abattit sur le terrain d’entraînement avec une force qui fit trembler le sol. La neige à proximité de l’héroïne métamorphosée fut vaporisée par la chaleur, et l’onde de choc souffla le reste de l’avalanche. La chionokinésiste tenta de se replier, surfant sur une vague de poudreuse alors que la manieuse d’électricité s’élançait à sa poursuite, interposa plusieurs murs glacés pour la ralentir, mais cette dernière n’en avait cure, les obstacles fondant avant même d’arriver à la toucher.

« Et de quatre. » conclut Zhihao en taclant finalement son opposante, tout en lui infligeant une décharge mineure pour la « tuer ».

« D’accord, c’est terminé pour ce groupe-ci. Aux suivants ! » héla le héros borgne depuis son perchoir.

Hanna observait le combat avec attention, comme le reste de son équipe quand ils se rendirent compte qu'elle les avait élimines en quelques secondes.
Au-delà de son groupe, ça calma rapidement les vantards qui traînaient dans certain groupe, pensant qu'ils allaient « L'étaler sans problème ». C'était bien plus calme et silencieux maintenant, tout le monde regardant l'écran quand le combat reprit après cette démonstration de force.

Le combat était impressionnant, du côté des étudiants, ils avaient des alters puissant et ils savaient bien les utilisaient, l'Echnidé devait être habitué à faire équipe avec celui qui créait des illusion, il faisait un bon combo, le reste de l'équipe n'avait pas à rougir ceci dit, chacun d'eux remplissait son rôle, les attaquants autant que les supports, ils faisaient une bonne combinaison et pouvaient enchaîné rapidement les attaques sans pour autant négliger pour la défense.

Mais malgré tous leurs efforts, l'héroïne chinoise était encore plus impressionnante dans ses contre-attaques et ne tarda pas à les éliminer dans ce qui paraissait lui être d'une facilité déconcertante encore une fois.
En particulier quand elle commanda à la foudre, la faisant s'abattre sur le terrain et réduisant à néant toute la neige qui avait créée jusque là.
Encore une fois, Hanna était sûrement la seule à sentir les vibrations de l'onde de choc jusqu'à elle, c'est dire la puissance du choc.
En tout cas l'effet était palpable sur les étudiants, ils étaient dépités, mais plutôt que d'abandonner tout simplement, la grande majorité des groupes étaient en train de revoir leur stratégie.

- Bon changement de plan, ça n'a pas l'air de la gêner d'être en hauteur, donc il faudrait trouver un grand parc ou un truc du genre… Même si elle a beaucoup de rayon d'attraction, ça limitera un peu...

-Ouais, il faudra aussi éviter de la toucher directement, je pourrais catapulté des objets que Magician Red aura touché avec son Alter.

- Ça peut le faire oui, mais il faudra bien que tu prennes en compte les dix secondes de délai entre mon contact et l'explosion.

– Je devrais réussir à l'attaquer à distance, sinon je me concentrerais sur la défense et je repousserais les projectiles que Lodestone nous envoie, même les décharge je devrais pouvoir modifier leur trajectoire avec mon vent, si je réagi suffisamment vite.

- On essaiera de rester sur ton dos Tisseuse, c'est toi la plus rapide pour esquiver.

– Je me concentrerais sur la défense et l'esquive, je aussi de laisser des toiles là ou je peux, pour la ralentir ou retenir des objets qu'elle pourrait magnétiser...

- Bon...On y va ?


Aprés un PLUS ULTRA entre eux, ils s’avancèrent pour se porter volontaires auprès d'Eraser Head et continuèrent le trajet jusqu’à Lodestone plus loin dans la zonee urbaine.

« Le prochain groupe sera celui de Bakeryu. » avertit le héros à l’œil unique après avoir porté la main à son oreille, où se trouvait un communicateur connecté à la salle d’observation. Il la fixa ensuite comme s’il s’attendait à une réaction particulière, et il n’était guère difficile de deviner laquelle.

« Elle n’aura droit à aucun traitement de faveur, si c’est ce qui vous inquiète. » répliqua l’électrokinésiste, sans s’arrêter dans sa tâche actuelle. Elle était en train de fouiller les décombres créés par l’affrontement qui venait de se terminer : si elle s’en était sortie indemne malgré la violence des assauts de ses opposants, on ne pouvait cependant pas en dire autant du champ de bataille. Cela représentait une véritable aubaine pour elle, car les lieux étaient à présent jonchés de morceaux de ferraille qui ne demandaient qu’à être extirpés du reste des débris pour pouvoir lui servir de munitions.

Après en avoir accumulé une quantité suffisante, elle les tria rapidement en fonction de leur forme, en altéra quelques-uns pour les rendre plus aérodynamiques lorsque c’était possible, puis les fit léviter autour d’elle en attendant que ses adversaires arrivent. C’était plus compliqué qu’il n’y paraissait : ceux dont la magnétokinésie confinait à une sorte de pseudo-télékinésie pouvaient aisément faire décrire une telle orbite aux objets sous leur contrôle, mais la sienne ne pouvait qu’attirer ou repousser. Il lui fallait donc ajuster constamment la direction de la force exercée par son Alter, ce qu’elle ne pouvait pour l’instant faire que grâce au Trigger.

Aizawa ne se donna pas la peine de confirmer si c’était bien de cela qu’il pouvait parler, et quelques secondes plus tard, Hanna et ses coéquipiers firent leur apparition. Enfin, coéquipières plutôt, car il s’agissait d’un quatuor entièrement féminin.

