Pull the Trigger

« Midnight ne se contente pas d’injecter un anesthésique, ceci dit. » répondit la militaire à la remarque de l’illusionniste. Elle connaissait elle-même les théories auxquelles il faisait référence, mais si celles-ci pouvaient sembler plausibles pour ceux qui administraient directement une substance à leurs victimes, elles étaient en revanche un peu légères quand il était question de modes d’administration indirects. « Elle répand un gaz, cela veut donc dire qu’elle doit tenir compte de multiples variables : si elle le fait à l’air libre ou dans un espace confiné, s’il y a du vent ou non, la température et l’humidité de l’atmosphère… Et la tâche devient plus complexe encore quand il s’agit d’affecter plusieurs cibles à la fois, surtout si leur biologie dévie de la norme, comme c’est le cas pour nombre d’hétéromorphes. »

En effet, tous les êtres vivants ne réagissaient pas de la même manière à différentes substances ; une molécule parfaitement inoffensive pour un humain pouvait s’avérer mortelle pour une autre espèce, et vice versa. Zhihao savait que cette réalité donnait envie à beaucoup de docteurs de s’arracher les cheveux, et avait forcé les universités à changer la façon dont elles enseignaient la médecine, opérant une convergence disciplinaire entre celle destinée aux humains et les pratiques vétérinaires.

« Une conversation fascinante, mais nous nous éloignons quelque peu du sujet. » rappela Aizawa, quelques secondes après qu’Hanna ait émis une déclaration similaire.

Recovery Girl, elle, avait cependant encore son mot à dire en la matière : « Je suis peut-être là, mais je vous interdit de vous livrer à ce genre d’expériences idiotes. Mon Alter accélère le mécanisme naturel de guérison de l’organisme, toutefois il ne fait pas magiquement disparaître les corps étrangers, pas plus qu’il ne renforce le système immunitaire ou ne rectifie les dysfonctionnements internes. Il ne met pas fin à un empoisonnement ou à une infection. Je vous avertis également qu’une réaction allergique est très vite arrivée. Si vous voulez des renseignements, adressez-vous à un professionnel dont c’est le domaine de compétence. »

Ayant délivré cet avertissement de son ton le plus sévère, elle continua quelques secondes encore de fixer les deux lycéens avec sa plus belle expression de grand-mère déçue. Une fois sûre que la leçon était bien rentrée, elle laissa la chinoise revenir sur le devant de la scène, reprenant place aux côtés du borgne en grommelant un dernier « Les jeunes d’aujourd’hui, je vous jure... ».

L’électrokinésiste attendit un instant de voir si le professeur avait quelque chose à ajouter, mais au-delà de son air amusé, il n’y avait aucun signe qu’il comptait s’exprimer.

« Oui, la drogue pourrait affecter votre venin, sur le plan quantitatif comme qualitatif. Cela pourrait prendre la forme de glandes dotées d’une plus grande capacité, se rechargeant plus vite, d’un poison plus concentré ou à la composition altérée pour le rendre plus toxique… Il pourrait même y avoir des modifications périphériques, comme la faculté de projeter le venin à distance. Les possibilités ne manquent pas, mais il est très difficile de deviner ce qu’il se passerait sans faire le test. »

Ce fut le moment que choisit l’enseignant à tête de déterré pour intervenir, avec un sourire sardonique : « Je vais finir par croire que c’était une mauvaise idée d’organiser ce module. Vous êtes en train de corrompre nos élèves, ils se demandent tous de quoi cela aurait l’air s’ils prenaient de la drogue. »

« Je vois que mon plan secret et diabolique a été percé à jour. Moi qui voulais saboter le futur de l’héroïsme nippon en poussant des jeunes impressionnables à être détruits par leur propre curiosité, que vais-je bien pouvoir faire maintenant ? » rétorqua la militaire avec indifférence.

Hanna soupira légèrement, déçue d'avoir attiré l'attention des professeurs avec cette conversation et lança un regard désabusé à son collègue échidné qui détourna le regard et se gratta la joue en faisant l'air de rien.

~J'avais rien demandée moi...~

Lodestone répondit par la suite à sa question concernant son venin, confirmant le fait que ce dernier serait probablement affecté par le produit, c'était logique, mais comme l'héroïne l'avait précisé, sans tester c'était compliqué de savoir dans quelle proportion.

L'araignée se retint de demander plus de précision, comme le conflit avec le venin qu'elle avait déjà dans ses glandes ou dans l'autre sens comment son corps réagirait au venin transformé une fois revenu à la normale, enfin de toute façon elle n'aurait pas posé la question, la réponse n'était de toute façon pas établit, il aurait fallut tester encore une fois, pour le savoir, donc elle préférait ne pas savoir.

Et puis, Eraser head semblait en avoir assez des questions sur le sujet de l'effet du trigger sur les élevés.

-Si je peux me permettre Monsieur Aizawa, c'est logique que nous nous posions ces questions, surtout après avoir vu une démonstration.
Encore plus pour les hétéromorphe avec l'alter qui modifie déjà notre physique en temps normal…
Personnellement c'est plus par peur que je pose ces questions et je pense que c'est le cas de chacun de nous, on ne compte pas prendre de trigger pour s'amuser…

C'était Ino Iwasaki alias chaméleon qui venait de dire ça, c'était rare de l'entendre, aussi bien ici que durant le reste de l'année scolaire, l'étudiante ayant un caractère similaire à l'araignée. Déjà qu'elle n'était pas bien grande, elle se fit le plus petit possible après sa tirades.

-Je précise, si ça peut vous rassurer...

Aizawa eut l’air ennuyé en entendant la spécialiste du camouflage clarifier que ce n’était pas par intérêt personnel que les adolescents voulaient autant savoir ce qu’une exposition au Trigger donnerait dans leur cas particulier. Ou plus exactement, ils n’étaient pas motivés par le même intérêt que le consommateur lambda, mais plutôt par un mélange de curiosité morbide et de sens de la préservation, reconnaissant la nécessité de s’informer sur un danger potentiel.

Le professeur leva une main à la fin du discours de la jeune fille afin d’enjoindre le reste des élèves à se taire pour le moment, puis, avec un profond soupir de lassitude, apporta sa propre précision : « C’était une plaisanterie, Iwasaki, un trait d’humour pour détendre l’atmosphère et asticoter un peu notre invitée. Je pensais que c’était évident mais manifestement, ce n’était pas le cas. »

La vétérane se mit doucement à ricaner, puis à caqueter sans vergogne.

« Hahahahaha ! C’est de ta faute Shōta, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même ! Tes élèves ont tellement peu l’occasion de te voir exercer ton sens de l’humour qu’ils doivent croire que tu n’en as pas du tout, et ils sont tellement plus habitués à tes « ruses logiques » qu’ils ont du mal à décider quand prendre tes paroles ou sérieux ou non ! »

« J’ai un excellent sens de l’humour, merci bien. C’est juste que je suis ici pour enseigner, pas pour jouer les boute-en-train. » réagit l’homme en détournant le regard, boudeur. Cela ne fit que redoubler l’hilarité de la doyenne, et provoqua moult chuchotements parmi les élèves.

« Ou alors c’est juste que ses blagues sont nulles et puis c’est tout... »

« Ouais ben c’est pas plus mal qu’il n’essaye pas de nous faire rire. Vous avez vu à quoi ça ressemble quand il sourit ? C’est super flippant ! »

Zhihao trouvait qu’ils sous-estimaient leur professeur, parce que l’interaction qui venait d’avoir lieu entre les deux enseignants, bien qu'impromptue, lui avait tout l’air d’avoir été calculée exprès pour détourner leur attention d’un sujet pesant. C'était l'un des avantages qu'il y avait à travailler longtemps avec les mêmes personnes, il n'y avait parfois même pas besoin de communiquer à voix haute. La chinoise ne pensait pas le borgne capable d’auto-dérision, mais il était visiblement plein de surprises...

« Bon, c’est bien gentil tout ça, mais l’heure tourne. » fit-il, interrompant les bavardages au bout de quelques instants en faisant claquer ses paumes l’une contre l’autre. « Y a-t-il d’autres questions ? Si non, je propose que nous rendions la politesse au lieutenant. Elle a eu l’amabilité d’éclairer notre lanterne, alors il me semble équitable qu’elle puisse à son tour nous faire part de ses interrogations. Même après plusieurs mois passés ici au Japon, j’imagine que le choc culturel subsiste. »

Ah, la militaire n’avait pas été prévenue que cela serait au programme. Peut-être s’agissait-il d’une addition de dernière minute de la part du héros underground, mais elle ne pouvait nier l’intérêt pédagogique de la démarche : un échange sur les différences entre leurs deux pays devait marcher dans les deux sens, si l’on voulait vraiment s’informer sur ce qui ce faisait ailleurs et s’en servir pour jeter un regard critique sur les us et coutumes de sa propre patrie.