« Je me sens en minorité, tout à coup... » grommela le professeur. Puis, en lançant un regard désapprobateur aux projectiles entourant la militaire façon anneaux de Saturne : « J’espère que vous savez ce que vous faites avec ça. »

« Je ne m’en servirai à pleine puissance que pour le coup de semonce, et je sais viser. » annonça-t-elle tandis que les lycéennes se mettaient en position – ce qui, dans leur cas, voulait dire monter sur le dos de l’araignée afin de bénéficier de sa mobilité. Jouant le rôle du dopé désinhibé typique, Zhihao accueillit la manœuvre d’un sourire plein de dents acérées. « Oh, toutes les cibles se sont regroupées, comme c’est gentil. »

Pas de flashbang suivi d’une charge et d’une décharge ce coup-ci, rien que sa version du canon de Gauss pour accélérer brutalement l’un des fragments de métal en direction des étudiantes – ou plus exactement, vers un point situé un peu plus d’un mètre à leur droite. L’objet franchit le mur du son, le tonnerre de son passage n’arrivant à leurs oreilles qu’après qu’il se soit enfoncé dans un autre mur, de béton celui-là, situé derrière le groupe. La même leçon que celle qu’elle avait déjà assénée à la première équipe, délivrée différemment afin de varier les plaisirs : dans un combat contre un utilisateur de la substance, il pouvait suffire d’une fraction de seconde pour passer de vie à trépas. L’avertissement aurait été encore plus efficace si elle avait employé sa technique aveuglante mais encore une fois, elle préférait ne pas se répéter – et peut-être qu’elles n’auraient pas compris ce qu’il venait de se passer si elle avait choisi de procéder ainsi.

Le message fut reçu cinq sur cinq, les adolescentes passant immédiatement à l’acte tout en scrutant la moindre de ses actions pour ne pas se laisser surprendre. Mais contrairement à leurs prédécesseurs, celles-ci prirent la fuite au lieu d’essayer de l’attaquer, Hanna s’élançant de toutes ses forces pour mettre le quatuor à couvert… et continuer de s’éloigner. Définitivement plus intelligentes, ou en tout cas mieux informées que leurs camarades ; ceux-ci ne s’étaient pas sacrifiés en vain.

Décidant de jouer le jeu, la chinoise rappela à elle ses projectiles puis se lança à leur poursuite, alternant attraction et répulsion afin de faire le genre de bonds dont ses pauvres jambes seraient bien incapables. Les filles n’étaient pas encore assez loin pour que son sixième sens perde leur trace, elle les eut donc très vite à nouveau dans son champ de vision. Juste à temps pour que d’un coup de poing, l’une des combattantes déchaîne une bourrasque pour lui propulser une pierre à la figure. Zhihao réagit en émettant l’une de ses plus puissantes décharges, surchauffant l’air autour d’elle et générant une onde de choc pour repousser la munition improvisée ; bien lui en prit, car celle-ci explosa quasiment au même moment. Les souffles des deux détonations s’annulèrent, et elle ne put que s’amuser de voir ses adversaires lui retourner ses propres tactiques deux fois en moins d’une minute. Ce qui ne l’empêcha toutefois pas de détacher l’un des morceaux de métal collés à son corps pour un nouveau tir de canon magnétique – à vélocité réduite par-rapport au premier ceci dit, comme elle l’avait promis à Eraser Head.

« Elles veulent un duel à distance ? Très bien, qui suis-je pour le leur refuser ? »

Le groupe avança jusqu'à leur point de départ et le placèrent comme prévu sur le dos de l'araignée, comme le disais Lodestone, elles étaient groupées, ça donnait des avantages et des inconvénient comme formation, mais ça semblait être la meilleure actuellement.

Elles étaient toutes les quatre devants l'héroïne chinoise entourée de ses projectiles, c'était prévisible, cette dernière ouvrit les hostilités quasiment instantanément, en leur envoyant un projectile à pleine vitesse, prouvant encore une fois sa force écrasante face aux étudiants.

Hanna avait réagi quasiment au dernier moment et le groupe aurait facilement été éliminé si Lodestone les visait vraiment, mais l'araignée avait réagi quelques millisecondes avant que le projectile ne touche le sol, entamant un pas de côté qu'elle n'eut, bien sûr, pas le temps de faire.

Le groupe déglutit presque à l'unisson, mais ne se changea pas de stratégie pour autant, la seule différence était que, visiblement, qu’elle transportait ses munitions.
La mutante à huit pattes partie à toute vitesse avec son équipe sur le dos, profitant de sa vitesse et de sa mobilité pour esquiver les projectiles qu'on leur envoyait et permettant à ses coéquipières de se concentrait sur leurs attaques.

-Accrochez-vous, virage à 90 !

L'araignée s'exécuta en tournant en angle droit dans une ruelle à droite, plus étroite que la route principale, cherchant à gêner Lodestone et lui faire perdre quelques munitions, mais surtout pour un plan d'attaque qu'elles avaient élaborées en route.

Le but étant le suivant : Dès que l'héroïne sous trigger pénètre dans la rue.
1. Macician red charge ses bombes
2. Wind kick les propulse sur l'ennemi, visant surtout à l'aveugler et, avec un peu de chance, la blesser.
3. Brick Breaker envoie des grenades-toiles de La Tisseuse pour qu'elles se déploient sur les murs et entoile la cible si elle continue d'avancer.