« Vous me prenez un peu au dépourvu, mais j’ai effectivement une question pour vous. » répondit-elle après plusieurs secondes de réflexion. « Ne le prenez pas mal, mais… pourquoi travaillez-vous comme vous le faites, Eraser Head ? Votre Alter est l’un des plus importants pour la sécurité nationale japonaise ; chez nous et dans d’autres pays, vous seriez entouré de gardes du corps en permanence – même si je comprend que vous n’en voyiez pas le besoin, entouré comme vous l’êtes de collègues hautement qualifiés – et assigné à une CRS. »

« CRS ? »

« Crisis Response Squad, pardon. Une équipe de spécialistes déployés pour faire face à des menaces d’envergure lorsqu’une réponse plus conventionnelle ne fonctionne pas. »

Hanna rigola doucement en écoutant le professeur Aizawa et Recovery girl se « chamaillier» à propos du sens de l'humour du héros à l'écharpe.

Il faut bien le reconnaître, ce n'est pas le héros que l'on imagine le plus faire de l'humour, sur ce point là, il semblait plus être comparable à Endevor.

Déjà que les élèves de sa classe n'avaient pas l'habitude de son humour, plus habitués à le voir sourire suite à une réflexion sadique ou une menace.

Alors, les étudiants qui n'étaient pas de sa classe n'avait aucune chance de déceler sa pointe d'humour.

Le plus amusant dans l'histoire était probablement le fait que Chaméleon était entièrement rouge.

Au final, Eraser Head avait réussi à détendre l'atmosphère et à faire changer le sujet, offrant l'opportunité à l'héroïne chinoise de poser ses questions à son tour.

La question qu'elle posa par la suite à Eraser Head était intéressante, du moins pour certain autres étudiants n'écoutaient même pas la réponse du concerné.

Même si le professeur était un atout pédagogique certain, de par sa capacité à réguler rapidement des étudiants un peu trop énergique, ou même par la démonstration vivante qu'il était pour prouver que ne pas avoir d'alter offensif ne l'empêchait pas d'accomplir des missions aussi efficacement que d'autre.

Il n'en demeurait pas moins que dans un autre pays, il aurait probablement eu un rôle très différent, probablement moins de mission anodine pour limiter les risques qu'il prenait et garder son alter à disposition au besoin.

Mais bon, le Japon avait toujours eu une approche différente de la gestion des héros et des alters, il n'y avait, par exemple, pas beaucoup de pays qui avaient un système héroïque séparé de l'armée ou de façon générale, des forces de l'ordre.

Il est fort probable également que le Héros refuse simplement d’être mit à l’écart même si on le lui demandait.

« Nous n’avons rien de tel dans ce pays, ou du moins pas en tant que dispositif formalisé et permanent : lorsqu’une menace nécessite que de nombreux héros aux talents particuliers unissent leurs forces, nous constituons une équipe ad hoc. Et même si un tel dispositif venait à être institué, je préférerais de loin continuer à exercer et à enseigner comme je le fais, c’est meilleur pour mon épanouissement personnel. »

Un ou deux élèves pouffèrent face à ce vocabulaire qu’on aurait cru sorti de la bouche d’un coach bien-être, débité avec le plus grand sérieux par leur professeur. La chinoise acquiesça ; elle s’attendait plus ou moins à cette réponse. Au-delà des raisons personnelles du borgne – la mission ne collait pas à sa vision de ce qu’était l’héroïsme –, il fallait sûrement là encore y voir l’influence d’All Might, ainsi sans doute que celle d’All for One, l’un à cause de sa croisade contre le Mal sous toutes ses formes, l’autre parce qu’il éliminait certainement tout criminel susceptible de lui faire de l’ombre avant d’ajouter son Alter à sa collection. Dans ces conditions, peu de menaces capables d’ébranler la nation et nécessitant l’emploi de telles mesures devaient voir le jour. Enfin, d’autres éléments plus anciens devaient également jouer un rôle, tel que le statut très particulier des forces d’autodéfense japonaises ; une CRS aurait probablement l’air d’un outil un peu trop agressif dans ce pays qui n’avait pas le droit de se doter d’une véritable armée.

« Je vois. Je crois cependant qu’il y a méprise, ce n’est pas exactement un poste à temps plein : les hors-la-loi assez dangereux pour justifier l’intervention d’une CRS n’émergent pas exactement tous les jours. Les héros qui en font partie ne passent par leur temps à se tourner les pouces en attendant qu’on ait besoin d’eux, mais le gouvernement apporte une grande attention à leur sécurité, raison pour laquelle ils travaillent en équipes plutôt que solo, en plus du fait que l’équivalent local de la CSPH dispose d’un droit de regard sur leurs missions. Ils prennent aussi régulièrement part à des exercices avec les autres membres de la CRS pour se préparer à diverses situations d’urgence. »

Aizawa considéra cette information, mais il était clair que sa réponse ne changerait pas, même avec cette précision. Trop attaché à sa liberté de travailler à sa façon, ou peut-être n’aimait-il pas la perspective d’être directement sous les ordres du gouvernement. Tout le monde ne pouvait pas être comme Hawks… En tout cas, même si le Japon se mettait à procéder de la même façon que la Chine, il ne serait pas recruté s’il n’en avait ni l’envie, ni la mentalité : des spécialistes seraient toujours assignés à sa protection, mais les États savaient généralement qu’il ne valait mieux pas confier une responsabilité aussi critique à un héros enrôlé contre sa volonté.

« Simple curiosité, quels autres héros pourraient faire partie d’une de ces forces spéciales – car c’est bien de cela qu’il s’agit somme toute, n’est-ce pas ? » intervint la soigneuse, prenant le relai de son collègue en arborant un sourire de mamie gâteau. « J’ai déjà ma petite idée, et je me demande si elle est correcte. »

« Qui d’autre ? Et bien… Thirteen pour commencer. Nezu. Ragdoll des Wild Wild Pussycats. Sir Nighteye. White Muse. Peut-être Clockity Clock, dépendamment de la manière dont fonctionne son Alter. Ce ne sont pas les seuls, mais ce sont les plus importants et les plus connus. Je constate d’ailleurs qu’il y en a trois à Yuei, une concentration assez anormale ; j’en déduis que même si votre pays n’en emploie pas officiellement, votre principal a néanmoins pris les devants et constitué une proto-CRS, mesures de protection des membres incluse. »

Le sourire de la doyenne s’élargit à chaque nouveau nom, preuve que ses déductions étaient confirmées et qu’on ne la lui faisait pas. Elle ricana à nouveau, puis se tourna vers les adolescents, jusque-là quelque peu exclus de la conversation :

« Nezu est très prévoyant, en effet. Dites-moi, les jeunes, avez-vous remarqué quelque chose avec ces noms ? »

Les étudiants écoutaient attentivement la réponse d'Eraser Head, même si au final celle-ci fut plutôt simple et prévisible par les étudiants de Yuei, la façon de parler du professeur était, elle, inattendue par contre, ce qui amusa les apprentis héros, en faisant même rire certain, on aurait dit qu'il s'était préparée pour ce genre de question et qu'il la récitait.  Ceci dit, pour un héros qui évitait les journaliste comme lui, c’était pas impossible que ce soit vraiment le cas.

Les précisions de l'héroïne chinoise sur ces «Crisis Response Squad » furent les bienvenues et permirent de présenter un fonctionnement et une logique qui avaient échappée à pas mal d'élèves présents, peu habitués à ce genre de fonctionnement d'escouade ou, plus généralement, être sous ordre direct du gouvernement.

Recovery Girl se mêla à son tour à la conversation, rebondissant sur le sujet des forces spéciales et demanda à Lodestone, quels héros serait qualifié pour ce genre de travail.

La réponse de l'anguille cita donc les noms de Thirttenn, Nezu, Sir Nighteyes, White Muse et Clokity ClocK, ce qui semblait satisfaire la soigneuse, qui se retourna vers les étudiants et leur demanda s'ils avaient remarqué quelque chose avec les noms citer.

-Euh… Ils ont tous côtoyé All Might ?

-C'est que des professionnel ?...En même temps c'est logique...J'ai rien dit.

- Hum ce sont des spécialiste de la capture et de la localisation ?

Comme les autres élèves, Hanna restait silencieuse et réfléchissait à la réponse, mais rien ne lui venait, apparemment le but c'était de trouver quelque chose dans leurs non, pas dans leurs alters ou leur façon de faire...

Aucun des lycéens ne tomba sur la bonne réponse, même si la troisième avait partiellement mis le doigt dessus. On ne pouvait pas vraiment dire que c’était de leur faute, car la spécialiste médicale ne leur avait guère donné beaucoup d’indices. Cette dernière leur laissa quelques secondes supplémentaires pour une ultime tentative puis, voyant que personne n’avait d’autre idée, elle ouvrit la bouche pour mettre fin au suspense…

« Aucun d’eux ne fait partie du top 10, 20 ou même 30. »

Tout ça pour être interrompue par Aizawa. La vétérane mit ses mains sur les hanches avant d’échouer à le toiser de toute sa hauteur, son collègue ayant l’avantage en la matière. Le sourire en coin qu’il lui adressa confirma qu’il l’avait fait exprès pour se venger après que la classe se soit amusée à ses dépens.

« La plus haute dans le classement c’est Ragdoll, et encore, il s’agit d’un chiffre attribué à son équipe toute entière. De même, aucun d’eux n’appartient au rang S, et certains ne sont même pas au rang A… sauf peut-être Nezu, mais il est difficile de savoir où il se situerait dans les deux classements. Enfin, aucun d’eux n’est un combattant direct qui neutralise ses adversaires par la force. »

« C’est bien cela, même si vous avez oublié le critère de rareté du pouvoir. On ne s’embêterait pas à incorporer les précogs ou les annulateurs d’Alters dans des formations spéciales comme celle-ci s’il était possible d’en rencontrer à chaque coin de rue. » valida l’électrokinésiste. « Des héros comme Mirko ou Endeavor sont incroyablement puissants et compétents, à n’en pas douter, et pourraient aisément triompher de la plupart des individus de ma petite liste. Mais leurs dons n’ont rien d’unique : les armes de destruction massive ambulantes, ceux aux capacités physiques exceptionnelles ou qui peuvent se transformer en kaiju, les boucliers humains... ce ne sont pas ceux-là qui manquent. Il y a d’autres héros qui pourraient se substituer à eux, avec davantage d’entraînement et d’expérience, Endeavor en a même plein sa propre agence. Des individus comme Eraser Head ou Sir Nighteye par contre seraient bien plus difficiles à remplacer. »

Recovery Girl prit la suite en agitant sa canne comme le ferait un enseignant d’autrefois, se servant d’une baguette pour montrer quelque chose au tableau.

« Si je ne m’abuse, le but d’une CRS est de neutraliser des menaces face auxquelles la force pure est inefficace. Si l’on peut comparer le héros combattant classique à une épée, les membres d’un tel groupe se rapprocheraient plutôt d’un scalpel. » raisonna-t-elle, en tirant l’un des outils en question de sa poche pour mieux illustrer son propos.

« Ou du poignard d’un assassin. » acquiesça la militaire. « C’est la raison pour laquelle, si leur existence n’est pas un secret, ceux qui en font partie ne le crient pas sur les toits et changent de costume lorsqu’ils opèrent au sein de la formation, afin de ne pas être reconnus et de conserver l’effet de surprise. Mais oui, leur rôle est d’intervenir là où les tactiques conventionnelles ont échoué. »

Zhihao devina à leur expression que les élèves les plus dégourdis étaient déjà en train d’assimiler ces nouvelles informations et de s’en servir pour découvrir les motifs pour lesquels les noms qu’elle avait cités avaient été sélectionnés et pas d’autres. Pour certains, c’était relativement évident : White Muse pouvait enfermer et contenir une menace de façon bien plus sûre et efficace que Best Jeanist, Crust ou le Dieu Sylvestre, en plus de pouvoir protéger ses camarades ou leur conférer une forme de pseudo-téléportation. Aizawa pouvait faire face au plus redoutable des ennemis et le ramener au niveau des simples mortels. Thirteen était potentiellement capable de détruire n’importe quoi, y compris les cibles les plus résistantes ou dotées du plus extraordinaire des facteurs de régénération – une bénédiction à ne pas sous-estimer, quand on savait ce qui pouvait arriver à un régénérateur sous Trigger. Et bien sûr, nul ne pouvait nier l’utilité de Sir Nighteye et sa faculté de voir le futur.

Pour d’autres, cela l’était un peu moins, mais si l’on y réfléchissait un peu plus… Ragdoll pouvait localiser sa proie où qu’elle se trouve, déjouant toute tentative de fuir ou de se cacher, et pouvait surtout découvrir le point faible le mieux dissimulé. Nezu pouvait exploiter ces renseignements grâce à son intelligence hors norme afin d’élaborer un plan infaillible, et enfin Clockity Clock pouvait faire en sorte que ledit plan soit exécuté avec un timing parfait. Bien utilisés, ce genre de pouvoirs plus cérébraux pouvaient s’avérer parmi les plus dangereux qui soient.

Pour ceux qui ne seraient pas parvenus d’eux-même à cette conclusion, la chinoise verbalisa l’explication, suite à quoi le héros borgne reprit les rênes.

« Bon, ce énième hors sujet est de ma faute, c’est moi qui ai demandé à notre invitée si elle avait des questions. Maintenant, y a-t-il autre chose dont vous voulez parler ? Autrement, je pense qu’il sera bientôt temps pour tout le monde de prendre un repos bien mérité. »

Il ponctua cette intervention en lançant un regard plein d’envie, presque langoureux, en direction de son précieux sac de couchage, soigneusement plié dans un coin de la pièce.

L'araignée écoutait une nouvelle fois les professeurs expliquer les raisons de ces choix et donc l'intérêt de leurs alters dans des circonstances nécessitant plus que de la force brute, c'était plutôt raisonnable et prudent d'avoir une tel force d'intervention, bien qu'il soit également vrai que l'apparition d'un tel vilain, il valait mieux prévenir que guérir comme on le disait souvent.


C'était logique, mais dommage que le classement des héros ne tenait compte qu'en grande partie de la popularité et de la force pour établir la place des héros, mais certain alters était difficilement quantifiable en matière d'efficacité et d'utilité.

Quoique c'était plutôt une bonne chose, ça évitait à certains héros comme elle ou Eraser Head de se retrouver sur le devants de la scène sans le souhaiter.


Hanna fit une petite auto-évaluation, réfléchissant rapidement à si, dans le futur, elle rentrerait dans ce genre de critère et conclut rapidement que ça ne serait pas le cas, d'après plusieures personnes et elle-même, sa plus grande force venait de ses toiles et, bien que ces dernières soient de plus en plus résistantes tout en étant de plus en plus fines, si l'ennemi ne craints pas les héros les plus forts, il y avait peu de chance que ses toiles réussissent à le piéger, à moins de vraiment l'entoiler énormément.


L'araignée reporta son attention sur le professeur Aizawa annonçant la fin du cours spécial, du moins si aucun étudiant n'avait quelque chose à ajouter, laissant le silence planer quelques secondes, les étudiants ayant autant envie que les professeurs, d'aller s'écrouler sur leurs lits.


Même si elle ne le montrait pas trop, tous cet entraînement avait du bien mettre à plat l'héroïne chinoise elle-aussi.

Pas de nouvelles questions, ce qui était tout sauf une surprise. Comme le disait Aizawa, après s’être autant instruits, dépensés et avoir payé le prix de la guérison accélérée conférée par Recovery Girl, les adolescents ne devaient avoir envie que de trois choses : une bonne douche, un bon repas et une bonne nuit de sommeil, pas nécessairement dans cet ordre. Une hypothèse que les intéressés ne tardèrent pas à confirmer, ne se gênant pas pour exprimer leur fatigue et leur soulagement.

« La vache, enfin, j’en pouvais plus... »

« Je suis concassée. Là je rentre chez moi et dodo direct… si je ne m’endors pas en chemin. »

Si la plupart des élèves nourrissaient des sentiments similaires, une bonne partie d’entre eux se mirent ensuite à parler de l’exercice tout juste complété, discutant avec leurs camarades de ce qu’ils avaient appris lors de la section « cours », revenant sur leurs stratégies ou leur équipement, évoquant des choses à améliorer ou de nouvelles idées à mettre en pratique… Plusieurs amitiés semblaient même commencer à se nouer entre apprentis-justiciers d’années différentes qui n’avaient jusque-là que très peu interagi, et maintes promesses de se retrouver pour un entraînement ou plus simplement pour une sortie détente furent joyeusement échangées. Le tout sous l’œil vigilant – bien que d’apparence indifférente – de l’homme à l’écharpe.

Zhihao aurait bien voulu laisser Hanna partir tranquille, sauf qu’elle avait devoir la retenir encore quelques minutes. Elle s’en voulait un peu de le faire, surtout dans la mesure où elle aurait très bien lui communiquer l’information en question par d’autres moyens sans empiéter sur son précieux temps libre, mais cela devrait permettre de simplifier quelque peu les choses, l’une des autres personnes à laquelle il lui aurait fallu parler de toute façon étant déjà présente.

« Excusez-moi, serait-il possible de parler à mademoiselle Bakeryu quelques instants ? » demanda-t-elle au professeur, qui leva un sourcil – le seul qu’il puisse lever efficacement, l’autre étant dissimulé derrière son bandeau.

« À quel sujet ? Si c’est quelque chose de personnel, sans rapport avec sa formation, je vous prierai de le faire en-dehors du temps scolaire. »

« Non, cela concerne son Alter. »

Une pause de quelques secondes, puis le héros underground hocha légèrement la tête avant de s’adresser à l’araignée, en la priant de rester derrière. Intriguée, la doyenne resta également à sa place ; tant mieux, car il s’agissait de l’autre personne à laquelle la militaire voulait parler. Il faudrait sans doute également que Vlad King soit mis dans la boucle mais cela, quelqu’un d’autre pouvait s’en charger.

« Hanna, vous m’avez dit plusieurs fois que vous cherchez à améliorer vos toiles, et j’ai peut-être une piste pour vous. Ceci dit, si vous choisissez d’appliquer cette méthode, il faudra le faire sous supervision médicale. » déclara la chinoise après que tous les autres élèves soient sortis de la pièce, plus d’un ayant lancé des coups d’œil curieux en arrière en se demandant ce que leur instructrice du jour pouvait bien vouloir à la Tisseuse.

« Oh ? Intéressant. J’en déduis que c’est potentiellement dangereux ? » intervint la guérisseuse, dont le regard se fit soudain plus aiguisé.

« Normalement non, mais je ne suis pas spécialiste de ces questions-là, raison pour laquelle je m’en remet à votre expertise. » admit l’électrokinésiste. « Dites-moi Hanna, avez-vous entendu parler de la technique de renforcement de la soie par le graphène ou les nanotubes de carbone ? »

Hanna s'étira plus franchement quand la fin de la session fut officialisée, tendant les pattes les unes après les autres et baillant un grand coup, elle avait surtout hâte de manger quelque chose de bon et de solide, la boisson donnée par Recovery Girl avait bien remplit son rôle, mais au niveau goût et gourmandise, ça n'avait pas vraiment été satisfaisant.

Puis après s'endormit devants un film d'horreur, enfin, si elle ne s'écroulait pas avant de lancer le film.

L'araignée discuta un peu avec ses équipières, leur travail en équipe avait effectivement commencé à tisser de petits liens d'amitié entre elles en effet, dans leur cas elles discutaient surtout d'entraînement ensemble plutôt que de sorties.

La discussion fut relativement courte et consista surtout en un échange des numéros de téléphone entre les étudiantes, chacune voulant rentrer chez elle dans l'immédiat.

Comme les autres, Hanna allait se diriger vers la sortir, mais attendait d'avoir pu dire au revoir et merci aux professeurs et à madame Lodestone, mais visiblement, le départ n'était pas pour de suite, le professeur Aizawa lui demandant de bien vouloir rester un peu.

Pourquoi donc ? Elle avait fait une bêtise ? Une chose répréhensible que les profs voulaient éviter de lui dire devant les autres ? Ce n'était pas la peine de trop réfléchir dessus, la réponse ne tarderait pas à venir.

Après quelques minutes la salle se vida et Eraser Head lui fis un petit signe de la main pour lui indiquer de venir.

La mutante s'approcha, aussi curieuse qu'inquiète, elle fut rapidement rassurée quand Madame Meng lui évoqua de son envie d'améliorer ses toiles, d'une façon potentiellement...risquée ? En tout cas la méthode semblait incertaine.

-Hum, ça ne me dit rien, enfin, une fois j'avais demandée aux étudiants de la filière assistance s'ils avaient des idées pour améliorer mes toiles, vu qu'ils n'ont rien trouvés, un deux m'avait dit qu'il ne me restait « plus qu'a bouffer du carbone », mais je pensais que c'était une blague…
Ça consisterait en quoi ?

Ah, alors Hanna avait – en quelque sorte – déjà entendu parler de la méthode. Zhihao supposait que c’était normal, quelque part : si quelqu’un à Yuei devait connaître cette information, ce serait quelqu’un de la filière support, qui se serait peut-être servi du matériau dans le cadre de ses travaux. C’était plus ou moins ce qu’il s’était passé pour la militaire elle-même : cette « soie bionique » avait de nombreuses applications, que ce soit pour obtenir un tissu ultra-résistant ou à cause de ses autres propriétés qui la rendaient particulièrement intéressante dans le domaine de l’électronique. Cela lui avait rappelé l’apprentie-justicière et sa perpétuelle quête d’amélioration, ce pourquoi elle avait fait quelques recherches avant de venir.

« C’est un procédé qui date du début du vingt-et-unième siècle. En fait, il y a deux façons de faire, chacune avec ses points forts et ses défauts par-rapport à l’autre. La première, c’est de pulvériser de l’eau contenant les nanotubes sur des fils déjà tissés. La seconde est de faire ingérer du graphène ou des nanotubes à des araignées vivantes afin que le matériau soit directement incorporé à la toile lors du tissage. » élabora la chinoise.

Recovery Girl l’écouta en hochant la tête et en se grattant périodiquement le menton. Si sa réponse ne fut pas une objection en soi, il s’agissait néanmoins de celle à laquelle s’attendait l’électrokinésiste.

« Je vois. Il n’y a rien de préoccupant avec la première méthode, mais j’insiste effectivement pour que vous attendiez que j’ai consulté un spécialiste si vous décidez de tester la seconde, mademoiselle Bakeryu. Vous seriez bien entendu placée sous observation dans ce cas-là, je ne plaisante pas avec la santé des élèves. »

« Pour ce que j’en sais, cela ne fait pas de mal aux araignées en question, cependant comme tout est toujours plus compliqué quand il s’agit d’Alters, il vaut mieux se montrer prudents. » opina Zhihao. « Bref, le résultat du processus est une soie noire aux propriétés mécaniques grandement améliorées. Elle peut supporter un poids dix fois plus important avant de lâcher, et il faut trois fois plus de force pour l’endommager. Elle conduit également beaucoup mieux l’électricité, ce qui là aussi peut être un avantage ou un inconvénient en fonction des circonstances et de la façon dont on s’en sert. Quant aux autres propriétés chimiques ou thermiques du matériau, il faudrait faire des tests. »

Eraser Head, resté silencieux jusqu’ici, attrapa un bout de son écharpe de capture pour la regarder d’un air pensif. Était-il en train de se demander si une telle matière pourrait produire quelque chose de meilleur que son équipement actuel, fait de fils métalliques et de fibres de carbone si la militaire en croyait son sixième sens ? Si c’était le cas, il ferait bien d’investir également dans des vêtements faits du même tissu ; qui pouvait dire non à une tenue à la fois légère et à l’épreuve des lames ?

« Certains diraient sans doute que c’est de l’overkill. » remarqua-t-il finalement. « La soie d’araignée est déjà un biomatériau extrêmement résistant, bien plus que l’acier, et jusqu’ici je ne crois pas avoir vu qui que ce soit parvenir à se libérer des toiles de mademoiselle Bakeryu par la force brute – pour peu qu’elle ait eu le temps d’en tisser une quantité suffisante. Ceci dit, nous sommes à Yuei. Plus Ultra. »

Hanna écoutait encore une fois avec attention ce que disait l'héroïne chinoise, étonnée de ne pas avoir entendu parler avant de cette possibilité d'amélioration, vu la façon dont ils en parlaient, ça ne semblait pas avoir été testé, il faut dire qu'un alter de mutation avec une araignée n'était pas vraiment le plus répandu.

C'était une idée intéressante en effet, l'idée de renforcer ses toiles aussi « facilement » faisait un peu l'effet d'une triche à première vue, mais si ça lui permettait de sauver plus de monde, d'être plus certaine de ses captures ou d'être plus fiable quand elle fait équipe, ça valait le coup.

Pour le moment il ne fallait pas trop compter dessus, comme l'expliquait madame Meng, les alters avaient tendances à rendre les choses imprévisibles et plus compliqué, il n'était donc pas illogique de s'attendre à ce que le processus ne marche pas, ou même qu'il est des effets néfastes sur sa santé ou directement sur sa capacité à produire des toiles.

Mais il restait un problème même si tout se passait bien, consistant plus en un souci technique, que sanitaire.

-Ça pourrait être très intéressant en effet, mais oui il va falloir que j'y réfléchisse, je suis assez inquiète pour autre chose.

L'araignée tissa entre ses mains et doigts, les fils les plus fin qu'elle pouvait faire pour l'instant.

- J'essaie de les faire les plus fins et solides possible, pour qu'ils soient invisibles pour quasiment tout le monde, pour augmenter l'efficacité de mes pièges. Ce repose surtout sur la façon dont les fils interagissent avec la lumière.
D'après ce que vous dites, ça rendrait la soie noire, j'ai peur que ça soit un gros défaut pour le camouflage.

Il faudrait que je puisse voir ce que ça donne pour me rendre mieux compte, vous pensez que ça serait possible de rencontrer des araignées ayant reçu ce traitement ?